Généralités sur le traumatisme crânien

Généralités sur le traumatisme crânien

Un traumatisme crânien (TC) désigne « toute agression mécanique directe ou indirecte, responsable soit d’une fracture du crâne, soit de troubles de la conscience, soit de l’apparition secondaire ou retardée de signes traduisant une souffrance encéphalique diffuse ou localisée » (Ricbourg, 2006, p.199). Première cause de mortalité des moins de 45 ans (Jennett, 1996), il est causé par des accidents de la voie publique (50-60%), chutes (20-30%) et accidents de sport (10 20%). L’incidence en France est d’environ 155 000. Les personnes âgées, les jeunes enfants et les jeunes adultes sont les plus touchés (Mathé, Richard et Rome, 2005). Ces derniers représentent deux tiers d’hommes (Masson, 2000). Un TC peut causer plusieurs lésions. Les lésions primaires sont directement liées à l’impact (lésions axonales diffuses, hématomes) et les lésions secondaires peuvent survenir ensuite. Un TC fermé laisse intacte la dure-mère et entraine plutôt des lésions focales, les déficits dépendent de la localisation. C’est le cas du phénomène de coup contre-coup provoqué par une accélération puis une décélération brutale, touchant notamment souvent le lobe frontal (Penn, 1999). Un TC ouvert présente une brèche durale causée par un agent pénétrant, les lésions sont plus diffuses, moins spécifiques (Mazaux, 1986). L’échelle de Glasgow évalue l’état de conscience et permet de recueillir un indice de gravité. Un TC grave est défini par un score compris entre 3 et 8 (9% des TC), un TC moyen entre 9 et 12 (11%) et un TC léger entre 13 et 15 (80%) (Jennett, 1996 ; Plantier, 2011). La sévérité d’un TC dépend également de la nature des lésions cérébrales, de leur localisation, de la durée du coma et de la durée de l’amnésie post-traumatique.

Le patient traumatisé crânien passe par plusieurs phases d’évolution. Il peut se retrouver dans un état de coma, puis en phase d’amnésie post-traumatique. Pendant cette période, il reste confus, désorienté, incapable de retenir des informations nouvelles (amnésie antérograde) et présente des difficultés à évoquer les souvenirs anciens (amnésie rétrograde) (Russel et Nathan, 1946, cités par Cohadon, Castel, Richer, Mazaux et Loiseau, 2008). L’amnésie post-traumatique est évaluée grâce à l’échelle GOAT. La régression de la confusion mentale en marque la fin. Le patient entre alors en phase d’éveil, les bilans et la rééducation peuvent commencer.

Troubles cognitifs associés à un traumatisme crânien

Les séquelles d’un TC peuvent être motrices, sensori-motrices, psychiques et cognitives. La majorité des patients récupère ses capacités motrices à distance de l’accident. Seulement, des déficits cognitifs peuvent persister. Les fonctions neuropsychologiques, le comportement et le langage peuvent être touchés. Les séquelles cognitives à long terme peuvent constituer un « handicap invisible » susceptible de remettre en question l’indépendance des patients et d’engendrer des difficultés de réinsertion sociale et professionnelle (Vallat-Azouvi et Chardin Lafont, 2012, p.366).

Troubles de la parole, du langage et de la communication

Des troubles de la voix (dysarthries et dysphonies) sont observés dans un tiers des cas. Les troubles phasiques restent peu fréquents, mais on observe parfois une aphasie anomique (manque du mot). Les troubles de la communication se caractérisent par des troubles de l’informativité, de la construction et de la pertinence du discours. Si les patients présentent très peu de troubles langagiers formels, ils souffrent fréquemment de troubles du langage fonctionnels qui ne sont pas toujours décelables à l’aide de batteries aphasiologiques classiques (Vallat Azouvi et Chardin-Lafont, 2012). Le comportement de communication peut aussi être altéré, on peut observer un nonrespect des tours de parole, un excès de familiarité et des problèmes de distances, une mauvaise interprétation des signes verbaux et non verbaux de la communication. En modalité verbale sont également observées des difficultés à comprendre l’humour et l’implicite. En modalité non verbale, on remarque notamment un défaut du regard, une prosodie inadéquate, une expression faciale et gestuelle pauvre, des difficultés de compréhension des gestes, ainsi que des difficultés à se représenter les intentions de l’interlocuteur (Vallat-Azouvi et Chardin-Lafont, 2012). Dardier et al. (2011) retrouvent également des troubles touchant les aspects sociaux du langage chez des patients avec des lésions frontales, notamment des difficultés à respecter les règles de conversation. Une faiblesse des fonctions exécutives peut également participer à ces déficits.

Troubles neuropsychologiques

Suite à un TC, les lésions entrainent souvent un déficit des fonctions neuropsychologiques. Vallat-Azouvi et Chardin-Lafont (2012), soulignent que la vitesse de traitement, l’attention, les fonctions exécutives et la mémoire sont généralement les fonctions cognitives les plus altérées après un TC sévère. Cependant, après un TC léger, ces troubles régressent souvent après trois mois (Kosakevitch-Ricbourg, 2006). La mémoire à long terme comporte les mémoires épisodique (événements vécus), sémantique (connaissances générales sur le monde) et procédurale (habiletés perceptivomotrices et cognitives) (Tulving, 1995). La mémoire de travail permet la manipulation des informations nécessaires à l’accomplissement de tâches cognitives grâce à un maintien temporaire. Elle est composée de l’administrateur central qui coordonne les opérations mentales, et de deux sous-systèmes (la boucle phonologique et le calepin visuo-spatial) qui stockent et rafraîchissent les informations verbales et visuelles (Baddeley, 1986). Après un TC sévère, les déficits de mémoire sont fréquents et durables. La majorité des patients sont capables de se souvenir des événements vécus avant l’accident (amnésie rétrograde) mais éprouvent des difficultés à retenir de nouvelles informations (amnésie antérograde). La mémoire à long terme est souvent déficitaire, notamment la mémoire épisodique verbale et visuelle. La mémoire procédurale semblerait mieux préservée, tout comme les soussystèmes de la mémoire de travail, mais les aspects exécutifs sont altérés, dont la capacité à maintenir et traiter les informations (Vallat-Azouvi et Chardin-Lafont, 2012).

L’attention se compose de plusieurs composantes : l’alerte phasique, l’attention soutenue, l’attention sélective et l’attention divisée. Les troubles de l’attention sont fréquents suite à un TC, notamment l’attention divisée. La présence d’un déficit d’attention soutenue ne fait pas consensus chez tous les auteurs. Des troubles de l’attention sélective sont parfois retrouvés, mais ils pourraient être induits par un déficit de flexibilité (VallatAzouvi et Chardin-Lafont, 2012).

Les fonctions exécutives sont contrôlées par les lobes frontaux, mais aussi par d’autres régions cérébrales telles que les régions striato-thalamiques (Meulemans, 2004). Elles sont liées aux conduites émotionnelles et aux composantes attentionnelles. Les patients TC sont fréquemment concernés par des troubles des fonctions exécutives (VallatAzouvi et Chardin-Lafont, 2012). Un syndrome dysexécutif associe des difficultés dans trois fonctions : l’inhibition (focalisation de l’attention sur une tâche en laissant de côté des activités concurrentes), la flexibilité (passage d’une tâche cognitive à une autre) et la planification (organisation des étapes pour atteindre un but). Parmi les domaines qui subissent souvent des modifications après un TC, on retrouve également le comportement et l’expression émotionnelle (Brooks et al,. 1986, cités par Vallat-Azouvi et ChardinLafont, 2012).

Troubles de reconnaissance des expressions faciales émotionnelles

Les patients TC sont également concernés par des difficultés de cognition sociale (McDonald, 2013). La cognition sociale désigne l’ensemble des compétences qui permettent la perception, le traitement et l’interprétation des signaux sociaux. Elle recouvre de nombreuses compétences telles que la reconnaissance des émotions à partir d’indices sociaux (expressions faciales, attitudes, prosodie) et la théorie de l’esprit (aptitude à attribuer des idées, pensées et sentiments à soi-même et à autrui, et à ajuster son propre comportement en conséquence). Elle est donc essentielle pour la réussite de nos interactions (Sonrier et Vanberten, 2015, p.7). Bibby et McDonald (2005) ont mis en évidence une atteinte des capacités de théorie de l’esprit après un TC sévère. Les patients se trouvaient en difficulté pour réaliser des inférences sur les états mentaux d’autrui à partir de tâches à la fois verbales (textes) et non verbales (images humoristiques). Interpréter des regards à partir de photographies reste également difficile après un TC (Henry, Philips, Crawford, Ietswaart et Summers, 2006). La théorie de l’esprit est nécessaire pour comprendre et prédire les énoncés et les comportements à travers leurs actions et leurs émotions. Elle comporte deux dimensions : cognitive et affective. Elle comprend l’empathie, qui permet de se mettre à la place d’autrui pour comprendre ce qu’il pense et ressent. Ces états mentaux implicites demandent l’élaboration d’inférences sociales sur les motivations et les connaissances d’autrui. Les expressions faciales constituent une manière de traduire les émotions, comme la gestuelle et l’intonation vocale. Nous avons choisi de nous limiter à l’expression faciale de l’émotion. L’expression faciale visible sur le visage de quelqu’un n’est pas toujours en adéquation avec son état mental (volontairement ou non) ni en accord avec l’attente émotionnelle créée par le contexte. C’est le cas par exemple des situations de mensonge émotionnel. Une expression faciale incongrue et plus difficile à percevoir, et la détection de l’incongruité émotionnelle provient souvent du comportement général inadéquat de l’individu (Dozolme, 2014). On peut distinguer les émotions primaires, dont l’expression faciale et sa reconnaissance sont universellement partagées, et les émotions secondaires qui sont plus complexes et liées aux contextes sociaux et relationnels (Ekman et Friesen, 2003, cités par Dozolme, 2014). Les troubles de la reconnaissance des expressions faciales émotionnelles peuvent donc contribuer à la dégradation des relations sociales par une mauvaise compréhension de certains énoncés implicites dans lesquels les expressions faciales peuvent être des indices, comme les mensonges, l’ironie et l’humour.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. PARTIE THEORIQUE
1. LE TRAUMATISME CRÂNIEN
1.1) Généralités sur le traumatisme crânien
1.2) Troubles cognitifs associés à un traumatisme crânien
1.2.1) Troubles de la parole, du langage et de la communication
1.2.2) Troubles neuropsychologiques
1.2.3) Troubles de reconnaissance des expressions faciales émotionnelles
2. LA COMPREHENSION DE L’HUMOUR
2.1) Qu’est-ce que l’humour ?
2.2) Les modèles de compréhension de l’humour
2.3) Processus impliqués dans la compréhension de l’humour non verbal
2.4) Difficultés de compréhension de l’humour et lésions cérébrales
II. POSITION DU PROBLEME ET HYPOTHESES
III. METHODOLOGIE EXPERIMENTALE
3.1) Population d’étude
3.2) Matériel et méthode
3.2.1) Tests de présélection
3.2.2) Sélection des vidéos humoristiques
3.2.3) Création de la grille d’évaluation
3.2.4) Passations
3.3) Analyses statistiques
IV. RESULTATS
4.1) Analyse statistique
4.1.1) Hypothèse 1 : les sujets TC apprécient moins l’humour non verbal que les témoins
4.1.2) Hypothèse 2 : les sujets TC comprennent moins l’humour non verbal que les témoins
4.1.3) Hypothèse 3 : les sujets TC reconnaissent moins bien les expressions faciales émotionnelles que les témoins
4.1.4) Hypothèse 4 : un faible score de reconnaissance des expressions faciales est lié à un faible score de compréhension de l’humour non verbal
4.2) Analyse qualitative
4.2.1) Appréciation : en fonction du type d’humour positif ou négatif
4.2.2) Compréhension : en fonction du type d’erreur
4.2.3) Reconnaissance d’expressions faciales : en fonction de la valence
4.2.4) Analyse d’une vidéo
V. DISCUSSION
5.1) Interprétation des résultats
5.1.1) Appréciation
5.1.2) Compréhension
5.1.3) Expressions faciales émotionnelles
5.2) Limites et perspectives
5.3) Intérêts
VI. CONCLUSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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