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Structures et propriétés physico-chimiques
La première préparation d’aflatoxine pure a été obtenue en 1961 par Sargeant. Au cours de la même période, Asao et ses collaborateurs établirent la structure chimiques des aflatoxines B1 et G1 puis celle de leurs dérivés hydrogénés B2 et G2.
Structure chimique
Elle a été analysée par Palmgren et Ciegler (OMS, 1980). Parmi les nombreux composés isolés, tous dénommés aflatoxines, seules quatre toxiques ont été trouvés comme contaminants naturels : les aflatoxines B1, B2, G1 et G2 (figure 1). Ces quatre molécules sont des métabolites de la bis-furanocoumarine qui se distinguent notamment les uns des autres par la fluorescence et leur mobilité chromatographique (Drorecjova, 1977). Les composés B sont bleus et les G sont verts (green). Les indices 1 et 2 sont ceux de leur mobilité chromatographique relative.
Devenir de l’aflatoxine dans l’organisme
Une fois dans l’organisme, l’AFB1 subit plusieurs réactions d’élimination à plusieurs niveaux (figure 2). Ainsi dans la cellule hépatique, l’aflatoxine est métabolisée par un arsenal enzymatique qui facilite son élimination par augmentation de ses propriétés hydrophiles.
Il existe deux méthodes de biotransformation de l’AFB1. Le processus d’hydroxylation constitue la voie principale qui conduit à la formation du dérivé hydroxylé de l’aflatoxine B1 qui est l’AFM1. Alors que par oxydoréduction, il y’a formation de l’aflatoxicol qui est moins toxique et de pouvoir mutagène faible. D’autres aflatoxines peuvent être formées à partir de B1, il s’agit notamment des aflatoxines B2a, H1, P1 et Q1.
Les aflatoxines ingérées sont rapidement absorbées par le tractus gastro-intestinal où elles vont commencer à être métabolisées ou détoxifiées au début dans les cellules mucosales.
L’AFB1 subit une bioconversion spécifique donnant formation à un métabolite majeur résultant d’une epoxidation par le Cytochrome P450-dépendant : c’est l’AFB1-8,9-époxyde. Ce produit peut interagir avec l’ADN formant des adduits (AFB-N7-Guanine) présumés impliqués dans l’activité carcinogène des aflatoxines.
La fixation de cet époxyde sur les protéines joue probablement un rôle important dans la toxicité des aflatoxines. Le complexe « aflatoxine-époxyde » formé peut réagir spontanément avec le glutathion par une glutathion-S-transférase. Cette conjugaison est généralement considérée comme une importante voie de détoxification à côté des autres mécanismes donnant naissance notamment à l’aflatoxicol et aux autres M1, P1 et Q1. L’élimination des aflatoxines de l’organisme inclut l’excrétion urinaire (AFM1, AFP1, AFQ1, AFB1-N7-guanine), l’excrétion biliaire (AFB1- glutathione) et l’excrétion laitière sous forme d’AFM1 chez les femelles des mammifères. Cette dernière constitue la principale voie d’exposition des nourrissons.
• Cas des volailles
Le métabolisme et surtout la bio -activation hépatique de l’AFB1 en AFB1-8,9-époxyde et en aflatoxicol joueraient un rôle déterminant dans l’apparition ultérieure de lésions hépatiques. Une forte bio-activation pourrait expliquer la plus grande sensibilité des canards aux aflatoxines alors que les cailles seraient plus résistantes en raison de faibles capacités métaboliques. Les voies métaboliques de phase II se déroulent de manière similaire à ce qui est décrit chez les mammifères : conjugaison de l’époxyde au glutathion, conjugaison à l’acide glucuronique des métabolites hydroxylés. Si la répartition entre espèces aviaires des enzymes de phase II est moins étudiée que celle de phase I, il semble que le niveau d’expression des GST soit déterminant pour expliquer les différences de sensibilités à l’AFB1 entre les espèces d’oiseaux (Klein et al., 2002).
Toxicité
Mécanismes d’action toxique et effets biochimiques de l’aflatoxine
La toxicité de l’AFB1 est liée aux effets biochimiques résultant de l’interaction de son dérivé époxyde et des cellules hépatiques. Les différentes perturbations métaboliques observées sont :
• L’inhibition de la synthèse des acides nucléiques (ARN, ADN et mitochondriales) et des protéines (Wray, 1982) ;
• La dégranulation précoce du réticulum endoplasmique du réticulum de l’hépatocyte;
• La disparition du contrôle en retour de la synthèse de cholestérol considérée comme une caractéristique de l’état précancéreux ;
• L’augmentation de perméabilité cellulaire et l’interruption du transfert d’électrons au niveau des mitochondries, responsable de a forte baisse de la respiration cellulaire ;
• La perméabilité accrue des membranes lysosomiales conduisant à la fuite des hydrolases acides non liés (Patterson, 1973).
Toxicité aiguë
Les études de toxicité aiguë montrent une grande variabilité d’une espèce animale à une autre: ainsi la DL50 varie de 0,3 mg/kg p.c. pour le caneton à 9 mg/kg p.c. pour la souris. L’AFB1 est la plus toxique, suivie par ordre décroissant de toxicité par l’AFM1, l’AFG1, l’AFB2 et l’AFG2. La toxicité aiguë entraîne généralement la mort des animaux, qui présentent un foie décoloré et augmenté de volume et un ictère avec présence d’ascite. Lorsque l’animal ne meurt pas, il y a prolifération de cellules indifférenciées, au niveau des canalicules biliaires. Les reins présentent des glomérulonéphrites et les poumons sont congestionnés. Les signes comportementaux les plus caractéristiques précédant la mort sont une démarche chancelante, de la nervosité et des spasmes musculaires.
Toxicité chronique
La toxicité chronique des aflatoxines survient après l’ingestion répétée de doses très faibles. Ce type de toxicité peut apparaitre aussi bien chez l’homme que chez l’animal.
• Cancérogénicité
Des études épidémiologiques menées dans le sud-est asiatique et en Afrique ont démontré que les cancers hépatiques sont beaucoup plus fréquents chez certains groupes de population humaine dont le régime alimentaire est élevé en aflatoxines. Il semble de plus en plus probable que chez l’homme, l’aflatoxine agissant isolement exerce un effet hépatocarcinogène très limité (Kurata et al., 1984). Néanmoins, l’aflatoxine est classée dans le groupe 1 des cancérogènes certains pour l’homme (IARC, 1993).
• Mutagénicité
Chez la cellule humaine, l’AFB1 n’est pas réactive ou mutagène par elle-même, mais elle peut être activée en époxyde très électrophile qui peut former des adduits à l’ADN. Ces adduits génèrent une mutation qui se situe sur le codon 249 et qui pourra être le point de départ d’un processus de cancérogenèse hépatique. Des résultats in vivo ont montré que l’AFB1 provoque très fréquemment cette mutation.
• Tératogénicité
D’après les expériences faites sur certaines espèces animales, l’aflatoxine B1 montre un effet tératogène se traduisant par les résorptions, les malformations fœtales avec un retard du développement embryonnaire. De plus, on observe chez les femelles gestantes des nécroses hépatiques et rénales.
• Reprotoxicité
Chez les rats femelles exposes quotidiennement à l’aflatoxine, des effets nuisibles sur les gonades et une baisse rapide de la fertilité avec décès intra utérin et réduction de la taille des ovaires et de l’utérus ont été observés.
• Immunosuppression
L’AFB1 a un effet immunosuppresseur. Cela semble dû à l’altération de la synthèse d’acides nucléiques et de protéines, accompagnée d’une diminution de la prolifération, de la maturation et de la production de cytokines : la réactivation d’infections parasitaires et la diminution de l’efficacité vaccinale ont été mises en évidence expérimentalement chez le lapin la souris et le porc.
Effets chez l’homme
Deux syndromes humains d’intoxication aiguë mais d’étiologies indéfinies ont été reliés à l’ingestion d’aliments contaminés par les aflatoxines : le Kwashiorkor et le syndrome de Reye. Le Kwashiorkor associe hypo-albuminémie et immunosuppression. Le syndrome de Reye associe encéphalopathie et dégénérescence graisseuse des viscères.
Ces deux syndromes ont été associés à l’aflatoxine car aucune autre cause n’a pu être identifiée et parce que cette mycotoxine a été trouvée chez les patients. Néanmoins ces cas ayant été observés chez des populations en malnutrition, le métabolisme de l’aflatoxine peut être modifié du fait de cet état.
La dernière intoxication aiguë reconnue s’est déroulée d’avril à septembre 2004 dans les provinces du centre et de l’est du Kenya durant laquelle 341 cas ont été diagnostiqués et ont été responsables de 123 décès.
La plupart des études épidémiologiques tendent à montrer qu’il existe une corrélation entre une exposition chronique à l’aflatoxine via le régime alimentaire et une prévalence du cancer primitif du foie. Néanmoins, cette relation est modulée par d’autres facteurs qui influencent ce risque de cancer comme l’infection virale à l’hépatite B (HBV). La majorité des études épidémiologiques étayant la relation aflatoxine – cancer du foie provient de régions du globe, Asie du Sud- Est, Chine, Afrique Occidentale et Equatoriale où la prévalence de l’HBV et de l’AFB1 est élevée. En Amérique Latine, la prévalence du cancer primitif du foie et de l’infection à l’HBV est faible alors que l’exposition à l’AFB1 est élevée. La conduite de nouvelles études épidémiologiques dans les régions dites à risque a été recommandée par le JECFA en intégrant pour certains pays des campagnes de vaccination anti- HBV. Lorsque ces études auront été réalisées, une réévaluation des risques pour l’homme des aflatoxines pourra être réalisée.
Réglementation
La réglementation concernant les quantités maximales admissibles en aflatoxines varient d’un pays à un autre, d’un produit alimentaire à l’autre et d’une aflatoxine à une autre. Au Sénégal il n’existe toujours pas de normes concernant les limites des aflatoxines dans les aliments.
En 2008, le Codex Alimentarius a défini un taux maximal d’aflatoxines totales de 10 µg/kg dans les fruits à coque (amandes, noisettes et pistaches) prêts à la consommation ; ce qui représente un taux supérieur à celui qui était en vigueur dans l’Union Européenne (4 µg/kg d’AF totale) (Codex Alimentarius, 2008).
En juin 2009, l’EFSA (European Food Safety Authority) a évalué les effets sur la santé publique due à une augmentation du taux maximal d’AF totale de 4 µg/kg à 8 ou 10 µg/kg pour les fruits secs, et fruits à coque ; ce qui a facilité en général l’application de ces taux maximum, et en particulier celles des teneurs maximales des mélanges de noix (Frémy et al., 2009).
Néanmoins le règlement 1881/2006/CE fixant des teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires et règlement 2006/576/CE sur les substances indésirables dans les aliments pour animaux, fixent des teneurs maximales pour les aflatoxines en alimentation humaine et en alimentation animale. Les valeurs concernant l’alimentation animale sont présentées dans les tableaux ci-contre.
Composition des aliments pour volailles
Il est important de préciser, avant tout, que la plupart des produits entrant dans la fabrication des aliments de la volaille sont aussi directement consommables par l’homme.
Les matières premières locales
Matières premières d’origine végétale
Ce sont essentiellement les céréales avec : le maïs blanc, cultivé dans le Sud du pays et dans la région du Fleuve ; le mil et le sorgho cultivés partout au Sénégal.
Les disponibilités en ces céréales, quand elles existent, surviennent juste après la récolte.
Les sous-produits agro-industriels
Il s’agit de :
• Tourteau d’arachide : qui est un sous-produit issu du traitement industriel ou artisanal de l’arachide ;
• Tourteau de coton : résidu de la graine de coton après traitement industriel. Il est très mal connu des aviculteurs, mais aussi très peu utilisé dans l’alimentation animale en général. En effet la présence de gossypol, substance toxique, constitue un facteur limitant son utilisation ;
• Tourteau de Beref (melon sénégalais) : il est produit en grande quantité au Sénégal où sa culture est très prisée ;
• Drêches de brasseries : issues du traitement de l’orge importée par les brasseries du pays, elles représentent également un sous-produit disponible localement ;
• Sous-produits de rizières : avec la farine de cône à blanchir et les fines brisures de riz ;
• Son fin de blé: tout comme l’orge, le blé est importé par les meuneries locales et ce sont les résidus de son traitement industriel qui sont réservés à l’alimentation animale ;
• Son de mil : c’est le résidu du mil après traitement artisanal en vue de sa consommation par les populations.
Les matières premières d’origine animale
Nous retrouvons :
• La farine de poisson: le Sénégal, pays ouvert sur la mer, en produit des quantités considérables ;
• La farine de viande et de sang.
Les produits riches en matières minérales
Ces produits comprennent :
• La poudre d’os et de viande osseuse, citée précédemment ;
• La poudre de coquillages (exemple des coquilles d’huitres pilées) ;
• La farine d’os calcinés, sources de supplémentation minérale importantes ;
• Le sel marin produit artisanalement en grande quantité.
Afin d’établir des rations parfaitement équilibrées, il est nécessaire de recourir à l’importation.
Matières premières importées
Matières premières d’origine végétale
Parmi les céréales importées, nous avons :
• Le mais jaune dont une partie est réservée à l’alimentation humaine, et l’autre à l’alimentation animale. Il semble que les industriels préfèrent ce mais jaune au mais blanc produit localement
• Le sorgho est également importé mais dans de faibles proportions
• Le soja dont l’importation est surtout accru lors des années pluvieuses lorsque le tourteau d’arachide devient difficilement conservable avec notamment de hauts risques de contamination par Aspergillus flavus.
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Les produits riches en matières minérales
Le phosphate bicalcique : dont l’importation est apparue nécessaire devant la teneur élevée en fluor, des phosphates tricalciques de Thiès et de Taïba.
Les additifs alimentaires
Ce sont les antioxydants et les antibiotiques ; les vitamines qui sont importées par l’industrie de l’alimentation animale à l’état pur, sous forme de concentrés ou de pré mélangés.
Que ce soit par l’intermédiaire du secteur traditionnel ou du secteur moderne, l’aviculture sénégalaise met sur le marché un certain nombre de produits (œufs, poulets de chair, poules de réforme, …) qui seront consommés en totalité par la population locale.
Impacts de l’Aflatoxine B1 en élevage aviaire
L’AFB1 a de nombreux effets sur la santé de la volaille ainsi que sur les performances zootechniques des animaux. En fonction de la dose absorbée et de la durée d’exposition, l’impact diffère.
Toxicité aiguë
L’intoxication aiguë résulte de l’ingestion en une seule ou plusieurs fois rapprochées d’une dose assez importante d’aflatoxines et se traduit par la mort des animaux dans des délais variant selon la sensibilité spécifique.
L’intoxication aiguë par l’AFB1 se manifeste par un malaise, une perte de l’appétit puis un ralentissement du gain de poids, un ictère, une ascite et enfin la mort du sujet atteint.
Sur le plan histologique, on retrouve un foie décoloré, hypertrophié avec prolifération des canaux biliaires, des lésions de nécrose, d’infiltration graisseuse, des hémorragies hépatiques, pulmonaires, rénales et des glandes surrénales, une congestion des poumons, des lésions rénales compatibles avec une néphrite glomérulaire (Moreau, 1994).
Toxicité chronique
L’aflatoxicose chronique est la plus fréquente ; elle apparait suite à une ingestion d’aliments contaminés pendant plusieurs semaines. Elle se caractérise par une baisse du GMQ, une chute de ponte associée à des lésions telles que des hémorragies, et une carcasse décolorée à l’autopsie (AFSSA, 2009).
En outre, les aflatoxines ont des effets immunotoxiques chez les volailles. En effet, pour des doses relativement importantes en aflatoxine (0,3-6 mg/kg de poids corporel), il apparaît une dépression de la réponse immunitaire. Il y a une baisse des Ig G et A, alors que les Ig M ne sont pas affectés (Pier, 1986).
Chez le poussin, l’ingestion d’aliments contaminés par 2,5 ppm d’AFB1 pendant 3 semaines, provoque un ictère, un retard de croissance et des troubles de la coagulation sanguine (Chattopadhyay et al., 1985).
Tung et Hamilton en 1973 ont observé chez le poussin des nécroses avec une accumulation de lipides dans le foie et une hyperplasie des canalicules biliaires ainsi qu’une dépigmentation.
Présentation du lieu de stage
L’Institut de Technologie Alimentaire (I.T.A.) est un Établissement Public œuvrant dans le secteur de la Recherche-Développement en Alimentation et Nutrition.
II a été créé par la loi 63-11 du 5 février 1963 et n’a connu un véritable essor qu’à partir de 1968, avec l’assistance de la FAO Cet organisme a fourni entre 1968 et 1974 des infrastructures (laboratoires et ateliers pilotes), des équipements et les experts nécessaires à la mise en route des programmes de recherche.
Depuis 1998, l’Institut jouit d’un statut d’Établissement Public à caractère Scientifique et Technologique. Il est actuellement placé sous la tutelle du Ministère du Commerce, de l’Industrie et du Secteur informel.
Il a pour missions, entre autres :
Générer une valeur ajoutée aux produits alimentaires locaux à travers leur transformation et l’assurance qualité pour atteindre la sécurité alimentaire et augmenter les exportations ;
Développer des programmes destinés aux communautés locales, aux populations, en particulier en augmentant les transferts des résultats de recherche, en produisant des supports techniques pour faciliter l’industrialisation;
Assurer la sécurité alimentaire, l’assurance et le contrôle de qualité des produits agroalimentaires;
Améliorer l’état nutritionnel des populations; ·
Assurer une formation aux professionnels, aux agents des corps de métiers, entre autres :
De guider et de coordonner les recherches et les études concernant le traitement, la transformation, le conditionnement, la conservation et l’utilisation des produits alimentaires locaux, principalement dans le but de promouvoir l’implantation d’industries correspondantes.
De développer de nouvelles ressources alimentaires dérivées des productions locales qui soient d’une bonne valeur nutritive et adaptées au goût ainsi qu’au pouvoir d’achat des consommateurs.
D’aider au contrôle de la qualité des produits alimentaires aux stades de la production, de la commercialisation, de l’importation et de l’exportation.
De participer à la formation des Corps de Métiers de l’Alimentation.
Le Laboratoire de Mycotoxines où nous avons effectué notre stage est un laboratoire de référence pour le dosage de l’aflatoxine.
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• Laboratoire de Mycotoxines
Le laboratoire est spécialisé dans l’analyse des aflatoxines (B1, B2, G1, G2) dans les produits arachidiers, le maïs, les aliments de bétail et de volaille et celle de l’aflatoxine M1 dans le lait. Sur demande et pour des besoins de recherche, il dose également d’autres mycotoxines, comme la fumonisine B1 dans le maïs, l’ochratoxine A dans le café et la zéaralénone dans les céréales.
Au niveau du secteur de la pêche, le laboratoire réalise des analyses de la teneur en histamine pour plusieurs sociétés soit pour l’autocontrôle, soit pour vérifier la conformité de leurs produits aux exigences normatives des pays importateurs.
Matériels et méthodes
Dans le cadre de cette étude, les aliments pour volaille utilisés ont été collectés à Dakar (dans les marchés) et dans la zone périurbaine de Dakar (dans les fermes avicoles).
Echantillonnage
L’étude porte sur trois (3) localités contenant chacun cinq (5) échantillons d’aliments administrés aux volailles à différents stades de leur élevage.
Pour cette étude, le choix de la localité et du site de collecte était fonction du type d’aliment recherché. En effet, nous voulions dans une localité pouvoir retrouver les cinq types d’aliment administrés aux volailles au cours de leur élevage.
Traitement des échantillons
Les échantillons ainsi collectés sont acheminés au laboratoire de Mycotoxines. Ils sont broyés en poudre fine et sont enfin conditionnés et étiquetés en vue du dosage de l’aflatoxine.
Méthodes
Extraction de l’aflatoxine (ISO 14718 : 1998)
Peser, à 0,1 g près, 50,0 g de l’échantillon pour chaque essai préparé dans une fiole conique. Ajouter successivement 25 g de Celite, 250 mL de chloroforme et 25 mL d’eau distilée. Boucher la fiole, agiter en la tournant et décompresser. Reboucher et agiter pendant 30 min sur l’agitateur mécanique.
Purification par Florisil (ISO 14718 : 1998)
• Préparation de l’ensemble colonne-cartouche
Fixer un robinet d’arrêt sur l’embase la plus courte d’une cartouche de Florisil. Laver la cartouche et éliminer l’air en prenant 10 mL de chloroforme et en en faisant passer rapidement 8 mL, à l’aide d’une seringue, à travers la cartouche par l’intermédiaire du robinet d’arrêt.
Fixer l’embase la plus longue de la cartouche sur une colonne en verre et faire passer les 2 mL de chloroforme restants dans la colonne, en traversant la cartouche. Fermer le robinet d’arrêt. Retirer la seringue.
• Purification proprement dite
Ajouter le filtrat recueilli à l’ensemble colonne-cartouche et vidanger par gravité. Rincer avec 5 mL de chloroforme, puis avec 20 mL de méthanol. Éliminer les éluats. Durant ces opérations, veiller à ce que l’ensemble colonne-cartouche ne soit pas mis à sec. Éluer l’aflatoxine B1 avec 50 mL de mélange acétone-eau (98 :2) et recueillir l’éluat dans le ballon à fond rond de l’évaporateur rotatif.
Purification par C18 (ISO 14718 : 1998)
• Préparation de l’ensemble colonne-cartouche
Fixer un robinet d’arrêt sur l’embase la plus courte d’une cartouche de C18. Amorcer la cartouche et éliminer l’air en faisant passer rapidement, à l’aide d’une seringue, 10 mL de méthanol à travers la cartouche par l’intermédiaire du robinet d’arrêt. Les bulles d’air dans la cartouche apparaissent sous la forme de points lumineux sur le fond grisâtre. Prendre 10 mL d’eau et en faire passer 8 mL à travers la cartouche. Éviter d’introduire de l’air dans la cartouche lors du passage du méthanol à l’eau.
Fixer l’embase la plus longue de la cartouche sur une colonne en verre et faire passer les 2 mL d’eau restants dans la colonne en traversant la cartouche. Fermer le robinet d’arrêt. Retirer la seringue.
• Purification proprement dite
Transvaser quantitativement l’extrait obtenu en plus haut dans la colonne en verre, rincer le ballon deux fois avec 5 mL de mélange méthanol-eau (20 :80) et vidanger par gravité.
Durant ces opérations, veiller à ce que l’ensemble colonne-cartouche ne soit pas mis à sec. Si des bulles d’air se développent dans l’étranglement voisin de la cartouche, arrêter l’écoulement et tapoter le sommet de la colonne en verre afin de supprimer les bulles d’air, puis continuer.
Éluer l’aflatoxine B1 avec 2 mL de méthanol HPLC et recueillir l’éluat dans une fiole ambrée. La solution obtenue est évaporée sous azote.
Quantification par chromatographie sur couche mince (AOAC 968.22 : 2000)
Il faut préparer la phase mobile qui sera constituée de 5 mL d’acétone + 45 mL de chloroforme et reprendre le résidu sec avec 100 µl de chloroforme.
Puis on procède au dépôt des extraits d’échantillons et du standard sous forme de spot sur la plaque préchauffée. Les spots seront au nombre de 9. Le standard de concentration 1ppb va être déposé à des volumes croissants. Selon le nombre d’échantillons que l’on veut analyser, on dépose les extraits du standard en les intercalant avec ceux des échantillons de telle sorte qu’on puisse faire une comparaison au moment de la lecture.
Apres avoir déposé le standard et l’échantillon, la plaque (phase stationnaire) est plongée dans la phase mobile ; le tout est placé dans une cuve fermée hermétiquement à l’abri de la lumière pendant 45 minutes. Ainsi la migration va se dérouler pendant ce temps on aura une séparation bien distincte des 4 aflatoxines suivant leur poids moléculaire.
Enfin au bout du temps de migration, on sort la plaque que l’on va lire sous lumière UV dans un chromato-vue. Ainsi la quantification va se faire en comparant les taches émises par les aflatoxines des échantillons (s’il y en a) avec celle du standard et avec l’aide de la formule ci-dessous l’on calcule la quantité d’aflatoxine contenu dans l’échantillon.
NB : L’expérience est menée en duplicate pour chaque échantillon analysé.
AFB1= Aflatoxine B1
S= concentration du standard en ppb (1 ppb)
Y= volume du standard comparé (µl)
V= volume de reprise de l’extrait en µl (100 µl)
W= volume de reprise de l’extrait déposé en µl (5 µl)
X= poids de l’échantillon mis en colonne en g (10 g)
Discussion
Au cours de cette étude, les résultats obtenus auraient pu être améliorés si :
• Le nombre d’échantillon analysé était plus grand. Au cours de notre travail nous n’avons pas pu augmenter le nombre d’échantillon car ceci aurait nécessité plus de moyens (solvants, réactifs, cartouches de purification,…) ;
• La quantification était effectuée par chromatographie liquide haute performance (CLHP). Une revue de la littérature montre que différentes procédures analytiques (à l’instar de la CLHP) ont été mises en œuvre pour quantifier l’AFB1 dans les échantillons destinées à la consommation animale (Cigic et Prosen, 2009). En effet, l’utilisation de la CLHP aurait permis d’atteindre une limite de détection plus faible (de l’ordre de 10 ng/kg) que celle de la CCM (bien que moins couteuse, elle est une technique semi-quantitative permettant d’apprécier la présence ou non d’AFB1 dans nos échantillons du point de vue qualitatif), permettant ainsi une meilleure quantification de l’AFB1 présentes à l’état de traces dans nos différents échantillons ;
• D’autre part, lors de la quantification par CCM, on avait effectué un réajustement de la concentration du standard utilisé pour qu’elle soit dans le même ordre de grandeur que celle des échantillons car, nous nous sommes rendu compte que la solution standard d’AFB1 avait une teneur bien plus importante que celle retrouvée dans les échantillons.
Du tableau des résultats ci-dessus, il ressort que les teneurs en aflatoxine B1 montrent une certaine variabilité allant de 6 à 14 ppb. En fonction du lieu de collecte des échantillons d’une part, l’on remarque que les aliments pour volaille collectés dans les marchés de Dakar présentent des teneurs plus élevées que dans les deux autres zones de collecte. D’autre part, l’on constate la présence d’aflatoxine B1 dans tous les différents types d’aliment pour volaille analysés. Ce qui n’est pas le cas des aliments de la zone de Sangalkam qui à l’exception de l’aliment pour finition présente des teneurs très faibles qui sont même en dessous de la valeur du standard utilisé au cours du dosage.
Bien que la plupart de ces échantillons soient contaminés par l’aflatoxine, aucun d’eux n’atteint la valeur maximale acceptable qui est de 20 ppb établie par la communauté européenne.
D’une manière générale on retrouve des aflatoxines dans tous les types d’échantillons. Cela n’est pas surprenant pour ces aliments dérivés de l’arachide étant donné la grande susceptibilité de celle-ci à l’infestation par les moisissures toxinogènes. En effet plusieurs études déjà effectuées ont rapporté ce fait (Kane et al., 1993 ; Dia, 1997 ; Bathily, 1998 ; Sall, 1998 ; Diouf, 2001 ; Sylla, 2014).
Il a été constaté que les aliments pour animaux collectés dans la zone de Dakar particulièrement et de Gorom présentent une contamination à l’aflatoxine B1 de loin supérieur à ceux de Sangalkam ; ce qui constitue un grand risque étant donné que l’aflatoxine B1 est la plus toxique des quatre. En effet, des expériences réalisées sur toutes les espèces animales, à l’instar des volailles (exception faite de la souris), ont montré un effet hépatocarcinogène des aflatoxines par voie orale, principalement l’aflatoxine B1 (Kurata et al., 1984).
