La mortalité des enfants de 1 à 5 ans est dix fois plus élevée dans les pays tropicaux qu’en zone tempérée. Ces enfants sont exposés à de nombreuses maladies infectieuses et nutritionnelles. Ils doivent faire l’objet d’une surveillance régulière pour contrôler leur croissance, déceler un handicap et les protéger à temps contre les maladies microbiennes les plus sévères et les carences alimentaires (1). A Madagascar, les activités de surveillance nutritionnelle et de la croissance font partie des activités inclues dans le paquet minimum de soins de santé primaires au niveau des centres de santé de base. La fiche de croissance est utilisée depuis plus de 4 décennies. Au niveau des centres de santé, on estime que la surveillance nutritionnelle couvre 45% des enfants en milieu urbain et 25% en milieu rural (2). En principe, les enfants sont pesés une fois par mois pendant la première année, chaque bimestre entre 12-23 mois et une fois par trimestre à partir de 24 mois. Les courbes de croissance sont en général exploitées en vue de fournir une information pertinente à la mère permettant de prévenir ou de traiter des états de malnutrition.
GENERALITES SUR LA SURVEILLANCE NUTRITIONNELLE ET DE LA CROISSANCE
LA SURVEILLANCE DE LA CROISSANCE
La surveillance de la croissance des enfants concerne le développement physique, le développement psychomoteur et le développement affectif et social.
Le développement physique
On mesure le développement physique sur plusieurs indicateurs tels que le périmètre crânien, le périmètre thoracique, le périmètre du bras, le pli cutané tricipital, le développement des dents, mais le poids et la taille sont plus fréquemment concernés au niveau des formations sanitaires de base.
La pesée
C’est la méthode la plus courante et la plus sûre. Plusieurs modèles de balance conviennent à condition qu’ils soient robustes et peu coûteux :
• balance à fléau type UNICEF ,
• balance romaine à suspension, peu encombrante, mieux adaptée aux équipes mobiles.
La détermination du poids n’a de valeur que si l’âge de l’enfant est connu avec précision. Il peut alors être reporté sur une courbe individuelle qui permet d’en juger l’évolution dans le temps, de le comparer à la norme.
La courbe de poids
Si on sait tenir compte des irrégularités de perte et de gain de poids, on peut, à l’âge où la malnutrition est menaçante, reconnaître un ralentissement significatif du gain pondéral en moins d’un mois. On peut discerner les effets des maladies infectieuses sur la nutrition d’après la perte totale de poids qu’elles entrainent. Il n’existe aucune autre mesure anthropométrique aussi sensible aux effets de l’infection.
• Variations normales de gain pondéral : le concept des centiles
Dans toute communauté, la variation pondérale des enfants à tous âges est considérable. En Europe, la génétique joue un rôle important. Dans les pays en voie de développement, c’est l’état nutritionnel de l’enfant avant et après la naissance qui est d’importance primordiale. Ces variations devant être exprimées sous une forme numérique, on accorde une préférence au système des « centiles ». Le concept de centiles n’est pas toujours facile à saisir. Pour une meilleure compréhension, on établit un diagramme qui représente la taille de 100 écolières, toutes âgées de 7 ans. On a choisi la taille parce que les centiles de la taille sont plus faciles à comprendre au départ que ceux du poids.
On a aligné les écolières de telle sorte que la plus grande se trouve à l’extrême droite et la plus petite à l’extrême gauche. Le cinquantième centile dans ce groupe est l’enfant placée au milieu ; le dixième centile, la dixième enfant en partant de la gauche ; le quatre vint-dix-septième centile, la troisième enfant en partant de la droite.
Développement psychomoteur
Dans les premiers mois, l’hypotonie axiale s’accompagne d’une hypertonie des membres et de réactions (réflexes) archaïques. Progressivement, le tonus axial augmente et permet la tenue de la tête (3 mois), la station assise (6 mois), la station debout (9 mois) et autorise la marche.
Le développement affectif et social
Le développement affectif est davantage lié à l’environnement éthno-culturel de l’enfant et il est difficile de transposer sous les tropiques les théories de la maturation affective élaborées en Europe tempérée.
L’ENFANT A RISQUE
Dans beaucoup de pays en développement, en matière de soins de santé, l’enfant le plus nécessiteux risque souvent d’être le dernier à en recevoir. Sur la base d’un essai fait pour répertorier les facteurs compromettant la santé des enfants dans un village Ouest-Africain, voici quelques facteurs de risque de malnutrition et de mauvaise santé.
Poids maternel
Le gain pondéral moyen durant la grossesse est seulement de 4 kg par rapport à 11,4 kg chez les mères d’Imesi. Tout comme la petite stature d’une mère qui sert à dépister une grossesse à risque, le faible poids maternel peut être un indice pour reconnaître les bébés qui exigeront des soins particuliers sur le plan nutritionnel.
Ordre de naissance au-delà du septième enfant
Dans le village étudié, une mère qui a eu 7 enfants risque d’avoir allaité plus de vingt ans, et sa faculté de secréter du lait peut décroître. Les cas de malnutrition augmentent au-delà du septième enfant.
Dissolution du mariage ou décès d’un parent
Dans le village où cette étude a été réalisée, l’unité familiale habituelle est « la famille étendue », édifiée sur un système patrilinéaire, où l’on pratique couramment les mariages consanguins à l’intérieur du village. La fille se marie à 17 ans et quitte le quartier de ses parents pour rejoindre celui de son époux. Si le mariage se termine par un divorce ou une séparation, l’épouse regagne le cercle familial de ses parents avec ses enfants âgés de moins de 7 ans. Ces enfants sont souvent atteints de malnutrition.
Plus de quatre frères et sœurs décédés
Comme l’on peut s’y attendre, c’est dans les familles qui ont déjà perdu plusieurs enfants que l’on risque le plus de rencontrer des enfants mal nourris.
Gémellité
Dans toutes les collectivités où les enfants dépendent en grande partie de l’allaitement maternel, la gémellité représente un important danger en ce sens que les jumeaux doivent partager le lait maternel ; de surcroit, elle se produit plus fréquemment chez les mères plus âgées, de parité élevée et susceptibles de secréter moins de lait.
Faible gain pondéral au cours des six premiers mois de la vie
Les bébés qui prennent peu de poids durant les premiers mois de la vie sont ceux qui reçoivent peu de lait maternel. Il importe de dépister tout faible gain de poids chez les enfants de ce groupe d’âge car, si l’on arrive à leur administrer de bonne heure des suppléments alimentaires, on peut leur éviter de nombreux ennuis de santé. D’après l’expérience de l’auteur, le nouveau-né qui a pris moins de 500g par mois au cours de l’un des trois premiers mois de la vie, ou moins de 250g par mois au cours de l’un des trois mois du second trimestre, est plus exposé à la malnutrition que l’enfant qui a eu une croissance régulière, surtout si cette insuffisance de gain de poids se répète pendant deux mois consécutifs.
Cas de rougeole, coqueluche ou de diarrhée
La rougeole, la coqueluche et la diarrhée aiguë ou chronique sont les trois infections les plus courantes que l’on peut rencontrer chez les enfants. En fait, un grand nombre d’infections, y compris les infections respiratoires aiguës ont tendance à se concentrer dans les premiers mois et les premières années de la vie.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LA SURVEILLANCE NUTRITIONNELLE ET DE LA CROISSANCE
1. LA SURVEILLANCE DE LA CROISSANCE
1.1. Le développement physique
1.1.1. La pesée
1.1.2. Mesure de la taille
1.2.3. Autres mesures
1.2. Développement psychomoteur
1.3. Le développement affectif et social
2. L’ENFANT A RISQUE
2.1. Poids maternel
2.2. Ordre de naissance au-delà du septième enfant
2.3. Dissolution du mariage ou décès d’un parent
2.4. Plus de quatre frères et sœurs décédés
2.5. Gémellité
2.6. Faible gain pondéral au cours des six premiers mois de la vie
2.7. Cas de rougeole, coqueluche ou de diarrhée
2.8. Groupes à « haut risque » en Europe
3. L’ADMINISTRATION D’UN SERVICE POUR ENFANTS A « HAUT RISQUE »
3.1. Un centre adapté
3.2. Emploi des produits alimentaires locaux
3.3. Hospitalisation pour malnutrition
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE PROPREMENT DITE SUR LA SURVEILLANCE NUTRITIONNELLE ET LA PROMOTION DE LA CROISSANCE
1. CADRE D’ETUDE
1.1. Le CSB2 d’Ambohipo
1.1.1. Le plan annoté du CSB2
1.1.2. Les services disponibles
1.1.3. Le personnel du CSB2
1.2. Le secteur sanitaire
1.2.1. Les fokontany
1.2.2. La démographie
1.2.3. Les autres formations sanitaires
2. METHODOLOGIE
2.1. Type d’étude
2.2. Période d’étude
2.3. Population d’étude
2.3.1. Critères d’inclusion
2.3.2. Critères d’exclusion
2.4. Echantillonnage et taille de l’échantillon
2.5. Approche méthodologique
2.6. Recueil des données
2.7. Saisie et traitement
2.8. Limite et éthique
2.9. Paramètres d’étude
3. RESULTATS
3.2. Prévalence de la malnutrition
3.1. Nombre d’enfants surveillés
3.3. Répartition des enfants malnutris
3.3.1. Selon le degré de malnutrition
3.3.2. Selon la tranche d’âge
3.3.3. Selon le nombre de pesées
3.3.4. Selon le genre
3.3.5. Selon la situation matrimoniale des parents
3.3.6. Selon le nombre d’enfants de la famille
3.3.7. Selon le rang dans la fratrie
3.3.8. Selon le niveau d’instruction des parents
3.3.9. Selon la profession des parents
3.3.10. Selon le domicile
3.4. Facteurs de risque de malnutrition grave
3.4.1. Taille de la famille
3.4.2. Indicateurs de risque
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES ET SUGGESTIONS
1. COMMENTAIRES
1.1. Nombre d’enfants surveillés
1.2. Prévalence de la malnutrition
1.3. Répartition des enfants malnutris
1.3.1. L’état nutritionnel
1.3.2. La tranche d’âge
1.3.3. Le nombre de pesées
1.3.4. La situation matrimoniale et le nombre d’enfants
1.3.5. Le rang dans la fratrie
1.3.6. Le niveau d’instruction et la profession
1.3.7. Le domicile
1.4. Risque de malnutrition grave
2. SUGGESTIONS
2.1. Développement des activités d’IEC/nutrition
2.1.2. Objectif
2.2.2. Stratégies
2.2. Implantation d’un centre de surveillance nutritionnelle à Mandroseza
2.2.1. Objectif
2.2.2. Stratégies
2.3. Amélioration de l’accès aux prestations et aux aliments de compléments
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE