La tuberculose, infection due ร Mycobacterium tuberculosis, reste un sujet dโactualitรฉ dans le monde. Elle constitue un problรจme de santรฉ publique majeur dans les pays en voie de dรฉveloppement. En 2012, 182 รฉtats et 204 pays, comptabilisant collectivement plus de 99 % des cas de tuberculose dans le monde, ont fourni des donnรฉes ร lโOMS (Organisation Mondiale de la Santรฉ). Les nouvelles donnรฉes recueillies confirment que malgrรฉ la baisse continue du nombre de personnes malades de la tuberculose, le fardeau que reprรฉsente la tuberculose ร lโรฉchelle mondiale reste รฉnorme. En 2011, le nombre de nouveaux cas de tuberculose รฉtait estimรฉ ร 8,7 millions, et ceux des personnes dรฉcรฉdรฉes de cette maladie ร 1,4 millions .
GENERALITES SUR LA TUBERCULOSE NEURO-MENINGEEย
DEFINITION
La tuberculose est une maladie infectieuse transmissible et non immunisante. Elle est provoquรฉe par une mycobactรฉrie du complexe tuberculosis correspondant ร diffรฉrents germes et principalement le Mycobacterium tuberculosis ou bacille de Koch. Elle peut revรชtir diffรฉrentes formes selon la localisation du foyer infectieux. Les formes les plus lรฉtales sont les formes diffuses (miliaires et mรฉningรฉes). La tuberculose neuro-mรฉningรฉe est une infection du parenchyme cรฉrรฉbral, des mรฉninges et du liquide cรฉphalo-rachidien secondaire au Mycobacterium tuberculosis. Malgrรฉ le traitement antituberculeux, le pronostic reste sombre avec prรจs de la moitiรฉ des cas รฉvoluant vers le dรฉcรจs ou des sรฉquelles graves. Le pronostic est encore plus sombre en cas de sรฉropositivitรฉ pour le Virus de l’Immunodรฉficience Humaine (VIH).
PHYSIOPATHOLOGIE
Le liquide cรฉphalo-rachidien, les mรฉninges et le parenchyme cรฉrรฉbral sont normalement stรฉriles. Leur contamination se fait essentiellement par voie hรฉmatogรจne ร partir dโune porte dโentrรฉe oto-rhino-laryngologique, ou au cours dโune septicรฉmie ร partir dโune porte dโentrรฉe situรฉe ร distance. Il peut y avoir une contamination directe ร partir dโune infection oto-rhino-laryngologique : otite, mastoรฏdite, sinusite, ou ร partir dโune brรจche mรฉningรฉe dans le cas dโun traumatisme de la base du crรขne. Concernant les mรฉningites, les microorganismes se multiplient dans le liquide cรฉphalo-rachidien (LCR) et entraรฎnent une inflammation avec afflux de leucocytes, ร prรฉdominance de polynuclรฉaires en cas de multiplication bactรฉrienne banale et lymphocytaire en cas de mรฉningite tuberculeuse.
DIAGNOSTIC
DIAGNOSTIC POSITIF
Signes cliniques
Le mode d’installation de la tuberculose neuro-mรฉningรฉe peut รชtre rapide ou progressif. L’installation rapide a lieu, le plus souvent, chez les jeunes enfants qui peuvent avoir des manifestations cliniques seulement quelques jours avant le dรฉbut d’hydrocรฉphalie et d’ลdรจme cรฉrรฉbrale. Selon la dรฉfinition du ยซBritish Medical Research Centerยป lโรฉvolution clinique de la mรฉningite peut รชtre schรฉmatiquement prรฉsentรฉe en trois stades. Le stade I correspond ร lโabsence de troubles de conscience et de signe focal; le stade II ร une obnubilation ou un dรฉficit focal peu important (nerf crรขnien ou hรฉmiparรฉsie) et le stade III ร un coma, ou un dรฉficit focal massif (hรฉmi ou paraplรฉgie), ou des crises convulsives ou des mouvements involontaires extrapyramidaux (2,8). Lโanamnรจse est une รฉtape trรจs importante au diagnostic. Elle recherche plusieurs รฉlรฉments en particulier la notion de vaccination par le BCG et l’existence d’antรฉcรฉdents tuberculeux ou de contage tuberculeux rรฉcent ou de toux chronique dans lโentourage.
Phase prodromique : stade I
Le plus souvent, l’installation est progressive sur plusieurs semaines. Elle est caractรฉrisรฉe essentiellement par des troubles du comportement, une irritabilitรฉ et une anorexie. Lโenfant รขgรฉ gรฉnรฉralement de 6 mois ร 3 ans, devient soit irritable soit apathique. Il ne manifeste plus dโintรฉrรชt pour lโentourage avec alternance de ces deux รฉtats. La fiรจvre qui sโy associe est souvent modรฉrรฉe, irrรฉguliรจre avec ou sans altรฉration de lโรฉtat gรฉnรฉral. Elle peut รชtre la premiรจre manifestation clinique de la tuberculose prรฉcรฉdant de quelques semaines les premiers signes de mรฉningite. Ce qui explique l’intรฉrรชt d’une ponction lombaire devant une fiรจvre prolongรฉe. Les cรฉphalรฉes sont souvent de type variable. A ce stade, lโexamen clinique est souvent strictement normal ou ne montre que des signes discrets.
Phase dโรฉtat : stade II et III
Elle sโinstalle au bout de deux ร quelques semaines. A ce stade apparaissent les signes gรฉnรฉraux, les signes mรฉningรฉs qui sont francs avec des signes basilaires.
Signes gรฉnรฉrauxย
Fiรจvre
La fiรจvre est prรฉsente ร quelques rares exceptions. Elle est souvent modรฉrรฉe, avec une tempรฉrature oscillant autour de 38ยฐC. Cependant, elle peut quelquefois รชtre supรฉrieure ร 39ยฐC, comme elle peut manquer. Dans les formes graves, les lรฉsions bulbaires peuvent รชtre la cause de grand dรฉrรจglement thermique .
Altรฉration de lโรฉtat gรฉnรฉral
La fatigue et la perte de poids sont frรฉquentes. La dรฉnutrition est un facteur favorisant important dans les pays de forte endรฉmie. La bonne conservation de l’รฉtat gรฉnรฉral est possible et, en aucun cas, ne doit faire exclure l’รฉventualitรฉ d’une tuberculose .
La paralysie des nerfs crรขniensย
Elles รฉvoquent une mรฉningite de la base. Il s’agit principalement d’une paralysie oculomotrice, celle de la troisiรจme paire รฉtant la plus significative que celle de la sixiรจme paire, consรฉquences possibles d’un ลdรจme cรฉrรฉbral. Lโinรฉgalitรฉ pupillaire avec modification des rรฉactions ร la lumiรจre et la survenue brutale d’une ophtalmoplรฉgie douloureuse ont รฉtรฉ signalรฉes. La paralysie du nerf facial est possible .
Les convulsions
Elles peuvent รชtre la premiรจre manifestation de la maladie. Survenant au cours de l’รฉvolution, elles font rechercher une hyponatrรฉmie, une hypoxie, un ลdรจme cรฉrรฉbral. Les รฉpilepsies focales peuvent correspondre ร une lรฉsion ischรฉmique ou ร un tuberculome cortical ou sous-cortical. Devant un trouble de conscience mal expliquรฉ, il est prudent de faire un รฉlectroencรฉphalogramme ร la recherche d’un รฉtat de mal รฉpileptique infra-clinique .
Les dรฉficits neurologiques
Ils se constituent trรจs rapidement et sont parfois rรฉvรฉlateurs de la maladie. Il peut s’agir d’une monoplรฉgie correspondant ร un ramollissement superficiel ou d’une hรฉmiplรฉgie massive consรฉcutive ร une ischรฉmie profonde et รฉtendue, ou dโune aphasie. Le dรฉficit moteur peut รชtre en rapport avec des tuberculomes associรฉs ร la mรฉningite .
Le trouble de la conscienceย
Tous les degrรฉs existent entre la simple obnubilation et le coma profond. Un coma d’emblรฉe est possible. Au cours de l’รฉvolution, l’altรฉration de la conscience peut รชtre la consรฉquence d’un trouble respiratoire ou mรฉtabolique (hyponatrรฉmie), d’une hypertension intracrรขnienne par hydrocรฉphalie ou d’un nouvel accident ischรฉmique et, voire de ce que Dastur a appelรฉ l’encรฉphalopathie tuberculeuse responsable de larges plages de dรฉmyรฉlinisation visualisรฉes par imagerie par rรฉsonance magnรฉtique .
Les signes chez le nourrisson
La tuberculose s’individualise par son mode de contamination et par sa sรฉmiologie. L’hypotonie remplace le plus souvent la raideur mรฉningรฉe. Le diagnostic doit รชtre suspectรฉ sur une somnolence inhabituelle de l’enfant, un plafonnement intermittent du regard et, ร l’examen assis, en dehors des cris, une tension ou un bombement franc de la fontanelle .
Intradermo rรฉaction ร la tuberculineย
Elle a une valeur dโorientation. La lecture de la rรฉaction cutanรฉe se fait entre la 48รจme et la 72รจme heure suivant l’injection. Seul le diamรจtre de l’induration palpable doit รชtre mesurรฉ. L’interprรฉtation de l’IDR est guidรฉe par la dรฉfinition de ยซย seuilsย ยป, qui n’ont malheureusement pas de valeur absolue:
โUn test dont le diamรจtre est infรฉrieur ร 5mm est considรฉrรฉ comme nรฉgatif.
โUne infection tuberculeuse se traduit, en rรจgle, par :
– un diamรจtre supรฉrieur ร 10mm sโil nโy a pas eu de vaccination antรฉrieure par le BCG
– ou un diamรจtre supรฉrieur ร 15mm si le sujet est vaccinรฉ par BCG
– ou une augmentation du diamรจtre de lโinduration de 10 mm ou plus par rapport ร une IDR datant de moins de 2 ans objectivant un ยซ virage ยป tuberculinique.
– ou un diamรจtre entre 5 et 9 mm qui peut รฉgalement correspondre ร une infection tuberculeuse, notamment chez des patients immunodรฉprimรฉs, ou aprรจs un contage rรฉcent.
Un certain nombre de facteurs liรฉs soit ร la technique soit ร l’enfant lui-mรชme peuvent รชtre responsables de faux nรฉgatifs, ou de faux positifs de la rรฉaction .
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LA TUBERCULOSE NEUROMENINGEE
1. DEFINITION
2. PHYSIOPATHOLOGIE
3. DIAGNOSTIC
3.1. DIAGNOSTIC POSITIF
3.1.1. Signes cliniques
3.1.1.1. Phase prodromique : stade I
3.1.1.2. Phase dโรฉtat : stade II et III
3.1.1.2.1. Signes gรฉnรฉraux
3.1.1.2.2. Signes neuro-mรฉningรฉs
3.1.1.3. Intradermo-rรฉaction ร la tuberculine (IDR)
3.1.2. Les signes paracliniques
3.1.2.1. Les signes biologiques
3.1.2.1.1. รtude du LCR
3.1.2.1.2. Ionogramme sanguin
3.1.2.2. Les signes radiologiques
3.1.2.2.1. Tomodensitomรฉtrie cรฉrรฉbrale
3.1.2.2.2. Imagerie par rรฉsonance magnรฉtique
3.1.2.2.3. Angiographie et angio-IRM
3.1.2.3. La recherche d’une autre localisation
3.1.3. Score pรฉdiatrique pour le diagnostic de la tuberculose
3.2. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
3.2.1. Mรฉningites infectieuses
3.2.2. Autres
4. EVOLUTION
4.1. Evolution simple
4.2. Complications et sรฉquelles
4.3. Pronostic
5. TRAITEMENT
5.1. TRAITEMENT CURATIF
5.1.1. Objectifs
5.1.2. Les moyens
5.2. TRAITEMENTS ADJUVANTS
5.2.1. Traitements symptomatiques
5.2.2. Traitements chirurgicaux
5.3. PROPHYLAXIE : la vaccination par le BCG
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
PATIENTS ET METHODES
1. CADRE DE LโETUDE
2. PERIODE DE LโETUDE
3. POPULATION ETUDIEE
4. METHODE DโETUDE
4.1. Type dโรฉtude
4.2. Recueil de donnรฉes et paramรจtres analysรฉs
4.2.1. Aspects รฉpidรฉmiologiques
4.2.2. Aspects cliniques
4.2.3. Aspects paracliniques
4.2.4. Aspects รฉvolutifs
4.3. Analyse des donnรฉes
RESULTATS
1. Aspects รฉpidรฉmiologiques
1.1. Frรฉquence gรฉnรฉrale
1.2. Age
1.3. Sexe
1.4. Le rang dans la fratrie
1.5. Le niveau socio-รฉconomique
1.6. Lโantรฉcรฉdent de prรฉmaturitรฉ
1.7. La prรฉsence de tousseur chronique dans lโentourage
1.8. Contage tuberculeux
1.9. Autres pathologies associรฉes
2. Aspects cliniques
2.1. Les motifs dโentrรฉe
2.2. Le stade de la maladie ร lโentrรฉe
2.3. Lโรฉtat nutritionnel
2.4. La rรฉponse au test ร la tuberculine
2.5. Les signes cliniques durant lโhospitalisation
3. Aspects paracliniques
3.1. Hรฉmogramme
3.2. Recherche dโautres localisations
4. Evolution
4.1. Evolution favorable
4.2. Evolution dรฉfavorable
4.3. Mode de sortie de lโhรดpital
4.4. Rรฉcapitulatif du devenir des patients
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION ET SUGGESTIONS
DISCUSSION
1. ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES
1.1. Frรฉquence gรฉnรฉrale
1.2. Facteurs prรฉdisposants
1.2.1. Age
1.2.2. Sexe
1.2.3. Rang dans la fratrie
1.2.4. Niveau socio-รฉconomique
1.2.5. Notion de prรฉmaturitรฉ
1.1.2.6. Notion de contage tuberculeux et /ou la prรฉsence de tousseur chronique dans lโentourage
1.1.2.7. Prรฉsence de pathologies associรฉes
2. ASPECTS CLINIQUES
2.1. Motifs dโhospitalisation
2.2. Etat de nutrition, notion de rรฉgime hypocalorique, hypoprotidique
2.3. Stade de la maladie ร lโentrรฉe
2.4. Signes cliniques durant lโhospitalisation
2.4.1. Fiรจvre
2.4.2. Syndrome dโimprรฉgnation
2.4.3. Trouble de la conscience
2.4.4. Crise convulsive
2.4.5. Syndrome mรฉningรฉ
2.4.6. Signes de localisation
2.5. Test cutanรฉ ร la tuberculine
3. ASPECTS PARACLINIQUES
3.1. NFS
3.2 Recherche dโautres localisations
4. ASPECTS EVOLUTIFS ET PRONOSTICS
5. LIMITES DE LโETUDE
SUGGESTIONS
CONCLUSION