PRESENTATION DE SOLANUM AETHIOPICUM L
Taxonomie
La classification de Solanum aethiopicum L est la suivante (Cronquist, 1981) :
Règne : Plantae
Sous règne : Tracheobionta
Embranchement : Magnoliophyta
Classe : Magnoliopsida
Sous classe : Asteridae
Ordre : Solanales
Famille : Solanaceae
Genre : Solanum
Espèce : Solanum aethiopicum L .
Dénominations communes
❖ Français : Aubergine amère, aubergine africaine, aubergine écarlate, tomate amère (Grubben, 2004).
❖ Anglais : Bitter tomato, african scarlet eggplant (Grubben, 2004) .
Dans les pays africains, différents noms sont attribués à Solanum aethiopicum L (Seck, 1986 ; Claire-Daudé et al., 2001):
❖ Burkina Faso : kumba (Mooré), Goyo (Dioula)
❖ Cote d’ivoire : N’drowa (Bété)
❖ Mali : N’goyo (Bambara)
❖ Sénégal : Diakhatou, kulungné (Wolof), Dahatu fa gnol (Sérère), yalodjé (Foulbé).
Origine et répartition géographique
L’espèce Solanum aethiopicum L résulte de la domestication d’une plante sauvage (Solanum anguivi lam) via une plante semi domestiquée (Solanum distichum). Elle est cultivée en Afrique tropicale et en Amérique latine (surtout au Brésil). On la produit occasionnellement dans le sud de la France et en Italie (Grubben, 2004).
Description botanique
Port de la plante
Solanum aethiopicum L encore appelée aubergine écarlate est une herbacée annuelle ou vivace dont la taille varie suivant les génotypes et les périodes de culture. Sa hauteur est généralement comprise entre cinquante (50) centimètres et un (1) mètre, mais certains pieds peuvent atteindre deux mètres de haut (Grubben, 2004).
Feuilles
Elles sont alternes simples avec un limbe large à nervures pennées et à bords lobés. Les feuilles supérieures sont plus étroites, moins lobées et souvent subopposées. La base du limbe est obtuse ou cordée. L’apex est aigu ou obtus. Le pétiole ne porte pas de stipules et il peut atteindre jusqu’à onze (11) centimètres de long (Grubben, 2004).
Inflorescences
Les fleurs sont régulières, bisexuées avec une corolle étoilée. Elles sont de couleur blanche ou violet pâle et disposées en cymes latérales. Chaque cyme est formée de cinq (5) à douze (12) fleurs (Grubben, 2004).
Fruits
Solanum aethiopicum L donne des baies globuleuses déprimées pouvant être lisses ou cannelées. Les fruits sont de couleur verte, orange ou rouge suivant leur maturité et leur teneur en caroténoïdes. Ils ont une saveur amère plus ou moins prononcée et contiennent de nombreuses petites graines (Grubben, 2004).
Composition phytochimique
Plusieurs composés chimiques ont été identifiés dans les différentes parties de Solanum aethiopicum L (fruits, feuilles, racines).
Fruits
Selon Eze et al. (2014) les fruits de Solanum aethiopicum L contiennent :
– des alcaloïdes ;
– des flavonoïdes ;
– des saponines ;
– des phénols ;
– des traces de tanins ;
– des cyanoglycosides ;
– des caroténoïdes ;
– des protéines ;
– des hydrates de carbones ;
– des traces de lipides ;
– des fibres ;
– des vitamines : thiamine (B1), riboflavine (B2), niacine (B3), acide ascorbique (C), tocophérol (E) ;
– des minéraux : calcium (Ca), potassium (K), phosphore (P), magnésium (Mg), sodium (Na) ;
– et des oligo-éléments : palladium (Pd), zinc (Zn), fer (Fe), cuivre (Cu), cadmium (Cd), sélénium (Se).
Feuilles
La composition des feuilles de Solanum aethiopicum L est la suivante (Grubben, 2004) :
– des protéines ;
– des carbohydrates ;
– des lipides ;
– des fibres ;
– des minéraux : calcium (Ca), phosphore (P), fer (Fe) ;
– des vitamines : thiamine (B1), riboflavine (B2), niacine (B3), acide ascorbique (C) ;
– du β carotène ;
– des alcaloïdes ;
– et des oxalates.
Racines
Des sesquiterpénoïdes ont été isolés des racines de Solanum aethiopicum L. Ce sont : la lubimine, l’épilubimine, la solavetivone et l’aethione (Nagaoka, 2001 ; Grubben 2004). Elles contiennent également des alcaloïdes, des saponosides, des flavonoïdes, des tanins et des stérols (Ouedraogo, 2018).
Etude ethnobotanique et propriétés pharmacologiques
Etude ethnobotanique
Solanum aethiopicum L est une plante couramment utilisée dans les pays qui la produisent (Grubben, 2004).
❖ Utilisation alimentaire
Les fruits de Solanum aethiopicum L sont consommés crus ou cuits. Ils sont en général cueillis avant la maturité car ils sont moins amers à ce stade. Les feuilles et les jeunes pousses sont consommées cuites sous forme de sauces.
❖ Utilisation culturelle
Les Igbos du Nigeria souhaitent traditionnellement la bienvenue à leurs visiteurs en leur offrant des fruits de Solanum aethiopicum L.
❖ Utilisation en médecine traditionnelle
Les racines et les fruits sont utilisés comme sédatifs et carminatifs. Ils soigneraient aussi les coliques et l’hypertension artérielle. Le jus des feuilles est employé comme sédatif dans le traitement des affections de l’utérus. En Afrique centrale, il protègerait contre les piqûres d’insectes et de scorpions. Une infusion des feuilles est préconisée au Nigéria pour soigner le diabète. En Ouganda cette infusion aurait des propriétés anthelminthiques. L’extrait alcoolique de feuilles est utilisé comme anti émétique. Il sert aussi à soigner le tétanos après une fausse couche. Le fruit coupé en morceaux et macéré est utilisé en lavement (Jouzier, 2005 ; Lim, 2013).
❖ Autres utilisations
Solanum aethiopicum L est souvent utilisée comme plante ornementale.
Propriétés pharmacologiques
Des études pharmacologiques ont permis de confirmer certaines propriétés thérapeutiques de Solanum aethiopicum L.
❖ Activité anti-ulcéreuse
L’activité anti-ulcéreuse de Solanum aethiopicum L a été testée sur des modèles expérimentaux d’ulcères gastriques. L’administration d’un extrait méthanolique des fruits de la plante à des rats a produit un effet protecteur dose dépendant contre la formation d’ulcères. A 400 mg/ kg de poids corporel, l’extrait a entrainé une baisse de 80% de l’index d’ulcération comparativement à celui du groupe témoin ayant reçu de l’eau physiologique (Anosike et al., 2011).
❖ Activité purgative
Les feuilles de Solanum aethiopicum L ont une propriété purgative qui s’explique par deux mécanismes (Saba et al., 2003):
– d’une part, le gonflement des fibres alimentaires dans le tube digestif stimule le péristaltisme intestinal ;
– d’autre part, les contractions intestinales sont accentuées par la stimulation neuromusculaire de l’appareil digestif. En effet, un extrait aqueux des feuilles de Solanum aethiopicum L entraine in vitro des contractions de l’iléum isolé de Cavia porcellus (cochon d’Inde).
Ces contractions sont inhibées par l’atropine (anticholinergique), la cimétidine et le mépyramide (antihistaminergiques), signifiant qu’elles sont médiées par les récepteurs cholinergiques et muscariniques du tube digestif.
❖ Activité anti-inflammatoire
L’activité anti-inflammatoire de Solanum aethiopicum L a été testée sur des modèles expérimentaux d’œdèmes et de granulomes. L’administration d’un extrait méthanolique des fruits de la plante à des rats a entrainé une baisse de la formation d’œdèmes et de granulomes comparativement au groupe témoin (Anosiké et al., 2012).
❖ Activité anti-hypertensive
L’activité anti-hypertensive de Solanum aethiopicum L a été évaluée in vivo sur des lapins mâles de l’espèce Oriculabus cuniculis. L’injection toutes les cinq (5) minutes de doses croissantes (1 à 60 mg /kg de poids corporel) d’un extrait de pédoncules floraux de la plante aux lapins a entrainé des chutes de la pression artérielle. Ces résultats justifient l’utilisation traditionnelle de Solanum aethiopicum L dans le traitement de l’hypertension artérielle (Bekro et al., 2012).
❖ Activité antifongique
La lubimine et l’épilubimine présents dans les racines de Solanum aethiopicum L ont des propriétés antifongiques (Grubben, 2004).
Toxicité
Solanum aethiopicum L contient plusieurs molécules actives. Certains de ces composés chimiques sont à l’origine d’une toxicité et de restrictions d’emplois.
❖ Toxicité : Les cyanoglycosides présents dans les fruits crus sont toxiques. En effet, leur hydrolyse dans l’organisme libère du cyanure qui est un poison cellulaire. Cette toxicité est réduite par la cuisson (Eze et al., 2014).
❖ Précautions d’emploi : L’extrait aqueux des feuilles de Solanum aethiopicum L entraine une augmentation de la sécrétion acide de l’estomac. Les plats à base des feuilles sont donc contre indiqués chez les personnes ayant des ulcères gastro duodénaux (Saba et al., 2003).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : PRESENTATION DE SOLANUM AETHIOPICUM L
I.1. Taxonomie
I.2. Dénominations communes
I.3. Origine et répartition géographique
I.4. Description botanique
I.4.1. Port de la plante
I.4.2. Feuilles
I.4.3. Inflorescences
I.4.4. Fruits
I.4.5. Racines
I.5. Composition phytochimique
I.5.1. Fruits
I.5.2. Feuilles
I.5.3. Racines
I.6. Etude ethnobotanique et propriétés pharmacologiques
I.6.1. Etude ethnobotanique
I.6.2.Propriétés pharmacologiques
I.7. Toxicité
CHAPITRE II : GENERALITES SUR LE STRESS OXYDATIF ET LES ANTIOXYDANTS
II.1. Définitions
II.1.1. Les radicaux libres
II.1.2. Les antioxydants
II.1.3. Le stress oxydatif
II.2. MECANISMES ET CONSEQUENCES DU STRESS OXYDATIF
II.2.1. Origine des radicaux libres
II.2.2. Cibles biologiques des radicaux libres
II.2.3. Impact du stress oxydatif sur la santé humaine
II.3. Moyens de défense de l’organisme contre le stress oxydatif
II.3.1. Antioxydants endogènes
II.3.2. Antioxydants exogènes
CHAPITRE III : GENERALITES SUR LA METHODE DPPH
CONCLUSION