La maladie connue aujourd’hui sous le nom de syndrome d’immunodéficience humaine acquise (SIDA) a été rapportée pour la première fois aux États-Unis en 1981 par le CDC (Centers for Disease Control and Prevention). Cette publication décrivait l’état de cin jeunes homosexuelles souffrant d’immunodéficience sévère accompagnée d’une rare pneumonie causée par Pneumocystis carinii. D’autres cas de l’immunodéficience ont été rapidement signalés dans différentes populations, notamment en Haïti et dans certains pays d’Afrique. Les chercheurs se sont rapidement penchés sur la cause de cette maladie. C’est en 1983, à partir de ganglions d’un patient présentant une lymphadénopathie, un rétrovirus fut isolé par l’équipe du Professeur Luc Montagnier (Barré-Sinoussi et al., 1983 ; Merson et al., 2008) et fut dénommé lymphoadenopathy associated virus (LAV).
En 1984, l’équipe de Levy à San Francisco isolait le virus nommé « Aquired Immunodefiency Syndrome Related virus (AIDS) » (Levy et al., 1984). En 1985, une commission scientifique propose une nomenclature commune: le virus responsable du SIDA fut alors appelé Virus de l’Immunodéficience Humaine (Ratner et al., 1985). En cette même année 1985, un deuxième rétrovirus (VIH-2) fut mis en évidence sur des prélèvements de professionnelles du sexe (PS) sénégalaises (Barin et al., 1985). L’évolution de l’épidémie de VIH/Sida dans le monde a pris un nouveau visage au cours de ces dernières années. Fin 2016, environ 36,7 millions de personnes vivaient avec le VIH (ONUSIDA., 2016). Le dosage des antirétroviraux dans les milieux biologiques permet un meilleur suivi thérapeutique des patients sous traitement. Le dosage permet aussi d’adapter des schémas posologiques afin d’obtenir d’emblée une efficacité antirétrovirale optimale, ce qui peut éviter les échecs virologiques (Aarnoutse.,2003), qui exposent les patients au risque d’accumulation de mutations de résistance (Deeks SG.,2000), de détérioration immunologique (Pellegrin I.,2005) et de progression clinique (Nebbia G et al.,2005). Il permet également de surveiller l’observance des patients et minimiser la fréquence et l’intensité des effets indésirables (Badre-Sentenac et al., 2004).
GENERALITES SUR LE VIH
Le VIH appartient au genre Lentivirus (lentis = lent) de la famille des Retroviridae (Kirchhoff et al., 2013). Actuellement il en existe de deux types (Fanales-Belasio et al., 2010) :
● le VIH-type 1 (VIH-1) : Agent principal du SIDA dans le monde,
● VIH-type 2 (VIH-2) : limité à certaines régions d’Afrique occidentale et centrale et moins virulent que le VIH-1.
Epidémiologie
L’infection à VIH/SIDA constitue aujourd’hui un véritable problème de santé publique. La progression de l’épidémie au niveau mondiale, particulièrement dans les pays en voie de développement et le bouleversement qu’elle entraine dans les communautés, font apparaitre la pandémie comme une menace réelle sur le développement.
Dans le monde
Depuis 2010, les études montrent que la prévalence mondiale du VIH s’est stabilisée et que le nombre de nouvelles infections a diminué partiellement en raison de l’impact des programmes de lutte contre le VIH. Toutefois les données de l’OMS de l’année 2017 montrent qu’environs 36,9 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH, 1,8 million nouvellement infectées, et que 940.000 personnes sont décédées de maladies liées au SIDA. Cependant les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, les homosexuels, les professionnels du sexe et les consommateurs de drogues injectables sont les plus exposés au risque d’infection à VIH (ONUSIDA., 2017).
En Afrique Sub-saharienne
L’Afrique sub-saharienne est la région la plus touchée avec 25,5 millions de PVVIH, soit 70% des PVVIH dans le monde. Elle concentre également près des deux tiers des nouvelles infections par le VIH : 1,16 million au total. Elle totalise aussi environ 75% des décès, mais ce nombre a diminué de 42% en Afrique de l’Est et australe et de 21% en Afrique de l’Ouest et centrale (Aubry P., 2017).
Au Sénégal
Au Sénégal, les premiers cas de sida sont apparus en 1986. La prévalence dans la population générale est restée basse et stable grâce à des efforts soutenus combinés de prévention, de traitement et de soutien, indique le Conseil National de Lutte contre le Sida CNLS (Sene et al., 2015). L’analyse de la situation épidémiologique et la triangulation des différentes données, montre que le profil de l’épidémie de VIH au Sénégal est de type concentré, avec une prévalence estimée à 0,5% en 2012 selon les données de l’ONUSIDA et 0,7% selon l’EDS –MICS, 2010-2011.
✓ Les professionnelles du sexe avec 6,6 %.
✓ Les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes soit 17,8 %.
✓ Les consommateurs de drogues injectables avec 5,2 %.
✓ Les détenus avec 2,0 %.
Des disparités dans la prévalence du VIH sont aussi notées selon certaines caractéristiques socioéconomiques et démographiques comme le sexe, l’âge et la zone géographique. En effet, les femmes sont 1,6 fois plus infectées que les hommes et la prévalence est plus élevée chez les adultes que chez les jeunes. Les dernières enquêtes de l’EDS-MICS 2010-2011 que les régions les plus touchées sont les régions du Sud et du Sud Est (figure 1) (Sene et al., 2015 ; CNLS-Sénégal., 2018):
✓ Sud : Kolda (2,4 %), Sédhiou (1,1 %), Ziguinchor (1,0 %),
✓ Sud-Est : Kédougou (1,7 %), Tambacounda (1,4 %),
✓ Centre : Kaolack (1,1 %) et Fatick (1,0 %).
Morphologie, structure et organisation génomique du VIH
Morphologie et structure du VIH
Morphologiquement, le VIH apparaît sous forme de particules sphériques (Gelderblom et al., 1987) de 90 à 120 nanomètres de diamètre, hérissées de spicules. Parmi les éléments constitutifs, nous distinguons:
-Une enveloppe constituée d’une bicouche lipidique qui provient de la membrane plasmique de la cellule hôte acquise par le virus lors de sa sortie par bourgeonnement. A la surface de cette enveloppe, on retrouve la glycoprotéine de surface reliée de façon non covalente à la glycoprotéine transmembranaire, l’ensemble faisant saillie à la surface du virus sous forme de spicules.
-Une matrice constituée par la protéine p17 est retrouvée sous la bicouche lipidique. Elle est liée à la surface interne de l’enveloppe et stabilise la structure. Elle intervient dans l’étape de l’assemblage et du bourgeonnement du virion (Dorfman et al., 1994).
-Une capside constituée par la protéine p24 se situe au centre du virus dont il représente la protéine majeure. Elle protège l’ARN et intervient dans la formation des oligomères-p24 conduisant à l’assemblage de la particule virale et dans la morphogenèse de la capside (Leschonsky et al., 2007).
-Une nucléocapside constituée principalement par une protéine basique p7 liée à l’ARN du virus. Elle joue un rôle dans l’emballage de l’ARN, la rétrotranscription et la stabilité de la particule virale (Song et al., 2007).
-Un génome viral représenté par deux brins d’ARN de polarité positive, de longueur d’environ 10000 bases.
-Des enzymes virales comprenant: la transcriptase inverse (TI), l’intégrase (IN) et la protéase (PR).
Organisation génomique du VIH
Il est flanqué par deux régions répétitives et non codantes, les LTR (Long Terminal Repeats). Trois de ces cadres de lecture codent pour les polyprotéines Gag, Pol et Env, qui sont par la suite clivées en protéines individuelles de structure. Les six autres cadres de lecture codent pour les gènes accessoires encore appelés gènes de régulation: tat, rev, vif, vpu ou vpx, nef, vpr (Lal et al., 2005).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : Généralités sur le VIH, les antiretroviraux et leurs methodes de dosage
I. Généralités sur le VIH
I.1. Epidémiologie
I.1.1. Dans le monde
I.1.2. En Afrique sub-saharienne
I.1.3. Au Sénégal
I.2. Morphologie, structure et organisation génomique du VIH
I.2.1. Morphologie et structure
I.2.2. Organisation génomique
I.3. Cycle de réplication
I.4. Diagnostic biologique
II. Généralités sur la therapie antiretrovirale
II.1. Définition
II.2. Principe de la thérapie antirétrovirale
II.3. Classification
II.3.1. Les inhibiteurs nucléosidiques et nucléotidiques de la transcriptase inverse
II.3.2. Les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse
II.3.3. Les inhibiteurs de la protéase
II.3.4. Les nouvelles classes
II.4. Pharmacologie
II.4.1. Des inhibiteurs nucliosidiques/nucliotidiques de la transcriptase inverse
II.4.2. Les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse
II.4.3. Les inhibiteurs de la protéase
III. Methodes analytiques de dosage
III.1. Chromatographie liquide haute performance
III.1.1. Principe
III.1.2. Composants de la chaine chromatographique
III.2. Spectrométrie de masse
III.2.1. Principe
III.2.2. Appareillages de la spectrométrie de masse
III.2.3. Spectrométrie de masse en tandem
III.2.4. Couplage aux méthodes séparatives
DEUXIEME PARTIE : travail personnel
I. Objectif de l’etude
I.1. Objectif général
I.2. Objectifs spécifiques
II. Methodologie
III. Cadre d’etude
IV. Resultats
IV.1. Methodes de dosage dans le plasma
IV.1.1. Par chromatographie liquide haute performance
IV.1.2. Par chromatographie liquide couplée a la spectrométrie de masse
IV.2. Dosage dans le serum
IV.2.1. Chromatographie liquide haute performance
IV.2.2. Chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse
IV.2.3. Electrophorèse capillaire
IV.3. Dans les cellules mononuclées du sang peripherique
IV.4. Dans les taches de sang séchées
IV.5. Dosage dans les sécrétions génitales
V. Commentaires
CONCLUSION
REFFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES