Les maladies parodontales sont des maladies multifactorielles à étiologie bactérienne et à manifestation inflammatoire. Elles sont déclenchées par le biofilm bactérien mais leur évolution dépend de l’équilibre entre cette agression bactérienne et la réponse de l’hôte sous l’influence de facteurs de risque environnementaux et génétiques. Elles aboutissent chez un hôte permissif à une destruction de l’appareil d’ancrage dentaire constitué par la gencive, le desmodonte, le cément et l’os alvéolaire [12]. Les lésions causées par ces états inflammatoires peuvent aboutir à la perte de la dent et son remplacement par des substituts dentaires, dont l’idéal est l’implant dentaire.
Depuis des années et jusqu’à ce jour, l’implantologie s’appuie sur les principes de Bränemark, mais continue à progresser vers de nouveaux horizons. La thérapeutique implantaire reste une procédure prévisible avec un taux de succès très élevé de (90% à 95%) [14,33]. Cependant, elle reste controversée pour les patients ayant eu des antécédents de parodontites. En effet, il existe une grande similitude entre les processus étiopathogéniques des maladies parodontales et péri-implantaires. De plus les facteurs de risque principaux de la parodontite (niveau d’hygiène buccale, consommation de tabac, diabète) représentent également les indicateurs de risque principaux de la péri-implantite [93].
Les microbiotes associés à la péri-implantite sont semblables aux microbiotes associés à la parodontite et il a été suggéré que les poches parodontales profondes peuvent agir comme un réservoir de bactéries [86, 102] et impacter le taux de succès implantaire. Ainsi certains auteurs comme Fardal et Coll. [44,45] considéraient que la maladie parodontale est une contre-indication stricte à la pose implantaire, d’autres comme Ellegaard et coll. [32] et Quirynen [122] pensent que l’antécédent de parodontite ne peut être une contre-indication à la thérapeutique implantaire. Plusieurs alternatives ont été proposées dans le but d’optimiser le taux de succès des implants posés chez les patients ayant un parodonte affaibli.
GENERALITES SUR LE PARODONTE ET LES MALADIES PARODONTALES
PARODONTE
DEFINITION
Le parodonte du grec «para » « autour de » et « odontos » « dent » est l’ensemble des tissus qui assurent la fixation et le soutien de l’organe dentaire au sein du maxillaire et de la mandibule. Il est constitué de deux tissus mous que sont la gencive et le desmodonte et de deux tissus durs, l’os alvéolaire et le cément.
STRUCTURE DU PARODONTE
On distingue le parodonte superficiel composé du tissu gingival et le parodonte profond représentant l’appareil d’ancrage dentaire constitué par le cément, l’os alvéolaire et le desmodonte.
La Gencive
La gencive fait partie des tissus mous de revêtement de la cavité buccale. Elle entoure les collets des dents, assurant la continuité de l’épithélium buccal au-dessus du ligament parodontal et de l’os alvéolaire. De couleur rose pâle, elle peut être dans certains cas pigmentée. Histologiquement, la gencive est une muqueuse orale de type masticatoire recouverte d’un épithélium kératinisé en nid d’abeille pénétré par des invaginations profondes d’un tissu conjonctif fibreux fermement inséré au tissu osseux sous-jacent. La gencive se divise en trois parties : La gencive libre ou marginale, la gencive attachée et la gencive papillaire ou inter-dentaire.
La gencive libre ou marginale
Elle entoure le collet des dents. Sa hauteur est variable selon les individus (entre 0,7 à 2 mm environ) et se trouve limitée par la présence d’un sillon marginal qui marque également le début de la gencive attachée. Elle reste séparée de la dent par le sillon gingivo-dentaire qui a une profondeur moyenne de 0,3 à 3 mm .
La gencive attachée
Cette portion de la gencive est située apicalement par rapport à la gencive libre et est délimitée coronairement par le sillon marginal ou la base du sulcus ; elle constitue une prolongation de la gencive libre dont elle est séparée par une ligne virtuelle de démarcation.
Elle est fermement attachée à la dent et l’os alvéolaire sous-jacent, de hauteur très variable, pouvant aller de 0 à 7 mm environ. Contrairement à la gencive libre, elle se présente sous la forme d’un tissu granité « en peau d’orange » dont l’épithélium est kératinisé.
La gencive papillaire ou interdentaire
Située sous les points de contacts dentaires, elle est délimitée par les 2 papilles (linguale/palatine et vestibulaire) formant deux pyramides. Elle est appelée col interdentaire au niveau des faces proximales des dents. La largeur du col dans le sens vestibulo-palatin/lingual varie de 2mm dans le secteur incisif à 6mm dans le secteur molaire. Le col de la papille est non kératinisé, le corps de la papille est en continuité avec la gencive attachée et en présente toutes les caractéristiques.
L’appareil d’ancrage
Le parodonte profond ou appareil d’ancrage dentaire est constitué de l’os alvéolaire, du cément et du desmodonte.
L’os alvéolaire
L’os alvéolaire est le principal soutien de l’organe dentaire ; il entoure la racine de la dent qui s’y attache par les fibres desmodontales. Il est formé par la réunion de deux corticales vestibulaires et linguales et sa morphologie varie en fonction des formes et des positions des racines. L’os alvéolaire naît, vit et meurt avec la dent. Quand l’os alvéolaire disparaît, il reste l’os basal. Il se présente sous la forme d’une enveloppe d’os compact dense entourant un os spongieux à grands espaces médullaires assurant une vascularisation très importante. Le tissu osseux est constitué de zones minéralisées et non minéralisées des régions corticales et trabéculaires des os longs et plats, contenant les cellules osseuses, des éléments vasculaires et nerveux et une matrice extracellulaire.
On distingue de l’extérieur vers l’intérieur :
● le périoste, fine membrane jaunâtre très fibreuse adhérant sur la surface osseuse,
● la corticale périphérique vestibulaire, constituée par un os compact continu,
● la paroi alvéolaire interne, constituée par une lame criblée de pertuis permettant le passage de structures vasculaires et nerveuses entre les espaces médullaires et le ligament parodontal (on l’appelle également la lamina dura car, elle apparaît à la radio autour de la dent comme une ligne dense),
● la corticale périphérique linguale, identique à la vestibulaire .
Le cément
Le cément est un tissu minéralisé (45 % de sels minéraux) constituant une interface entre la dentine et le ligament parodontal. C’est un tissu compact, relativement fin recouvrant les racines au niveau du collet ; il fait suite à l’émail. Sa fonction principale est d’ancrer les dents aux maxillaires par l’intermédiaire des fibres desmodontales de Sharpey. Sous l’effet de stimulations fonctionnelles, il peut comme l’os, subir des remaniements (résorption, apposition). Le cément est caractérisé par un métabolisme bas, une absence d’innervation et de vascularisation. C’est est un tissu calcifié analogue à l’os. Il existe plusieurs types de céments qui diffèrent les uns par rapport aux autres par leur localisation, leur structure, leur vitesse de formation et leur fonction :
– Cément acellulaire afibrillaire (CAA) composé d’une matrice minéralisée dépourvue de collagène et ne participe à l’ancrage de la racine dans l’alvéole,
– Cément acellulaire à fibres extrinsèques (CAFE) composant essentiel du système d’attache, permet l’ancrage des fibres du ligament dans la racine,
– Cément cellulaire à fibres intrinsèques (CCFI) Se forme après la fermeture de l’apex et répondant aux contraintes mécaniques qui s’exercent sur la racine.
– Cément acellulaire à fibres intrinsèques (CAFI) .
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE PARODONTE ET LES MALADIES PARODONTALES
1. LE PARODONTE
1.1 Définition
1.2 Structure du parodonte
1.2.1 Gencive
1.2.2 Appareil d’ancrage
2. LES MALADIES PARODONTALES
2.1 Définition
2.2 Classification
2.3 Etiopathogénie
2.4 Anatomopathologie
2.4.1 Lésion initiale
2.4.2 Lésion précoce
2.4.3 Lésion établie
2.4.4 Lésion avancée
CHAPITRE II : GENERALITES SUR IMPLANTS ET ANTECEDENTS DE PARODONTITES
1. LES IMPLANTS DENTAIRES
1.1 Définition
1.2 Etat de surface implantaire
1.3 Interface os/implant/tissus mous
2. L’OSTEOINTEGRATION
2.1 Définition
2.2 Facteurs locaux influençant l’ostéointégration
3. MICROBIOLOGIE
4. ECHECS ET SUCCES DU TRAITEMENT IMPLANTAIRE
5. PATHOLOGIES PERI-IMPLANTAIRES
6. PRONOSTIC IMPLANTAIRE
6.1 Implants et parodontite
6.1.1- Implants et parodontite chronique
6.1.2- Implants et parodontite agressive
6.2. Implants et facteurs de risque
CHAPITRE III: REVUE SYSTEMATIQUE SUR L’ANTECEDENT DE PARODONTITES ET LE RISQUE DE PERI IMPLANTITE DE 2004 A 2014
1. Justification de l’étude
1.1. Rationnel scientifique
1.2. Objectif
2. Matériel et méthode
2.1. Le problème de recherche
2.2. Critères d’éligibilité des études incluses
Types d’études
2.3. Stratégie de recherche pour la localisation des écrits
2.3.1. Recherche électronique
2.3.2. Recherches manuelles
2.4. Sélection des études
2.4.1. Analyse de la qualité des études
2.4.2. Extraction des données
3. Résultats
3.1. Sélection des articles
3.2. Evaluation de la qualité des articles
3.3. Extraction des données
4. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES