La rougeole est une maladie virale hautement contagieuse dont l’homme est le seul réservoir [14]. La transmission se fait essentiellement de personne à personne par anti-rougeoleux ne soit largement disponible, pratiquement tous les enfants contractaient la maladie et sept à huit millions de décès survenaient chaque année dans le monde [22]. La rougeole se situe toujours parmi les dix premières causes de mortalité infantile. En 1997, on estimait à 45 millions les cas de rougeole avec 850000 décès chez les enfants, dont 50% en Afrique subsaharienne [14,34]. Les programmes de vaccination des enfants ont entraîné une réduction spectaculaire de la morbidité et de la mortalité de la rougeole [1,23,24]. En dépit des progrès remarquables obtenus en matière de contrôle de la rougeole, la combinaison de facteurs tels que la promiscuité, l’exposition à la maladie à un âge de plus en plus précoce et la malnutrition contribuent de façon substantielle à la forte létalité observée (taux de létalité de 3-30%) [11,32]. Lors de l’Assemblée Mondiale de la Santé en 1989 et du Sommet Mondial pour les Enfants en 1990 [26,27,28], les objectifs de contrôle de la rougeole ont été fixés en termes de réduction de 90% des cas de rougeole et de 95% des décès en comparaison avec la période antérieure aux programmes de vaccination. En vue de réduire la morbidité et la mortalité dues à la rougeole, le Sénégal a élaboré un plan stratégique de contrôle de la rougeole pour la période 2002-2006 qui prend en compte cinq stratégies principales :
– le renforcement du programme élargi de vaccination (PEV) de routine,
– le renforcement de la surveillance de la rougeole,
– l’organisation de campagnes de vaccination supplémentaires des enfants,
– l’amélioration de la prise en charge des cas,
– la supplémentation en vitamine A.
Comme préalable à la campagne de masse, une enquête rétrospective sur les cas de rougeole enregistrés de 1990 à 2001 dans la région de Kaolack, a donné les résultats suivants :
– une période de haute transmission qui se situe entre Mars et Avril ;
– une période de basse transmission entre Août et Décembre ;
– une réduction de l’espace inter-épidémique de 4 ans à 2 ans depuis 1997, avec des pics épidémiques en 1993, 1997 et 2001 ;
– une tendance à l’augmentation des cas depuis 1997 ;
– une proportion importante des cas chez les enfants de 5 à 14 ans (39%) ; 87% des cas se situant entre 9 mois et 14 ans.
Après avoir participé à la planification, à la mise en œuvre et à la campagne de vaccination contre la rougeole qui s’est déroulée du 15 au 24 janvier 2003 au niveau du district centre Gaspard Kamara, nous avons jugé nécessaire d’effectuer l’évaluation. Les objectifs de cette évaluation ont consisté à :
– analyser la mise en œuvre de stratégies avancées et fixes ;
– déterminer les forces et faiblesses de ces stratégies ;
– formuler des recommandations pour de meilleurs résultats lors des campagnes futures.
GENERALITES SUR LA ROUGEOLE
DEFINITION – CLASSIFICATION
La rougeole, la plus répandue des fièvres éruptives, est une maladie infectieuse aiguë due à un paramyxovirus ou virus morbilleux, très contagieux, endémo-épidémique, solidement immunisante. Jusqu’à l’usage de la vaccination, la rougeole pouvait être considérée comme une infection quasi obligatoire de l’homme, généralement contractée au cours de l’enfance. Le virus morbilleux appartient à la famille des Paramyxoviridae et au genre Morbillivirus.
HISTORIQUE
Dans l’antiquité, la rougeole et les autres maladies éruptives étaient fréquemment confondues. La première description de la rougeole a été faite par le médecin RHAZES au Xe siècle. Il a permis de faire la différence entre la varicelle et la variole. A la fin du XVIIe siècle, SYDENHAM décrit parfaitement la maladie et la différencie de la scarlatine. Le Myxovirus est mis en évidence par les travaux de Enders et Peebles en 1954.
CARACTERES DU VIRUS
STRUCTURE – ANTIGENES
Le virus est composé de deux éléments constants : le génome composé d’acide nucléique et la capside ; l’ensemble constitue la nucléocapside. C’est un virus à ARN (Acide ribonucléique).
Les antigènes du virus sont :
– la nucléocapside qui représente l’antigène de fixation du complément, commun au genre Morbillivirus ;
– les antigènes d’enveloppe (Hémagglutinines). Ces antigènes sont stables et il n’existe qu’un seul sérotype. L’infection par le virus fait apparaître des anticorps décelés en fixation du complément qui se maintiennent plus longtemps que dans les autres affections virales et des anticorps inhibant l’hémagglutination, neutralisants, protecteurs dont l’ascension est très rapide au cours de l’infection. Les anticorps inhibant l’hémolyse participent aussi à la neutralisation.
CARACTERES PHYSIQUES ET CHIMIQUES
La structure du virus comporte une nucléocapside hélicoïdale entourée d’une enveloppe portant des spicules. Ils portent les fonctions :
– hémagglutination / hémadsorption avec les globules rouges de singe,
– fusion cellulaire (syncytium), hémolyse.
REPLICATION
Schématiquement, les phases de la multiplication virale sont les suivantes :
– l’adsorption du virus sur la membrane cellulaire (généralement au niveau des récepteurs spécifiques). Si ces récepteurs cellulaires sont absents, le virus ne pourra pas se multiplier ;
– la pénétration et la décapsidation qui, à l’exception des poxviridae, est toujours le fait d’enzymes cellulaires ;
– la synthèse des protéines virales et la réplication du génome viral ;
– l’assemblage des nucléocapsides dans le cytoplasme ou le noyau de la cellule infectée ;
– la libération virale.
EPIDEMIOLOGIE
REPARTITION GEOGRAPHIQUE
La rougeole est une maladie cosmopolite. Son incidence est actuellement la plus forte dans les pays en développement, particulièrement ceux à faible couverture vaccinale où règnent de mauvaises conditions d’hygiène.
RESERVOIR DE VIRUS
La rougeole n’infecte que l’être humain et touche principalement les enfants de 2 à 5 ans et est exceptionnelle avant 6 mois. Il y a cependant des observations de rougeole congénitale apparaissant quelques jours après la naissance, la mère enceinte ayant la rougeole. Il n’existe pas de réservoir animal ; le paramyxovirus ne survit pas longtemps hors du corps humain. L’état de porteur à long terme n’existe pas.
TRANSMISSION
La transmission s’opère essentiellement par contact avec les sécrétions du nez ou de la gorge d’une personne infectée et par les gouttelettes suspendues dans l’air lorsqu’elle éternue ou tousse. Une personne infectée peut transmettre la maladie avant et pendant le développement des symptômes .
FACTEURS FAVORISANTS
Ce sont :
– la promiscuité (camp des réfugiés, rassemblement des personnes déplacées) ;
– la pauvreté ;
– l’absence de vaccination ;
– la malnutrition ;
– la carence en vitamine A ;
– l’immunodépression (VIH : virus d’immunodéficience humaine) ;
– l’intensité de l’exposition ;
– les conditions d’hygiène défectueuses.
PHYSIOPATHOLOGIE
PATHOGENIE
La période d’invasion correspond à la présence du virus dans le sang, les tissus, les sécrétions naso-pharyngées et les urines. L’essentiel est l’atteinte de tout l’épithélium respiratoire. La période éruptive correspond à un phénomène d’hypersensibilité, mediée par l’immunité cellulaire. Le virus est responsable d’une altération de l’immunité locale au niveau de tout l’arbre respiratoire et de lésions de l’épithélium cilié.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA ROUGEOLE
1.1- INTRODUCTION
1.1.1- DEFINITION – CLASSIFICATION
1.1.2- HISTORIQUE
1.2- CARACTERES DU VIRUS
1.2.1- STRUCTURE – ANTIGENE
1.2.2- CARACTERES PHYSIQUES ET CHIMIQUES
1.2.3- REPLICATION
1.3- EPIDEMIOLOGIE
1.3.1- REPARTITION GEOGRAPHIQUE
1.3.2- RESERVOIR DE VIRUS
1.3.3- TRANSMISSION
1.3.4- FACTEURS FAVORISANTS
1.4- PHYSIOPATHOLOGIE
1.4.1- PATHOGENIE
1.4.2- CLINIQUE
1.4.3- IMMUNITE
1.5- DIAGNOSTIC
1.5.1- PRELEVEMENT
1.5.2- EXAMEN DIRECT
1.5.3- ISOLEMENT VIRAL EN CULTURE CELLULAIRE
1.5.4- SEROLOGIE
1.5.5- DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
1.6- TRAITEMENT
1.7- PROPHYLAXIE
CHAPITRE II : GENERALITES SUR LA VACCINATION CONTRE LA ROUGEOLE
2.1- VACCINATION CONTRE LA ROUGEOLE
2.1.1- CARACTERISTIQUES ET CONSERVATION DU VACCIN
2.1.2- DOSAGE ET ADMINISTRATION
2.1.3- REACTIONS ET COMPLICATIONS
2.2- PRINCIPES DE BASE POUR LE CONTROLE DE LA ROUGEOLE
2.3- CAMPAGNE DE VACCINATION CONTRE LA ROUGEOLE
2.3.1- BUT
2.3.2- TYPES DE CAMPAGNES DE VACCINATION CONTRE LA ROUGEOLE
CHAPITRE III : PREPARATION DE LA CAMPAGNE
3.1- ELABORATION DES MICRO-PLANS
3.1.1- ESTIMER / IDENTIFIER LES EQUIPES DE VACCINATION ET LES SUPERVISEURS D’EQUIPE
3.1.2- ETABLIR LA CARTOGRAPHIE DES ZONES ASSIGNEES
3.1.3- ATTEINDRE CEUX QUI SONT « HORS DE PORTEE »
3.1.3.1- Comment atteindre les « hors de portes »
3.1.3.2- Contrôle aléatoire dans les zones mal desservies avant les campagnes
3.2- FORMATION DU PERSONNEL
3.3- LOGISTIQUE ET MAINTENANCE DE LA CHAINE DE FROID
3.4- PLAIDOYER, MOBILISATION SOCIALE ET COMMUNICATION
3.4.1- LA PLANIFICATION DES ACTIVITES
3.4.2- ACTIVITES A PRENDRE EN COMPTE
3.4.2.1- Le plaidoyer
3.4.2.2- La cérémonie de lancement
3.4.2.3- La mobilisation sociale
3.4.2.4- La communication pour le changement de comportement
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
CHAPITRE I : PRESENTATION DU CADRE DE l’ETUDE
1.1- PRESENTATION DU DISTRICT CENTRE
1.1.1- SITUATION
1.1.2- PRESENTATION PHYSIQUE
1.1.3- DEMOGRAPHIE
1.2- INFRASTRUCTURES
1.3- PERSONNEL
1.4- MISSIONS
1.5- FONCTIONNEMENT DU DISTRICT
1.6- EVOLUTION DES PERFORMANCES
1.6.1- STRUCTURES PUBLIQUES
1.6.2- STRUCTURES PUBLIQUES ET PRIVEES
1.7- CONTEXTE
1.7.1- MORBIDITE
1.7.2- MORTALITE
1.7.3- MORBIDITE GLOBALE AU COURS DES 5 DERNIERES ANNEES
1.7.4- MORBIDITE DUE A LA ROUGEOLE PAR TRIMESTRE AU COURS DES 5 DERNIERES ANNEES
CHAPITRE II : PLANIFICATION
2.1- OBJECTIF OPERATIONNEL
2.2- STRATEGIE A METTRE EN ŒUVRE
2.2.1- STRATEGIE FIXE
2.2.2- STRATEGIES AVANCEES
2.2.3- STRATEGIE MOBILE
2.3- ESTIMATION DE LA POPULATION
2.4- ESTIMATION DES RESSOURCES
2.4.1- RESSOURCES HUMAINES
2.4.2- VACCINS ET MATERIEL D’INJECTION
2.4.3- EQUIPEMENTS ET LOGISTIQUE
2.4.3.1- Besoins en chaîne de froid
2.4.3.2- Moyens logistiques
2.4.4- MOYENS FINANCIERS
2.5- ELEMENTS DU PLAN LOGISTIQUE
2.6- PLAN DE SECURITE DES INJECTIONS ET GESTION DES DECHETS
2.7- PLAN DE MOBILISATION SOCIALE
2.8- CALENDRIER DE SUPERVISION
2.9- EVALUATION
CHAPITRE III : MISE EN ŒUVRE ET RESULTATS
3.1- MISE EN ŒUVRE
3.1.1- RESSOURCES HUMAINES MOBILISEES
3.1.2- STRATEGIES
3.2- RESULTATS
3.2.1- NOMBRE D’ENFANTS VACCINES
3.2.2- PERFORMANCES
3.2.3- RESULTATS GLOBAUX DE LA CAMPAGNE DE VACCINATION CONTRE LA ROUGEOLE AU NIVEAU DU DISTRICT CENTRE DE DAKAR
3.3.1- DISTRICT CENTRE DE DAKAR
CHAPITRE IV : EVALUATION
4.1- PREPARATION
4.2- MOBILISATION SOCIALE
4.3- RESSOURCES MATERIELLES REÇUES
4.4- RESULTATS PAR POSTE DE SANTE
4.5- GESTION DES DECHETS
4.6- POINTS FORTS
4.7- POINTS FAIBLES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES