Généralités sur la pisciculture et la carpe

Généralités sur la pisciculture et la carpe 

Les carpes 

Le terme « carpe », est l’appellation vernaculaire et ambiguë des poissons de la famille de cyprinidae dont l’origine est chinoise. Ce poisson est largement diffusé dans le monde à ce jour (Hollebecq et Haffray, 1994; Vandeputte, 2009) et il est recensé en France et de par le monde avec plus de 1800 espèces et sous espèces. Parmi cette multitude d’espèces, sont rencontrées la carpe herbivore (Ctenopharyngodon idellus), la carpe argentée (Hypophthalmichthys molitrix), la carpe à grosse tête (Hypophthalmichthys nobilis), la carpe de Wuchang (Megalobrama amblycephala), la carpe noire (Mylopharyngodon piceus), la carpe amour blanc (Ctenopharyngodon idella), la carpe prussienne (Carassius gibelio ), la carpe à la lune (Carassius carassius) et la carpe commune (Cyprinus carpio) (FAO, 2018). Par ailleurs, chacune des espèces comporte plusieurs variétés (Keith, 2006; Keith, 2011) .

Systématique de la carpe commune

La carpe commune appartient au règne animal et le tableau 1 présente sa classification

Tableau 1: Classification de la carpe commune
Embranchement Chordata
Classe Actinopterygii
Ordre Cypriniforme
Famille Cyprinidae
Genre et espèce Cyprinus carpio

La carpe commune est l’une des espèces la plus répandue. Elle présente de nombreuses variétés se distinguant les unes des autres par le phénotype et principalement par leurs écaillures. Les principales sont la carpe écaillée, la carpe cuir, la carpe miroir, la carpe linéaire (voir Figure 1). Pour ce qui est de la carpe koï, son phénotype provient de divers croissements génétiques contrôlés restant encore « secrets» dans les pays qui la commercialisent (Apdra, 2018; Hollebecq et Haffray, 1994).

Biologie de la carpe commune
L’élevage de la carpe commune ou carpiculture est une pratique mondiale actuellement. Il s’agit d’un poisson au corps allongé et trapu. Ses lèvres sont épaisses et la lèvre supérieure est garnie de 4 barbillons dont 2 courts et 2 longs. Ce poisson possède une longue nageoire dorsale au bord supérieur ondulé alors que la nageoire caudale est très développée avec un bord postérieur échancré. De couleur généralement dorée, le dos de la carpe commune est de couleur sombre avec une coloration variant du verdâtre au brunâtre tandis que son abdomen varie du blanc au jaunâtre.

La carpe commune vit au milieu et à l’aval des cours d’eau, dans des zones inondées, et des eaux superficielles confinées, comme les lacs, les bras morts, les eaux de réservoir telles que les étangs, les rizières. La carpe a un régime alimentaire de type omnivore : elle se nourrit d’herbes, de petits insectes et de crustacés. Vivant dans les fonds, elle mange dans les couches intermédiaires et superficielles de la colonne d’eau. En dessous de 15°C, la carpe s’alimente très peu et sa croissance est réduite. En dessous de 10°C, elle hiberne : elle cesse de s’alimenter et ne grossit plus voire perd du poids jusqu’à ce que l’eau se réchauffe. La croissance de la carpe est optimale dans les eaux douces de température variant entre 23 et 30°C, avec une salinité pouvant aller jusqu’à 5‰, un pH variant entre 6,5 et 9,0. La carpe peut vivre à de faible concentration d’eau en dioxygène (0,3- 0,5 mg/litre), de même que dans les cas de sursaturation d’eau en dioxygène. Pour se reproduire, la carpe a besoin d’une eau de température supérieure à 20°C. La reproduction se fait en milieu tropicale pendant toute l’année. A l’âge de la maturité sexuelle entre 2 et 3 ans, les femelles pondent entre 50 et 100000 œufs/ kg de poids vif sur les supports. Ces œufs sont immédiatement arrosés par la laitance d’un ou de plusieurs mâles, la laitance du mâle étant constituée de millions de cellules microscopiques munies d’un flagelle leur permettant de se déplacer dans l’eau. Ces spermatozoïdes vont se diriger vers les ovules pour les féconder. L’incubation dure de 3 à 8 jours dans la végétation, en eaux peu profondes, afin qu’ils restent exposés à la lumière. A l’éclosion, les alevins mesurent 6 à 8 millimètres de long. Ils sont de 2 à 4 centimètres à l’âge de trois semaines et sont appelés carpillons. Il faudra attendre 2 à 3 années, avec une activité plus fréquente au crépuscule, pour atteindre un poids moyen de 1,5 kg. La nurserie ou le stade de grossissement des alevins durant 3 à 4 semaines est idéale dans les étangs et les bassins avec une densité de stockage variant de 100 – 400 juvéniles/?2 . Une alimentation supplémentaire à base de soja, de céréales, de fibres de riz, d’éclats de riz et de viande, d’un mélange de ses différentes matières doit être apportée (Hajlaoui et al., 2016; Rhouma, 1975; Roule, 1932; Van Den Betg et Janssen, 1994).

La place de la carpiculture dans le monde

Depuis quelques décennies, est observée une croissance considérable de la pratique de l’élevage de la carpe en aquaculture (FAO, 2018). En effet, la FAO dans son ouvrage sur la situation mondiale de la pêche et l’aquaculture en 2012, présente la carpiculture comme la plus pratiquée avec un pourcentage envoisinant les 72% et une productivité de 24 millions de tonnes en 2010 (FAO, 2012). Le même ouvrage dans sa parution de 2016 indique une augmentation de la consommation des produits de la pêche et de l’aquaculture du fait de la croissance de la production des espèces piscicoles telles que la carpe, le tilapia, le poisson- chat dans les élevages (FAO, 2016). Cette augmentation s’explique également par la baisse des coûts de production : la carpe est une espèce essentiellement herbivore et n’est donc pas forcément très exigeante en matière d’alimentation (Chevassus-au-Louis et Lazard, 2009). En 2016, parmi les espèces de poisson élevées en aquaculture, la carpe représente à elle seule 39 % avec une prépondérance de la carpe herbivore suivie de l’argentée puis de la commune et de la grosse tête (FAO, 2018). L’annexe 4 présente les principales espèces de poissons aquatiques élevés dans le monde entre 2010 et 2016.

La place de la carpiculture à Madagascar

La carpe est de loin le poisson le plus produit et le plus consommé dans la Grande Ile (Ministère de l’agriculture, 2007). La seule espèce de carpe rencontrée est la carpe commune avec ses quatre phénotypes.

A Madagascar, l’élevage de la carpe est une activité pratiquée sans distinction du genre : les hommes aussi bien que les femmes sont impliqués dans la filière. Sa pratique dépend dans la plupart des cas du niveau des revenus de l‘éleveur : la pisciculture extensive, la pisciculture semi intensive ou encore intensive en fonction des moyens d’investissements disponibles. La différence significative entre ces différents types de pisciculture réside dans le niveau d’investissement financier. La pisciculture intensive est la plus rentable tout en nécessitant le plus d’investissement (Ministère de l’agriculture, 2007; Tchuidjang.M., 2016). Plusieurs types d’aménagement pour la pratique de la carpiculture sont rencontrés . L’élevage en rizière est une pratique courante. Ainsi, après la récolte du riz, les surfaces  cultivables sont aménagées en bassin piscicole. Quelques fois, l’élevage est initié dès lors que les plants de riz ont fleuri. Cela se justifie par le fait qu’une fois le riz produit, les carpes qui sont des herbivores vont se nourrir des restes de la récolte (Tchuidjang.M., 2016). En plus de l’aménagement des rizières, des bassins ou des étangs sont également fréquemment utilisés.

L’élevage de la carpe est généralement couplé avec celui d’autres espèces telles que le tilapia ou encore le black bass. Cette approche permet au producteur de mieux rentabiliser son élevage : bien que la carpe soit très prolifique, elle prend beaucoup de temps pour croître et crée donc un manque à gagner pour l’éleveur. Ce manque à gagner est ainsi compensé par le couplage avec une autre espèce moins prolifique mais à croissance rapide stimulant les ventes (Kiener et Therezien, 1958; Tchuidjang.M., 2016). Dans la même optique, il existe dans la Grande Ile plusieurs types de pisciculteur : des pisciculteurs œuvrant uniquement dans la production d’alevin ou alevinage, des pisciculteurs travaillant dans le grossissement. Ainsi pour des raisons de stratégie et d’entreprenariat, la FAO participe à la promotion de certains propriétaires privés spécialisés en alevinage appelés producteurs privés d’alevins(PPA) dont le rôle principal est de produire suffisamment d’alevins et de fournir à tous les pisciculteurs et les rizipisciculteurs de l’île. Cette promotion a pour conséquence une baisse des prix des alevins car plus disponibles. Elle doit aussi permettre la recherche par les PPA de meilleurs reproducteurs ou géniteurs afin d’augmenter leurs rentabilités tout en fournissant des alevins de meilleure qualité. Cette dernière réside dans la production d’alevins plus rustiques, peu voraces mais à croissance rapide. Ainsi, cette considération conduit aux importations (Oswald et al., 2016; Tchuidjang.M., 2016).

La dynamique des flux en carpiculture à Madagascar

Il existe plusieurs types de producteur d’alevins. En 2014, Ravakarivelo décrit plusieurs types d’élevage produisant les alevins : les grands PPA type FAO, les PPA classiques, les écloseries intermédiaires, les producteurs d’alevins atypique. Le premier type, à savoir celui de la FAO, est caractérisé par un grand nombre de géniteurs, une meilleure production et productivité, et un flux des poissons très important. Le second type, contrairement au premier type, présente moins de géniteur, un flux moins intense et une production et productivité réduite. Cette dynamique des flux des carpes tant sur le plan international avec des importations vers Madagascar que sur le plan national avec des échanges entre les différentes régions piscicoles, constitue un risque énorme en matière d’infection au KHV pour la filière en général et pour la carpe en particulier (Oswald et al., 2016; Ravakarivelo, 2014).

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Table des matières

CHAPITRE I. INTRODUCTION
I.1. Introduction
I.2. Généralités sur la pisciculture et la carpe
I.2.1. Les carpes
I.2.1.1. Systématique de la carpe commune
I.2.1.2. Biologie de la carpe commune
I.2.2. La place de la carpiculture dans le monde
I.2.3. La place de la carpiculture à Madagascar
I.2.4. La dynamique des flux en carpiculture à Madagascar
I.3. Généralités sur les herpèsvirus
I.3.1. Systématique des herpèsvirus
I.3.2. Cycle biologique de l’herpèsvirus
I.3.3. Herpèsvirose de type 3 chez la carpe
CHAPITRE II. MATERIELS ET METHODES
II.1. Cadre, période, population de l’étude
II.2. Kit de diagnostic
II.3. Extraction de l’acide nucléique
II.3.1. Principe
II.3.2. Extraction proprement dite
II.4. PCR en temps réel
II.4.1. Principe
II.4.2. Recherche du génome complet du KHV
II.4.3. Les amorces ou primers
II.4.4. Alignement des séquences d’amorce
II.4.5. Préparations des témoins positifs, négatifs et du mélange réactionnel
CHAPITRE III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Enquête sur le terrain
III.1.1. Phénotypes des carpes collectées
III.1.2. Carpes collectées et stade d’évolution
III.1.3. Carpes collectées et répartition par district
III.1.4. Carpes collectées et sexe
III.1.5. Carpes collectées et type d’aménagement
III.1.6. Carpes collectées et répartition selon les poids
III.2. Diagnostic du KHV en laboratoire
CHAPITRE IV. DISCUSSION, CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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