Par ailleurs, l’origine de ces teneurs plus élevées dans ces zones pourrait être multiple :
• Tout d’abord elles pourraient s’expliquer par l’infestation des matières premières entrant dans la composition de ces aliments par l’Aspergillus flavus ;
• En plus de cela, l’on pourrait soupçonner de mauvaises conditions de stockage et/ou d’entreposage entraînant une prolifération des moisissures faisant suite à une biosynthèse des aflatoxines ;
D’après les résultats obtenus, l’on note aussi que dans la région de Sangalkam à l’exception de l’aliment de finition, tous les autres échantillons sont très peu contaminés. En effet, certains industriels au cours de la fabrication de ces aliments pour volaille ont recours à des méthodes physiques et/ou chimiques de détoxification à savoir : d’une part, le traitement par l’irradiation ou le traitement soit par des agents oxydants, soit par les acides et/ou les bases effectués sur l’aliment final pour volaille ; et/ou d’autre part, ces industriels utilisent les méthodes de tri sur les matières premières entrant dans la composition de ces aliments comme décrit par Bennet et al., (1983) et Diop, (1995).
Il est à noter que ces résultats ne confirment pas ceux obtenus par Chu P. et collaborateurs au cours de son enquête sur la contamination par les aflatoxines des produits agricoles et agro-alimentaires au Sud Vietnam. Durant son étude, ils avaient analysé 24 échantillons d’aliments pour animaux parmi lesquels 21 présentaient une contamination à l’aflatoxine avec un taux moyen de 55.0 ppb. Cette valeur nettement supérieure aux nôtres s’expliquerait par le climat très humide qui prévaut au Vietnam et qui serait très propice au développement de l’Aspergillus flavus.
La réelle contamination par les aflatoxines des aliments pour volaille vendus dans les marchés dakarois, soulève encore une fois de plus l’épineux problème de la santé des consommateurs. Compte tenu des risques que constitue l’ingestion répétée d’aflatoxine (dans notre étude matérialisée par la présence d’aflatoxine dans les aliments à différents stades de croissance des volailles). En effet, Sanders et al, (1967) avaient montré au cours d’études, la présence de résidus d’aflatoxine dans les tissus animaux, des œufs et de la volaille après alimentation expérimentale des animaux avec des produits contaminés d’aflatoxine. Ceci pourrait s’expliquer par le fait, que les aflatoxines présentent des caractéristiques chimiques qui leur confèrent une grande stabilité à l’origine de leur transfert dans la chaîne alimentaire.
L’aflatoxine B1 pose un sérieux problème de santé publique en raison de leur toxicité chronique (effets cancérogènes, mutagènes, tératogènes,…) liées à l’ingestion répétée de faibles doses.
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Table des matières
LISTES SIGLES ET ABREVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
LISTES DES FIGURES
INTRODUCTION
CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE
I.1- Généralités sur l’aflatoxine
I.1.1- Définition
I.1.2- Structures et propriétés physico-chimiques
I.1.2.1- Structure chimique
I.1.2.2- Propriétés physico-chimiques
I.1.3- Ecotoxicogenèse
I.1.4- Devenir de l’aflatoxine dans l’organisme
I.1.5- Toxicité
I.1.5.1- Mécanismes d’action toxique et effets biochimiques de l’aflatoxine
I.1.5.2- Toxicité aiguë
I.1.5.3- Toxicité chronique
I.1.5.4- Effets chez l’homme
I.1.6- Réglementation
I.2- Généralités sur les aliments pour volailles
I.2.1-Définition
I.2.2- Composition des aliments pour volailles
I.2.2.1- Les matières premières locales
I.2.2.2- Matières premières importées
I.2.3. Impacts de l’Aflatoxine B1 en élevage aviaire
I.2.3.1-Toxicité aiguë
I.2.3.2- Toxicité chronique
CHAPITRE II: TRAVAIL EXPERIMENTAL
II.1- Présentation du lieu de stage
II.2- Matériels et méthodes
II.2.1- Echantillonnage
II.2.2- Traitement des échantillons
II.2.3- Méthodes
II.2.3.1- Extraction de l’aflatoxine (ISO 14718 : 1998)
II.2.3.2- Purification par Florisil (ISO 14718 : 1998)
II.2.3.3- Purification par C18 (ISO 14718 : 1998)
II.2.3.4- Quantification par chromatographie sur couche mince (AOAC 968.22 : 2000)
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1- Résultats
III.2- Discussion
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
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