Les usines contribuent d’une façon significative au développement social et économique de la région où elles sont installées. Toutefois, l’activité industrielle génère toujours des effluents liquides, des déchets solides et des émanations gazeuses de quantité et de nature très variables suivant le type d’activité et la taille de l’industrie. A Madagascar, les rejets liquides des industries sont déversés sans traitement préalable ou avec traitement insuffisant dans le milieu naturel. Ainsi, les ressources en eau se trouvent de plus en plus dégradées. Ce qui nous a incité à réaliser ce travail intitulé : « les effluents d’une industrie alimentaire et d’une savonnerie : caractérisation et impacts ». Les eaux résiduaires de ces deux usines se rejettent dans un canal d’irrigation et s’évacuent ensuite dans une rivière. La méthodologie repose sur l’exploration du milieu environnant, sur des enquêtes auprès des riverains, sur des analyses physico-chimiques et biologiques de dix échantillons d’eau. Les échantillons ont été prélevés dans le canal d’irrigation, dans la rivière et dans les canaux de rejet des deux usines.
GENERALITES SUR LA POLLUTION DE L’EAU
La pollution de l’eau est une dégradation physique, chimique, biologique ou bactériologique de ses qualités naturelles, provoquée par l’homme et ses activités. Elle perturbe les conditions de vie de la faune et de la flore aquatiques ; elle compromet les utilisations de l’eau et l’équilibre du milieu aquatique.
Origines de la pollution
Les eaux usées sont des eaux souillées et rejetées après usage. Elles constituent une principale source de pollution et ont des origines très diverses.
Eaux usées domestiques : eaux provenant de la cellule d’habitations. Elles comprennent les eaux ménagères et les eaux vannes. Les eaux ménagères (eaux de lavage corporel et du linge, eaux de lavage des locaux, eaux de cuisine) sont des eaux chargées en détergents, graisses, solvants et débris organiques et les eaux vannes sont des eaux chargées en matières azotées et en germes fécaux.
Eaux usées urbaines : eaux constituées par les eaux provenant des bâtiments publics, du lavage des rues et trottoirs ainsi que les eaux pluviales. Les eaux de pluie se chargent d’impuretés au contact de l’air (fumées industrielles) ; en ruisselant, elles se chargent en résidus déposés sur les chaussées des villes (huiles de vidange, carburants, métaux lourds,…).
Effluents agricoles : eaux usées issues des fermes et des cultures. Elles sont caractérisées par de fortes teneurs en sels minéraux provenant des engrais, des purins et lisiers (élevage) et par la présence de produits de traitement (pesticides, herbicides, etc.) .
Eaux usées industrielles : eaux utilisées pour les différentes activités de l’industrie. Leur nature varie avec le type d’activité. Elles peuvent renfermer des matières organiques, des produits toxiques, des métaux lourds, des micropolluants , des matières radioactives, des hydrocarbures, etc.[2]
Les différents types de pollution
Selon la nature des agents polluants, la pollution peut être physique, chimique, thermique ou bactérienne. La pollution physique est due à la présence de plusieurs phases dans le système (généralement liquide – solide) comme les matières en suspension et les colloïdes. Elle se traduit par un trouble ou une coloration. La pollution thermique se traduit par une élévation anormale de la température de l’eau qui devient alors impropre à la vie aquatique. Cet accroissement de la température est dû le plus souvent à des circuits de refroidissement. La pollution chimique est due à des substances en solution. Elle se traduit par un changement de saveur (eaux salées ou saumâtres), parfois par l’apparition d’un caractère toxique lorsque le corps dissous est un poison. [3] La pollution bactérienne est due à la présence de microorganismes dont certains sont pathogènes, c’est-à-dire susceptibles de provoquer des maladies. [4]
Manifestations de la pollution
Les différentes formes de pollution peuvent se manifester par des phénomènes de nuisances telles que :
➤ la diminution de la teneur en oxygène dissous due aux matières organiques en grande quantité. Leur dégradation par les bactéries entraîne une consommation massive d’oxygène privant ainsi le milieu aquatique,
➤ la prolifération d’algues due à la présence excessive des matières minérales : les phosphates, les composés azotés, les sulfates et autres éléments minéraux,
➤ la présence des produits toxiques provenant des cultures, des décharges de déchets domestiques et industriels,
➤ la modification physique du milieu due à l’augmentation de la turbidité par l’apport des particules fines, l’augmentation de la salinité et l’élévation de la température par les eaux de refroidissement,
➤ la présence de bactéries ou virus dangereux pouvant provenir des rejets des hôpitaux, des foyers domestiques, des élevages et de certaines industries agroalimentaires.
Conséquences de la pollution
La pollution a des conséquences néfastes sur l’homme et sur l’environnement :
– Conséquences sur la santé publique Il est indéniable que l’eau contaminée porte atteinte à la santé de l’homme. Les eaux polluées sont à l’origine de nombreuses maladies par ingestion, inhalation d’eau souillée ou par simple contact (parasites) comme les diarrhées, les maladies de la peau, les migraines, les maladies pulmonaires, etc. Ces effets peuvent survenir à long ou à court terme suivant la durée du contact, la quantité absorbée et la toxicité.
– Conséquences sur l’écologie
o eutrophisation d’un plan d’eau,
o appauvrissement du milieu en oxygène dissous, affectant la vie des organismes aquatiques,
o disparition de certaines espèces par absorption des substances toxiques, provoquant un déséquilibre de l’écosystème.
– Conséquences socio-économiques
o impossibilité de l’exploitation piscicole,
o dégradation des sols des rizières entraînant une diminution et une mauvaise qualité de la production rizicole,
o dépréciation d’un site par suite de la dégradation de l’aspect : couleurs, odeurs, mousses, algues ou végétation sont des facteurs qui dégradent l’image du milieu.
Les paramètres indicateurs de pollution
Il existe cinq groupes d’indicateurs :
o les paramètres organoleptiques qui ont trait à la présentation de l’eau. Ils sont représentés par la couleur, l’odeur, la saveur et la turbidité,
o les paramètres physico-chimiques : la température, la conductivité, le potentiel d’hydrogène (pH ), les matières en suspension (MES), la dureté, les chlorures, les phosphates…,
o les paramètres biologiques représentés par la demande biologique en oxygène (DBO), la demande chimique en oxygène (DCO) et l’oxygène dissous,
o les éléments indésirables : les métaux lourds, les nitrates, les nitrites, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (H.A.P.), les phénols et dérivés, les détergents, les antibiotiques, les résidus des pesticides,… Même si les matières indésirables sont rejetées en très faibles quantités, en raison de leur toxicité, de leur persistance et de leur bioaccumulation, elles peuvent engendrer des nuisances.
o les paramètres microbiologiques : les tests microbiologiques ne sont effectués que dans des cas spéciaux comme les épidémies.
Pollution de l’eau par les industries
Les sources de pollution sont
o le nettoyage du sol,
o la vidange et la purge de certains récipients,
o le refroidissement des différentes machines utilisées,
o le lavage des matières premières, des produits finis, des cuves et des réacteurs,
o le déversement accidentel de produit à la suite de fausses manœuvres ou d’incidents de fabrication,
o le rejet de liquides résiduaires résultant d’une opération quelconque.
Classification des eaux usées industrielles
Suivant leur caractéristique, les eaux usées industrielles peuvent être
o à caractère organique dominant : eaux dont le rapport DBO/DCO est relativement élevé, de l’ordre de 0,5. Elles sont issues des industries agroalimentaires où la majorité des matières premières utilisées sont des composés organiques biodégradables [7],
o à caractère minéral dominant : eaux où leur rapport DBO/DCO est faible, de l’ordre de 0,1. Elles proviennent des industries de traitement des minéraux,
o à caractère mixte : eaux qui contiennent à la fois des matières organiques et minérales. Elles proviennent d’unités industrielles telles que les papeteries, les tanneries, les textiles.
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Table des matières
INTRODUCTION
Première partie : Généralités
I – GENERALITES SUR LA POLLUTION DE L’EAU
I.1 Origines
I.2 Différents types de pollution
I.3 Manifestation de la pollution
I.4 Conséquences de la pollution
I.5 Paramètres indicateurs de pollution
I.6 Pollution de l’eau par les industries
II – GENERALITES SUR LES COURS D’EAU
II.1 La potamologie
II.2 Caractéristiques des cours d’eau
II.3 L’auto-épuration des cours d’eau
II.4 Classification des cours d’eau
Deuxième partie : Résultats et interprétations
I- DESCRIPTION DE LA ZONE D’ETUDE
I.1 La commune
I.2 La végétation
I.3 La rivière
I.4 Le canal
I.5 Les activités de la population
II – LES ENTREPRISES
II.1 L’industrie alimentaire (U1)
II.2 L’industrie chimique (U2)
II.1 Produits utilisés par U1 et par U2 et leurs toxicités
II – PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX
III.1 Généralités
III.2 Qualité des rejets industriels
III.3 Qualité des eaux du canal d’irrigation
III. 4 Qualité des eaux de la rivière
Troisième partie : Conséquences de la pollution et suggestions
I – CONSEQUENCES ET RISQUES
I.1 Pollution esthétique
I.2 Conséquences sur la faune aquatique
I.3 Conséquences sur la culture du riz
I.4 Risques sanitaires
II – SUGGESTIONS
II.1 Solutions
II.2 Proposition de traitement
II.3 Conseils aux paysans
CONCLUSION GÉNERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
RESUME
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