La toxoplasmose, affection parasitaire extrรชmement frรฉquente transmise par les animaux familiers, essentiellement le chat, est dangereuse pour le fลtus [4]. Cโest une protozoose cosmopolite frรฉquente, souvent latente chez lโenfant et lโadulte, mais redoutable chez le fลtus, le nouveau-nรฉ et le sujet immunodรฉprimรฉ [25 ,44]. Cโest une maladie systรฉmique causรฉe par le protozoaire Toxoplasma gondii. Ce parasite est capable dโinfecter des espรจces mammifรจres diverses. On le trouve frรฉquemment dans les zones tropicales. Des รฉtudes sรฉrologiques indiquent que lโincidence dโinfection peut varier entre 1 % et 90 % entre les enfants et les adultes respectivement. Les moyens de transmission vers lโhomme peuvent รชtre soit par voie orale (nourriture contaminรฉe), soit congรฉnitale. Moins frรฉquemment, on trouve aussi des cas de transmission dโune personne ร une autre, par contact avec des produits sanguins contaminรฉs ou par greffe. Les manifestations cliniques dโune infection de toxoplasme sont gรฉnรฉralement une lymphadรจnopathie et une fiรจvre auto-limitante. Par contre lโinfection chez le malade immino-dรฉficient ou chez la fลtus peuvent avoir des consรฉquences sรฉvรจres (encรฉphalie, pneumonie myocardie). Pour les infections congรฉnitales, lโinfection peut se propager vers le systรจme nerveux central du fลtus et parfois conduire ร lโavortement [11, 21, 39]. Cโest ainsi une maladie parasitaire trรจs frรฉquente en France oรน neuf adultes sur dix ont des rรฉactions immunologiques positives ce qui signifie quโils ont hรฉbergรฉ le parasite ร un moment donnรฉ. Elle est due ร un protozoaire qui fut dรฉcouvert en 1908 ร Tunis par Charles Nicolle, le grand microbiologiste franรงais dans le foie et la rate dโun petit rongeur du dรฉsert. Mais on connaรฎt seulement depuis 1969 le cycle complet du parasite et le rรดle primordial jouรฉ par le chat dans sa transmission [25,44].
En Afrique, notamment au Sรฉnรฉgal, on dispose de peu de donnรฉes sur la toxoplasmose qui est gรฉnรฉralement considรฉrรฉ comme peu frรฉquente. Cโest pour amรฉliorer le diagnostic de cette affection que depuis lโannรฉe 2002, le service de parasitologie de lโHALD a dรฉmarrรฉ les examens sรฉrologiques de la toxoplasmose.
GENERALITES SUR LA TOXOPLASMOSE
EPIDEMIOLOGIE
Le parasite
Le toxoplasme, Toxoplasma gondii, est une coccidie dont lโhรดte dรฉfinitif est le chat. Prรฉsent chez lโhomme et les animaux homรฉothermes (mammifรจres, oiseaux), il existe sous trois formes : le tachyzoรฏte (ou trophozoรฏte libre), le kyste tissulaire contenant la forme bradyzoรฏte qui rรฉsulte du cycle asexuรฉ du parasite et lโoocyste issu du cycle sexuรฉ chez le chat.
Les trophozoรฏtes, dโaspect semi-lunaire, asymรฉtriques, de 5 ร 8 ยตm de long sur 2 ร 5ยตm de large, possรจdent un complexe apical et un noyau granuleux. Parasites intracellulaires obligatoires du systรจme histiomonocytaire (endothรฉlium, histiocytes, monocytes, lymphocytes), ils se multiplient dans la cellule-hรดte ; les รฉlรฉments fils remplissent le cytoplasme, repoussent le noyau, font รฉclater la cellule et vont parasiter de nouvelles cellules hรดtes [58] (figure nยฐ3) . Les kystes sont lโaboutissement dโun grand nombre de multiplications lorsque les รฉlรฉments fils restent accolรฉs et sโentourent d’une membrane propre. Le diamรจtre en est variable (15 ร 100 ยตm). Ils contiennent de volumineux granules de glycogรจne. Ils siรจgent prรฉfรฉrentiellement dans les tissus nerveux, musculaires et peuvent vivre trรจs longtemps sans provoquer ร leur entour ni rรฉaction inflammatoire, ni perturbation fonctionnelle [18, 44] [figure 4 ].
Le parasite est trรจs rรฉpandu dans certaines espรจces animales, en particulier le mouton. Le chat et quelques fรฉlidรฉs sauvages sont les seuls animaux connus qui permettent dans leur organisme le dรฉveloppement de formes asexuรฉes : gamรฉtocytes puis gamรจtes, dans les cellules รฉpithรฉliales du sommet des villositรฉs ilรฉales. Un ลuf (oocyste) apparaรฎt dans la lumiรจre du tube digestif du chat et est rejetรฉ dans le milieu extรฉrieur oรน il se sporule en deux sporocystes en 1 ร 2 jours, chacun contenant 4 sporozoรฏtes. Il devient alors contaminant par voie digestive et le reste, dans le sol, pendant au moins un mois.
La contamination
La contamination humaine reconnaรฎt trois possibilitรฉs : ingestion dโoocystes mรปrs, avec des aliments souillรฉs par des selles de chat ร la faveur de fautes dโhygiรจne ; ingestion de kystes toxoplasmiques vivants par consommation de viande insuffisamment cuite : cโest le mode de contamination principal et les habitudes alimentaires diffรฉrentes expliquent probablement la diversitรฉ des prรฉvalences de la parasitose selon les rรฉgions ; passage de trophozoรฏtes de la mรจre au foetus, si la mรจre sโest infectรฉe au cours de la grossesse, cโest la toxoplasmose congรฉnitale, plus grave que la toxoplasmose acquise.
La rรฉpartition gรฉographiqueย
La toxoplasmose est frรฉquente en France oรน, ร 30 ans, le pourcentage de sujets porteurs dโanticorps spรฉcifiques peut atteindre 80 %. De nombreuses enquรชtes sรฉrologiques ont montrรฉ le caractรจre hรฉtรฉrogรจne de la diffusion de lโinfection, selon les populations รฉtudiรฉes. La prรฉvalence des sรฉrologies positives est dโenviron 30 % en Amรฉrique du Nord, avec un minimum de 18 % sur la Cรดte Pacifique, 50 % ร Cuba et sur la Cรดte Atlantique du Brรฉsil, 65 % en Afrique du Nord, 18 % en Afrique Occidentale, 25 % ร Singapour, alors quโelle est de 30 % en Grande-Bretagne, 40 % en Espagne, 70 % ร Paris. En Afrique noire, des enquรชtes plus prรฉcises on montrรฉ de grandes variations : la prรฉvalence est plus faible en zone de savane (18 % au Sรฉnรฉgal et en Mauritanie, 22 % au Sud-Soudan et en Ouganda), quโen zone de forรชt (80 % ร Abidjan, 85 % au Sud du Nigeria, 68,8 % ร Kinshasa). En Afrique orientale et ร Madagascar, on trouve des proportions intermรฉdiaires (55 % au Kenya, 54 % ร Madagascar).
SYMPTOMATOLOGIE
Lโexpression, la gravitรฉ et la signification de la toxoplasmose varient selon quโil sโagit de maladie congรฉnitale ou acquise aprรจs la naissance.
La Toxoplasmose acquiseย
La multiplication des trophozoรฏtes au niveau des cellules du systรจme histiomonocytaire, assure une diffusion ร lโensemble de lโorganisme et rรฉalise la pรฉriode primaire ou phase aigue. Lโapparition de dรฉfenses immunitaires efficaces limite la progression parasitaire et la cantonne aux tissus nerveux, musculaires et ร la rรฉtine : cโest la pรฉriode secondaire ou phase subaigue. Ensuite sโรฉtablit un รฉquilibre entre le titre des anticorps circulants et les parasites ร lโรฉtat de kystes quiescents : cโest la pรฉriode tertiaire, toujours muette (figure 4). Les deux premiรจres pรฉriodes, elles aussi, sont souvent latentes et la maladie nโest dรฉcouverte quโร la faveur dโun dรฉpistage systรฉmatique (femmes enceintes, entourage dโun sujet atteint). Leur expression clinique lorsquโelle existe, est polymorphe, presque toujours bรฉnigne, exceptionnellement grave.
Forme bรฉnigne
Lโatteinte ganglionnaire est la plus frรฉquente. Les adรฉnopathies sont de petite taille, fermes, mobiles, non douloureuses, sans caractรจre inflammatoire ; elles ne suppurent jamais. Elles siรจgent prรฉfรฉrentiellement au niveau des chaรฎnes cervicales (occipitale, trapรฉzienne), pouvant intรฉresser divers territoires en plusieurs temps. Les adรฉnopathies mรฉdiastinales sont exceptionnelles. Elles persistent inchangรฉes ou augmentent discrรจtement de volume en plusieurs mois, parfois un an. Elles sโaccompagnent dans un quart des cas de signes cliniques mineurs : fรฉbricule, exanthรจme fugace, myalgies, asthรฉnie surtout.
Dans un tiers des cas, il existe un syndrome mononuclรฉosique sanguin sans hyperleucocytose, avec lymphocytose et cellules mononuclรฉes ร cytoplasme hyperbasophile en petit nombre (2 ร 8 %). La confusion est possible avec une mononuclรฉose infectieuse mais les perturbations hรฉmatologiques y sont plus importantes. La toxoplasmose est une des principales รฉtiologies des syndromes mononuclรฉosiques ร rรฉaction de Paul et Bunnell nรฉgative. Chez lโadulte jeune, la notion dโadรฉnopathies cervicales chroniques avec asthรฉnie fait craindre une lymphogranulomatose maligne. La ponction ganglionnaire rรฉvรฉlant des histiocytes jeunes ou atypiques est rarement dรฉmonstrative. Lโanalyse biopsique de lโarchitecture ganglionnaire est indispensable. La sรฉrologie spรฉcifique est dโinterprรฉtation difficile puisque la maladie de Hodgkin peut favoriser lโรฉclosion dโune toxoplasmose intercurrente. Les autres manifestations bรฉnignes sont plus rares. Elles correspondent ร la phase subaigue de la maladie et manifestent une polaritรฉ viscรฉrale. Lโatteinte peut รชtre hรฉpatique, sanguine (purpura thrombopรฉnique, anรฉmie hรฉmolytique), myocardique et surtout neurologique rรฉalisant un tableau dโencรฉphalite, de syndrome cรฉrรฉbelleux ou vestibulaire.
|
Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LA TOXOPLASMOSE
I- EPIDEMIOLOGIE
I-1. Le parasite
I-2. Contamination
I-3. Rรฉpartition gรฉographique
II- SYMPTOMATOLOGIE
II-1. Toxoplasmose acquise
II-2. Toxoplasmose congรฉnitale
III- DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
III-1. Prรฉlรจvements
III-2. Techniques
III-3. Rรฉsultats et interprรฉtation
IV- TRAITEMENT
V- PROPHYLAXIE
DEUXIEME : PARTIE TRAVAIL PERSONNEL
I- MATERIELS ET METHODES
I-1. Population dโรฉtude
I-2. Matรฉriels
I-3. Mรฉthodes
II- RESULTATS ET COMMENTAIRES
II-1. Donnรฉes sรฉrologiques selon les taux dโanticorps
II-2. Interprรฉtation des rรฉsultats obtenus
III- DISCUSSIONS
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE