La femme qui allaite peut avoir recours à la prise de médicaments pour la protection de sa santé. Ces produits peuvent :
– être reçus de manière involontaire par le nouveau-né par le biais du lait maternel ;
– modifier la quantité et la qualité du lait maternel et/ou
– être nocifs pour le nouveau-né.
Il est alors important de surveiller rigoureusement les prescriptions médicales pour minimiser les effets nocifs des médicaments sur le nouveau-né.
GENERALITES SUR L’ALLAITEMENT AU SEIN ET PASSAGE DES MEDICAMENTS DANSLELAITMATERNEL
ALLAITEMENT AU SEIN
Définition
L’allaitement maternel est le moyen de nourrir l’enfant par le sein de sa mère [23]. Le liquide sécrété durant les trois premiers jours après l’accouchement s’appelle le « colostrum ». Il est riche en protéines et pauvre en électrolytes, lipides et glucides. Son pH est alcalin. A partir de trois semaines, s’installe le lait définitif à la suite du lait dit de transition. Son pH varie entre 6,8 et 7,6 en fonction des femmes et du moment de l’allaitement.
Avantages de l’allaitement maternel
Le bénéfice de l’allaitement est bien admis en raison de la bonne digestibilité du lait maternel de son apport équilibré et adapté en permanence aux besoins de l’enfant. Plus que sa valeur nutritive, ce sont les propriétés de protection immunitaire qui justifient l’intérêt de l’allaitement maternel [19].
Aspect nutritionnel
Le lait maternel constitue l’aliment complet pour le nourrisson pour les acides gras, l’azote non protéique et les immunoglobulines qui le différencient des autres laits industriels.
Aspect trophique
Le lait humain contient des substances biologiquement actives appelées facteurs trophiques ou modulateurs de croissance (hormones et peptides trophiques) qui exercent directement ou indirectement des effets mitogènes et métaboliques régularisant la croissance et la différenciation du tractus gastrointestinal du nouveau-né.
Aspect immunologique
Le lait maternel contient des facteurs hormonaux (lactoferrine, lysozyme) et cellulaires (macrophages, polynucléaires, lymphocytes), lui permettant d’apporter une protection passive et active à l’intestin du nouveau-né vis-à-vis des microorganismes et des antigènes étrangers.
Protection contre les infections
a) infections digestives
Il existe une protection globale du lait maternel vis-à-vis des épisodes d’infections digestives. De plus, il y a un effet sur l’intensité des symptômes, l’épisode digestif étant, en règle moins sévère en cas d’allaitement maternel, surtout si ce dernier est poursuivi. Ceci, parce que le lait maternel contient des anticorps synthétisés au niveau de l’intestin maternel à la suite d’un contact, même ancien avec un agent infectieux. La prévention de l’entérocolite nécrosante du prématuré par le lait humain est illustrant ici.
b) infections non digestives
On note une diminution des infections voies aériennes inférieures. Et des études ont montré une diminution du risque d’infection à Haemophilus influenzae B (renforce la réponse immunitaire) après vaccin HIB pendant la première année de vie [19].
Avantage psychoaffectif
L’allaitement maternel permet à la mère de parler à son enfant, il aide à l’établissement des liens les plus forts entre la mère et son enfant. En effet, cette affection est importante pour le développement psychique de l’enfant.
Avantage contraceptif
L’allaitement maternel empêche l’ovulation, ce qui retarde la menstruation et réduit donc les risques de conception.
Avantage économique
L’allaitement maternel est plus économique que les autres types d’allaitement, en ce sens qu’il ne demande aucune dépense financière.
Allaitement et mortalité infantile
Il est couramment admis que l’allaitement maternel prévient un grand nombre de mortalités infantiles (1,5 millions par an d’après l’UNICEF) [4].
Inconvénients de l’allaitement maternel
L’allaitement maternel semble être associé au développement d’un ictère et à la survenue d’une maladie hémorragique tardive chez le nouveau-né non supplémenté en vitamine K [36].
Contre-indications à l’allaitement maternel
Contre-indication d’origine maternelle
Maladies maternelles contre-indiquant l’allaitement au sein en raison du risque de transmission de la maladie à l’enfant
► Contre-indications définitives
Les mères porteuses d’antigènes HBs et/ou séropositives pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ne doivent pas allaiter (risque de contamination avec affection mortelle du nouveau-né ou nourrisson). L’allaitement est aussi contre-indiqué, si la mère a fait au cours de la grossesse une hépatite non A, non B.
