Généralités sur le trouble bipolaire
GENERALITE SUR LE TROUBLE BIPOLAIRE
L’origine des troubles bipolaires semble remonter à la médecine grecque. 400 ans avant JC, Hippocrate décrivait déjà avec précision les termes de manie et de mélancolie. Arrêtée de Cappadoce (1er siècle) avait rapproché les deux entités déjà décrites en admettant des intermittences entre elles .
Au XVIIe siècle, Le médecin Anglais T.Willis parlait de l’alternance manie/mélancolie pouvant se succéder de manière répétée. Les liens entre ces deux entités qui sont restées jusqu’au là séparées ne seront établis qu’à la 2ème moitié du XIXe siècle par les auteurs français Falret et Baillarger. En effet, Falret parle en 1854 de la « folie circulaire » où le patient vit une alternance de phase d’excitation et d’inhibition avec l’existence d’intervalle libres durant lesquelles le sujet reste asymptomatique. A la même époque, Baillarger décrit la « folie à double forme » constituée par la succession d’épisodes biphasiques maniaques et mélancoliques .
C’est à E. Kraepelin que revient la paternité de « la folie maniaco-dépressive », au début du 20e siècle (1903), qui deviendra « psychose maniaco-dépressive (PMD) » se démarquant ainsi de la «démence précoce » (futur schizophrénie de Bleuler) dont elle se distingue par les critères suivant :
Evolution périodique avec des épisodes récurrents.
Bon pronostic avec retour à l’état de base entre les accès et absence d’évolution terminale déficitaire.
Prédisposition héréditaire : histoire familiale riche en psychose maniaco-dépressive.
Description clinique
Le trouble bipolaire est caractérisé par plusieurs épisodes au cours desquels l’humeur et le niveau d’activité du sujet sont profondément perturbés ; tantôt dans le sens d’une élévation de l’humeur et d’une augmentation de l’énergie et de l’activité (hypomanie ou manie), tantôt dans le sens d’un abaissement de l’humeur et d’une réduction de l’énergie et de l’activité (dépression) avec habituellement guérison complète entre les épisodes . L’humeur quant à elle, se définit classiquement comme la tonalité affective de base qui témoigne de notre degré d’engagement vital au sein de l’environnement. La perturbation de celle-ci constitue la caractéristique principale des troubles de l’humeur rencontrés lors de la maladie bipolaire.
Diagnostic différentiel
Si le diagnostic de troubles bipolaire peut être évident chez certains patients, tel n’est pas toujours le cas. En effet, il faut en moyenne 8 ans et 3 à 5 médecins avant que le diagnostic correct ne soit posé, de plus 73% des patients reçoivent au moins un diagnostic erroné . D’autres études montrent qu’un sujet bipolaire compterait une dizaine d’années environ avant que le diagnostic correct de sa pathologie ne soit posé .
Devant un épisode dépressif majeur, maniaque, hypomaniaque, et mixte, il convient d’éliminer en premier lieu un trouble de l’humeur du à une affection médicale générale (SEP,AVC, hypothyroïdie…) .
Au cours des états d’intoxications aigues ou chroniques par des substances psychoactives (cannabis, tabac, alcool, autres drogues), des troubles de l’humeur, de type dépressifs, maniaques, ou mixtes peuvent être observés. Faire la différence entre un trouble de l’humeur associé à un trouble lié à l’utilisation de substances et un trouble de l’humeur induit par une substance n’est pas toujours facile. Le DSM-IV propose 4 critères de différenciation :
La chronologie d’apparition des symptômes thymiques par rapport à la prise de substances.
La durée des symptômes thymiques.
L’intensité des symptômes thymiques par rapport au type, à la quantité et à la durée de la consommation de substances.
L’existence d’antécédents de troubles de l’humeur.
Anomalies anatomiques et éléctrophysiologiques
Grâce aux techniques d’imagerie, plusieurs anomalies du cortex cérébral des sujets bipolaires ont été décrites :
Un cortex préfrontal plus petit comparativement aux sujets normaux ce qui réduirait les performances cognitives surtout pour les tâches attentionnelles.
Une diminution de la densité du cortex singulaire antérieure, région impliquée dans la cognition et le contrôle de la motricité.
Une augmentation de la taille de l’amygdale temporale (région directement sollicitée dans la reconnaissance des émotions) chez les adultes bipolaires contre une diminution de celle-ci chez les adolescents atteints de la même pathologie.
Sur le plan éléctrophysiologique, le trouble bipolaire s’accompagnerait d’anomalies de l’onde P50 qui reflète le filtrage inhibiteur, lequel serait impliqué dans la survenue des hallucinations, ce filtrage inhibiteur se trouve diminué de manière significative chez les bipolaires ayant présenté des symptômes psychotiques comparativement aux bipolaires « non psychotiques » et aux sujets contrôle.
Evolution et pronostic du trouble bipolaire
L’évolution du trouble bipolaire est très variable, rémission plus ou moins complète, chronicité avec comorbidités diverses, mortalité par suicide ou d’origine somatique. La mortalité globale des sujets bipolaires est deux fois supérieure à la mortalité en population générale , le risque suicidaire est quinze fois plus important ; 25 à 50 % des patients ayant un trouble bipolaire font au moins une tentative de suicide au cours de leur existence, près de 20 % en décèdent . Le risque cardiovasculaire, lui, est deux fois plus important chez les bipolaires qu’en population générale .
Les principaux facteurs pronostic, retrouvés dans la littérature et impliqués dans l’évolution du trouble bipolaire sont :
L’âge de début de la maladie
Le trouble bipolaire à début précoce serait associé à un moins bon pronostic avec des épisodes plus sévères, une moins bonne réponse aux régulateurs de l’humeur et une évolution plus fréquemment chronique .
Sexe
Selon nombreux écrits, le sexe féminin serait associé à un mauvais cours évolutif de la maladie bipolaire :
Les femmes font plus d’épisodes dépressifs, sont plus volontiers diagnostiquées comme ayant un trouble bipolaire de type II, et pâtissent d’un retard diagnostic.
Elles se verraient prescrire, plus souvent que les hommes, des antidépresseurs, connus pour aggraver le cours évolutif du trouble bipolaire (générateurs d’épisodes mixtes et de cycles rapides, essentiellement pour les tricycliques).
Si 13 à 20 % des patients bipolaires ont des cycles rapides, 66 % de ces patients sont des femmes.
Le niveau socio-économique
Un niveau socio-économique bas est un élément de mauvais pronostic.
Les antécédents familiaux de trouble de l’humeur
Les patients ayant des antécédents familiaux de trouble de l’humeur ont un moins bon pronostic. On retrouve plus fréquemment dans ce cas, des formes à début précoce, des épisodes maniaques et un fort taux de mortalité.
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Table des matières
INTRODUCTION
MATERIELS ET METHODE
I- Matériels de l’étude
1- Type de l’étude
2- Population étudiée
3- Fiche d’exploitation
II- Méthode statistique
RESULTATS
I- Analyse descriptive
1- Prévalence du trouble bipolaire dans le service universitaire psychiatrique
2- Profil sociodémographique des patients
3- Antécédents psychiatriques, d’abus de toxiques et antécédents judiciaires
4- Caractéristiques cliniques du trouble bipolaire dans la population étudiée
5- Modalités thérapeutiques du trouble bipolaire
6- Aspects évolutifs du trouble bipolaire dans la population étudiée
II- Analyse bivariée
1-Corrélation entre la consommation de substances au cours des accès et les caractéristiques de la population étudiée
2- Corrélation entre l’abus de substances au cours des accès et les aspects évolutifs
du trouble bipolaire
3- Corrélation entre l’âge de début du trouble et certaines caractéristiques cliniques
et modalités évolutives de la maladie bipolaire
DISCUSSION
I- Généralités sur le trouble bipolaire
1- Historique
2- Description clinique
3- Diagnostic différentiel
4- Ethiopathogénie du trouble bipolaire
5- Evolution et pronostic du trouble bipolaire
6- Thérapeutique
II- Discussion des résultats
1- Discussion des caractéristiques sociodémographiques
2- Discussion des antécédents psychiatriques, d’abus de substances, et des antécédents judiciaires des patients
3- Comparaison des caractéristiques épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et évolutives du trouble bipolaire
4- Profil des patients bipolaires consommateurs de substances au cours des accès
5- Comparaison des corrélations entre la comorbidité addictive et les aspects évolutifs du trouble bipolaire
6-Comparaison des corrélations entre l’âge de début du trouble Et certains aspects
cliniques et évolutifs de la maladie
CONCLUSION
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