Généralités sur la transmission du paludisme

Généralités sur la transmission du paludisme

Historique du paludisme

Le paludisme (du latin paludis, marais), appelé aussi malaria (de l’italien mal’aria, mauvais air), est une maladie infectieuse d’origine parasitaire, causée par un hématozoaire du genre Plasmodium et transmise à l’homme par les piqûres infectantes des moustiques femelles du genre Anopheles (Laveran, 1884; MacCallum, 1898; Ross, 1898; Bruce-Chwatt, 1981; Capanna, 2006; Perkins, 2014). Le paludisme est une maladie très ancienne, ses traces ont été déjà signalées depuis 50 000 ans (Joy et al., 2003). Le continent africain fut probablement le berceau du paludisme (Gantier, 1998; Joy et al., 2003; Liu et al., 2010). En ce moment, il continue encore de payer le prix le plus cher en termes d’impact sanitaire et socio-économique (WHO, 2003; WHO, 2015a). L’évolution de la civilisation humaine, les migrations de la population au niveau mondiale, les esclavages ainsi que les conquêtes coloniales ont facilité son extension sur toute la planète : d’abord, de l’Afrique vers la méditerranée jusqu’en Inde et en Asie du Sud-est. Pendant le Moyen âge et jusqu’au 19ème siècle le paludisme s’est répandu dans toute l’Europe (Alvarado & Bruce-Chwatt, 1962). La maladie sévissait aussi en Amérique du sud, puis la maladie atteignait sa répartition actuelle dans les régions intertropicales selon la classification de l’OMS (WHO, 2015a) (Figure 3). Les manifestations cliniques ont été déjà connues depuis l’antiquité. Hippocrate a donné la première description clinique détaillée du paludisme notamment son caractère cyclique et son relation avec les marécages. C’était après la découverte de l’Amérique par les Espagnols qu’ils apprirent des Indiens les propriétés fébrifuges de l’écorce de quinquina (Gantier, 1998). L’agent causal du paludisme, l’hématozoaire, a été clairement mis en évidence en 1880 par Laveran, médecin militaire français en Algérie. Et c’est ensuite en 1897 que Ross a soupçonné le rôle vecteur des anophèles. En 1898, Grassi a confirmé que l’anophèle est le vecteur du paludisme humain (Laveran, 1884; Ross, 1898; Alvarado & Bruce-Chwatt, 1962; Bruce-Chwatt, 1981; Capanna, 2006; Perkins, 2014). Depuis cette époque, la guerre contre les anophèles a été déclenchée ; les marécages ont été asséchés et ce fut une des premières mesures de la lutte anti-vectorielle. Puis cette guerre a été de plus en plus considérable quand le premier insecticide : le DDT a été découvert en 1933 par Muller et Weismann (Darriet, 2007). Dans les années 1950, l’OMS a même lancé un programme mondial d’éradication du paludisme pour éradiquer la pandémie, car on avait pensé qu’on a découvert la meilleure arme pour vaincre le paludisme.

Aujourd’hui, l’endémie a disparu des pays tempérés où les cas décelés sont seulement des cas importés (WHO, 2015a). Pourtant, elle ne cesse malheureusement pas de causer des charges cruelles sur une grande partie de la population humaine qui vivent dans les zones intertropicales dont Madagascar.

Importance sanitaire et économique du paludisme

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (2015)(WHO, 2015a), environ 3,2 milliards de personnes résident dans les régions à risque de paludisme, soit près de la moitié de la population mondiale. Sur la grande Île, le paludisme reste encore un problème majeur de santé publique ; selon le Service des Statistiques Sanitaires (SSS, 2011), il représente la quatrième cause de morbidité au niveau des Centres Sanitaires de Base (CSB) chez les enfants de moins de cinq ans (<5 ans) en 2011 après l’infection respiratoire aigüe ou IRA (1ère cause), les maladies diarrhéiques (2è cause) et les affections cutanées (3è cause). Le paludisme grave et compliqué est la première cause de mortalité hospitalière tout âge confondus au niveau des Centres Hospitalières de District (SSS, 2011) .

Le paludisme affecte aussi la situation économique du pays. La croissance économique annuelle dans les pays de forte transmission palustre reste inférieure à celle des pays sans paludisme. Dans les pays fortement impaludés, les dépenses représenteraient jusqu’à 40% des dépenses de santé publique, 30-50% des admissions hospitalières et jusqu’à 50% des consultations externes (RBM, 2014). Le coût indirect du paludisme implique la perte de productivité ou de revenu associée à la maladie ou au décès (Wéry & Coosemans, 1993; Guiguemdé et al., 1997; RBM, 2014) ; le paludisme et la pauvreté des ménages forment ainsi un cercle vicieux diminuant les opportunités économiques pour plusieurs habitants du monde (Asenso-Okyere et al., 2011). A Madagascar, il est estimé que le pays a supporté à plus de 52 millions USD par an, par ses coûts économiques directes (coûts de traitement, du transport et funérailles…) et indirectes (jours de productivité perdus, d’absentéisme scolaire). La Direction de la Veille Sanitaire et de la Surveillance Epidémiologique a conclu en 2012 que le paludisme (frein au développement économique) et la pauvreté (promoteurs de la transmission) sont étroitement liés (DVSSE, 2012) .

Répartition géographique du paludisme 

Le paludisme existe dans plus de 97 pays et territoires dont la majorité est trouvée dans les régions africaines où la maladie sévit le plus (Figure 3). On considère que les pays d’Afrique tropicale contribuent à plus de 90% à l’incidence totale du paludisme et comptent la grande majorité des décès (WHO, 2015a).

Pour le cas de Madagascar, le paludisme a été connu en 1800 (Blanchy et al., 1993; PNLP, 2011). En raison de la grande diversité des écosystèmes malgaches, la maladie présente plusieurs faciès de transmission (Figure 4). Sur les côtes, le paludisme est stable et endémique avec une transmission pérenne à l’Est et saisonnière à l’Ouest. Dans les zones marges, les versants Est et Ouest, la transmission du paludisme est intermédiaire ou irrégulière. Sur les Hautes Terres Centrales et le Sud subdésertique, le paludisme est instable (ou irrégulière) et saisonnier à cause de conditions géo-climatique irrégulières qui y règne (PNLP, 2011; 2012). Ces profils épidémiologiques de la transmission du paludisme affectent 112 districts des zones endémiques de paludisme à Madagascar : 17 districts dans 5 régions des Hautes Terres Centrales, puis 95 districts dans 17 régions des zones côtières et des zones marges (zones intermédiaires entre les côtes et les Hautes Terre) (Cot et al., 2006; PNLP 2011, 2012; SLAV/PNLP, 2015).

Le vecteur du paludisme : Anopheles spp

Les espèces anophéliennes dans le monde et à Madagascar

Quatre espèces plasmodiales sont transmises à l’homme par la piqûre des moustiques infectés appartenant au genre Anopheles (Mouchet, 1996; Mouchet et al., 2004a) (Annexe 1 :Position systématique de Anopheles). Dans le monde, le genre Anopheles compte environ 484 espèces dans le monde (Harbach, 2004) mais seulement une soixantaine assure, avec plus ou moins d’efficacité, la transmission des plasmodies (Alvarado & Bruce-Chwatt, 1962; Carnevale et al., 2009). Ces espèces d’anophèles peuvent avoir des capacités vectorielles et des comportements très variables (Fontenille, 1992). En Afrique, les vecteurs de Plasmodium humains appartiennent essentiellement à des complexes et à des groupes d’espèces (Fontenille et al., 2005) : le complexe An. gambiae dont An. gambiae, An. coluzzii et An. arabiensis sont les plus redoutables, le groupe An. funestus, le groupe An. nili, et les deux espèces probables du complexe An. moucheti (Holstein, 1952; Chauvet et al., 1968; Gillies & De Meillon, 1968; Gillies & Coetzee, 1987; Fontenille et al., 2005; Sinka et al., 2010; Coetzee et al., 2013). Parmi les vingt-six espèces présentes à Madagascar (Grjebine, 1966; Tantely et al., 2016), seulement quatre ont été incriminées comme vecteurs du paludisme dans la grande île (Ralisoa & Coluzzi, 1987; Ralisoa, 1996; Marrama et al., 1999; Duchemin et al., 2002; Ayala et al., 2006; Tantely et al., 2016) : An. gambiae, An. arabiensis, An. funestus, et An. mascarensis. Cependant, d’après des recherches récentes des individus appartenant à l’espèce An. merus (Pock Tsy et al., 2003) et à l’espèce An. coustani (Népomichène et al., 2015) ont été trouvés positifs avec les plasmodies humaines.

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Table des matières

I- INTRODUCTION GENERALE
II- REVUE DE LA LITTÉRATURE
II-1. GENERALITES SUR LA TRANSMISSION DU PALUDISME
II-1.1. Historique du paludisme
II-1.2. Importance sanitaire et économique du paludisme
II-1.3. Répartition géographique du paludisme
II-1.4. Le vecteur du paludisme : Anopheles spp
II-1.4.1. Les espèces anophéliennes dans le monde et à Madagascar
II-1.4.2. La bio-écologie des anophèles
II-1.4.3. La lutte actuelle contre les vecteurs du paludisme
II-1.5. L’agent pathogène du paludisme : Plasmodium spp
II-1.5.1. Les espèces plasmodiales dans le monde et à Madagascar
II-1.5.2. Le cycle biologique des plasmodies
II-1.5.3. Signes cliniques et traitement du paludisme
II-2. GENERALITES SUR LA TRANSMISSION RESIDUELLE DU PALUDISME
II-2.1. La transmission résiduelle du paludisme : un nouveau concept, un vieux problème
II-2.2. Déterminants entomologiques de la transmission résiduelle du paludisme
II-2.2.1. Résistance des vecteurs du paludisme aux insecticides
II-2.2.2. Changement de comportement des vecteurs du paludisme
III- MATERIELS ET METHODES
III-1. SITE D’ETUDES : VILLAGE DE TSARARANO (DISTRICT DE MAROVOAY, REGION DE BOENY)
III-1.2. Situation géographique et climatique de Tsararano
I-1.3. Situation sociale et description des lieux d’habitations de Tsararano
III-1.4. Principales activités des villageois de Tsararano
III-2. METHODOLOGIE
III-2.1. Période d’étude
III-2.2. Méthodologie d’étude entomologique de la transmission résiduelle du paludisme
III-2.2.1 La méthode de capture sur homme, la méthode de référence
III-2.2.2 Les méthodes de mesure des déterminants de la transmission résiduelle du paludisme
III-2.3. Traitement des moustiques capturés
III-2.3.1 Traitement des moustiques sur le terrain
III-2.3.2 Traitement des moustiques au laboratoire
III-3. PARAMETRES ENTOMOLOGIQUES ETUDIES
III-4. GESTION ET ANALYSE DES DONNEES
IV- RESULTATS ET INTERPRETATIONS
IV-1. RESULTATS GLOBAUX DES CAPTURES SUR HOMME
IV-2. COMPOSITION SPECIFIQUE ET PROPORTION DU COMPLEXE GAMBIAE
IV-3. RESULTATS DE LA MESURE DES DETERMINANTS DE LA TRANSMISSION RESIDUELLE
IV-3.1. Variation mensuelle de la densité agressive
IV-3.2. Densité agressive des vecteurs dans les maisons
IV-3.3. Cycle d’agressivité des vecteurs dans les maisons
IV-3.4. Densité agressive des vecteurs en fonction des lieux de collecte
IV-3.5. Cycle d’agressivité des vecteurs en fonction de lieux de collecte
IV-4. TAUX D’INFECTION ET TAUX D’INOCULATION ENTOMOLOGIQUE DES PRINCIPAUX VECTEURS DU PALUDISME
V- DISCUSSION
VI- CONCLUSION, PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE

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