► Contre-indications relatives
La tuberculose pulmonaire ne comporte pas un risque de transmission par le lait et donc ne contre-indique pas en soi l’allaitement au sein. Simplement, toutes les formes d’allaitement, plus particulièrement l’allaitement au sein, par le contact intime mère-enfant qu’il induit, exposent le nouveau-né ou nourrisson d’une mère encore bacillaire à une contamination aérienne ou salivaire. Ici, les contre-indications sont affaires de cas particuliers : gravité de la maladie pulmonaire, discipline maternelle vis-à-vis de son traitement et des précautions à prendre pour éviter les contaminations aériennes.
Maladies maternelles chroniques contre-indiquant l’allaitement au sein en raison du risque maternel
Les contre-indications à l’allaitement au sein dans ces maladies maternelles chroniques viennent essentiellement des thérapeutiques qu’elles peuvent nécessiter et qui, éventuellement, inhibent la lactation et/ou modifient la composition du lait (diurétiques par exemple) ou qui, passant dans le lait, exposent le nourrisson à une intoxication médicamenteuse ou même simplement à une action de type thérapeutique de ces médicaments.
Contre-indications liées aux médicaments pris par la mère
Pour qu’un toxique ou un médicament pris par la mère soit dangereux pour le nouveau-né ou le nourrisson au sein, il faut :
– que ce médicament, s’il est donné au nourrisson, l’expose éventuellement à un risque toxique ou immunoallergique ;
– que ce médicament soit capable de franchir la barrière intestinale : les médicaments administrés à la mère par voie parentérale et qui ne franchissent pas la barrière intestinale sont pratiquement sans risque (en dehors d’une éventuelle modification de la flore intestinale et du risque immunoallergique) cas par exemple des aminosides ;
– que ce médicament soit excrété dans le lait à une concentration élevée. De ce point de vue, les médicaments les plus à risque sont ceux qui ont les rapports taux plasmatiques / posologies maternelles les plus élevés, la liaison protéique la plus faible, la liposolubilité la plus grande et qui se comporte comme une base faible.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR L’ALLAITEMENT ET LE PASSAGE DES MEDICAMENTS DANS LE LAIT MATERNEL
I – ALLAITEMENT AU SEIN
1. – Définition
2. – Avantages
2.1. – Aspect nutritionnel
2.2. – Aspect trophique
2.3. – Aspect immunologique
2.4. – Protection contre les infections
2.5. – Avantage psycho-affectif
2.6. – Avantage contraceptif
2.7. – Avantage économique
2.8. – Allaitement et mortalité infantile
3. – Inconvénients de l’allaitement maternel
4. – Contreindications à l’allaitementmaternel
4.1. – Contre‐indications d’origine maternelle
4.2. – Contre-indications liées à une pathologie de l’enfant
II – PASSAGE DES MEDICAMENTS DANS LE LAIT
1. – Pharmacocinétique des médicaments au cours de l’allaitement
1.1. – Absorption
1.2. – Distribution
1.3. – Métabolisation
1.4. – Elimination lactée
2. – Facteurs intervenant dans le passage des médicaments dans le lait et toxicité pour le nouveau-né
2.1. – Facteurs liés à la mère
2.2. – Facteurs liés à la molécule
2.3. – Facteurs liés aux nouveau-nés
3. – Evaluation des risques médicamenteux chez le nouveau-né
3.1. – Effets des différentes classes thérapeutiques chez le nourrisson
3.2. – Règles générales de prescriptions des médicaments chez la femme allaitante
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I – CADRE D’ETUDE
1. – Situation géographique des infrastructures sanitaires choisies (par rapport au Centre Ville)
1.1. – Structures sanitaires publiques
1.2. – Structures sanitaires privées
2. – Les locaux et le personnel des infrastructures choisies
2.1. – L’hôpital Youssou Mbargane DIOP
2.2. – Le Centre Polyclinique Municipal de Keury Kaw
2.3. – La Clinique Maïmouna
2.4. – La Clinique Rada
II – MATERIEL ET METHODES
1. – Matériel
2. – Méthodes
3. – Difficultés rencontrées
III – RESULTATS
1. – Mères
1.1. – Caractères socio‐démographiques
1.2. – Antécédents obstétricaux
1.3. – Pathologies ou symptômes les plus fréquemment rencontrés au cours de notre étude
1.4. – Médicaments prescrits pour traiter les pathologies ou symptômes évoqués
1.5. – Analyses biologiques demandées
1.6. – Prescripteurs
2. – Chez les Nourrissons
2.1. – Caractères socio‐démographiques
IV – DISCUSSION
V – RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE