MINERALOGIE DU CORINDON
Caractรฉristique
Le corindon est une espรจce minรฉrale composรฉe d’oxyde d’aluminium anhydre cristallisรฉ. Il est de formule Al2O3 et est parfois notรฉ ฮฑ-Al2O3 (Al = 52,91% et O = 47,09%) avec des traces de fer, de titane, de chrome, de manganรจse, de nickel, de vanadium et de silicium. Le corindon a une structure rhomboรฉdrique . Un motif est composรฉ de deux pentaรจdres Al2O3 inversรฉs qui se rรฉpรจtent aux nลuds du rhomboรจdre (Bladh et al., 1997). Les paramรจtres de maille sont :
โย a = 5,13 ร
;
โ ฮฑ = 55,47ยฐ = 55ยฐ28′.
Les rubis sont gรฉnรฉralement dโhabitus tabulaires constituรฉs de pinacoides prรฉdominants avec des faces rhomboรฉdriques r et parfois des prismes a ou des dipyramides w (Smith et Surdez, 1994 ; Cesbron et al., 2002) .
Le corindon a une duretรฉ 9 sur lโรฉchelle de Mohs. Sa densitรฉ est comprise entre 3,95 et 4,10; ses indices de rรฉfraction sont : ng= 1,767 โ 1,77 et np = 1,759 โ 1,763 avec une faible birรฉfringence ng โ np = 0,008; son รฉclat est trรจs vif. Il nโa pas de clivage mais possรจde des plans de sรฉparation (0001) et (1011) prรฉfรฉrentiels. Lors de la croissance, les cristaux de corindon sont parfois maclรฉs : macles polysynthรฉtiques et macles par interpรฉnรฉtration. Le corindon est optiquement uniaxe mais parfois il existe des cristaux biaxes en relation avec la prรฉsence des macles polysynthรฉtiques (Cesbron, 2002).
Coloration du corindon
Le rubis se colore en rouge. Le saphir peut prรฉsenter une grande diversitรฉ de couleurs en passant par toute une gamme de jaune, orange, vert, marron, rose ou violet . Quand le saphir est pure, il est incolore (leucosaphir).
Origine de la couleur du rubis
La rรฉceptivitรฉ de lโลil humain et lโenvironnement cristallographique des chromophores jouent un rรดle important sur la couleur du corindon (Fritch et Rossman, 1999). Le chrome donne sa couleur rouge au rubis. Il faut avoir 1 ร 2% de chrome pour obtenir une couleur rouge profonde. Il existe dโautres รฉlรฉments qui peuvent apporter une nuance dans la couleur rouge : lโexistence dโions Fe3+ apporte une nuance marron, la prรฉsence conjuguรฉe de Fe3+ et Ti2+ est ร lโorigine dโune nuance violette. La couleur rouge รฉtant une couleur relativement rare dans la nature (Muhlmeister et al., 1998) est liรฉe ร des transitions รฉlectroniques impliquant lโion Cr3+ qui se substitue ร lโaluminium dans le rรฉseau cristallin du corindon. La proportion du Cr2O3 varie selon lโorigine du rubis. Pour le cas du Nepal le Cr2O3 varie entre 0,19% ร 3,8% (Muhlmeister et al., 1998) et 13% pour Westland en Nouvelle Zรฉlande (Grapes et Palmer, 1996) .
Origine de la couleur des saphirsย
La couleur bleue du saphir est liรฉe ร la prรฉsence dโatome de fer et de titane qui se remplacent ร lโaluminium dans la structure du corindon. Le fer peut se prรฉsenter ร lโรฉtat ferreux (Fe2+) ou ร lโรฉtat ferrique (Fe3+) et le titane ร lโรฉtat de valence IV (Ti4+). Une couleur bleue est visible quand les ions Fe2+ et Ti4+ se placent ร proximitรฉ lโun de lโautre dans le corindon.
Les inclusions dans le corindon
Le corindon possรจde souvent des inclusions solides et/ou liquides . La prรฉsence dโinclusions peut augmenter ou diminuer leur valeur commerciale. Elles peuvent รชtre importantes pour dรฉterminer son authenticitรฉ mais รฉgalement pour dรฉterminer son pays dโorigine. Ces inclusions n’affectent en rien ร la qualitรฉ et ร la valeur de la pierre ; elles renseignent au contraire sur l’origine de son gisement et permettent de la distinguer des rubis synthรฉtiques. Certains rubis prรฉsentent le phรฉnomรจne d’astรฉrisme, laissant apparaรฎtre une รฉtoile lumineuse ร six branches qui semble glisser ร la surface de la pierre lorsqu’on fait tourner celle-ci . Cela est dรป ร l’arrangement cristallin qui rรฉflรฉchit la lumiรจre en divergeant les rayons, comme les branches d’une รฉtoile, selon des angles constants (600 pour le rubis).
Les inclusions syngรฉnรฉtiques
Les inclusions sont essentiellement de nature fluide et elles se developpent durant la croissance minรฉrale. Il y a deux types dโinclusions fluides :
-les inclusions fluides primaires : elles sont piรฉgรฉes pendant la croissance du cristal qui les contient. Ces inclusions peuvent รชtre monophasรฉes, biphasรฉes ou triphasรฉes, cโest-ร -dire contenir respectivement une, deux ou trois phases (liquide, gaz et solide).
-les inclusions fluides secondaires, elles sont piรฉgรฉes aprรจs la cristallisation du minรฉral.
Le constituant chimique majeur des fluides enfermรฉs dans les cavitรฉs fluides des corindons sont principalement le gaz carbonique (Rakotondrazafy et al., 1996). Particulierement dans le gisement du sud de Madagascar, les corindons renferment plus de 80% de CO2 et le reste est constituรฉ de lโ H2O (Rakotondrazafy et al., 1996; Ravololomiandrinarivo et al., 1997), de la Tanzanie et du Kenya (Mercier et al., 1999) avec de trรจs faible concentrations en H2O, et parfois avec de lโH2S, des complexes de carbones sulfurรฉs (types COS) et de soufre natif (S8) pour les corindons associรฉs aux marbres dโAsie centrales et Sud-Est (Giuliani et al., 2003).
Les inclusions รฉpigรฉnรฉtiquesย
Les inclusions peuvent รชtre de nature solide ou fluide. Elles sont piรฉgรฉes pendant ou aprรจs la cristallisation du cristal. Les inclusions fluides sont piรฉgรฉes sur des zones de fractures dรฉveloppรฉes au cours de la croissance du minรฉral et ceux qui ne recoupent pas lโensemble du cristal sont appelรฉes ยซ pseudo secondaires ยป. Les inclusions piรฉgรฉes sur les plans de fractures postรฉrieurs ร la croissance du cristal sont appelรฉes : inclusions secondaires.
Les imitations du rubis
En 1902, Auguste Verneuil met au point une mรฉthode simple pour faire du corindon synthรฉtique. Le procรฉdรฉ consiste ร faire tomber sur une flamme les รฉlรฉments constitutifs du rubis : de la poudre dโaluminium avec du chrome. Le tout se refroidit sur une boule qui sโabaisse lentement. Ce rubis synthรฉtique est vendu en grande quantitรฉ et surtout sur les lieux dโextraction du rubis ; ce rubis est taillรฉ, la table parallรจle ร lโaxe optique pour obtenir de grosses pierres ; alors quโavec le rubis naturel, la table est gรฉnรฉralement perpendiculaire ร lโaxe optique.
Le rouge est la couleur la plus difficile ร trouver naturellement, cependant il existe des pierres qui peuvent prendre le rouge du rubis et รชtre confondu avec lui: grenat, spinelle, tourmaline, fluorite, topaze, zircon.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
INTRODUCTION
1- Choix et prรฉsentation du secteur
2- Mรฉthodologie
3- Cadre gรฉologique
3-1 Architecture tectonique de Madagascar
3-2 Le domaine Anosyen-Androyen
3-3 Formation de Tranomaro
4- Plan du mรฉmoire
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LE CORINDON
Chapitre I : MINERALOGIE DU CORINDON
1. Caractรฉristique
2. Coloration du corindon
2-1 Origine de la couleur du rubis
2-2 Origine de la couleur des saphirs
3. Les inclusions dans le corindon
3-1 Les inclusions protogรฉnรฉtiques
3-2 Les inclusions syngรฉnรฉtiques
3-3 Les inclusions รฉpigรฉnรฉtiques
4. Les imitations du rubis
5. Utilisation
Chapitre II : LES TYPES DE GISEMENTS
1. Les diffรฉrents types des gisements de corindon
1-1 Les gisements primaires
1-2 Les gisements secondaires
2. Les gisements des corindons de Madagascar
2-1 Gisements primaires
2-2 Gisements secondaires
3- Le corindon dans le Gondwana
DEUXIEME PARTIE : LE GISEMENT DE TRANOMARO
Chapitre I : CADRE GEOLOGIQUE
1. Cartographie et rรฉpartition des faciรจs
2. Pรฉtrographie de diffรฉrents types de faciรจs
2-1 Le complexe calco-magnรฉsien
2-2 Les roches carbonatรฉes (marbres)
2-3 Les granitoรฏdes
2-4 Les leptynites
Chapitre II : LES ROCHES A CORINDON DANS LA REGION DE TRANOMARO
1. Type plagioclasite
2. Type filon ร saphir
3. Mรฉtallogรฉnie
TROISIEME PARTIE : CARACTERISTIQUES PETROGRAPHIQUES, PETROLOGIQUES ET GEOCHIMIQUES DES ROCHES DU BAZARIBE
1. Gรฉologie dโAndranondambo
2. Pรฉtrographie
2-1 Les roches environnantes
2-2 Roche associรฉe au corindon
3. Chimie des phases minรฉrales
Spinelle
Rubis
Dolomite et calcite
Pargasite
4. Equilibre des phases minรฉrales
4-1 Relation de phases
4-2 Conditions thermobaromรฉtriques
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES