Généralités sur le manioc
Origine et description
Le manioc (Manihol esculenta Grantz) est une espèce tropicale originaire d’Amérique du Sud. Il a son centre principal de diversification au Brésil. Sa diffusion à partir du continent américain s’est faite en Afrique dès le XVIe siècle, puis elle a gagné l’Asie et enfin l’Australie à la fin du XIXe siècle. Son expansion de sa région d’origine à l’ensemble des autres régions de la ceinture tropicale s’est essentiellement faite par le biais de voyages. C’est ainsi que la culture fut importée par le biais de voyageurs étrangers comme les négriers portugais sur la côte de l’Afrique occidentale au XVIe siècle, à Sao-Tomé et à Fernando Poo à la faveur des conquêtes espagnoles et portugaises, puis au Congo autour des années 1550 (Guthrie, 1990).
Le manioc appartient au genre Manihot et à la famille des Euphorbiaceae. C’est une plante arbustive péreJU1e de l à 5 m de hauteur (Figure 1). Il est cultivé dans les régions tropicales et subtropicales pour ses racines comestibles riches en amidon et pour ses feuilles. Ces tubercules font entre 15 et 100 cm de long et leur poids peut atteindre 3 kg par unité. Le manioc présente des feuilles caduques, alternes, simples et disposées en spirale sur la tige. ayant un limbe membraneux composé de lobes allant de 1 à 11. La feuille mesure 10 à 20 cm de long et est pourvue d’un pétiole allongé de couleur verte ou rouge (Fig.l). Une ou plusieurs tiges peuvent être produites par une même bouture et présenter ou non plusieurs ramifications (FAO, 2013).
Pour ce qui est de sa reproduction, le manioc bien que monoïque, se reproduit par fécondation croisée, c’est-à-dire que les organes reproducteurs femelles d’un pied sont pollînisés par les organes reproducteurs mâles d’un autre pied: il est dit allogame. La pollinisation est assurée par des insectes comme les abeilles, les fourmis, les mouches et les guêpes. Le cycle cultural varie entre huit et douze mois. La multiplication se fait généralement par bouture en raison de ses aptitudes à produire un grand nombre de tubercules et de sa richesse en réserves nutritives (McKey et al., 2012).
La récolte des racines conunence généralement un an après la plantation. Les rendements moyens tournent autour de 10 tonnes/ha et varient en fonction de la variété et des conditions édapho-climatiques et culturales.
Caractéristiques agro-écologiques du manioc
Le manioc est cultivé dans toute la zone intertropicale (Figure 2) avec des régimes pluviométriques à une ou deux saisons de pluies et des pluviosités annuelles variant de 600 à plus de 4 000 mm. Il est aussi cultivé dans la zone équatoriale, dans les défriches récentes des forêts. JI croît sous des températures allant de 12 à 29 °C (Carter et al., 1992). Le manioc supporte également les périodes de sécheresse prolongées pourvu qu’il reçoive suffisamment d’eau pendant les trois premiers mois de plantation (Koffi et a/., 2015). Cependant, un rayonnement faible, un vent fort et une forte pluviométrie avant arrachage peuvent être défavorables à la production.
Le manioc pousse sur des sols sabla-argileux, profonds et bien drainés, de structure stable et à pH = 5,5. Il est peu exigeant en ce qui concerne le sol et peut même pousser sur des sols pauvres en élémenl.s nutritifs, voir acides qui sont souvent défavorables à d’autres cultures (Ekanayake et al., 1997). Mais les sols hydromorphes et rocailleux sont impropres à la culture du manioc.
Situation actuelle de la production de manioc au Burkina Faso
Au Burkina Faso, la production de manioc est estimée à plus de 22 000 tonnes par campagne. Cette production se concentre dans les régions ouest et sud-ouest du pays. Comme pour tous les pays africains, la quasi-totalité de la production de manioc au Burkina Faso est utilisée pour (‘alimentation humaine. Sa production, simple, peu coûteuse nécessite moins d’intrants agricoles. Plante bénéfique à l’homme el à la nature, le manioc offre une diversité de mets pouvant contribuer à la diversification des habitudes culinaires (Atiéké, couscous de manioc, tô, gari, tapioca, pain …). Grâce à l’apport de la recherche scientifique, il existe des variétés de plus de 100 tonnes à l’hectare avec des revenus à l’hectare pouvant excéder trois (03) millions de FCFA. Le manioc est principalement produit dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Sud-Ouest, de l’Est, des Cascades, des Hauts-Bassins, du Centre-Sud, Centre-Ouest et du Centre-Ouest. Mais sa production se répand de plus en plus dans le pays grâce à l’appui du Projet de Développement de l’Agriculture depuis 2008.
Au regard de l’engouement des producteurs des régions de l’Ouest et du Sud-Ouest pour le manioc, des unités de transformation gérées par des groupements féminins, ont été installées à Banfora et à Orodara. Ces femmes produisent de l’ atiéké de manioc très prisé sur le marché national et international (Bationo, 2016).
Contraintes liées à la production du manioc
Les contraintes majeures à la production du manioc sont surtout d’ordre biotiques.
Ravageurs
De nombreux ravageurs (Planche 1) attaquent le manioc. Ce son1 entre autres J’acarien vert ou Mononychellus tanajoa Bondar (Tetranychidae) responsable de l’acariose; le criquet puant Zonocerus variegatus Linnaeus (pyrgomorphidae) défolie les pieds de manioc et débarrasse les tiges de leur écorce; la cochenille encore appelée Phenacoccus manihotis Matile-Ferrero provoque entre autres la déformation de la tige (torsion), le déssèchement des feuilles, la défoliation des pieds de manioc mais joue aussi un role dans la transmission de maladies virales.
Adventices
Les adventices engendrent ct’ énormes perles de rendement dues à la compétition livrée au manioc pour les éléments nutritifs, l’éclairement et l’espace. Ils peuvent fournir un abri aux ravageurs, aux agents pathogènes, aux ennemis naturels d’insectes nuisibles ou infliger des dégâts physiques aux pieds de manioc et aux racines tubéreuses. Ces adventices sont classées en trois grandes catégories: les graminées (1mpera/a cylindrica), les laiches (Mariscus aLternifolius) et les latifoliées (Chromolaena odora/a) (Melifonwu et al., 2000).
Maladies du manioc
Les maladies couramment rencontrées sur le manioc sont causées par des virus, champignons, et bactéries.
Les virus
Les maladies virales du manioc sont essentiellement la mosaïque du manioc et la striure brune du manioc (planche 3) qui peuvent occasionner des chutes de rendements de 20 à 60% ou même une perte totale de récolte (CMAJAOC, 2004). Les principaux moyens de propagation de la mosaïque sont les boutures de manioc contaminées et (‘aleurode Bemisia tabaci. Les plants contaminés constituent la principale source de transmission du virus de la maladie des stries (Msikita et al., 2000).
Les champignons
Les maladies fongiques du manioc sont surtout l’anthracnose, la nécrose du bourgeon et les pourritures des racines (Planche 4). Les deux premières maladies sont causées par Collelotrichum gloeosporioides Penz f. sp. maniholis qui s’attaque aux surfaces des feuilles et aux tiges tandis que la dernière est due à différents types de champignons du sol (Msikita el al., 2000). Ces maladies sont jmportantes de par les pertes diverses qu’elles engendrent notamment les pertes en racines, de boutures et des feuilles.
Les bactéries
La bactériose vasculaire causée par la bactérie Xanthomonas axonopodis pv. maniholis est la plus importante maladie bactérienne sur le manioc qui provoque des pertes de production allant de 12 à 100% en absence de protection adéquate (Lopez et Bernal, 2012).
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Table des matières
Introduction
Première partie: Révue bibliographique
Chapitre 1: Généralités sur le manioc
Ll. Origine et description
1.2. Caractéristiques agro-écologiques du manioc
1.3. Situation actuelle de la production de manioc au Burkina Faso
lA. Contraintes liées à la production du manioc
1.4.1. Ravageurs
1.4.2. Adventices
1.4.3. Maladies du manioc
Chapitre II: Généralités sur la bactériose vasculaire du manioc
ILl. Origine, distribution actuelle et importance économique de ta CBB
IL2.Classification et description de l’agent pathogène
II.3. Epidémiologie de la bactériose vasculaire du manioc
11.3.1.Mode d’infection et symptômes
II.3 .2. Cycle infectieux
H.4. Diversité génétique de Xam 14
Il.5. Historique et processus MLVA
II.6. Méthodes de contrôle de la CBB
Deuxième partie: Expérimentation
Chapitre III: Matériel et Méthodes
1. Matériel
LI. Matériel bactérien
1.2. Matériel végétal.
II. Méthodes
11.1. Analyse de la diversité génétique des souches
n.l.l. Multi Locus VNTR Analysis (MLVA) ou analyse de plusieurs loci VNTR
II. 1.2. Analyse des données MLVA
n.2. Identification et caractérisation de la diversité TaIs des souches de Xam
Il.2.1. Collecte des échantillons à la Vallée du Kou
Il.2.2. Isolement et confirmation des souches de Xam
II.2.2. La caractérisation moléculaire des souches de Xam
IL2.3. Analyse de la diversité des effecteurs de type TaI
II.3. Test de résistance variétale
11.3.1. Inoculation des plants
II.3.2. Evaluation de la résistance variétale
II.3.3. Présence/Absence des bactéries dans les tiges infectées
Chapitre VI: Résultats! Discussion
r. Résultats
II.I. Analyse de la diversité des souches de Xam par une approche de type MLVA
n.l.l. Diversité intra population
1.1.2. Diversité inter population
1.1.3. Distance génétique et réseau de descendance
1 .2. Analyse de la diversité des Tals
1 .2.1. Confirmation des souches de Xam
1.2.2. Diversité des effecteurs Tais
I.3.Test de résistance variétale
II. Discussion
n.l. Diversité génétique des souches de Xam au Burkina Faso
II.2. Diversité des TaIs effecteurs
II.3. Résistance des variétés homologuées
Conclusion
Bibliographie
Annexes
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