Généralités sur la téléphonie mobile en santé

L’adhésion au suivi médical 

Comme nous l’avons évoqué dans l’introduction, l’adhésion au suivi médical (ou « venue en consultation ») est un pilier de la réussite des soins. Elle est indispensable à la prescription et à la compréhension du traitement et donc à l’observance. Elle est de ce fait indirectement liée à l’amélioration de l’état de santé.

Plusieurs études ont même montré que la non-venue en consultation a un impact sur la mortalité des patients (21-24). L’une d’elle, menée aux Etats unis de 1997 à 2007 s’intéressait aux patients VIH diagnostiqués depuis moins d’1 an. Elle a montré que si le nombre de consultations manquées pendant la première année suivant le diagnostic était supérieur ou égal à 3, la mortalité précoce (1 à dix ans) par patient était augmentée. En effet, le risque était multiplié par 1,86 pour 3 à 5 consultations manquées (p = 0,002, IC95 = 1,25-2,76), par 3.56 pour plus de 5 consultations manquées, (p < 0,001, IC95 = 2.29-5.53), par 2,42 pour 25% de consultations manquées (p < 0,001, IC 95 = 1.65-3.54) (24).

L’impact de la venue en consultation sur l’état de santé des patients semble majeur. L’étude des facteurs influençant cette venue en consultation est primordiale. Une étude réalisée en Asie en 2004, a cherché à déterminer les raisons de la non-venue en consultation des patients suivis pour une maladie chronique. Elle a montré que la première raison à cet absentéisme était l’oubli (33%), puis des erreurs dans la programmation du rdv (19%), le fait de « ne pas se sentir bien » le jour du rdv (12%), et enfin l’existence d’obligations familiales ou professionnelles (8%) (25). Une étude kenyane de 2012 a montré que le coût du transport (p < 0,001) et le niveau socio culturel (p = 0,06, non significatif) des patients étaient associés à un risque de non venue en consultation (10).

Généralités sur la téléphonie mobile en santé 

Selon les statistiques mondiales, le nombre d’utilisateurs de téléphones portables sur terre a atteint 50% de la population mondiale en 2007 (26). La téléphonie mobile a changé le mode de communication entre les individus et s’est introduite dans le monde de la santé par divers biais.

De nombreuses études se sont intéressées à l’utilisation du téléphone en santé via les appels téléphoniques, ou les SMS. Cette utilisation pouvant servir au rappel de rdv, au rappel de la prise de traitement, à faciliter la communication avec les soignants. Mais l’utilisation du SMS en santé peut présenter quelques limites comme le montre l’étude de Norton publiée en 2014 (14). Tous les patients ne possèdent pas de téléphones portables. De plus, ce mode de communication ne peut être utilisé chez des personnes malvoyantes, illettrées ou souffrant de troubles cognitifs (7).

Par ailleurs, la possession d’informations correctes, à jour et stockées en toute sécurité est essentielle pour le respect de la confidentialité des patients. Malgré tout, des erreurs ou des retards dans la délivrance des SMS sont possibles. Pour finir, il peut arriver que les patients interprètent mal l’information délivrée.

La téléphonie mobile en santé : aspects éthiques

Le terme de m-santé est apparu, en 2005, pour désigner « l’utilisation des communications mobiles émergentes en santé publique ». Phénomène mondial, la santé mobile n’a ensuite pas tardé à être définie par l’OMS (2009) comme recouvrant « les pratiques médicales et de santé publique reposant sur des dispositifs mobiles tels que téléphones portables, systèmes de surveillance des patients, assistants numériques personnels et autres appareils sans fil » (27) Internet et la téléphonie mobile peuvent constituer une ressource de coopération efficace entre le patient et son médecin. Ils peuvent devenir un facteur d’autonomisation du patient et contribuer à accroitre sa vigilance sur son état de santé, sa connaissance des comportements et situations à risque (27). Le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) a publié un livre blanc sur les enjeux de la santé connectée. Le CNOM engage les médecins à accompagner le déploiement du « monde numérique » appliqué à la santé. Il rappelle qu’ « à toutes les époques de l’histoire, les médecins se sont adaptés aux avancées des sciences et des technologies pour améliorer la pratique de leur art » (27). Il se prononce pour « une régulation qui impose d’informer l’usager afin qu’il conserve sa liberté » en précisant que « la plupart des acteurs du secteur sont aujourd’hui demandeurs d’une régulation (…) et convaincus que la santé connectée aura peu d’avenir sans un environnement de confiance ». L’hébergement de données de santé à caractère personnel est encadré en France depuis la loi du 4 mars 2002 (3). Ceci a pour but de garantir la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des données des patients. Un décret du 4 janvier 2006, fixe, après avis de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), les conditions d’hébergement des données de santé « recueillies ou produites à l’occasion des activités de prévention, de diagnostic ou de soins » .

Cas particulier de l’utilisation des SMS en santé 

Afin de mieux comprendre les caractéristiques de notre population et l’effet attendu de notre intervention, nous avons comparé plusieurs études.

En dehors du VIH

SMS & santé
L’utilisation des SMS dans l’univers médical a montré un effet positif dans de nombreux domaines :
– Dans la prévention (vaccination des voyageurs (29)) et les addictions, en particulier le tabac (30).
– Dans les maladies chroniques : troubles du comportement alimentaire, diabète (31)(32). Dans le domaine de l’HTA, une étude espagnole randomisée, contrôlée, multicentrique chez des patients hypertendus sous monothérapie anti-hypertensive n’a en revanche pas montré d’amélioration de l’observance et des chiffres tensionnels en utilisant des SMS pour rappeler aux patients de prendre leur traitement (33).

Impact des SMS sur la venue en consultation
Comme nous l’avons expliqué précédemment, la venue en consultation est une étape primordiale dans la démarche de soins. Plusieurs études ont fait la preuve de l’efficacité des SMS sur la venue en consultation des patients (10)(11)(15)(16) (Cf. Tableau 6). Certains auteurs ont voulu aller plus loin en comparant l’efficacité d’un SMS par rapport à un appel vocal (8)(13)(17)(18). Ils ont montré que le SMS améliore de façon significative la venue en consultation des patients et est non inférieur à l’appel vocal. Cette méthode plus rapide et moins coûteuse semble donc avantageuse, d’autant que les patients disent la préférer (13). Cependant, d’autres ont mis en évidence une absence d’impact des SMS sur le taux de venue en consultation (12)(14)(19). C’est le cas par exemple, de l’étude de NORTON en 2014 (14). D’après elle, l’absence de différence significative observée sur le taux de venue en consultation entre les groupes SMS+ et SMS- s’explique par les caractéristiques sociodémographiques de la population étudiée (absence de téléphone portable, difficultés d’utilisation du service SMS, problème de coût) et la méfiance quant au respect de la vie privée.

Dans le VIH 

De nombreuses études se sont intéressées à l’utilisation du SMS dans le VIH . L’objectif était variable :

Amélioration de la prévention  
La prévention est au centre de la médecine moderne. Elle place le patient comme acteur de sa santé. Il doit connaître les risques auxquels il s’expose. Pour ce faire, il doit trouver l’information et donc pouvoir communiquer avec le personnel formé. L’utilisation du SMS dans ce but a fait ses preuves dans plusieurs essais.

Coordination des soins des PVVIH 
La prise en charge des PVVIH, est pluridisciplinaire et fait intervenir différents professionnels de santé (médecin, infirmière, assistante sociale, infirmière d’éducation thérapeutique, psychologue…). La communication entre l’ensemble des intervenants est primordiale pour assurer une meilleure coordination et une prise en charge optimale du patient. L’utilisation du SMS pour améliorer la coordination des soins semble enthousiasmer les soignants.

Amélioration de l’observance aux ARV  
La régularité de la prise des ARV dans l’infection par le VIH est fondamentale pour maintenir ou restaurer l’immunité, prévenir l’apparition de maladies opportunistes et l’émergence de résistances. Les SMS ont fait leurs preuves pour améliorer l’observance dans plusieurs essais.

Amélioration du taux de venue en consultation 
Les résultats des études à ce sujet divergent, semblant dépendre du contexte socio-culturel des patients.

Discussion de l’étude

Synthèse des données de l’étude

L’envoi d’un SMS de rappel 2 jours avant la consultation des PVVIH suivies au CHU PPA n’améliore que peu le taux de venue aux rendez-vous (76% vs 72%, p = 0,571). Aucun des facteurs étudiés (âge, sexe, origine géographique, statut immunitaire, traitement antirétroviral, emploi) n’est lié de manière significative à la non-venue. La grande majorité des patients du groupe SMS+ a apprécié le fait de recevoir un SMS de rappel et aurait souhaité répéter cette intervention. En revanche, 4% ont déclaré avoir été gênés par l’utilisation des SMS dans la prise en charge de leur infection par le VIH. Sept pour cent hésitent à renouveler cette opération pour des raisons de confidentialité. La plupart des patients du groupe SMS-, venus à la consultation et ayant répondu au questionnaire, auraient aimé recevoir un SMS de rappel. La grande majorité estime que l’envoi du SMS 2 jours avant la consultation est le bon moment.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. Remerciements
II. Abréviations
III. Résumé
1. En anglais
2. En français
IV. Introduction
V. Objectif
VI. Patients et méthodes
1. Schéma de l’étude
2. Description de l’intervention
3. Critère de jugement principal
4. Critères de jugement secondaires
5. Considérations statistiques
VII. Résultats
1. Caractéristiques de la population
2. Critère de jugement principal
3. Critères de jugement secondaires
VIII. Discussion générale
1. L’adhésion au suivi médical
2. Généralités sur la téléphonie mobile en santé
3. La téléphonie mobile en santé : aspects éthiques
4. Cas particulier de l’utilisation des SMS en santé
a. En dehors du VIH
b. Dans le VIH
IX. Discussion de l’étude
1. Synthèse des données de l’étude
2. Points forts de l’étude
3. Points faibles de l’étude
4. Interprétation des données
5. Perspectives
CONCLUSION
X. Annexes
1. Annexe 1 : SMS de rappel
2. Annexe 2 : Questionnaire SMS+
3. Annexe 3 : Questionnaire SMS-
4. Annexe 4 : Poster présenté au XVIe congrès national de la SFLS
XI. Bibliographie
XII. Serment d’Hippocrate

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