Généralités sur l’économie informelle

Généralités sur l’économie informelle

Le changement institutionnel

North (1990) définit le changement institutionnel comme étant « l’interaction continue et mutuelle entre les institutions(les règles du jeu formelles et informelles) et les organisations (considérées comme des joueurs) dans un contexte de rareté et de concurrence ». Ces institutions changent sous l’effet des organisations, c’est-à-dire : les organisations permettent le changement des institutions. North affirme que les choix et les institutions formelles et informelles du passé affectent les choix et les institutions du présent se qui va engendrer un phénomène appelé « path dependence » 1(dépendance par rapport au sentier) qui permet de comprendre le processus du changement institutionnel, autrement dit, le concept « path dependence » fait référence à une formule claire qui implique que le présent est dans une large mesure conditionné par le passe.
Avant d’aller plus loin, allons voir quel est la différence entre organisations et institutions ?

Distinction entre organisation et institution

Les organisations

Les deux concepts organisation et institution sont souvent confondues ou utilisés de manière polysémique. En effet, l’organisation fait l’objet de nombreux débats d’actualité et attire l’attention de plusieurs disciplines scientifiques.
François Bourricaud (1989) définit une organisation comme la forme sociale qui, par application d’une règle et sous l’autorité de leaders, assure la coopération des individus à une oeuvre commune, dont elle détermine la mise en oeuvre et répartit les fruits.
Les organisations sont un ensemble d’acteurs ou un groupe d’individus s’engageant dans une activité téléologique et dont les objectifs peuvent être communs.3 Elles se composent d’organisations politiques, économiques, sociales et éducatives.
North distingue aussi plusieurs types d’organisations politiques (partis, assemblées…), économiques (entreprises, syndicats…), sociales (clubs, associations…) et éducatives (écoles, universités…) (North 1990, p 5).

Les institutions

Selon North, les institutions sont les règles du jeu qui façonnent les interactions humaines dans une société, et les organisations sont les acteurs du jeu (les joueurs). Et les premières(les institutions) changent sous l’effet de l’activité des secondes(les organisations).

les nouvelles théories institutionnelles

La théorie des coûts de transaction

Les théories classiques et néo-classiques sont fondées sur l’hypothèse que les mécanismes de marché (ajustement des offres et des demandes en fonction des prix) suffissent à coordonner les activités économiques individuelles. En toute logique l’entreprise, groupement d’individus, n’a pas de place dans ce cadre d’analyse1.
Pourtant, Coase (1937) développe la notion de « coût de transaction » (coûts de l’information, coûts de négociation, coûts de rédaction des contrats et le contrôle de leur exécution…) pour expliquer l’émergence de l’entreprise2. Il définit les coûts de transaction comme « les coûts d’utilisation du système de prix » ou les coûts d’effectuation des échanges dans un marché libre. Ainsi, les coûts de transaction dans un marché financier sont les coûts d’investissement dans la bourse des valeurs (commissions, taxes, coûts d’opportunité, coûts d’accès à l’information financière ».
Le recours au marché pour se procurer des facteurs de production comporte un coût dit de transaction et entraîne un risque. L’entreprise peut donc en conclure qu’elle doit internaliser la production de certains facteurs. Mais la production au sein de l’entreprise entraîne des coûts de coordination. Lorsque la taille augmente, à partir d’un certain volume d’activités,l’information circule mal, et les coûts de coordination augmentent. L’entreprise peut alors amenée à externaliser la production.1
O .Williamson (1975) a repris et approfondi cette thèse en soulignant que les coûts de transaction sont liés au degré de complexité et d’incertitude de l’environnement ainsi qu’à certains facteurs humains, en particulier « la rationalité limitée des agents, les comportements individualistes et opportunistes ». L’entreprise efficiente sera celle qui minimisera ses coûts de transaction, lesquels croissent avec le degré de spécificité des actifs, et maximisera ses profits .

La théorie de l’agence

La théorie de l’agence, ou encore « théorie de la relation d’agence »2 propose une vision contractuelle de la firme, structurée par des relations d’agence définie comme des situations où un agent appelé « principal ou mandant », délègue tout ou partie de son pouvoir de décision à un autre agent dénommé « mandataire » (B.de Montmoillon). C’est le cas :
– Quand un actionnaire confie la gestion de l’entreprise à un manager.
– Quand un employeur confie un travail à un salarié.
– Quand un épargnant confie la gestion de son portefeuille à une banque.
Cette théorie souligne les problèmes d’asymétrie de l’information et de comportements opportunistes, inévitables en cas de conflit d’intérêt entre le mandant et le mandataire, ce qui entraine des coûts, appelés « coûts d’agence » (frais de surveillance…)
La théorie de l’agence tente de définir les formes d’organisation et les types de contrats susceptibles de minimiser ces coûts.
En définitive, cette théorie n’est que le prolongement de la théorie néoclassique et de la théorie financière. Elle admet que le fait de gérer l’entreprise à plusieurs (manager, propriétaire) conduit à un sous optimum par rapport à l’entreprise traditionnelle propriété d’un seul agent économique. Elle introduit une contrainte d’ordre qualitatif sous la forme d’un coût.

La théorie des droits de propriété

Les principaux auteurs de cette approche sont : Coase (1960), Armen Alchian(1965,1977), Harold Demsetz (1967), Henry Manne (1965), S.Pejovich et E.Furubon. Ces auteurs n’ont pas donné une définition définitive des droits de propriété.
Selon Pejovich : « les droits de propriété sont des relations codifiés sur l’usage des choses ».
Pour H.Demsetz(1967), les droits de propriété sont « un moyen permettant aux individus de savoir ce qu’ils peuvent raisonnablement espérer dans leur rapport avec les autres membres de la communauté ».
Libecap définit les droits de propriété comme étant « des institutions sociales qui définissent ou délimitent l’ensemble des privilèges octroyés aux individus sur des ressources spécifiques tels que les terrains ou l’eau ».
La théorie des droits de propriété considère tout échange entre agents, et en fait tout relation de quelque nature qu’elle soit, comme un échange de droit de propriété sur les objets.
Elle consiste à expliquer comment les comportements des agents économiques sont influencés par les différents systèmes de droit de propriété et quelles sont les conséquences sur le bien être social et les processus économiques ?
Cette théorie étudie ainsi les systèmes de droits de propriété, ou régimes de propriété.
Elle souligne par exemple l’importance de l’existence de droits de propriété clairement définis pour le bon déroulement de l’activité dans une économie de marché, sinon les agents ne sont pas incités à s’engager dans des activités productives car leurs gains ne sont pas assez protégés par les droits de propriété.
 Les attributs des droits de propriété

Les droits de propriété sont définis par les pratiques qu’ils autorisent

Usus (droit d’usage) : utilisation du bien dont l’individu est propriétaire. Fructus (droit au revenu résultant de l’usage) : le propriétaire est bénéficiaire des résultats de l’utilisation de son droit d’usus sur le bien qu’il possède.
Abusus : le propriétaire peut transmettre son droit, le détruire, le vendre.
Ainsi, nous pouvons distinguer 3 critères des droits de propriété :
 La subjectivité : seule une personne peut se voir investir du droit sacré à la pleine propriété. Ce critère envoie à l’axiome d’autonomie des agents.
 L’exclusion : il ne peut y avoir de propriété simultanée sur un même objet. Un droit est assimilé à un individu et réciproquement.
 Le transfert : le propriétaire peut transmettre son droit par la vente ou location .
 Les types de régimes de propriété
Il existe 4 régimes de propriété : privée, commune, publique (étatique), et l’absence de propriété.

l’économie informelle et relation de confiance

Introduction Le secteur informel occupe une position centrale dans le processus de croissance et de développement d’un pays. L’idée que nous défendons dans ce chapitre est que le secteur informel trouve son essence non seulement dans le dysfonctionnement de l’Etat et du poids de la bureaucratie, mais aussi au manque de confiance des agents économiques (entrepreneurs privés) envers l’Etat. Pour ce faire, nous avons décomposé ce chapitre en trois sections : dans la première, nous présentons les différentes définitions du secteur informel, après nous choisissons une définition qui s’adapte avec les objectifs de notre recherche, à la suite, nous donnerons quelques statistiques concernant l’ampleur de l’économie informelle dans les pays en développement et les pays développés, à la fin, nous nous intéressons au poids de l’économie informelle en Algérie. La deuxième section propose d’analyser la confiance comme facteur explicatif du dynamisme du secteur informel en Algérie en exposant les différents éléments qui permettent d’expliquer l’existence ou le manque de confiance des entrepreneurs privés dans l’Etat et après nous nous intéressons au rôle des éléments institutionnels dans le maintien de conjecture de confiance entre les agents économiques opérant dans le secteur informel. Dans la troisième section, nous présentons les résultats d’une enquête sur le terrain de la wilaya de Tlemcen.

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Table des matières

Introduction générale
Chapitre 1 : Généralités sur la confiance et la coordination
Introduction du chapitre
Section I : La notion de confiance
1.1 : L’origine du mot « confiance »
1.2: Les justifications de la confiance en économie
1.2.1 : L’historique de la confiance en économie
1.2.2: La confiance vue par la microéconomie et la macroéconomie
1.3: Les différentes définitions de la confiance
1.4 : Caractéristiques et composants de la confiance
1.4.1: Caractéristiques de la confiance
1.4.2 : Composants de la confiance
1.5: Typologies et nivaux de confiance
1.5.1: types de confiance
1.5.2 : nivaux de confiance
Section II : Les acceptations de la coordination
2.1 : La définition de la « coordination »
2.2 : La distinction entre la coordination et la coopération
2.3 : La coordination selon les différentes théories économiques
 La théorie de la firme et l’analyse de O.Williamson
 La coordination dans la théorie de l’agence
 Théorie des jeux et la relation de coordination
 La relation de coordination et la théorie des conventions
 La coordination et la théorie des réseaux
Section III : relation entre coordination et confiance
3.1 : La confiance et l’apport de Williamson
3.2 : La confiance et la théorie de l’agence
3.3: La confiance et la théorie des conventions
3.4 : La confiance et la théorie des réseaux
Conclusion du chapitre
Chapitre 2 : Institution et cadre institutionnel
Introduction du chapitre
Section I : Institution : un état des lieux du courant institutionnaliste
1.1 : L’origine du mot « institution »
1.2 : Les institutions dans la théorie économique
1.2.1 : Présentation du courant de l’institutionnalisme américain
A) : La théorie de Veblen
1)L’apport de Veblen
 Définition des institutions
 La théorie des instincts
 La théorie des classes de loisirs
B) : L’apport de Commons
 Les concepts clés : institution et transaction
 Le principe de futirité
C): Les limites de l’institutionnalisme américain
1.2.2 : La nouvelle Economie Institutionnelle
A) : Les principaux travaux
 Ronald Coase
 O.Williamson
Douglas North
B): Les institutions formelles et informelles
C): Les différentes définitions des institutions
D) : Redéfinir le concept d’institution
E) : Les limites des travaux de la Nouvelle Economie Institutionnelle
Section II : Le cadre institutionnel et ses composants
2.1: Environnement institutionnel et arrangement institutionnel
2.2: Le changement institutionnel
2.3: Distinction entre organisation et institution
Section III : Les nouvelles théories institutionnelles
3.1 : La théorie des coûts de transaction
3.2 : La théorie de l’agence
3.3: La théorie des droits de propriété
3.4: La théorie du choix rationnel
3.5 : La théorie des jeux
Conclusion du chapitre
Chapitre 3 : l’économie informelle et relation de confiance
Introduction
Section I : Généralités sur l’économie informelle
1.1 : Définition de l’économie informelle
 Le courant dualiste et les définitions multicritères
 Les définitions fonctionnelles
 Les définitions du BIT
1.2 : Définition du secteur informel
 Les composantes de l’économie non observée
1.3 : Autres définitions du secteur informel
1.4 : origines et causes de l’informalité
1.5 : Choix d’une définition
1.6 : L’ampleur de l’économie informelle : présentation de quelques statistiques
 L’économie informelle dans les pays en développement
 L’économie informelle dans les pays développés
1.7 : Le poids de l’économie informelle en Algérie
Section II : la confiance comme facteur explicatif du dynamisme du secteur informel en Algérie
2.1 : Le manque de confiance dans l’Etat comme cause de l’informalité
 La non crédibilité de l’Etat
 Le manque de bienveillance de l’Etat
 Le manque d’intégrité de l’Etat
2.2 : Le rôle des éléments institutionnels dans le maintien de conjecture de confiance entre les agents économiques opérant dans le secteur informel
 La réputation
 Le contrat
 Le serment
Section III : investigation sur le terrain de la wilaya de Tlemcen
Méthodologie de recherche
3.1 : Investigation sur le terrain
 Présentation générale de la wilaya de Tlemcen
 Répartition des entreprises privées dans la wilaya de Tlemcen
3.2 : Objectifs et méthodologie de l’enquête
 Objectifs de l’enquête
 Méthodologie et type d’enquête
3.3 : Questionnaire d’enquête, près – test et résultat de l’enquête
 Contenu et structure du questionnaire d’enquête
 Près test du questionnaire
 Résultats, interprétation et discussion
Conclusion du chapitre
Conclusion générale

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