Du fait de la poussée démographique que connaît l’Afrique occidentale, les productions animales demeurent insuffisantes pour satisfaire les besoins des populations en protéines animales. Pour pallier ces déficits, des efforts ont été déployés par la plupart des états (dont le Sénégal) en faveur du développement du secteur avicole, notamment industriel (MANKOR, 2009). Selon GUEYE (2004), la promotion de l’élevage des espèces à cycle court comme l’aviculture est un élément fondamental dans la stratégie de lutte contre la pauvreté et la malnutrition. En effet, l’aviculture est appelée à jouer un rôle de plus en plus important dans l’économie nationale et dans la quête de l’autosuffisance alimentaire. Elle représente une source intéressante de protéines de haute valeur biologique et permet d’améliorer quantitativement et qualitativement le régime alimentaire des populations et également une bourse de revenu.
L’aviculture traditionnelle occupe une place de choix dans les activités économiques des femmes qui constituent, par ailleurs, la frange la plus vulnérable du monde rural. Son développement peut constituer ainsi un levier important dans la lutte contre la pauvreté. Ainsi, les pouvoirs publics au Sénégal ont réfléchi, dès le lendemain des indépendances, sur les voies et moyens de développer cette activité. A cet effet, le Centre National de l’Aviculture (CNA) de Mbao fut créé en 1962 pour promouvoir et développer l’aviculture dans toutes ses spéculations (production intensive, semi intensive à extensive ou villageoise) sur l’ensemble du territoire. Cependant, le CNA s’est pendant longtemps, intéressée à l’aviculture urbaine et périurbaine, plus ou moins moderne autour de Dakar et de quelques autres agglomérations et qui exploite des souches exotiques, importées essentiellement d’Europe (TRAORE 2001). Quant à l’aviculture traditionnelle menée en milieu rural (qui consiste à l’élevage de la poule locale, oiseau rustique, adapté à son milieu, à faible potentialité), a pratiquement été délaissée. Néanmoins, de nos jours, les ONG et les pouvoirs publics s’intéressent au développement de l’aviculture familiale ou villageoise.
Le renforcement de capacité des éleveurs en aviculture traditionnelle, par l’introduction de paquet technologique (amélioration de la race, amélioration de l’alimentation, de l’habitat et la prophylaxie) qui vise à améliorer les conditions d’élevage et à augmenter la productivité. Il existe peu de travaux relatifs à l’adoption d’innovations technologiques en aviculture traditionnelle au Sénégal.
GENERALITES SUR L’AVICULTURE TRADITIONNELLE
DEFINITION ET IMPORTANCE DE L’AVICULTURE TRADITIONNELLE
DEFINITION
L’aviculture traditionnelle se définit comme étant la production de volaille à petite échelle pratiquée par les ménages qui utilisent la main d’œuvre familiale et les aliments localement disponibles. Les volailles peuvent divaguer librement dans l’exploitation et rechercher de la nourriture tandis que le supplément leur est fourni par l’exploitant (FAO, 2004). Les effectifs moyens dans les exploitations sont assez comparables d’un pays à l’autre. Ils varient de 6 à 19 oiseaux (HOFMAN, 2000). L’aviculture traditionnelle est exploitée par les familles aux fins de sécurité alimentaire, de revenu et d’emploi rémunérateur pour les femmes et les enfants (SONAIYA, 1990).
IMPORTANCE
IMPORTANCE SOCIO-CULTURELLE ET RELIGIEUSE
L’aviculture traditionnelle est pratiquée par les communautés locales africaines depuis des générations, et tous les groupes ethniques semblent être impliqués. Cette activité est rencontrée partout au Sénégal avec comme acteurs principaux les femmes et dans une moindre mesure les enfants et les hommes. Il faut noter que c’est une activité à laquelle l’ensemble des membres de la famille participe de manière informelle car elle n’est pas contraignante et ne nécessite pas une grande technicité (SALL, 2010). La volaille joue un rôle important dans la vie quotidienne des populations rurales surtout lors des cérémonies rituelles et religieuses (naissances, baptêmes, circoncisions, mariages, fêtes de Korité et de fin d’année). Ainsi en pays mandingue, le premier repas que la femme prend après l’accouchement est à base de poulet (SAVANE, 1996).
IMPORTANCE SOCIO-ECONOMOQUE
Pour les fermiers des Pays à Faible Revenu et Déficitaire en Produits Vivriers (PFRDPV), l’aviculture familiale représente une des rares opportunités d’épargne, d’investissements et de protection contre le risque (FAO, 2004). Elle constitue une source de revenus d’appoint pour les populations par la vente des œufs et de coqs et contribue ainsi à l’éradication de la pauvreté en milieu rural (GUEYE, 1998), mais elle demeure une activité secondaire.
La volaille rurale constitue quelquefois un moyen de troc pour certaines populations qui l’utilisent pour l’acquisition du gros bétail car elle est échangée contre la chèvre qui, à son tour, sera utilisée pour acquérir une génisse (MISSOHOU et al. 2000).
IMPORTANCE NUTRITIONNELLE
La consommation de viande de volaille et d’œufs continue de progresser d’année en année. La viande de volaille demeure aujourd’hui la principale source de produits carnés. Deuxième viande la plus consommée derrière le porc et devant celle des bovins dans le monde, au Sénégal, elle est la troisième viande la plus consommée (15%) derrière celle des ruminants (BA, 2009).En effet, pour les populations éloignées de zones côtières, les produits avicoles (viandes et œufs) représentent le principal apport de protéines animales, de vitamines et de minéraux (GUEYE et BESSEI, 2003).
LES RACES EXPLOITEES
La notion de race est un peu plus étendue et désigne l’ensemble des animaux de la même espèce ayant suffisamment de caractères héréditaires en commun. Il s’agit de caractères morphologiques, biologiques mais également physiologiques. Au Sénégal, il existe deux catégories de volailles en élevage: les races exotiques (importées) et les races locales (indigènes). Les principales espèces exploitées en aviculture familiale sont : la poule (espèce de notre étude), le canard, la pintade, le pigeon, la dinde et l’oie (FAO, 2004).
ORIGINE
L’introduction des poules en Afrique n’est pas très documentée (FOTSA, 2008). En Egypte, la première représentation d’un coq remonte à 1400 ans avant J-C, mais aucune autre trace n’a pu être retrouvée jusqu’à environ 600 avant J-C. Cela pourrait s’expliquer par la diminution des échanges commerciaux avec l’Inde via la Mésopotamie (COLTHER, 1966 cité par SOUMBOUNDOU, 2010). Puis, des restes squelettiques indiquent de nouveau sa présence en Egypte en 332 avant J-C, tandis que les recherches récentes en Afrique Subsaharienne situent la présence des poules en Afrique au 5ème siècle de notre ère (MACDONALD et EDWARDS, 1993), bien avant l’arrivée des européens. Une chose est sûre, l’ancêtre commun de toutes nos poules domestiques est la poule bankiva (Gallus gallus) originaire d’Asie du Sud Est. Il n’en reste pas moins qu’il est encore difficile de savoir quand et comment est née la poule domestique. L’expansion mondiale de la poule est due au fait qu’elle est omnivore, facile à nourrir et son adaptation ne pose pas de problèmes (GEISER, 2006). La poule domestique Gallus domesticus appartient à l’ordre des gallinacés. Cet ordre comprend plus de 250 espèces d’oiseaux comme par exemple le grand tétras, le tétras lyre, le lagopède alpin ou la gélinotte des bois (GEISER, 2006).
CARATERES ETHNIQUES
LA POULE LOCALE
Le poulet commun ou poule domestique appelée Gallus domesticus, est élevé dans les exploitations familiales traditionnelles (TRAORE, 2006). Il n’existe pas de races autochtones africaines à proprement parler mais des «populations» à plumage varié (Tableau I) avec quelques traits communs tels qu’un petit gabarit (BISIMWA, 2004). Il s’agit d’une poule de petite taille, très rustique, à la chair bien appréciée (TRAORE, 2006). Son plumage peut être blanc, rouge noir ou multicolore. Le plumage est le plus souvent lisse, quelque fois plissé avec diverses sortes de combinaisons de couleurs (DIOP, 1982). Il peut avoir une répartition normale, cou nu, ou pattes emplumées (TRAORE, 2006). La tête, forte, assez large, porte un bec court et solide. La crête est en général simple, mais les différents types de crête (pois, corne, rose….) existent (TRAORE, 2005). Son poids moyen à 6 mois d’âge est d’environ 1 kg chez la femelle et de 1,5 kg chez le mâle adulte (TRAORE, 2006). La croissance est lente et la ponte tardive : l’âge d’entrée en ponte est de 25 semaines avec 50 à 100 petits œufs par an (BULDGEN et al. 1992). Le nombre de cycles de reproduction dans la carrière de la reproductrice est variable en fonction des régions et est en moyenne de 6 (TRAORE, 2005).
|
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : GENERALITES SUR L’AVICULTURE TRADITIONNELLE
1.1. DEFINITION ET IMPORTANCE DE L’AVICULTURE TRADITIONNELLE
1.1.1DEFINITION
1.1.2 IMPORTANCE
1.1.2.1 IMPORTANCE SOCIO-CULTURELLE ET RELIGIEUSE
1.1.2.2 IMPORTANCE SOCIO-ECONOMOQUE
1.1.2.3 IMPORTANCE NUTRITIONNELLE
1.2. LES RACES EXPLOITEES
1.2.1 ORIGINE
1.2.2 CARATERES ETHNIQUES
1.2.2.1 LA POULE LOCALE
1.2.2.2 RACES EXOTIQUES
1.3. SYSTEMES D’ELEVAGE EN AVICULTURE TRADITIONNELLE
1.3.1 SECTEUR 1 OU SYSTEME D’ELEVAGE INDUSTRIEL
1.3.2 SECTEUR 2 OU SYSTEME D’ELEVAGE INTENSIF DE POULETS COMMERCIAUX
1.3.3. SECTEUR 3 OU SYSTEME D’ELEVAGE SEMI-INTENSIF ET ELEVAGES AMATEURS
1.3.4. SECTEUR 4 OU SYSTEME D’ELEVAGE AVICOLE FAMILIAL
1.4. LES PERFORMANCES ZOOTECHNIQUES
1.4.1. LES PERFORMANCES DE REPRODUCTION
1.4.1.1. AGE D’ENTREE EN PONTE
1.4.1.2. PRODUCTION D’ŒUFS
1.4.1.3. INTERVALLE ENTRE PONTES
1.4.1.4. TAUX D’ECLOSION
1.4.2 LES PERFORMANCES DE CROISSANCE
1.4.2.1 VITESSE DE CROISSANCE
1.4.2.2 CONSOMMATION ET EFFICACITE ALIMENTAIRE
1.4.2.3. CARACTERISTIQUES DE LA CARCASSE
1.5. CONTRAINTES EN AVICULTURE TRADITIONNELLE
1.5.1. CONTRAINTES SOCIO-CULTURELLES
1.5.2. CONTRAINTES PATHOLOGIQUES
1.5.3. CONTRAINTES ALIMENTAIRE
1.5.4. CONTRAINTES GENETIQUES
1.5.5. CONTRAINTES ECONOMIQUES ET FINANCIERES
1.5.6. PREDATEURS
1.5.7. MORTALITES
CHAPITRE II : INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES ADOPTEES POUR AMELIORER LA PRODUCTIVITE EN AVICULTURE TRADITIONNELLE
2.1. INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES
2.1.1. ELABORATION DE L’INNOVATION
2.1.2. INTRODUCTION DE L’INNOVATION
2.1.3. PROPAGATION DE L’INNOVATION
2.2. ADOPTION D’INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES
2.2.1. AMELIORATION DE L’HABITAT
2.2.1.1. IMPLANTATION DE POULAILLERS
2.2.1.2. DIFFUSION DE POUSSINIERE
2.2. 2.AMELIORATION DE LA COUVERTURE SANITAIRE ET CONTROLE DES MALADIES
2.2.2.1. PRINCIPALES PATHOLOGIES RENCONTREES
2.2.2.2. AMELIORATION DES CONDITIONS D’HYGIENE ET VACCINATION
2.2.3. AMELIORATION DE L’ALIMENTATION
2.2.4. AMELIORATION GENETIQUES DES RACES
2.2.4.1. FORMATIONS ET SENSIBILISATION
2.2.4.2. INTRODUCTION DE COQS RACEURS
2.3. CONTRAINTES LIEES A L’UTILISATION DE TECHNOLOGIES EN AVICULTURE TRADITIONNELLE
2.3.1 CARACTERISTIQUES DES AVICULTEURS
2.3.1.1. AGE DES AVICULTEURS
2.3.1.2. SITUATION FAMILIALE
2.3.1.3. NIVEAU D’INSTRUCTION
2.3.2 NIVEAU DE CONNAISSANCE DE TECHNOLOGIE
2.3.3. SOURCES D’INFORMATION
CONCLUSION