L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est l’une des pandémies les plus graves de ces dernières décennies. En dépit du fait que les premiers cas aient été découverts en 1981, elle constitue jusqu’à nos jours un problème majeur de santé publique et reste un défi important pour le système de santé mondial. Le rapport ONUSIDA 2014 « Sortir le sida de son isolement » estime à 35 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans le monde à la fin de 2013, avec 19 millions de personnes sur les 35 millions qui ignorent leur séropositivité au VIH. Ce rapport révèle également un nombre de nouvelles infections à 2,3millions et un nombre de décès à 1,6millions à la fin de la même année. L’Afrique Sub Saharienne (ASS) est de loin la zone la plus touchée avec plus de 2/3 des cas soit 25 millions.
Pour ce qui est de la prise en charge des PVVIH, l’accès aux antirétroviraux (ARV) est au centre des préoccupations dans les pays en voie de développement et dans la communauté internationale ; c’est ainsi que le Sénégal fut l’un des premiers pays d’Afrique sub-saharienne à mettre en place un programme public d’accès gratuit aux médicaments ARV. L’Initiative Sénégalaise d’Accès aux ARV (ISAARV) a été créée en 1998, Initialement axée à Dakar, elle a été décentralisée dans les régions en 2001 avec comme objectif la prise en charge de 7000 personnes en fin 2006. Au vu des résultats encourageants enregistrés, la décentralisation au niveau des centres de santés a démarré en 2005. L’extension de l’ISAARV a permis d’augmenter le nombre de sites de prises en charge des PVVIH qui est passé de 81 à 101 de 2008 à 2009 soit une augmentation de 17%. C’est ainsi que le nombre moyen de PVVIH pris en charge est passé de 1855 en 2004 à 12249 en 2010 [12].
C’est dans ce contexte de décentralisation que le district sanitaire de DIOURBEL a commencé à prendre en charge ses patients vivants avec le VIH en 2008. DIOURBEL est une ville du Sénégal située à 40km de la ville de Touba. Cette proximité avec ladite ville fait qu’elle représente un lieu de passage pour de nombreux pèlerins lors du «Magal»(il s’agit du plus grand pèlerinage à Touba) devenant ainsi un environnement propice à la survenue d’épidémie et favorisant la recrudescence de certaines maladies comme l’infection à VIH/Sida.
Cependant, une fois le problème de l’accessibilité aux ARV surmonté, la question de l’observance des patients reste un obstacle à la réussite de la prise en charge. En effet, la mauvaise observance au traitement a été identifiée comme un prédicteur de l’évolution du VIH vers le stade Sida [35]. Par ailleurs il ne serait pas superflu de dire qu’une part de responsabilité incombe au personnel de santé pour ce qui est de cette mauvaise observance car ces derniers jouent un rôle capital dans la prise en charge des PVVIH. Aussi, le problème des patients qui cessent leur traitement sans raison déclarée se doit-il d’être abordé avec attention d’une part, et d’autre part, une mise à jour régulière du nombre effectif de patients suivis dans les cohortes se doit d’être faite en vue de maîtriser l’expansion du VIH dans le monde en général et particulièrement dans nos pays en voie de développement, zone la plus touchée par cette pandémie.
GENERALITES SUR LE L’INFECTION A VIH
DEFINITION
L’infection à VIH est une maladie infectieuse, virale, chronique due aux virus de L’immunodéficience humaine (VIH-1 et VIH-2), caractérisée par la diminution des moyens de défense de l’organisme. Elle est marquée par la survenue de nombreuses maladies opportunistes qui profitent de la baisse de l’immunité de l’organisme pour se développer. Le SIDA correspond au dernier stade de l’infection à VIH.
HISTORIQUE
Le 05 juin 1981, le Center for Disease Control (CDC) d’Atlanta rapporta quelques cas d’une forme rare de pneumonie qui touche spécifiquement des jeunes hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) (3 cas auraient été relevés en 1980). Cette sortie permettra de recenser en 15 jours seulement 31 cas identiques .On sait très peu de choses de la maladie qu’on dénomme entre autre « gay syndrome», Gay related immune deficiency (GRID). A la fin de cette même année on sait que la maladie provoque une immunodéficience et qu’elle se transmet par voie sexuelle et sanguine ; on sait également qu’elle ne touche pas seulement les HSH, mais également les utilisateurs de drogues injectables(UDI) et les personnes transfusées.
En 1982 plusieurs chercheurs à travers la planète commencèrent à se mobiliser car la maladie sort des frontières américaines. En France la maladie fut observée chez les hémophiles transfusés ce qui laisse croire que l’agent infectieux est un virus. Le nom d’AIDS (SIDA en français) est utilisé pour la première fois par le scientifique Bruce VOELLER.
En mai 1983 dans la revue « science », l’équipe de Jean Claude CHERMANN de l’institut pasteur décrivit pour la première fois le virus responsable de la maladie qu’on nomme « lymphadenopathy Associated Virus » ou LAV (futur VIH-1). Après quelques mois de recherches, les chercheurs démontrèrent le lien de causalité entre ce virus et la maladie ; ils travaillèrent également sur un test de dépistage la même année. Les premiers travaux sur la transmission possible du virus chez des chimpanzés furent entrepris. Il y’a désormais 13000 cas de sida aux Etats Unis et 460 personnes furent décédées de la maladie. Les premières directives quant à des relations sexuelles plus sécuritaires furent données par divers organismes en santé publique.
En 1985 les activités antirétrovirales de la zidovudine (AZT) ont été mises en évidence.C’est à la même époque que fut établit clairement les différents modes de transmission du VIH. Toujours en 1985, on isola un deuxième virus à partir d’un patient originaire de l’Afrique de l’ouest le LAV-2(futur VIH-2). Cette année allait aussi permettre la commercialisation d’un test de dépistage de la maladie du LAV-1. A La même année, la première conférence internationale sur le SIDA se tint aux Etats Unis. Il y’eu alors dans ce pays 23000 personnes atteintes et 12500 morts de cette maladie.
En 1986 la communauté scientifique adopta le nom de VIH (virus d’immunodéficience humaine). La première thérapie à l’AZT est disponible mais elle demeure couteuse et très toxique. Les Nations Unies mettent sur pied un programme de lutte contre le sida.
En 1987 le test de dépistage du VIH-2 fut mis au point par « diagnostics pasteur ».
En 1994 la combinaison de deux médicaments zidovudine et lamivudine (AZT et 3TC) se révélèrent plus efficaces que la prise d’un seul médicament. Un essai thérapeutique francoaméricain démontra que la transmission du virus de la mère au fœtus est réduite avec l’utilisation de l’AZT.
En 1996 la trithérapie fut de mise avec la combinaison de trois molécules.
En 1997 on estime que 90% des personnes infectées dans le monde proviennent des pays en voie de développement.
L’an 2000 marque le début de la mise à disposition des trithérapies dans les pays du sud au congrès international de Durban.
En 2008 le prix Nobel de médecine est attribué aux professeurs Françoise BARRE SINOUSSI et Luc MONTAGNIER pour leurs travaux portant sur la découverte du VIH.
EPIDEMIOLOGIE
Dans le monde
Le nombre de PVVIH est passé de 31millions en 2005 à 35millions en 2013 (Tableau 1). Il est important de souligner par ailleurs, la répartition inégale du nombre de PVVIH dans le monde (Tableau 2) avec 24,7 millions de PVVIH vivant en Afrique subsaharienne, (soit 70% des PVVIH dans le monde) contre 4,8 millions en Asie ; 1,1millions en Europe orientale et Asie centrale et seulement 230milles pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord (Figure 1). Cette augmentation globale des PVVIH est sans doute due à l’allongement de la durée de vie des patients grâce à l’accessibilité et à la décentralisation des antirétroviraux .C’est dans ce sens que le rapport ONUSIDA 2014 « Sortir le sida de son isolement» insiste sur la baisse des nouvelles infections dues au VIH qui est passé de 3,4millions de nouvelles infections en 2001 à 2,1 millions en 2013. C’est le chiffre le plus bas depuis le début de l’épidémie .
Le nombre des nouvelles infections a chuté (- 40%) ainsi que le nombre des décès (- 50%) dans les Caraïbes où, la couverture du traitement ARV (TARV) est en forte hausse : 42% des PVVIH sont sous ARV, soit une augmentation de 31% depuis 2011. Haïti représente 59% des décès enregistrés dans la région. Cependant le rapport ONUSIDA 2014 fait mention d’une hausse notable des nouvelles infections en Asie centrale et en Europe orientale (+ 5%) en 2013 par rapport à 2005 ainsi qu’au Moyen Orient et en Afrique du Nord (+7%). Le nombre de décès liés au sida est au plus bas depuis le pic de 2005, avec une baisse de 35%. Les nouvelles infections à VIH parmi les enfants ont diminué de 58% depuis 2001, et sont tombées pour la première fois sous la barre des 200 000 dans les 21 pays les plus affectés d’Afrique [4].
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Table des matières
INTRODUCTION
1. GENERALITES SUR LE L’INFECTION A VIH
1.1. DEFINITION
1.2. HISTORIQUE
1.3. EPIDEMIOLOGIE
1.3.1. Dans le monde
1.3.2. En Afrique Subsaharienne
1.3.3. Au Sénégal
2. PHYSIOPATHOLOGIE DE L’INFECTION A VIH /SIDA
2.1. Agents pathogènes
2.2. Structure du VIH
2.3. Génome du VIH
2.4. Propriétés physico-chimiques du VIH
2.5. La réplication virale
2.5.1. Les cellules cibles du virus
2.5.2. Les étapes de la réplication virale
2.6. Les réponses immunes à la réplication virale
3. MODE DE TRANSMISSION DU VIRUS
3.1. Transmission Sexuelle
3.2. Transmission Sanguine
3.3. Transmission Verticale
4. HISTOIRE NATURELLE DU VIH
4.1. Phase de primo infection
4.2. Phase chronique de latence clinique
4.3. Phase symptomatique d’immunodépression
4.3.1. Manifestations d’immunodépression mineure
4.3.2. Manifestations d’immunodépression majeure
5. LES DIFFERENTES CLASSIFICATIONS
5.1. Classification CDC
5.2. Classification de l’OMS
6. DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE DE L’INFECTION A VIH
6.1. Diagnostique biologique indirect
6.2. Diagnostic biologique direct
7. PRISE EN CHARGE GLOBALE DU VIH
7.1. Objectifs
7.2. Prise en charge psycho-sociale
7.3. Prise en charge médicale
7.3.1. Prise en charge clinique
7.3.2. Prise en charge paraclinique
7.4. Prise en charge thérapeutique
7.4.1. Chimioprophylaxie primaire de certaines infections opportunistes
7.4.2. Traitement antirétroviral
7.4.2.1. Buts
7.4.2.2. Moyens
7.4.2.3. Indications
7.4.2.3.1. Conduite du traitement
7.4.2.3.2. Modalités thérapeutiques
7.5. Prise en charge nutritionnelle
7.6. Prise en charge vaccinale
8. PREVENTION
8.1. Dépistage de l’infection
8.2. Communication pour le Changement de Comportement (CCC) avec promotion du préservatif
8.3. Prévention du risque transfusionnel (sang et produits dérivés)
8.4. Prévention de la transmission par les pratiques traditionnelles
8.5. Prévention chez les usagers de drogues injectables
8.6. Prévention par la circoncision
8.7. Prévention secondaire en cas d’exposition au VIH
8.8. Prévention par le vaccin anti-VIH
8.9. Prévention de la transmission mère-enfant du VIH (PTME)
CONCLUSION