Généralités sur l’activité entrepreneuriale

Généralités sur l’activité entrepreneuriale

Entrepreneur dans la théorie économique

Richard Cantillon, banquier de profession qui a vécu à une époque où prévalaient encore les idées mercantilistes, il avait écrit son ouvrage sur la nature du commerce en général entre 1728 et 1730.Il est le premier à avoir présenté la fonction de l’entrepreneur et son rôle dans le développement économique. Il souligne notamment, dans son analyse du phénomène entrepreneurial, le rôle de l’incertitude et du risque. L’entrepreneur de Cantillon prend des risques, dans la mesure où il s’engage vis-à-vis d’un tiers de façon ferme, alors qu’il n’a pas de garantie certaine de ce qu’il peut en attendre. Depuis ce premier regard, les économistes n’ont pas cessé de s’intéresser à la figure de l’entrepreneur, conduisant à une multitude de définitions qui lui attribuent une variété de fonctions et de comportements. Ainsi, Adam Smith considère que la fonction principale de l’entrepreneur consiste en l’accumulation du capital. Les économistes classiques qui viendront après lui, adoptent sa définition et confondent presque tous, la figure de l’entrepreneur et celle du capitaliste.
Toutefois Jean-Baptiste Say, industriel et banquier français, considéré comme le principal représentant de l’Ecole classique française, opte pour une approche plus différente, en assignant comme fonction principale à l’entrepreneur la combinaison des facteurs de production et l’organisation de la production.

Concepts de base de l’entrepreneuriat

La définition de l’entrepreneur constitue l’un des aspects les plus importants et les plus difficiles de la théorie économique. Le terme de l’entrepreneur semble avoir été introduit en économie, comme on vient de le citer au début de ce chapitre, par Cantillon, cependant Say fut le premier à avoir accordé de l’importance au chef d’entreprise. Ce terme fut indifféremment traduit en anglais par marchand, aventurier, employeur, bien qu’un seul sens précis lui soit affecté, celui d’une personne qui entreprend un projet. En Angleterre, J.S.Mill popularisa ce terme qui avait toutefois presque disparu à la fin du XIXème siècle de la littérature théorique. Par ailleurs, les théoriciens de l’économie ont adopté une approche fonctionnelle tandis que les historiens économistes privilégiaient l’approche descriptive. La logique est en cela respectée. La théorie économique offre tout un assortiment de concepts et de techniques pour analyser l’affectation de ressources rares. La fonction de l’entrepreneur n’a jamais été considérée comme d’un intérêt économique capital sauf lorsqu’ en dernier ressort elle apparaissait comme une ressource rare, alors que son importance sur le plan social était reconnue. Le problème de la théorie de l’entrepreneur vient de ce que ces deux approches n’ont jamais été intégrées. L’approche fonctionnelle est censée prévoir l’émergence d’un groupe particulier d’individus dotés d’un ensemble complexe et unique de caractéristiques susceptibles de leur permettre de remplir leurs fonctions avec beaucoup d’efficacité. Etant donné que quelque – unes, au moins, de ces caractéristiques sont observables, elles peuvent alors servir de base à une définition descriptive de l’entrepreneur.

Fonction de l’entrepreneur

Toute la structure de la théorie de l’entrepreneur repose sur la définition suivante : « Un entrepreneur est quelqu’un de spécialisé dans la prise intuitive de décisions réfléchies, relatives à la coordination de ressources rares».
Tout le monde est amené à prendre des décisions intuitives et réfléchies à un moment ou à un autre sans pour autant devenir un spécialiste. Ce dernier remplit en effet sa fonction non seulement pour son propre compte mais pour celui des autres. Dans une économie de marché, les services d’un spécialiste peuvent se louer aussi, certains individus peuvent décider de la nature des services qu’ils vont offrir en fonction de l’avantage comparatif qu’ils détiennent.
Une décision réfléchie correspond au fait que des individus distincts partageant les mêmes objectifs et agissant dans un même contexte, peuvent prendre des décisions opposées.
Ceci résulte de ce qu’ils ont une perception différente d’une situation donnée parce qu’ils n’ont pas le même type d’accès à l’information ou qu’ils n’ont pas interprété cette information de la même façon. Cette différence n’est en rien quantitative mais qualitative.
La coordination peut être définie comme une réallocation avantageuse des ressources.
Elle apparait ainsi comme un concept dynamique par opposition à celui d’affectation qui est statique. Cette notion saisit le fait qu’un entrepreneur est un agent de changement : il n’est pas simplement concerné par la perpétuation de l’affectation existante des ressources, mais par son amélioration.
La restriction aux ressources rares limite le champ de l’étude à ce qui est généralement considéré comme économique.

Différentes approches de l’entrepreneuriat

Approches basées sur les processus

Gartner est un des premiers chercheurs à avoir remis en cause le bien fondé d’un courant de recherche, l’approche par les traits, dominant dans les années 1980, dans un article publié en 1988 et intitulé: « Qui est l’entrepreneur ? ». Il souligne dans cet article le besoin d’un changement de cap et de niveau d’analyse dans les recherches effectuées en entrepreneuriat.
Gartner montre les limites de l’approche par les traits et propose aux chercheurs du champ de s’intéresser à ce que font les entrepreneurs et non pas à ce qu’ils sont.
Dès le milieu des années 1980, Gartner mobilise la notion de processus dans le champ de l’entrepreneuriat, lorsqu’il propose un cadre conceptuel pour décrire le phénomène de création d’une nouvelle entreprise. Cette idée d’un processus par lequel se déroulent des activités a été reprise par d’autres chercheurs.

Approches centrées sur les individus

Ces approches visent à produire des connaissances sur les caractéristiques psychologiques des entrepreneurs, leurs traits de personnalité, leurs motivations, leurs comportements, leurs origines et leurs trajectoires sociales. L’une des premières questions relatives aux individus porte encore sur le caractère inné de l’entrepreneur. Les entrepreneurs naissent – ils avec un sixième sens, une sorte d’instinct entrepreneurial ? Certains ne sont pas très loin de le penser, si on se réfère à des articles de journaux, voire à des travaux de recherche actuels. Mais nombreux sont les chercheurs et praticiens qui réfutent cette hypothèse. Les spécialistes des sciences du comportement humain ont multiplié les recherches pour tenter d’analyser et de comprendre les comportements de l’entrepreneur. McClelland propose une théorie du besoin de réalisation appuyée sur une solide base empirique. Pour lui les entrepreneurs sont des individus qui ont un besoin élevé d’accomplissement, une forte confiance en eux, une capacité à résoudre seuls des problèmes, et qui s’orientent vers des situations caractérisées par des risques modérés et un retour rapide du résultat de leurs actions.

Entrepreneuriat et l’innovation

L’innovation constitue le fondement de l’entrepreneuriat, puisque celui-ci suppose des idées nouvelles pour offrir ou produire de nouveaux biens ou services, ou encore pour réorganiser l’entreprise. Donc l’innovation consiste à créer une entreprise différente de ce qu’on connaissait auparavant, et de découvrir ou transformer un produit, ou bien proposer une nouvelle façon de faire (savoir-faire).
L’innovation ne se limite pas uniquement à inventer une puce électronique par exemple ou à utiliser le laser, mais elle peut être organisationnelle c’est-à-dire transformer le système de distribution, toucher les matériels et les employés, etc. Ainsi, Jean-Jacques Salomon, estime que l’invention du libre service dans la distribution a plus révolutionné les structures économiques que le transistor. Il existe donc plusieurs types d’innovation, allant d’un changement mineur à une transformation majeure, pouvant toucher plusieurs secteurs d’activités et déclencher des changements en chaine.

Entrepreneuriat et la création d’entreprise

Esprit d’entreprise

L’esprit d’entreprise peut être défini comme l’aptitude d’un individu, d’un groupe social, d’une communauté à prendre des risques pour engager des capitaux afin d’investir dans un projet, consistant à apporter quelque chose de neuf (innovation), en employant et combinant bien évidemment des ressources diverses. Ici on pense immédiatement à l’entreprise capitaliste c’est à dire un ou plusieurs personnes investissent des capitaux dans une affaire, et acceptent un certain risque, en proposant des produit sur le marché afin d’en tirer un profit, qui rémunéra les capitaux investis. Mais cet esprit d’entreprise peut se retrouver dans des organisations, sachant que la proportion de risque personnel, d’innovation et d’organisation est très variable selon les cas. De même, on peut observer l’esprit d’entreprise dans tous les pays et systèmes économiques quelque soit la région ou la période de l’histoire.

Création d’entreprise

La création d’entreprise est la manifestation la plus claire de l’entrepreneuriat. En effet, cette création suppose d’avoir trouvé une idée qui ne semble pas avoir été exploitée par les autre entreprises et de l’appliquer dans une nouvelle organisation pour répondre à un besoin du marché ou pour susciter ce besoin. Normalement, cette création a lieu à une petite échelle, c’est-à-dire dans le cadre d’une petite entreprise.

 

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Table des matières

Chapitre I : Généralités sur l’activité entrepreneuriale
1. Genèse et fondement de l’entrepreneuriat
1.1 Entrepreneur dans la théorie économique
1.2 Concepts de base de l’entrepreneuriat
1.2.1 Fonction de l’entrepreneur
1.2.2 Capital social de l’entrepreneur
1.2.3 Types d’entrepreneurs
1.2.3.1Conditions de la création
1.2.3.2 Profil du dirigeant
1.2.3.3 Conditions de l’innovation
1.3 Différentes approches de l’entrepreneuriat
1.3.1 Approches basées sur les processus
1.3.2 Approches centrées sur les individus
2 Entrepreneuriat, phénomène économique et social
2.1Entrepreneuriat et organisation de marché
2.1.1 Théorie de marché
2.1.2 Théorie industrielle
2.2Entrepreneuriat et l’innovation
2.2.1 Différents types d’innovation
2.2.1.1 Selon le genre
2.2.1.2 Selon le rythme
2.3Entrepreneuriat et la création d’entreprise
2.3.1 Esprit d’entreprise
2.3.2 Création d’entreprise
2.3.2.1 Différents types de création
2.3.2.2 Petites et moyennes entreprises à l’ère de l’économie de marché
2.3.2.2.1Définition des PME
2.3.2.2.2. Micro entreprise, définition et objectifs
2.3.2.2.3 PME et mondialisation du marché
2.3.2.3 Mutations structurelles, politiques, économiques et sociales
2.4 Etapes du développement entrepreneurial
2.4.1 Le démarrage
2.4.2 La croissance
2.4.3 La maturité
2.4.4 La sortie
Conclusion
Chapitre II : PME en Algérie
1 Dispositifs de soutien public et le financement des PME
1.1 Incitations à la création et au développement des PME
1.2 Programme de soutien pour l’accès aux crédits bancaires et aux financements de l’investissement
1.2.1 Fond de garantie des crédits aux PME (FGAR)
1.2.2 Caisse de garantie des crédits d’investissement pour les PME (CGCI)
1.2.3 Autres mesures destinées à l’investissement
1.3 Programme de mise à niveau et de renforcement de la compétitivité des PME
1.3.1 Mise à niveau des petites et moyennes entreprises
1.3.2 Procédures de fonctionnement et de financement du programme de la mise à
niveau des PME
1.3.2.1Procédures de fonctionnement
1.3.2.2 Moyens de financement du programme de mise à niveau
1.3.2.3 Procédures de traitement des dossiers
1.3.3 Bilan du programme national de mise à niveau des PME
1.4. Programme des structures d’appui à la création des PME
1.4.1 Centres de facilitation et les pépinières d’entreprise
1.4.1.1 Définition des centres de facilitation
1.4.1.2 Définition des pépinières d’entreprise
1.4.2 Assistance technique pour la mise en place de ces structures d’appui
1.4.3 Données relatives aux structures d’appui
2 Réalité des PME en Algérie
2.1 Etat des lieux
2.2 Structure de la population des PME
2.2.1 Composantes de la PME
2.3 Evolution des principaux indicateurs
2.3.1 Evolution de l’emploi par type de PME
2.3.2 Evolution des PME par secteur d’activité
2.4 Mortalité des PME privées
2.4.1 Mortalité des PME personnes morales
2.4.3 Mortalité des PME personnes morales dans l’industrie
2.4.4 Mortalité des PME personnes physiques
Conclusion
Chapitre III : ANSEJ et la création d’entreprises en Algérie
1 Dispositif de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ)
1.1 Mise en place et évolution du dispositif ANSEJ
1.2 Mesures d’amélioration du dispositif ANSEJ
1.3 Démarches de la création d’entreprise
1.3.1 Recherche de l’idée
1.3.2 Elaboration du projet
1.3.3 Montage de l’entreprise et démarrage de l’activité
1.4 Procédure de création de la micro-entreprise dans le cadre du dispositif ANSEJ
1.4.1 Investissement de création
1.4.1.1 Conditions d’éligibilité
1.4.1.2 Montage financier
1.4.1.3 Aides financières et avantages fiscaux
1.4.2 Investissement d’extension
1.4.2.1 Conditions d’éligibilité
1.4.2.2 Montage financier
1.4.2.3 Aides financières et avantages fiscaux pour l’extension
1.5 Principaux intervenants dans la réalisation du projet
1.5.1 Fonds national de soutien à l’emploi des jeunes
1.5.2 Fonds de Caution Mutuelle de Garantie Risque/Crédits
1.5.2 Modalités d’adhésion et de cotisation
2 Bilans relatifs à l’ANSEJ
2.1 Attestations d’éligibilité et de conformité délivrées
2.2 Projets financés par l’ANSEJ
Conclusion
Chapitre IV : Rôle de l’ANSEJ dans la promotion des PME
1 Paysage de l’entrepreneuriat dans la région de Bejaia
1.1 Population des PME locales
1.2 PME et création d’emplois par secteur d’activité
2 Contribution de l’ANSEJ au développement local
2.1 Bilans du dispositif ANSEJ
2.1.1 Evolution du nombre de dossiers déposés et d’attestations d’éligibilité délivrées par l’ANSEJ de 2006 -2012
2.1.2 Attestations délivrées par secteur d’activité
2.1.3 Projets financés par secteur d’activité
2.1.4 Evolution des projets financés par l’ANSEJ
2.1.5 Participation de la femme dans l’activité économique
2.2 Essai d’évaluation du dispositif ANSEJ
Conclusion

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