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Structure et synthรจse du tramadol
Structure chimique
Le tramadol a comme nom chimique : 2-[(dimethylamino) methyl] -1-(3-methoxyphenyl) cyclohexan-1-ol hydrochloride. Cโest une poudre cristalline blanche ou sensiblement blanche (Pharmacopรฉe europรฉenne). La forme commerciale utilisรฉe est une combinaison du dextrogyre (+) et du lรฉvogyre (-) รฉnantiomรจres (Subedi et al., 2019).
Lโhydrochloride tramadol est formรฉ de seize (16) atomes de carbone, vingt-cinq (26) molรฉcules dโhydrogรจnes, deux (2) atomes dโoxygรจnes, un azote et un groupement chlore. Il est composรฉ dโun groupe azote liรฉ ร deux groupes mรฉthyl et ร un phรฉnyle lui-mรชme unis ร un hydroxyle et ร un noyau aromatique reliรฉ ร un groupe mรฉthoxy.
Synthรจse
Synthรจse chimique
La synthรจse chimique du tramadol hydrochloride dรฉbute par une rรฉaction de Mannich entre le cyclohexanone (1), paraformaldรฉhyde (ou formaldรฉhyde) (2), et dimรฉthylamine hydrochloride (ou dimรฉthyle amine sulfate) (3) pour former le 2 dimรฉthylaminomรฉthyl-cyclohexanone hydrochloride (4). Aprรจs conversion du (4) en une base libre (5), il yโa addition du mรฉthoxy-phรฉnyle bromure de magnรฉsium (ou m mรฉthoxy-phรฉnyle de lithium pour produire le tramadol base(Smyj et al., 2013).
La figure 2 illustre la synthรจse chimique du tramadol hydrochloride.
Biosynthรจse du tramadol
Rรฉcemment il a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ quโon pouvait extraire le tramadol dโune plante originaire du Cameroun Nauclea latifolia (Kusari et al., 2014). En effet il serait prรฉsent dans les racines et lโรฉcorce de cette plante (Schmidt et al., 2015).
Lโextraction et la caractรฉrisation se font par HPLC et les propriรฉtรฉs analgรฉsiques sont testรฉes in vivo sur des modรจles de souris(Subedi et al., 2019).
Les acides aminรฉs : L-lysine, L-arginine, L-tyrosine, L-phรฉnylalanine et L-tryptophane sont des prรฉcurseurs biosynthรฉtiques du tramadol. Une voie biosynthรฉtique a รฉtรฉ proposรฉe par les auteurs par analyse isotopique spรฉcifique ร la position 13C(Schmidt et al., 2015).
Propriรฉtรฉs physico-chimiques
Lโhydrochloride de tramadol est un solide soluble dans lโeau et le mรฉthanol ; il est peu soluble dans lโacรฉtone. Le tableau I qui suit montre quelques propriรฉtรฉs physico-chimiques du tramadol hydrochloride.
Pharmacologie
Le mรฉdicament ร base de tramadol est un antalgique central classรฉ dans le palier 2. Il est indiquรฉ dans le traitement de la douleur aigue ou chronique sรฉvรจre ร modรฉrรฉe. Il sโest rรฉvรฉlรฉ efficace dans les douleurs, neuropathiques, relatives ร lโostรฉoarthrite, au rhumatoรฏde et ร la lombalgie(Hassamal et al., 2018).Il est administrรฉ par voie orale, rectale, intramusculaire et intraveineuse.
Mรฉcanisme dโaction
Lโhydrochloride de tramadol agit au niveau du systรจme nerveux central. Le mรฉlange racรฉmique (+) dextro et (-) lรฉvo รฉnantiomรจres ont une action analgรฉsique synergique (Subedi et al., 2019).En effet on note une action agoniste opioรฏde et une action monoaminergique en inhibant la recapture de la sรฉrotonine et de la norรฉpinephrine(Dickman, 2007).Le (+) tramadol et le mรฉtabolite (+) -O-dรฉmรฉthyle-tramadol (M1) sont des agonistes du rรฉcepteur opioรฏde ฮผ. Le (+) tramadol inhibe la recapture de la sรฉrotonine tandis que le (-) tramadol inhibe la recapture de lanorรฉpinephrine. Ceci accroit lโinhibition de la transmission de la douleur (nociceptive) au niveau de la moelle รฉpiniรจre(Grond & Sablotzki, 2004). Il faut noter aussi que le M1 tramadol a 300 fois plus dโaffinitรฉ sur les rรฉcepteurs opioรฏdes ฮผ que la molรฉcule mรจre(Sheikholeslami et al., 2016).La complรฉmentaritรฉ et lโaction synergique des 2 รฉnantiomรจres bonifient lโaction analgรฉsique et la bonne tolรฉrance du mรฉlange racรฉmique.
Pharmacocinรฉtique
Absorption et biodisponibilitรฉ
Aprรจs administration dโune dose orale de 100mg au volontaire sain, le tramadol est rapidement absorbรฉ ; les concentrations plasmatiques sont dรฉcelables environ 15 ร 45minutes aprรจs ingestion. La concentration plasmatique maximale est atteinte en deux heures environ et lโรฉtat dโรฉquilibre est trouvรฉ au bout de deux jours maximum(Dayer et al., 1994).
Aprรจs administration dโune dose unique, la biodisponibilitรฉ orale moyenne du tramadol se situe entre 68 et 75%. A doses itรฉratives, la biodisponibilitรฉ augmente et peut atteindre 90 ร 100 % ceci est probablement dรป au premier passage mรฉtabolique(Sheikholeslami et al., 2016).
Distribution
Le tramadol a eu une structure lipophile entrainant ainsi une bonne diffusion tissulaire. Son volume de distribution aprรจs une administration orale chez un sujet malade jeune est de 306L. Cependant sa fixation au niveau des protรฉines plasmatiques est faible (20 % environ)(Smyj et al., 2013).Le pic de concentration au niveau du cerveau est atteint par la molรฉcule mรจre et son mรฉtabolite majeur (M1) respectivement 10 et 20-60 minutes aprรจs administration. Ils traversent facilement la barriรจre placentaire (80 % de la concentration maternelle)par contre ils sont excrรฉtรฉs en faible quantitรฉ au niveau du lait maternel (1 %) (Sheikholeslami et al., 2016).
Mรฉtabolisme
Le tramadol est mรฉtabolisรฉ exclusivement au niveau du foie par le cytochrome P450 systรจme enzyme. Il subit six rรฉactions mรฉtaboliques : O-dรฉmรฉthylation, N-dรฉmรฉthylation, oxydation du cyclohexyle, N dรฉsalkylation oxydative, dรฉshydratation et enfin conjugaison. La transformation se dรฉroule en deux phases ; la phase 1 est composรฉe principalement de rรฉactions de O-N dรฉmรฉthylation et la 2รจme phase constituรฉe de conjugaison(Sheikholeslami et al.,2016) ;(Miotto et al., 2017).
Le cytochrome P2D6 catalyse la rรฉaction de transformation du tramadol en O-dรฉmรฉthyle tramadol (M1) et les cytochromes P-450 3A4 et B6 agissent au niveau de la rรฉaction de N-dรฉmรฉthylation pour la formation du N-dรฉmรฉthyle tramadol(Hassamal et al., 2018).M1 et M2 sont ร nouveau mรฉtabolisรฉs pour donner trois autres mรฉtabolites secondaires que sont le di-N, N-dรฉmรฉthyle tramadol (M3), le tri-N-N O-dรฉmรฉthyle tramadol (M4) et di-N,O-dรฉmรฉthyle tramadol (M5). Les O-dรฉmรฉthyles tramadol ร savoir M1, M4 et M5 subissent des rรฉactions de conjugaison pour finir en sulfates et glucuronides (rรฉactions phase 2). Tout au long de la phase 1, onze mรฉtabolites vont รชtre produits et douze durant la phase 2(Gillen et al., 2000).M1 est le mรฉtabolite le plus actif possรฉdant un effet analgรฉsique opioรฏde ce qui nโest pas le cas de M2 qui est pharmacologiquement inactive et ne possรจde pas dโactivitรฉ sur les rรฉcepteurs opioรฏdes et M5 est active mais a un faible pouvoir analgรฉsique comparรฉ ร M1(Sheikholeslami et al., 2016) ;(Hassamal et al., 2018).
Remarque : Le cytochrome P2D6 responsable de la transformation du tramadol en M1 est polymorphe. Il varie selon les individus. Cette variabilitรฉ du phรฉnotype peut รชtre classรฉe en quatre catรฉgories : les faibles mรฉtaboliseurs, les mรฉtaboliseurs intermรฉdiaires, les mรฉtaboliseurs extensifs et les mรฉtaboliseurs ultra-rapides. Ceci affecte le mรฉtabolisme du tramadol et lโaccumulation de ses mรฉtabolites causant des diffรฉrences sur lโefficacitรฉ et lโapparition dโeffets indรฉsirables(Subedi et al., 2019) ;(Sheikholeslami et al., 2016).
Elimination
Le tramadol est excrรฉtรฉ principalement par le rein, 90% dans les urines et 10% dans les selles. 25 ร 32% sont รฉliminรฉs sous forme inchangรฉe ; le temps de demie vie dโรฉlimination est de 5 ร 6h et la clairance aprรจs administration orale est de 742 ml/min(Smyj et al., 2013). Le temps dโรฉlimination de M1 est plus long (6,7 et 9h). Chez les personnes prรฉsentant une insuffisance rรฉnale ou hรฉpatique sรฉvรจre, le temps de demi-vie est prolongรฉ respectivement par un facteur de 2 ou 3. De ce fait il est recommandรฉ dโaccroรฎtre lโintervalle entre les prises chez ces patients (Dayer et al., 1994).
Pharmacodynamie
Indications
Lโefficacitรฉ antalgique du tramadol a รฉtรฉ dรฉmontrรฉe par de nombreuses รฉtudes. Le tableau II montre lโutilisation du mรฉdicament ร base de tramadol dans les diffรฉrentes douleurs.
Interactions mรฉdicamenteuses
Dโaprรจs le site drug.com le mรฉdicament de tramadol interagit avec 946 mรฉdicaments ; 491 sont des interactions mรฉdicamenteuses majeures, 447 sont des interactions modรฉrรฉes et 8 sont mineures.
Il interagit principalement avec les inhibiteurs de la MAO, les antidรฉpresseurs (tรฉgrรฉtol), les anticoagulants (digoxine) certains antibiotiques (rifampine, รฉrythromycine, quininidine) et les mรฉdicaments qui peuvent provoquer une somnolence. Lโassociation est dรฉconseillรฉe avec les antagonistes morphiniques (buprรฉnorphine, nalbuphine, pentazocine), lโalcool, la carbamazรฉpine et la naltrexone. Enfin diverses autres associations doivent รชtre prises en compte avec les autres analgรฉsiques morphiniques agonistes, antitussifs morphine (dextromรฉthorphane, noscapine, pholcodine), antitussifs morphiniques vrais (codรฉine, รฉthylmorphine), benzodiazรฉpines, barbituriques, autres mรฉdicaments sรฉdatifs, inhibiteurs sรฉlectifs du recaptage de la sรฉrotonine, venlafaxine, mรฉdicaments abaissant le seuil รฉpileptogรจne (notamment les antidรฉpresseurs imipraminiques et inhibiteurs sรฉlectifs du recaptage de la sรฉrotonine) (Subedi et al., 2019) ; ( Ciles et al., 2013).
Toxicologie
Le tramadol est connu comme รฉtant un opioรฏde atypique car il possรจde un faible potentiel dโabus dโoรน sa bonne tolรฉrance. La dose ร ne pas dรฉpasser est de 400mg par jour et le taux sanguin thรฉrapeutique est de 0,1 ร 0,3mg/l (Senay et al., 2003) ; (Michaud & al., 1999). Son intoxication est visible aux doses de 0,03 ร 22,59 mg/l et entraine des effets semblables ร ceux des opioรฏdes ร savoir myosis, vomissement, dรฉpressions ou arrรชt respiratoire, hyperexcitabilitรฉ du SNC (convulsions), coma et collapsus cardiovasculaire. Il peut entrainer la mort surtout sโil est associรฉ aux dรฉpresseurs du SNC ร lโexemple dโAlprazolam et de lโรฉthanol (Epstein et al., 2006) ; (Michaud et al., 1999).
Mรชme si le tramadol a des effets comparables aux opioรฏdes, la survenue dโune accoutumance semble rare et les syndromes de sevrages sont moins sรฉvรจres que ceux provoquรฉs par les autres opioรฏdes. Des donnรฉes recueillies par le systรจme de pharmacovigilance en Allemagne confirment ces propos en rรฉvรฉlant moins de cas dโabusif avec le tramadol quโavec la dihydrocodรฉine, la codรฉine, la tilidine/nalaxone ou le dextropropoxyphรฉne lorsque ce nombre de cas dโusage abusif a รฉtรฉ comparรฉ ร la quantitรฉ de mรฉdicaments prescrit, et ce sur une pรฉriode de 14ans. Les symptรดmes dโactivation du SNC avec myosis et dรฉpression respiratoire peuvent รชtre attribuรฉs aux effets monoaminergiques de la molรฉcule et lโadministration de nalaxone (dรฉpression respiratoire) ou de benzodiazรฉpines (convulsions) amรจne une disparition rapide des signes de toxicitรฉ(Dayer et al., 1994).
Le tramadol et ses mรฉtabolites N-dรฉmethyl tramadol, O-dรฉmethyltramadol peuvent รชtre dรฉtectรฉs dans le sang par chromatographie gazeuse couplรฉe ร la spectromรฉtrie de masse (CG-MS) aprรจs extraction basique et acรฉtylation. Ils peuvent aussi รชtre trouvรฉs au niveau du contenu gastrique (Michaud et al., 1999).
La dose lรฉtale du tramadol est de 300 ร 350 mg/kg(Subedi et al.,2019).
GENERALITES SUR LA PHARMACODEPENDANCE
Dรฉfinitions
Pharmacodรฉpendance
Dโaprรจs lโOMS, la pharmacodรฉpendance est dรฉfinie comme ยซ un รฉtat psychique et quelquefois รฉgalement physique rรฉsultant de lโinteraction entre un organisme vivant et un mรฉdicament se caractรฉrisant par des modifications du comportement et par dโautres rรฉactions, qui comprennent toujours une pulsion ร prendre le mรฉdicament de faรงon continue ou pรฉriodique afin de retrouver ses effets psychiques et quelquefois dโรฉviter le malaise de la privation ยป. Cet รฉtat peut sโaccompagner ou non de tolรฉrance. Un mรชme individu peut รชtre dรฉpendant ร lโรฉgard de plusieurs mรฉdicaments.
๏ถ La dรฉpendance psychique est ยซ un รฉtat dans lequel il existe un sentiment de satisfaction et une impulsion psychique qui nรฉcessitent lโadministration rรฉguliรจre ou continue de drogue afin de produire du plaisir ou dโรฉviter les sensations dรฉsagrรฉables ยป.
๏ถ La dรฉpendance physique quant ร elle ยซ est un รฉtat dโadaptation qui se manifeste par des troubles physiques intenses lors de lโinterruption de lโadministration de la drogue ou lorsque lโeffet de la drogue est modifiรฉ par lโadministration dโun antagoniste spรฉcifique ยป(Kramer & Cameron, 1975).
Abus
Lโabus est un mauvais emploi, un usage excessif ou injuste de quelque chose. Cโest le fait dโoutrepasser aussi certains droits, de sortir dโune norme, d’une rรจgle et, en particulier, injustice, acte rรฉprรฉhensible รฉtablis par l’habitude ou la coutume ; excรจs selon Larousse.
Le terme abus des drogues est un jugement social. Il serait difficile de formuler une dรฉfinition qui soit acceptable par la majoritรฉ des personnes sโoccupant de lโusage des drogues. On peut estimer quโune personne abuse de drogues lorsquโelle utilise une substance illicite (par exemple lโhรฉroรฏne ou la cocaรฏne), lorsquโelle fait usage dโune substance licite en quantitรฉ considรฉrรฉe comme excessive par dโautres personnes (par exemple lโรฉthanol) ou lorsquโelle consomme une substance licite, quelle quโen soit la quantitรฉ (par exemple le tabac)(OMS, 2002)(John C.M. Brust, M.D., 2004).
Dรฉtournement
Le dรฉtournement est dรฉfini par Larousse comme ยซ une action de soustraire illรฉgitimement quelque chose ร sa destination normale pour son profit ยป. Le mรฉdicament peut faire objet de dรฉtournement, qui selon la dรฉfinition communรฉment acceptรฉe consiste dans son utilisation ยซ en dehors de sa norme dโusage, cโest-ร -dire ร une fin autre que celle pour laquelle il รฉtait initialement prรฉvu. Le dรฉtournement concerne gรฉnรฉralement les mรฉdicaments sur ordonnance, mais peut aussi impliquer des mรฉdicaments en vente libre sโils sont utilisรฉs non conformรฉment aux indications prรฉcisรฉes sur la notice du produit (Thoรซr et al.,2008).
Addiction
Le Larousse mรฉdical dรฉfinit lโaddiction comme un processus de dรฉpendance plus ou moins aliรฉnante ร des toxiques ou ร des comportements.
Lโaddiction est un processus par lequel un comportement humain permet dโaccรฉder au plaisir immรฉdiat tout en rรฉduisant une sensation de malaise interne. Il sโaccompagne dโune impossibilitรฉ ร contrรดler ce comportement en dรฉpit de la connaissance de ses consรฉquences nรฉgatives(Larousse, s. d.-b).
Lโaddiction est une dรฉpendance psychique. Le terme anglais ยซ addict ยป que lโon pourrait traduire par accro dรฉsigne une personne dont la dรฉpendance psychique, associรฉe ou non ร une dรฉpendance physique, fait de la recherche de drogue une prรฉoccupation quotidienne.
En 1964, le Comitรฉ dโexperts pour la pharmacodรฉpendance de lโOrganisation mondiale de la santรฉ (OMS) a รฉmis la recommandation que les termes addictionaux drogues et accoutumance aux drogues soient remplacรฉs par le terme pharmacodรฉpendance (Eddy et al., 1965).
Drogues, stupรฉfiants
๏ถ La drogue est une ยซ substance psychotrope naturelle ou synthรฉtique, gรฉnรฉralement nuisible pour la santรฉ, susceptible de provoquer une toxicomanie, et consommรฉe en dehors d’une prescription mรฉdicaleยป (Larousse, s. d.-a).En pharmacologie, toute substance capable de perturber les mรฉcanismes physiologiques est une drogue ; les mรฉdicaments sont des drogues employรฉes ร des fins thรฉrapeutiques (Universalis, s. d.).Selon L HULSMAN et H.van RANSBEEK, les drogues sont des substances produisant un changement de la conscience (Hulsman & Van Ransbeek, 1983).
๏ถ Un stupรฉfiant est une substance, mรฉdicamenteuse ou non, dont l’action sรฉdative, analgรฉsique, narcotique et/ou euphorisante provoque ร la longue une accoutumance et une pharmacodรฉpendance (toxicomanie) (Larousse).Les stupรฉfiants sont gรฉnรฉralement des produits toxiques agissant sur le systรจme nerveux et conduisant ร la dรฉpendance dโaprรจs le Conseil Aide et Action contre la Toxicomanie(CAAT)(Carcel, 2007)
Mรฉsusage
Le mรฉsusage est ยซ un usage abusif ou dรฉtournรฉ de quelque chose ยป.En pharmacologie, un mรฉsusage est une utilisation intentionnelle et inappropriรฉe dโun mรฉdicament ou dโun produit, non conforme ร lโautorisation de mise sur le marchรฉ ou ร lโenregistrement ainsi quโaux recommandations de bonnes pratiques(CRPV, 2014)
Aspects neurologiques de la pharmacodรฉpendance
La recherche sur les mรฉcanismes neurobiologiques qui sous-tendent le dรฉveloppement de lโaddiction des substances psychoactives a produit ces derniรจres annรฉes un changement radical de la comprรฉhension de ce trouble ยซ bio-psycho-mรฉdico-social ยป. Il serait intรฉressant de comprendre pourquoi une certaine partie des gens perd la libertรฉ de sโabstenir alors quโil y a une autre partie qui a les capacitรฉs de rรฉsister ร lโaddiction. Les facteurs mis en jeu sont maintenant mieux compris. Parmi ceux-ci, on retrouve les facteurs gรฉnรฉtiques (environ 50 % du risque de dรฉvelopper une addiction, avec par exemple leur participation dans la sensibilitรฉ aux effets plaisants, la tolรฉrance et le mรฉtabolisme), les facteurs dรฉveloppementaux (vie intra-utรฉrine, enfance, adolescence) et les facteurs environnementaux (stress, drogue, social, familial, culturel) qui sont impliquรฉs dans le risque de perdre le contrรดle de la consommation et de prรฉsenter un usage compulsif(Inserm, 2014).
Lโaddiction est liรฉe dans un premier temps au plaisir des prises initiales et implique lโaugmentation de la transmission dopaminergique du circuit mรฉsocorticolimbique. Le chemin qui mรจne du plaisir ร la dรฉpendance passe trรจs certainement par des phรฉnomรจnes liรฉs dโune part ร lโautomatisme dans lequel le comportement initialement motivรฉ devient par la suite une habitude et dโautre part ร une augmentation progressive de la motivation ร consommer (tolรฉrance inverse ou sensibilisation)(Vanderschuren & Pierce, 2010). Les effets plaisants, dits encore rรฉcompensant des drogues sont relayรฉs par la libรฉration de dopamine dans le noyau accumbens (Nac) par les terminaisons synaptiques en provenance des neurones de lโaire tegmentale ventrale (ATV) du circuit mรฉsocorticolimbique. En effet, les drogues font une usurpation du rรดle des comportements (alimentation, sexualitรฉ) ou les effets des substances qui produisent naturellement du plaisir via la libรฉration de dopamine. Ces diffรฉrents mรฉcanismes dont la diminution du tonus inhibiteur quโexercent les neurones GABAergiques sur les neurones dopaminergiques de lโATV, la libรฉration dโopioรฏdes et dโendocannabinoรฏdes endogรจnes, et une action directe sur les neurones dopaminergiques en augmentant leur frรฉquence de dรฉcharge expliquent lโaugmentation extracellulaire de la dopamine. Il faut noter que la libรฉration de dopamine dans la partie dorsale du striatum (rรฉgion qui semble jouer un rรดle majeur dans les aspects liรฉs aux habitudes et aux automatismes caractรฉristiques du comportement addictif et de la recherche compulsive de drogue) induite par lโindice contextuel pourrait mรชme รชtre supรฉrieure ร celle induite par la drogue elle-mรชme. Ceci dรฉmontre lโimportance de lโenvironnement dans lโaddiction. Ces indices environnementaux associรฉs au dรฉsir de consommer la drogue entraรฎnent des rรฉponses conditionnรฉes en contrรดlant la transmission dopaminergique et maintiennent une forte motivation ร consommer (Schultz, 2010).Chez les sujets dรฉpendants, des รฉtudes dโimagerie ont montrรฉ des niveaux supra-physiologiques de dopamine dans le Nac associรฉs ร une diminution marquรฉe de la fonction dopaminergique, avec notamment une rรฉduction des taux de rรฉcepteurs D2 de la dopamine. La diminution de la transmission dopaminergique est ร lโorigine de la baisse gรฉnรฉralisรฉe de la sensibilitรฉ du systรจme de la rรฉcompense aux effets des rรฉcompenses naturelles. En revanche, les effets de la drogue et lโapprentissage conditionnรฉ entre ces effets et les stimuli neutres associรฉs (indices contextuels) se renforcent. La baisse des rรฉcepteurs D2 de la dopamine pourrait jouer un rรดle majeur dans la vulnรฉrabilitรฉ ร devenir dรฉpendant.
La figure 7 est une reprรฉsentation du neurone dopaminergique de lโaire tegmentale ventrale projetant dans le noyau accumbens et sous le contrรดle dโinterneurones GABAergiques et opioรฏdergiques.
Dans les premiรจres รฉtapes du dรฉveloppement de lโaddiction, les consommations associรฉes au plaisir voire ร lโintoxication activent le circuit de la rรฉcompense (Nac, ATV et pallidum ventral) et donc celui de la sortie motrice (striatum dorsal et cortex moteur). Le circuit de la rรฉcompense est toujours sous le contrรดle inhibiteur cortical du circuit impliquรฉ dans le contrรดle exรฉcutif (cortex prรฉfrontal dorsolatรฉral (CPFDL), cortex cingulaire antรฉrieur (CCA), cortex frontal infรฉrieur (CFI) et cortex orbitofrontal latรฉral (COF). Parmi les critรจres de la pharmacodรฉpendance, on retrouve la perte de contrรดle de la consommation se caractรฉrisant par un dรฉsรฉquilibre qui favorise la sur-activation des circuits de la rรฉcompense, de la motivation et de la mรฉmoire/conditionnement (amygdale, COF mรฉdian pour lโattribution de la plus-value et le striatum dorsal pour les habitudes/automatismes) qui entraรฎne une exagรฉration de la valeur attendue de la drogue. Deux autres circuits sont aussi suractivรฉs, impliquant un rรฉseau neuronal jouant un rรดle dans lโhumeur incluant la rรฉactivitรฉ au stress (amygdale et hypothalamus) et lโintรฉroception (insula et CCA) contribuant au craving. Plusieurs systรจmes de neurotransmission interviennent dans ces neuro-adaptations impliquant le glutamate, le GABA, la noradrรฉnaline, la corticolibรฉrine (Corticotropin Releasing Factor ou CRF) et les opioรฏdes(Baler & Volkow, 2006).
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LE TRAMADOL ET LA PHARMACODEPENDANCE
I Gรฉnรฉralitรฉs sur le tramadol
I.1 Historique
I.2 Structure et synthรจse du tramadol
I.2.1 Structure chimique
I.2.2 Synthรจse
I.2.2.1 Synthรจse chimique
I.2.2.2 Biosynthรจse du tramadol
I.3 Propriรฉtรฉs physico-chimiques
I.4 Pharmacologie
I.4.1 Mรฉcanisme dโaction
I.4.2 Pharmacocinรฉtique
I.4.2.1 Absorption et biodisponibilitรฉ
I.4.2.2 Distribution
I.4.2.3 Mรฉtabolisme
I.4.2.4 Elimination
I.4.3 Pharmacodynamie
I.4.3.1 Indications
I.4.3.2 Contre-indications
I.4.3.3 Effets indรฉsirables
I.5 Toxicologie
II GENERALITES SUR LA PHARMACODEPENDANCE
II.1 Dรฉfinitions
II.1.1 Pharmacodรฉpendance
II.1.2 Abus
II.1.3 Dรฉtournement
II.1.4 Addiction
II.1.5 Drogues, stupรฉfiants
II.1.6 Mรฉsusage
II.2 Aspects neurologiques de la pharmacodรฉpendance
II.3 Prise en charge de la dรฉpendance
DEUXIEME PARTIE : ABUS ET DETOURNEMENTS DโUSAGE DES MEDICAMENTS A BASE DE TRAMADOL DANS LE MONDE
I. Objectifs
I.1 Objectif gรฉnรฉral
I.2 Objectifs spรฉcifiques
II. Mรฉthodologie
III Rรฉsultats
III.1 En Europe
III.2 En Asie
III.3 En Afrique
III.4 En Amรฉrique
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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