Le paludisme menace la vie de 40 p.100 de la population mondiale, c’est-àdire plus de 2.200 millions de personnes. Chaque année, on estime à 300, voire 500 millions le nombre de cas cliniques et on pense que le paludisme provoque chaque année la mort de plus d’un million de personnes dont une majorité de jeunes enfants. Quatre vingt dix pour cent des cas de paludisme dans le monde se déclarent en Afrique subsaharienne. Les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes sont les plus atteints. Avec la pneumonie, la diarrhée, la rougeole et la malnutrition, le paludisme provoque plus de 70 p.100 des décès chez les jeunes enfants, surtout dans les pays en développement .
Le coût humain et social du paludisme est énorme. Cette maladie transmise par des moustiques ne frappe pas ses victimes une seule fois mais plusieurs. Il s’ensuit une diminution de la productivité des travailleurs ou un absentéisme scolaire pendant une semaine ou plus à chaque épisode. En 1997, les pertes économiques dues au paludisme ont été estimées à 2 milliards de dollars pour l’Afrique seule. Le paludisme est l’une des principales causes de pauvreté et en retour, la pauvreté aggrave la situation du paludisme.
GENERALITES SUR LE PALUDISME ET SON TRAITEMENT
EPIDEMIOLOGIE
Mode d’infection
Le paludisme est transmis par la piqûre d’un moustique infesté, l’anophèle femelle et, parfois par transfusion sanguine. Lorsqu’un moustique pique une personne, il aspire un peu de sang. Si la personne piquée est atteinte de paludisme, quelques parasites se trouvant dans le sang seront aspirés par le moustique. Les parasites se multiplient et se développent alors dans l’organisme du moustique. Dix à quatorze jours plus tard, ces parasites deviennent matures et prêts à être transmis à une autre personne. Si le moustique pique alors un individu sain, les parasites du paludisme sont introduits dans l’organisme de cet individu. Les parasites sont véhiculés par le sang vers le foie de la victime où ils se multiplient puis retournent à la circulation sanguine. Le nombre de parasites du paludisme déculpe tous les deux jours, détruisant les globules rouges et infectant de nouvelles cellules dans tout l’organisme . On distingue 4 espèces principales du parasite :
– Plasmodium falciparum, responsable de la plus grave forme de paludisme,
– Plasmodium vivax,
– Plasmodium ovale,
– Plasmodium malariae.
Ceux là provoquent des symptômes moins graves. La personne infectée par la piqûre d’un moustique présente les symptômes de paludisme une semaine voire plusieurs mois après la piqûre, généralement 7 à 21 jours plus tard.
Chez l’homme
Chez l’homme s’effectue la multiplication asexuée ou schizogonique des plasmodies. Au cours de la piqûre, le moustique infesté injecte avec sa salive des centaines de parasites, sous forme de sporozoïtes fusiformes qui ne restent dans la circulation sanguine qu’une demi-heure. Ils gagnent rapidement le foie où s’effectue le cycle exoérythrocytaire primaire. Les sporozoïtes pénètrent les hépatocytes où ils se cachent sous le nom de cryptozoïtes.
Dans le sang s’effectue le cycle asexué érythrocytaire. Chaque mérozoïte né des cryptozoïtes pénètre dans une hématie et s’y transforme en trophozoïte.
Chez l’anophèle femelle
Chez l’anophèle femelle s’effectue le cycle sexué ou sporogonique. En piquant un paludéen, l’anophèle femelle absorbe des trophozoïtes, des schizontes, des rosaces, des gamétocytes. Seuls les gamétocytes assurent la poursuite du cycle. Le gamétocyte mâle se transforme en gamète par exflagellation, le gamétocyte femelle par expulsion de corpuscules chromatiniens. La fécondation du gamète femelle donne un œuf mobile, l’ookinète, qui traverse la paroi de l’estomac de l’anophèle et se fixe au niveau de sa face externe formant l’oocyste, dans lequel s’individualisent les sporozoïtes. Libérés par l’éclatement de l’oocyste, ces derniers gagnent avec prédilection les glandes salivaires de l’anophèle.
Modalités épidémiologiques
En zone intertropicale
En zone intertropicale, chaude et humide, abondent les anophèles capables d’assurer en permanence la transmission des hématozoaires : le paludisme, essentiellement à P. falciparum y est donc endémique. Selon l’intensité de l’impaludation, on distingue des zones holo-endémiques, hyper-endémiques, mésoendémiques et hypo-endémiques. Des poussées surviennent à la saison des pluies quand pullulent les anophèles.
En zone subtropicale
En zone subtropicale ou tempérée chaude, la transmission du paludisme n’est possible qu’à la belle saison : le paludisme, surtout à P. vivax sévit sous forme d’épidémies saisonnières. La paludométrie évalue l’intensité de l’endémie palustre. Dans la population humaine, on détermine trois indices : l’indice splénique est le pourcentage de porteurs de splénomégalie ; chez les enfants de 2 à 9 ans, il est compris entre 0 et 10 p.100 en zone hypo-endémique, 11 et 50 p.100 en zone méso-endémique, 51 et 75 p.100 en zone hyper-endémique et supérieur à 75 p.100 en zone holo-endémique. L’indice plasmodique est le pourcentage des sujets examinés présentant des hématozoaires dans le sang. Classiquement l’Indice Plasmodique (IP) des enfants de moins de 10 ans permet le classement en zones hypo-endémiques : IP < 25 p.100, méso-endémiques : 25 < IP < 50 p.100, hyper endémiques : 50 < IP < 75 p.100, holo-endémiques : IP > 75 p.100. Il doit être complété par l’évaluation de la densité parasitaire. L’indice gamétocytique ou pourcentage des porteurs de gamétocytes indique le potentiel infestant de la collectivité humaine vis-à-vis des anophèles. On peut aussi utiliser comme indice épidémiologique, le pourcentage des porteurs d’anticorps dirigés contre les formes sanguines, ou mieux, contre les sporozoïtes.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LE PALUDISME ET SON TRAITEMENT
1. EPIDEMIOLOGIE
1.1. Mode d’infection
1.1.1. Chez l’homme
1.1.2. Chez l’anophèle femelle
1.2. Modalités épidémiologiques
1.2.1. En zone intertropicale
1.2.2. En zone subtropicale
2. SYMPTOMATOLOGIE
2.1. Paludisme en général
2.2. Paludisme à Plasmodium falciparum
2.2.1. Accès simples
2.2.2. Accès pernicieux
2.2.3. Fièvre bilieuse hémoglobinurique
3. DIAGNOSTIC DU PALUDISME
3.1. Diagnostic du paludisme
3.1.1. Examen du frottis mince et de la goutte épaisse en microscopie
3.1.2. Recherche de l’antigène par technique immuno-chromatographique
3.2. Arguments indirects
4. TRAITEMENT DU PALUDISME
4.1. Evolution de la résistance aux médicaments antipaludéens
4.2. Changement de politique thérapeutique
4.3. Critères de gravité du paludisme
5. TRAITEMENT DU PALUDISME A MADAGASCAR
5.1. Antipaludiques dans le monde
5.1.1. Schizontocides
5.1.2. Gamétocytocides
5.2. Prise en charge du paludisme à Madagascar
5.2.1. Stratégies techniques
5.2.2. Procédures thérapeutiques
DEUXIEME PARTIE : EVALUATION SOCIO-ECONOMIQUE DU PALUDISME AU CHD1 DE BRICKAVILLE
1. CADRE D’ETUDE
1.1. Le CHD1 de Brickaville
1.1.1. Organisation des services
1.1.2. Personnel du CHD1
1.1.3. Capacité en lits
1.2. Le secteur médical
1.2.1. Les formations du secteur sanitaire
1.2.2. La démographie
2. METHODOLOGIE
2.1. Hypothèse
2.2. Objectifs
2.3. Type d’étude
2.4. Période d’étude
2.5. Population cible
2.5.1. Critères d’inclusion
2.5.2. Critères d’exclusion
2.6. Echantillonnage et taille de l’échantillon
2.7. Recueil des données
2.8. Saisie et traitement
2.9. Limite et éthique
2.10. Paramètres d’étude
3. RESULTATS
3.1. Nombre de cas de paludisme
3.2. Répartition des cas
3.2.1. Tranche d’âge
3.2.2. Commune de provenance
3.2.3. Gravité des cas
3.3. Schémas thérapeutiques utilisés
3.3.1. Paludisme simple chez l’enfant
3.3.2. Paludisme simple chez l’adulte
3.3.3. Paludisme grave chez l’enfant
3.3.4. Paludisme grave chez l’adulte
3.4. Tarif des médicaments
3.5. Coût des schémas thérapeutiques utilisés
3.5.1. Paludisme simple chez l’enfant
3.5.2. Paludisme simple chez l’adulte
3.5.3. Paludisme grave chez l’enfant
3.5.4. Paludisme grave chez l’adulte
3.6. Coût de prise en charge
3.7. Durée Moyenne de Séjour (DMS) et estimation du nombre de journées d’hospitalisation
3.8. Coût des journées de travail perdues
3.9. Fardeau dû au paludisme
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES, DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
1. COMMENTAIRES
1.1. Cas de paludisme hospitalisés
1.2. Schémas thérapeutiques utilisés
1.2.1. Pour le paludisme simple chez l’enfant
1.2.2. Pour le paludisme simple de l’adulte
1.2.3. Pour le paludisme grave de l’enfant
1.2.4. Pour le paludisme grave de l’adulte
1.3. Coût de prise en charge
1.4. Coût des journées de travail perdues
2. SUGGESTIONS
2.1. Développement des actions de prévention du paludisme
2.1.1. Objectif
2.1.2. Stratégies
2.2. Réduction des coûts de vente des médicaments
2.2.1. Objectif
2.2.2. Stratégies
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE