Rappel sur le parodonte et les maladies parodontales
Définition
Le parodonte est un système fonctionnel de différents tissus qui entourent et soutiennent chaque dent. Il comprend la gencive, le desmodonte, le cément et l’os alvéolaire (fig.1) [28]. Fondamentalement ces tissus parodontaux sont constitués d’un épithélium et d’un conjonctif. Le tissu conjonctif assure le maintien et le soutien de l’organe dentaire. Ce tissu conjonctif spécialisé joue un rôle classique d’emballage. Sa consistance est variable : elle est plus ou moins molle au niveau du conjonctif gingival et desmodontal, rigide au niveau du conjonctif osseux et cémentaire. Le tissu épithélial assure la protection superficielle de l’entourage de la dent contre les agressions extérieures. Il forme avec l’odonte l’organe dentaire [21, 25].
Les constituants du parodonte sain
La santé parodontale peut se définir comme étant un état stable dans le temps de l’ensemble des tissus de soutien de la dent. Ces tissus parodontaux adhèrent et / ou s’attachent à la surface entière de la racine dentaire. La partie la plus coronaire de cette attache se trouve à la jonction entre l’émail et le cément (jonction amelo-cémentaire) [6,29].
La gencive
C’est la partie de la muqueuse buccale qui est accessible directement à la vue et au toucher ; elle représente la partie la plus révélatrice de l’état parodontal [25]. Elle est délimitée par le feston gingival coronaire d’une part et la ligne de jonction muco-gingivale d’autre part. Du point de vue clinique, la gencive saine est d’aspect rose pâle, piquetée en « peau d’orange » et fermement attachée aux structures sous jacentes. Elle ne saigne pas spontanément ni au brossage, ni à la mastication, ni à un sondage effectué avec une force d’environ 50g [20, 46]. La gencive présente certaines caractéristiques propres au niveau de deux régions qu’on différencie en gencive libre (marginale et papillaire), et gencive attachée.
La gencive MARGINALE
La gencive libre non attachée se présente sous la forme d’une mince bandelette plate et lisse qui recouvre la jonction amélocémentaire. Elle entoure et suit de façon harmonieuse le collet des dents avec une très faible hauteur d’environ 1mm ; elle s’étend de la région du collet à une dépression très souvent peu marquée, le sillon marginal qui marque le début de la gencive attachée.La gencive marginale est séparée de la dent par le sillon gingivodentaire dont le fond est constitué par l’épithélium de jonction [15, 33].
La gencive papillaire
La gencive libre papillaire ou gencive intermédiaire est formée de deux protubérances pyramidales appelées papilles et représente le prolongement de la gencive libre dans la région de l’espace inter dentaire. Elle est limitée d’un côté par le point de contact intermédiaire et du côté opposé par le septum alvéolaire.
La gencive attachée
Elle s’étend de l’attache épithéliale qui dessine macroscopiquement un feston gingival souvent très apparent, à la ligne muco-gingivale. C’est la partie de la gencive qui adhère fermement aux procès alvéolaires du côté lingual et vestibulaire et au collet des dents.
Son aspect granité en « peau d’orange » varie selon l’âge, le sexe et disparaît avec l’inflammation [6].
Le Desmodonte ou ligament alvéolo-dentaire
Appelé aussi ligament parodontal, le desmodonte est constitué par l’ensemble des tissus conjonctifs qui relient le cément à l’os alvéolaire. Anatomiquement, le desmodonte a l’aspect d’un manchon fibreux venant entourer la surface cémentaire et dont l’épaisseur est variable selon le niveau considéré et selon l’âge du sujet [39]. On peut situer sa moyenne entre 0,15 et 0,35 mm dans les conditions physiologiques normales. Il est formé par un tissu conjonctif composé principalement de fibres, de cellules, de substance fondamentale, de nerfs, de vaisseaux sanguins et de vaisseaux lymphatiques. L’espace desmodontal présente un rétrécissement au tiers apical qui lui donne une forme en sablier : c’est l’hypomochlion qui permet à la dent de pivoter autour de son axe. Sur le plan histologique, le ligament desmodontal comprend les fibres alvéolo-dentaires réparties en 5 groupes :
❖ Les fibres crestales qui sont obliques et attachées au cément cervical et la portion marginale de la crête alvéolaire.
❖ Les fibres horizontales vont du cément à la paroi alvéolaire.
❖ Les fibres obliques se dirigent de la paroi alvéolaire jusqu’au cément.
❖ Les fibres apicales qui vont du cément apical vers la base de l’alvéole.
❖ Les fibres intermédiaires vont du cément de la furcation à la crête du système osseux inter-dentaire.
Sur le plan physiologique, le desmodonte joue un rôle capital dans l’innervation, la nutrition et l’édification continue du parodonte, mais aussi il a un rôle important dans l’adaptation, le soutien et la protection de la dent [25, 34].
Le Cément
Le cément est un tissu calcifié spécialisé recouvrant les surfaces radiculaires et occasionnellement de petites portions de la couronne dentaire. Il possède beaucoup de caractéristiques communes avec le tissu osseux. Cependant, le cément ne contient pas de vaisseaux sanguins ou lymphatiques, n’est pas innervé et ne subit ni résorption physiologique ni remodelage [47]. Il est caractérisé par une apposition continue tout au long de la vie. Le cément remplit différentes fonctions : il fixe les fibres du desmodonte à la racine et contribue au processus de réparation qui intervient après une lésion de la surface radiculaire [65]. On distingue quatre types de céments décrits par SCHROEDER en 1991 en fonction de leur localisation, la présence ou non de fibres de collagène extrinsèques ou intrinsèques ainsi la présence des cellules intra-cémentaires :
• le cément acellulaire afibrillaire qui se trouve au niveau de la jonction amélo-dentinaire ;
• le cément acellulaire avec fibres extrinsèques, au niveau du collet et à la partie moyenne de la racine ;
• le cément cellulaire avec fibres intrinsèques situé au niveau de l’apex et des zones inter-radiculaires ;
• le cément acellulaire avec fibres intrinsèques situé au niveau de l’apex et des zones inter-radiculaires [70].
L’Os alvéolaire
C’est une partie des procès alvéolaires des maxillaires et de la mandibule. Le procès alvéolaire est constitué anatomiquement par les corticales externes (lingual ou palatin, et vestibulaire) et la corticale interne. La corticale alvéolaire interne ou os alvéolaire proprement dit est décrit radiologiquement sous le nom de lamina dura. C’est une mince couche d’os compact bordant chaque alvéole et qui présente de nombreuses perforations à travers lesquelles passent les vaisseaux sanguins, les canaux lymphatiques et les nerfs.
Entre l’os cortical dense vestibulaire et lingual se trouve l’os spongieux [66]. Les procès alvéolaires se constituent conjointement avec le développement et l’éruption des dents et se résorbent progressivement après leur chute. Par conséquent, les procès alvéolaires sont des structures dépendantes de la présence des dents. Avec le cément et les fibres desmodontales, l’os alvéolaire forme le tissu de soutien des dents, il distribue et absorbe les forces générées lors de la mastication ou d’autres contacts dentaires [47].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LE PARODONTE ET SES AFFECTIONS
CHAPITRE I- LE PARODONTE ET LES MALADIES PARODONTALES
1-DEFINITION
2-LES CONSTITUANTS DU PARODONTE
2.1- La gencive
2.1.1- La gencive marginale
2.1.2- La gencive papillaire
2.1.3- La gencive attachée
2.2- Le desmodonte ou ligament alveolo-dentaire
2.3- Le cément
2.4 – L’os alveolaire
3- LES MALADIES PARODONTALES
3.1- Etiopathogénie
3.1.1- Etiologies
3.1.1.1- Les facteurs déterminants
3.1.1.2- Les facteurs favorisants
3.1.1.3- Les facteurs irritatifs directs
3.1.1.4- Les facteurs irritatifs indirects
3.1.1.5-Les facteurs de moindre résistance
3.1.1.6-Les facteurs généraux et constitutionnels
3.1.2-Pathogénie
3.1.2.1-Pathogénie bactérienne
3.1.2.2-Pathogénie fonctionnelle
3.1.2.3-Pathogénie immunologique
3.2-CLASSIFICATION ET FORME CLINIQUE
3.2.1-Les gingivites
3.2.1.1- Les maladies gingivales induites par la plaque
3.2.1.2- Les maladies gingivales non induites par la plaque
3.2.2-Les parodontites
3.2.2.1- La parodontite chronique
3.2.2.2- Les parodontites agressives localisées ou généralisées
3.2.2.3- Les parodontites, manifestation d’une maladie générale
3.2.2.4- Les parodontopathies ulcéro-nécrotiques
3.2.2.5- Les abcès parodontaux
3.2.2.6- Les parodontites associées à une pathologie endodontique
3.2.2.7- Les anomalies bucco-dentaires acquises ou congénitales en rapport avec les maladies parodontales
3.3-critères diagnostiques
CHAPITRE II : LES INDICES DE BESOINS DE TRAITEMENTS PARODONTAUX
I-LE COMMUNITY PERIODONTAL INDEX TREATMENT NEEDS (CPITN)
1.2-Utilisation
1.3-Les sextants
1.4-Materiel d’exploration
1.5-Définition des codes et des besoins de traitement
2-LE PROBING SCREENING AND RECORDING (PSR)
2.1- Méthodologie
2.2- Définition des codes et des besoins de traitement
3-LES APPLICATIONS DU PSR
3.1- Temps de sondage et acceptabilité par le patient
3.2- Appréciation de l’état parodonta
3.3- La notation des anomalies parodontales
3.4- L’estimation des besoins en traitement
3.5- Le PSR comme outil de réévaluation
4- QUELQUES OBSERVATIONS
DEUXIEME PARTIE : APPLICATION DE L’INDICE PSR DANS LA DETERMINATION DES BESOINS EN TRAITEMENT PARODONTAUX
I- JUSTIFICATION DE L’ENQUETE
II- OBJECTIFS
III- MATERIEL ET METHODE
1- Type d’étude
2- Echantillonnage
3- Durée d’étude
4- Cadre d’étude
4.1- La région de Thiès
4.2- La Commune de Gandiaye
4.3- Le service de Parodontologie de Dakar
5- Matériel
5.1- La fiche d’enquête
5.2- Le plateau d’examen
6- Méthode
7- Traitement des résultats
IV- RESULTATS
1- Répartition de la population d’étude
1.1- Répartition de la population globale par rapport au sexe
1.2- Répartition de la population globale par rapport à l’âge
1.3- Répartition de la population globale par rapport à l’ethnie
1.4- Répartition de la population globale par rapport à la profession
1.5- Répartition de la population globale par rapport au revenu
1.6- Répartition de la population globale par rapport à la zone de résidence
1.7- Répartition de la population globale par rapport à leur niveau d’instruction
2- L’Etat parodontal selon le CPITN
2.1- Distribution des sextants selon le score CPITN
2.2- Etat du Parodonte selon le Sexe (CPITN)
2.3- Etat du Parodonte selon l’âge (CPITN)
2.4- Etat du Parodonte selon la résidence
3- L’Etat Parodontal selon le score PSR
1- Distribution des sextants selon le score PSR
3.2- Distribution du PSR selon le sexe
3.3- Distribution du PSR selon les tranches d’âge
3.4- Distribution du PSR selon la résidence
4- L’Etat parodontal PSR comparé à l’état parodontal CPITN
V- COMMENTAIRE
1- Etude des caractéristiques générales
1.1- Distribution selon le sexe
1.2- Distribution selon l’âge
1.3- Distribution selon l’ethnie
1.4- Distribution selon la profession
1.5- Distribution selon la résidence
1.6- Distribution selon le revenu
1.7- Distribution selon le niveau d’instruction
2- Evaluation clinique
2.1- Etat parodontal selon le CPITN
2.2- Etat parodontal selon le PSR
VI- PERSPECTIVES
CONCLUSION
REFFERENCES