Generalites sur la schistosomiase

La schistosomiase est une maladie parasitaire chronique causée par des trématodes du genre Schistosoma. C’est un problème majeur de santé publique sévissant dans plusieurs régions du globe notamment en Afrique. On estime environ à 207 millions le nombre de personnes infectées par les schistosomes qui sont répartis en six espèces pathogènes pour l’homme. Elle est contractée par l’exposition à de l’eau douce contenant des cercaires qui se développent en vers adultes après avoir pénétré la peau humaine intacte. Ces vers vivent dans les vaisseaux sanguins où la femelle pond ses œufs.

La lutte contre la schistosomiase repose sur le traitement individuel et à grande échelle des groupes de population à risque par du praziquantel. Dans les efforts de lutte contre la maladie, plusieurs facteurs tels que la prédisposition génétique, le statut immunitaire de l’hôte ou encore les facteurs environnementaux ont été associés à la susceptibilité ou à la résistance à l’infection. Il a été suggéré dans plusieurs études que les immunoglobulines E (IgE) pourraient être associées à la résistance contre la maladie tandis que les immunoglobulines G4 (IgG4) seraient corrélées à la susceptibilité à l’infection (1;2). C’est dans ce cadre que nous nous sommes proposés d’évaluer les niveaux de production d’anticorps IgE et IgG4 totaux au cours de la schistosomiase en zone endémique du centre du Sénégal et de déterminer leur relation avec l’intensité de l’infection.

GENERALITES SUR LA SCHISTOSOMIASE 

Rappel sur la schistosomiase 

Rappel sur les helminthes
Dérivant du grec signifiant« ver» le terme « helminthe » est utilisé pour regrouper des parasites écologiquement similaires (3). Des cas d’helminthiases datant des temps les plus anciens de notre histoire ont été documentés. En effet, des œufs d’helminthes intestinaux ont été retrouvés dans les matières fécales d’hommes momifiés datant de plusieurs milliers d’années (4;5) et de nombreuses manifestations cliniques de l’infection datant des temps anciens ont été retrouvées dans les écrits d’Hippocrate («Egyptian medical papyrus») et dans la Bible (4).

Il existe une grande diversité d’hôtes vertébrés des helminthes qui sont regroupés à des dizaines voire des centaines de taxons différents. Leur cycle peut être direct par la transmission d’un hôte à l’autre, faisant intervenir différents stades de développement à travers différentes espèces hôtes. Les helminthes adultes ont une grande taille comparée aux autres agents pathogènes microbiens, taille variant de quelques centaines de microns à quelques dizaines de mètres de long. Une croissance exponentielle comme celle observée avec les bactéries ou les virus est très limitée chez eux du fait du temps relativement court de leur maturation (une conséquence de leur taille) et à la nécessité pour l’hôte de compléter leur cycle de développement (6). Bien que beaucoup de microorganismes représentent une menace pour l’hôte avec une réponse proinflammatoire parfois sévère, les helminthes semblent être capables d’atténuer la réponse immunitaire par une forte composante régulatrice (7).

Il existe deux principaux phyla d’helminthes:
✥ Les nématodes (aussi appelés vers ronds) qui englobent la plus grande partie des parasites intestinaux et les filaires qui sont à l’origine de la filariose lymphatique et l’onchocercose (8).
✥ Les plathelminthes (ou vers plats) qui incluent les douves tels que les schistosomes (trématodes) et les cestodes tels que le tænia du porc qui est à l’origine de la cysticercose (8).

Aujourd’hui, on estime qu’environ un tiers des trois milliards de personnes vivant avec moins de deux dollars US par jour dans les régions en développement de l’Afrique subsaharienne, d’Asie et des Amériques est infecté par un ou plusieurs types helminthes (9). Les plus fréquentes helminthiases sont l’ascaridiase, la trichocéphalose et l’ankylostomiase, suivies par la schistosomiase et la filariose lymphatique. es helminthiases sont considérées comme des maladies tropicales négligées qui reçoivent moins de 1% des fonds alloués à la recherche mondiale (10).,

Caractéristiques de différentes espèces de schistosomes 

Les schistosomiases ou bilharzioses sont des affections parasitaires aigues et chroniques dues à des trématodes, vers plats, à sexes séparés, hématophages, vivant au stade adulte dans le système circulatoire des mammifères et évoluant au stade larvaire chez un mollusque d’eau douce. Les personnes sont infectées lors d’activités agricoles, domestiques, professionnelles et récréatives qui les exposent à de l’eau infestée. Le manque d’hygiène et certaines habitudes de jeu des enfants d’âge scolaire tels que la baignade ou la pêche dans l’eau infestée les rendent particulièrement vulnérables à l’infection. On répertorie environ 207 millions de cas de bilharzioses dans le monde et six espèces de schistosomes pathogènes pour l’homme sévissent à l’état endémique dans trois continents (11). Parmi celles-ci on distingue :  Schistosoma japonicum 

Elle est strictement asiatique. Elle sévit en Chine, à Taïwan, aux Philippines, aux Célèbes (Sulawesi). Ce ver détermine une anthropozoonose qui affecte l’homme et de très nombreux animaux sauvages et domestiques. Les hôtes intermédiaires sont des Oncomélanies (12) .Chez l’homme elle demeure l’espèce la plus pathogène et détermine la redoutable bilharziose artério-veineuse. Les vers adultes y vivent essentiellement dans les plexus veineux mésentériques supérieurs mais des couples erratiques peuvent loger ailleurs, notamment dans les artères pulmonaires. La ponte est particulièrement abondante (2. 000 à 3. 000 œufs par jour) (13). La longévité de Schistosoma japonicum ne dépasse pas 5 ans.

Schistosoma mansoni

C’est l’agent de la bilharziose intestinale et parfois hépatosplénique. Les schistosomes adultes vivent dans les plexus veineux mésentériques inférieurs. La ponte des œufs a surtout lieu dans la paroi intestinale et les œufs à éperon latéral s’embolisent souvent dans le foie ou la rate (12). La longévité de S. mansoni est de plus de 10 ans (34 ans chez un malade). L’homme est le principal réservoir du parasite mais pas le seul ; une trentaine d’espèces animales (rongeurs) ont été retrouvées spontanément infestées. Les hôtes intermédiaires de S. mansoni sont des planorbes appartenant à divers genres et espèces (12).

Schistosoma haematobium

Schistosoma haematobium est l’agent de la bilharziose uro-génitale. Chez l’homme, les vers adultes manifestent un tropisme électif pour les plexus veineux péri-vésicaux et péri rectaux. La femelle pond ses œufs à éperon terminal, en paquet, dans les parois rectales et vésicales ; certains œufs sont éliminés essentiellement par les urines mais beaucoup restent dans les tissus avoisinants (granulomes) où ils sont parfois embolisés à distance. La longévité de S. haematobium est de plus de 10 ans et l’homme est le seul réservoir du parasite. Les hôtes intermédiaires sont des mollusques appartenant le plus souvent aux genres Bulinus et Physopsis (12;14).

Epidémiologie de la schistosomiase 

Au cours des 60 dernière années, des centaines de millions de cas d’infections parasitaires ont été rapportés à travers le monde (15;16) avec une grande part d’helminthiases souvent associées à des morbidités sévères (17). L’OMS estime à 207 millions le nombre de personnes infectées par les schistosomes à travers le monde (18) dont la plupart se trouvent en Afrique, en Amérique du Sud et Sud Est de l’Asie (19). Et selon certaines prévisions, 800 millions de personnes seraient à risque de contracter ces maladies (15), particulièrement en Afrique Sub-saharienne où elles sont souvent associées à d’importants signes de morbidité (10;19).

La répartition géographique des bilharzioses est très étendue. En Afrique, on estime à cent million le nombre de personnes atteintes par la bilharziose à S. haematobium. Les principales zones d’endémie sont la vallée du Nil, l’Afrique intertropicale, notamment l’Afrique de l’Ouest et du Sud. Elle sévit également au Maghreb en petits foyers, à Madagascar et aux Iles Maurice. Au Yémen, au Moyen-Orient et en Inde subsistent des foyers limités (21). La bilharziose à S. mansoni atteint environ 60 millions d’individus. En Afrique, elle se rencontre en Égypte, en Afrique de l’Est, du Sud et de l’Ouest. Elle est également retrouvée en Amérique latine. S. japonicum sévit en Chine, à Taiwan, au Japon, en Corée, aux Philippines tandis que S. mekongi est retrouvé dans des petits foyers le long du fleuve Mekong. S. intercalatum quant à lui est uniquement retrouvée en Afrique principalement en Afrique centrale (22).

Au Sénégal les premières enquêtes sur la bilharziose remontent en 1952 (23). Les régions les plus touchées par cette affection étaient celles de l’Est, du Sud-Est et de la vallée du fleuve Sénégal où la bilharziose urinaire était endémique. D’autres foyers de la bilharziose urinaire existent au niveau des oasis de la Mauritanie et des barrages au Sénégal (24). Selon les données disponibles, les premiers cas de la Bilharziose intestinale à S. mansoni remontent à l’année 1994 avec l’installation du barrage de Diama, entrainant la focalisation de la parasitose dans le delta du fleuve Sénégal sous forme d’endémie (25). Parmi les facteurs potentiels d’extension des bilharzioses en Mauritanie et au Sénégal, on note la construction du barrage de Diama ainsi que la multiplication des projets d’aménagement hydro-agricoles sur la rive droite du fleuve Sénégal.

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Table des matières

Introduction
I. GENERALITES SUR LA SCHISTOSOMIASE
1. Rappel sur la schistosomiase
1.1. Rappel sur les helminthes
1.2. Caractéristiques de différentes espèces de schistosomes
1.2.1 Schistosoma japonicum
1.2.2 Schistosoma mansoni
1.2.3. Schistosoma haematobium
1.4. Epidémiologie de la schistosomiase
1.5. Physiopathologie de la schistosomiase
2. Immunologie de la schistosomiase
2.1. Réponses immunitaires contre les schistosomes
2.1.1. Réponse immunitaire innée
2.1.2. Réponse immunitaire adaptative
2.1.2.1. Réponse cellulaire
2.1.2.2. Réponse humorale et rôles des anticorps IgE et IgG4
II. METHODOLOGIE
II.1. Cadre et population de l’étude
II.2. Prélèvements
II.2.1. Prélèvements de selles et d’urines
II.2.2. Prélèvement de sang sur papier buvard
II.3. Matériel et méthode
II.3.1. Tests parasitologiques
II.3.2. Tests ELISA
II.3.2.1. Principe ELISA
II.3.2.2. Procédure
II.3.2.3. Mode opératoire
II.4. Analyse des données
III. Résultats
III.1. Population d’étude
III.2. Taux d’anticorps
III.3. Corrélation entre les taux d’anticorps et l’intensité de l’infection
III.4. Relation entre le ratio IgE/IgG4 et l’intensité de l’infection
IV. Discussion
V. Conclusion
VI. Références bibliographiques

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