Généralités sur la surveillance

Généralités sur la surveillance

Historique

C’est avec les grands fléaux sanitaires qui se sont déroulés au cours des siècles, que la surveillance épidémiologique est apparue. D’abord centrée sur l’investigation et le contrôle des maladies infectieuses, la surveillance s’est affirmée depuis la fin du xxième siècle comme une notion de sécurité sanitaire (Astagneau, 2011). Cette dernière se définit comme la protection de la santé de l’homme contre les risques ayant un impact sur le fonctionnement des systèmes de santé. Cependant, le concept de sécurité sanitaire dépasse maintenant le cadre de la sécurité du système de soins. Il s’est étendu à la notion de sécurité de l’être humain dans son cadre de vie « normal », excluant la guerre et les violences volontaires. Dès moins 400, Hippocrate disait que pour mieux approfondir la médecine, il fallait étudier l’impact de l’environnement, de l’alimentation et du mode de vie sur la santé. En 1652, John Graunt propose à Londres un recueil systématique régulier, annuel du nombre de décès provoqués par la peste. Cet intérêt pour le décompte des décès liés à une maladie fut une première approche de la notion de surveillance. Ainsi, Pierre Fidèle Bretneau développe la notion de spécificité des contagions et Louis Villerme en 1829 démontre le rôle des déterminants sociaux sur la santé (Buck, et al., 1988). En Grande Bretagne, se sont développés de véritables systèmes de collecte sous l’impulsion de William FARR qui publie les rapports annuels de statistiques médicales. Celui ci étant dans un travail de prédiction et de modélisation par la mise en relation des variations d’incidence du choléra en fonction de l’altitude des logements au dessus du niveau de la Tamise. Il a ainsi produit des estimations de mortalité calculée en fonction du modèle observé (Astagneau, 2011). Il montra en Angleterre en 1838 comment cette information devrait déboucher sur des méthodes de prévention et fut le premier à décrire la chronologie et la taille des épidémies de la grippe (Valleron, 2011).

En Autriche, Ignace Semmelweis en 1847 préconise le lavage des mains des soignants à l’eau javellisée lors des accouchements et montre ainsi une baisse spectaculaire des taux de mortalité maternelle résultant de cette pratique. En 1855 John Snow démontre l’épidémiologie topographique et analytique du choléra à Londres (Astagneau, 2011). Le concept de surveillance est détaillé par Alexandre Langmuir, l’un des fondateurs des futurs Centers for Disease Control and Prevention (CDC) d’Atlanta (CDC, 1986). Le xxième siècle s’ouvre sur le prix Nobel de Ross (1902) le modélisateur pilote de l’épidémiologie du paludisme ; dans les années 1930, la démarche du test d’hypothèse, indispensable à la recherche des facteurs de risques est mise au point par Neyman et Pearson. Depuis les années 1990, un nouveau concept de surveillance épidémiologique appelé « surveillance syndromique » s’est progressivement développé. Ainsi, les premiers systèmes de surveillance syndromique ont été mis en place aux Etats Unis pour faire face à la menace du bioterrorisme. En France, la surveillance syndromique est apparue plus tardivement à la suite d’un phénomène d’origine climatique, la canicule d’Août 2003 et ses conséquences sanitaires majeures. Ce qui a révélé l’incapacité des dispositifs de surveillance et d’alerte traditionnels à identifier un risque inattendu ou inconnu (Caserio-Shonemann, 2014). Le terme de « surveillance syndromique » est équivoque et renvoie à différentes interprétations. C’est pour cette raison que plusieurs appellations ont été proposées pour tenter de décrire cette surveillance de façon plus pertinente :
● système de détection précoce (early warning system) ;
● système prodromique ;
● système de détection d’épidémie ;
● système de bio surveillance ;
● surveillance d’indicateurs de santé ;
● surveillance fondée sur les symptômes ;
● surveillance de systèmes d’informations sentinelles.

Malgré cette recherche d’une dénomination conceptuelle au début des années 2000, c’est finalement le terme de « surveillance syndromique » qui s’est imposé (Astagneau, 2011).

Définitions et Concepts

Épidémie

C’est une augmentation inhabituelle et subite du nombre d’individus atteints d’une maladie transmissible existant à l’état endémique dans une région ou une population donnée (Gregg, 1996). En effet les premiers signes d’une épidémie naturelle ou provoquée pourraient venir avant l’isolation de l’agent causal au laboratoire, de groupe de personnes atteintes présentant des symptômes similaires ou modifiant leur comportement habituel (absentéisme professionnel ou scolaire, achat de médicaments ou mouchoirs, infusion de thé (Mandl et al., 2004). La plupart des agents biologiques de catégorie A définis par le CDC nommément la variole, l’anthrax, la peste, la tularémie le botulisme et les fièvres hémorragiques se manifestent d’abord par des symptômes non spécifiques (Franz et al., 1997). Il faudrait savoir que les pathogènes classées en catégorie A sont ceux qui menacent la sécurité nationale et nécessitent une préparation et une action de santé publique. Ces agents sont très transmissibles et présentent une forte mortalité suscitant une panique générale dans la population. La récente épidémie d’Ebola est un exemple à l’appui. Une épidémie peut être maitrisée si la détection a été précoce et les mesures adéquates prises et cela n’est possible que grâce à la surveillance .

Surveillance

Le dictionnaire Larousse définit littéralement la surveillance comme l’action de veiller avec attention, autorité et souvent défiance, pour contrôler.

Le dictionnaire français «Reverso» définit la surveillance comme étant l’action de surveiller, de contrôler le déroulement d’une action ou de veiller sur quelqu’un ou quelque chose. Selon l’OMS, la notion de surveillance consiste à recueillir de façon continue, à analyser et à interpréter des données sur une situation sanitaire et à communiquer en temps opportun les informations ainsi obtenues aux décideurs et aux autres instances concernées. Pour résumer, la surveillance est toute action visant à surveiller de façon particulière avec attention la survenue d’un évènement pour mieux agir. Cette définition large peut s’appliquer au domaine de la santé et sous-tend les principes de la surveillance épidémiologique.

Surveillance épidémiologique 

Toma (2006) définit la surveillance épidémiologique comme une méthode d’observation fondée sur des enregistrements en continu permettant de suivre l’état de santé d’une population ou des facteurs de risques d’une pathologie et d’en étudier le développement dans le temps et dans l’espace, en vue d’adoption de mesures appropriées de lutte. Selon Louis (1990) la surveillance se définit comme le recueil continu d’informations sanitaires et d’informations sur la population s’exprimant par des mesures quantitatives permettant un suivi longitudinal (Taux d’incidence, prévalence…). Elle est donc à différencier du simple recueil d’information à viser de statistiques sanitaires qui ne permettent généralement aucune possibilité d’analyse véritable. Il n’y a pas de définition standardisée de la surveillance épidémiologique. On peut néanmoins proposer des définitions communément admises et utilisées dans la pratique. C’est ainsi que le CDC propose de définir la surveillance épidémiologique ou encore surveillance en santé publique comme « un processus systématique de collecte, d’analyse et d’interprétation de données sur des événements de santé spécifiques importants pour la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des pratiques en santé publique, étroitement associées à leur juste diffusion à ceux qui ont besoin d’être informés » (Langmuir, 1963). Cette définition élargie intègre l’ensemble du processus d’information de la réception du signal à son utilisation en santé publique.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. Généralités sur la surveillance
I.1. Historique
I.2. Définitions et Concepts
I.2.1. Épidémie
I.2.2. Surveillance
I.2.3. Surveillance épidémiologique
I.3. Objectifs de la surveillance épidémiologique
I.4. Types de surveillance
I.4.1. Passive
I.4.2. Active
I.4.3. Mixte
II. Surveillance sentinelle
II.1. Définition
II.2. Objectifs
II.3. Fonctionnement
III. Surveillance syndromique
III.1. Définition
III.2. Objectif
III.3. Fonctionnement
IV. Surveillance biologique
IV.1.Définition
IV.2. Objectif
IV.3. Fonctionnement
V. Caractéristiques fonctionnelles des systèmes de surveillance
V.1. Utilité
V.2. Mise en place, flexibilité et adhésion des participants
V.3. Représentativité
VI. Surveillance et politique de santé en Afrique
V.1. Généralités
V.2 Système de soins
V.3. Cas du Sénégal
V.4. Organisation du système de santé au Sénégal
V.4.1. Niveau Central
V.4.2. La Direction de la Santé (DS)
V.4.3. Niveau intermédiaire
V.4.4. Niveau périphérique
V.5. Fonctionnement du système de santé
V.6. Surveillance en Afrique
V.6.1. Forces
V.6.2. Faiblesses
V.7. Défis relatifs à l’information sanitaire
V.8. Rôle de l’OMS dans la surveillance
VI. Stratégie de Surveillance
VI.1. Surveillance Intégrée des Maladies
VI.2. Développement des réseaux sentinelle en Afrique
VII. Surveillance épidémiologique au Sénégal
VII.1. Stratégie de la surveillance
VII.2. Forces de la surveillance épidémiologique
VII.3. Faiblesses de la surveillance épidémiologique
VIII. Présentation de surveillance sentinelle de la grippe au Sénégal
VIII. 1. Généralités sur la grippe
VIII.2. Caractéristique du virus de la grippe
VIII.3. Surveillance de la grippe
METHODOLOGIE
I. Cadre d’étude
I.1. Cadre institutionnel
I.1.1. Institut Pasteur de Dakar
I.1.2. Ministère de la Santé du Sénégal
I.1.3 Organisation Mondiale de la Santé
I.2. Site d’étude : Site Sentinelle du MSAS
II. Type d’étude
III. Définitions opérationnelles
IV Méthode d’étude
IV.1. Mise en place du système
IV.2. Collecte de données
IV.2.1. Outils de collecte
IV.2.2. Variables collectées
IV.2.3.Organisation de la collecte
IV.2.4. Transmission de données
IV.2. Méthode biologique
IV.3. Gestion des données
IV.4. Suivi-Évaluation
IV.4.1. Suivi immédiat
IV.4.2. Suivi par trimestre
IV.5. Suivi mensuel
IV.6. Saisie et analyse des données
IV.7. Représentation des données
RESULTATS
I. Évolution d’indicateurs épidémiologiques de données syndromiques des fièvres
I.1. Surveillance sentinelle syndromique de 2012 à 2014
I.1.1. Surveillance sentinelle syndromique en 2012
I.1.2. Surveillance sentinelle syndromique en 2013
I.1.3. Surveillance sentinelle syndromique en 2014
I.1.2. Surveillance sentinelle syndromique dans les principaux sites
I. 2. Résultats épidémiologiques par site et par mois
I.2.1. Site de l’Institut Pédiatre Social (IPS)
I.2.2. Site de Ndiaye-Ndiaye Fatick
I. 2.3. Site de Dielmo
I.2.4. Site d’Anne Marie Javouhey de Dakar
I.2.5. Site de Dalaba de Kédougou
I.2.6. Site Abattoirs de Kaolack
I.2.7. Site Santhiaba de Louga
I.2.8. Site Saint Martin de Dakar
I.2.9. Site poste santé de Mbour Toucouleur
I.1.10. Site de NDiop
I.2.11. Site Ndiangue Diaw de Richard Toll
I.1.12. Site Goutte de Lait de Saint Louis
I.2.13. Site poste de sante Pont de Tambacounda
I.2.14. Site Médina Fall de Thiès
I.2.15. Site Saint Joseph de Ziguinchor
II. Surveillance sentinelle virologique
II.1. Surveillance sentinelle virologique mensuel
II.2. Surveillance sentinelle virologique mensuelle cumulée de 2012 à 2014
II.3. Répartition des syndromes grippaux par tranches d’âges sur les différents sites
III. Surveillance hebdomadaire
III.1. Syndrome fébriles et grippaux
III.2. Syndromes fébriles et paludisme
III.3. Répartition des syndromes fébriles et suspicion d’arboviroses
III.4. Syndrome fébriles et diarrhées fébriles
IV. Données du réseau sentinelle 4S de 2013 à 2014
DISCUSSION
I. Rappels
I.1.Objectifs du réseau 4S
I.2. Intérêt de la surveillance
II. Originalité du système de surveillance syndromique
III. Surveillance sentinelle syndromique de 2012 à 2014
IV. Surveillance sentinelle syndromique dans les principaux sites
IV.1. Nombre de sites
IV.2. Mise en place des sites
IV.3. Tranches d’âges
IV.4 Surveillance virologique
V. Faiblesses du système
VI. Enjeux, développement de la téléphonie mobile avec les SMS
CONCLUSION

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *