Généralités sur l’aspirine

La contrefaçon est un phénomène mondial de plus en plus répandu. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) nous apprend que les médicaments contrefaits constituent 10 % du marché mondial des médicaments et selon IRCAM (Institut de recherche sur les médicaments contrefaits) (IRACM, 2013), ces médicaments tuent plus de 700 000 personnes par an. Ils circulent beaucoup dans les pays en voie développement. Cette situation peut s’expliquer par la porosité des frontières entraînant l’introduction facile et fréquente de médicaments contrefaits dans ces pays, ce qui se traduit par une croissance de la vente illicite de médicaments. La contrefaçon des médicaments est inquiétante car elle peut mettre en danger la santé des patients et la stabilité des systèmes de santé. Malgré le coût élevé associé au contrôle de qualité des médicaments, ces produits doivent être suivis par des contrôles qualitatifs et quantitatifs afin de déterminer que leurs teneurs en substances actives sont conformes aux formules annoncées, pour éviter les échecs thérapeutiques. L’absence de moyens techniques rend le suivi de la qualité de ces médicaments difficile car le contrôle fait appel à des réactifs, du matériel et des techniques d’analyses modernes qui ne sont pas souvent disponibles dans les pays en voie de développement. Ainsi, il s’avère nécessaire de développer de nouvelles technologies simples, accessibles géographiquement et financièrement pour le contrôle de la qualité des médicaments. C’est dans cette perspective de lutte contre la contrefaçon que le Laboratoire de Chimie Analytique et Bromatologie de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie (FMPO) de l’Université Cheikh AntaDiop de Dakar, en collaboration avec l’association pour le contrôle de la qualité et la détection des médicaments contrefaits (PHARMELP), développe des méthodes analytiques simples et rapides par électrophorèse capillaire. Cet appareil basique se révèle être un système simple, écologique et peu couteux en comparaison aux systèmes analytiques instrumentaux actuellement disponibles sur le marché Ces méthodes permettront d’assurer le contrôle et le suivi des préparations pharmaceutiques, dont celle à base d’aspirine qui fait l’objet de notre étude. Le but de cette étude est de valider une méthode de dosage de l’aspirine par électrophorèse capillaire.

Généralités sur l’aspirine 

L’aspirine ou acide acétylsalicylique appartient à la famille des salicylés. Elle fait partie des médicaments les plus fréquemment prescrits (AINS), prescriptions auxquelles viennent s’ajouter une consommation importante sous forme d’automédication. Cette molécule est à la fois analgésique périphérique, indiquée dans la prise en charge de la douleur d’intensité faible à modérée d’origine variée, antipyrétique, anti-inflammatoire à forte dose (6 grammes maximum par jour, à répartir en 3 ou 4 prises espacées de 4 heures minimum), antiagrégante plaquettaire à faible dose (moins de 300 mg/jour), et uricosurique..

Mécanisme d’action

L’aspirine agit en inhibant la synthèse des prostaglandines par son action sur les cyclo-oxygénases (COX 1 et COX 2). L’aspirine induit une inhibition irréversible de la cyclooxygénase de type 1 par acétylation. Cette action est àl’origine de l’ensemble des propriétés pharmacologiques de l’aspirine : propriétés anti-inflammatoires, antipyrétiques et antalgiques. Au niveau des plaquettes, cette inhibition bloque la synthèse de thromboxane A2 et inhibe ainsi une des voies de l’agrégation plaquettaire. Comme les plaquettes sont dépourvues de noyau, elles ne peuvent pas resynthétiser la cyclooxygénase, l’effet persistera pendant un temps égal à la durée de vie des plaquettes qui est de 7 jours en moyenne.

Indications

Le médicament est prescrit dans plusieurs cas :

Douleurs et fièvre
L’aspirine est principalement utilisée pour ses propriétés antipyrétiques, anti-inflammatoires et antalgiques, par mécanisme d’inhibition des processus induisant les dérèglements de l’organisme. C’est notamment le cas de l’hypothalamus dont les prostaglandines sont responsables de la fièvre et des inflammations. Aussi, grâce à son action bloquante, l’aspirine soulage le patient de la fièvre en faisant redescendre la température du corps. Elle agit de la même manière sur les hormones responsables des messages transmis aux récepteurs du cerveau pour inhiber les douleurs et les migraines modérées (Vidal, 2017).

Troubles cardiovasculaires
L’aspirine est dite également « bonne pour le cœur » en vertu de ses propriétés anticoagulantes qui empêchent les plaquettes de s’agréger et de former des caillots de sang dans les vaisseaux et les artères. Elle est particulièrement prescrite chez les personnes qui ont subi des infarctus légers ou des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et réduirait considérablement les risques de récidive. Néanmoins, sa prescription et sa posologie doivent être encadrées par un médecin car son surdosage pourrait avoir de graves conséquences.

CONTROLE DE LA QUALITE D’UN MEDICAMENT 

Médicament et qualité 

L’assurance de la qualité est certes fondée sur des réglementations et normes, mais ce sont des hommes et des femmes qui font respecter cette réglementation ou s’efforcent de faire en sorte que les médicaments satisfassent à des normes qui font toute la différence entre la qualité et l’absence de qualité. Assurer la qualité, l’innocuité et l’efficacité des médicaments est un souci permanent de l’OMS (OMS, 1998). Le patient doit avoir la garantie que la qualité du médicament est irréprochable. Dans cette vision, les médicaments sont confiés à des professionnels et soumis à une réglementation stricte.

Définition d’un médicament

Selon l’Article 511 du Code de la Santé Publique (CSP), On entend par médicament « toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou composition pouvant être utilisée chez l’homme ou chez l’animal ou pouvant leur être administrée, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique » (République Français, 2007).

Définition de la qualité 

Selon l’Agence Française de Normalisation (AFNOR) : « la qualité est l’aptitude d’un produit à satisfaire ses utilisateurs ». Selon la norme ISO 9000 : 2000 la qualité est « l’aptitude d’un ensemble de caractéristiques intrinsèques à satisfaire des besoins ». C’est la somme de tous les facteurs qui contribuent directement ou indirectement à la sécurité, à l’activité et à l’acceptabilité du produit (AFNOR NF X 50-120).

Critères de qualité des médicaments

La désignation « qualité » appliquée à un médicament exige (Fall, 2010) :
• qu’il contienne la quantité de chaque principe actif inscrite sur l’étiquette, dans les limites applicables de ses spécifications;
• qu’il contienne cette quantité dans chaque dose unitaire ;
• qu’il soit exempt de substances étrangères ;
• qu’il maintienne son dosage, sa disponibilité thérapeutique, son apparence jusqu’à utilisation ;
• qu’après administration, il libère le principe actif avec une entière biodisponibilité.

Problématique des médicaments de qualité inferieure

Les médicaments de qualité inférieure sont des produits dont la composition et la qualité des principes actifs ne répondent pas aux normes spécifiées. Par conséquent, ils sont inefficaces et souvent dangereux pour le patient. La qualité inferieure d’un médicament peut être le résultat d’une négligence, d’une erreur humaine, de ressources humaines et/ou financières insuffisantes ou d’une contrefaçon (OMS, 2003). Le problème des médicaments contrefaits s’inscrit dans un cadre plus large des produits pharmaceutiques de qualité inférieure. La différence entre ces deux catégories de produits repose sur le fait qu’un médicament contrefait est étiqueté frauduleusement de manière délibérée pour en dissimuler la nature et/ou la source. La contrefaçon peut aussi bien concerner le médicament princeps que les produits génériques. Les médicaments contrefaits peuvent contenir des substances identiques à celles qui composent le produit authentique ou les principes actifs peuvent être absents ou présents en quantité insuffisante. La contrefaçon peut également porter sur le conditionnement, une imitation de l’emballage par exemple. Dans les pays développés, la contrefaçon concerne le plus souvent des médicaments à coût élevé tels que les hormones, les corticoïdes et les antihistaminiques. Dans les pays en voie de développement, les médicaments qui font le plus souvent l’objet de contrefaçons sont ceux qui sont utilisés contre les affections potentiellement mortelles comme le paludisme, la tuberculose et le VIH/SIDA (OMS, 2003). Par ailleurs, la pauvreté est l’un des principaux facteurs déterminants de la production et de la consommation de produits vendus de façon illicite. Malgré les moyens déployés par les autorités, à savoir l’introduction des médicaments génériques et les campagnes de sensibilisation contre les médicaments de la rue, le marché illicite des médicaments ne cesse de se développer dans les pays en voie de développement (SARR, 2003).

Méthodes de contrôle de l’identité et de la teneur 

Les méthodes chromatographiques 

La chromatographie est une méthode de séparation des constituants présents dans un mélange. Elle sert en analyse à des fins d’identification et de  quantification. Le principe de base repose sur une différence de distribution des composés à séparer entre deux phases non miscibles : une phase stationnaire qui exerce un retardateur et une phase mobile qui entraine les produits à travers la phase stationnaire. En chromatographie, la phase dite stationnaire est emprisonnée dans une colonne ou fixée sur un support plan et l’autre dite mobile se déplace au contact de la première. Si plusieurs composés sont présents, ils se trouvent entrainés à des vitesses différentes, provoquant ainsi leur séparation (Rouessac et al, 2009). On peut distinguer deux types de méthodes chromatographiques en fonction du procédé mis en œuvre (Skoog et al., 2015) :
• la chromatographie planaire : la phase stationnaire est présente à la surface d’un support plan (chromatographie sur couche mince, CCM) ou immobilisée à l’intérieur des pores d’une feuille de cellulose (chromatographie sur papier). Dans ce cas la phase mobile se déplace à travers la phase stationnaire par capillarité ou sous l’effet de la gravité
• la chromatographie sur colonne : la phase stationnaire est maintenue dans un tube étroit et la phase mobile progresse par gravité ou sous l’action d’une différence de pression,

Electrophorèse capillaire (EC)

L’Electrophorèse Capillaire (EC) est une méthode séparative d’analyse datant du début des années 1980 qui s’est développée grâce aux acquis de la CLHP et des procédés plus anciens d’électrophorèse. Cette technique analytique a été appliquée à un large nombre de composés allant des petits ions aux macromolécules tels que les anions et cations inorganiques, les acides aminés, les catécholamines, les principes actifs pharmaceutiques, les vitamines, les sucres, les peptides, les protéines, les acides nucléiques, les nucléotides, les polynucléotides et de nombreuses autres espèces.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. Généralités sur l’aspirine
I.1. Structure chimique de l’aspirine
I.2. Propriétés physicochimiques
I.3. Mécanisme d’action
I.4. Indications
I.4.1. Douleurs et fièvre
I.4.2. Troubles cardiovasculaires
II. CONTROLE DE LA QUALITE D’UN MEDICAMENT
II.1. Médicament et qualité
II.2. Définition d’un médicament
II.3. Définition de la qualité
II.4. Critères de qualité des médicaments
II.5. Problématique des médicaments de qualité inferieure
II.6. Méthodes de contrôle de l’identité et de la teneur
II.6.1. Les méthodes chromatographiques
II.6.2. Electrophorèse capillaire (EC)
II.6.2.1. Principe
II.6.2.2. Appareillage
II.6.2.3. Paramètres importants
III. VALIDATION DE METHODES ANALYTIQUES
III.1. Définition
III.2. Cycle de vie d’une méthode analytique
III.3. Critères de validation
III.4. Validation par profil d’exactitude
I. OBJECTIF
I.1. Objectif général
I.2. Objectifs spécifiques
II. CADRE DE L’ETUDE
III. MATERIEL ET METHODES
III.1. Matériel
III.1.1. Appareillage et verrerie
III.1.2. Petit matériel
III.1.3. Réactifs
• Eau ultra pure
III.1.4. Substances de référence
III.2. Méthodes
III.2.1. Développement de la méthode
III.2.1.1. Choix du solvant
III.2.1.2. Choix du tampon
III.2.1.3. Choix de l’étalon interne
III.2.1.4. Choix des concentrations de travail
III.2.2. Validation de la méthode
III.2.2.1. Préparation des solutions de travail
III.2.2.2. Préparation des solutions d’injection
III.2.2.2.1. Solutions d’étalonnage
III.2.2.2.2. Solutions de validation
III.2.2.3. Évaluation des paramètres de validation
III.2.2.3.1. La sélectivité
III.2.2.3.2. La fonction d’étalonnage
III.2.2.3.3. Linéarité
III.2.2.3.4. La fidélité
III.2.2.3.4.1. Répétabilité
III.2.2.3.5. Profil d’exactitude
III.2.3. Contrôle des comprimés d’aspirine
IV. RESULTATS
IV.1. Développement
IV.2. Validation
IV.2.1. Sélectivité
IV.2.2. Fonction d’étalonnage
IV.2.3. Linéarité
IV.2.4. Justesse et fidélité
IV.2.5. Profil d’exactitude
IV.2.6. Limites de détection et de quantification
IV.2.6.1. Limite de détection
IV.2.6.2. Limite de quantification
IV.3. Contrôle des comprimés d’aspirine
V. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES

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