Généralités sur la microdose, le soja et le maïs
Généralités sur la technique de microdose
Origine et objectifs de la fertilisation minérale par microdose
La microdose des engrais minéraux ou le placement en profondeur d’engrais minéraux est une technologie développée à l’origine par l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides du Centre sahélien (ICRISAT-SC) avec des partenaires allemands (Rebafka et al, 1993). Une idée commune selon laquelle les agriculteurs peuvent, au mieux, faire des investissements avec de petites quantités d’engrais fut développée (Rohrbach, 1999). Les résultats du test avec de petites quantités d’engrais « N » furent pertinents. L’expérimentation de cette pratique fut exportée aux champs avec les producteurs. Les résultats des essais aux champs ont confirmé que les agriculteurs pourraient augmenter leurs rendements des céréales de 30 à 100% en appliquant environ 10 kg N ha-1 (Rusike et al, 2006). Confortés par ces bons résultats, la diffusion de la microdose fut lancée en 2003/2004 en Afrique sub-saharienne avec le soutien du département du développement international (DFID) et de l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO). Des séries de formations et de sensibilisations furent faites pour clarifier ses multiples avantages. En plus de minimiser les investissements en engrais tout en optimisant la productivité, la microdose permet de réduire la dégradation des ressources naturelles et la volatilisation des engrais (Housseini 2013). Par ailleurs, elle a été identifiée en 2013 par un panel d’experts réunis à Montpellier (France) comme une technologie intelligente pour le climat (The Montpellier Panel, 2013) et une voie sûre pour l’intensification des systèmes agricoles en Afrique sub-saharienne (Murendo et Wollni, 2015).
La technique d’application des engrais minéraux par microdose
L’application de la microdose est minutieuse et nécessite une grande précision pour ne pas apporter une dose plus que le nécessaire. Les répétitions de l’opération sont nécessaires pour la maitrise du dosage utile. Elle peut se faire par pincée de trois doigts (environ 3 grammes et qui peut varier en fonction que l’appliquant soit un enfant ou un adulte) ou en utilisant une capsule de bouteille de boisson gazeuse ou de bière. Ces capsules ont un volume avoisinant à 3 grammes qui est la microdose appliquée à ces spéculations (figure (2)).
Performances agro économiques de la microdose
La technique de microdose fait partie de l’agriculture de précision développée par l’ICRISAT (1999). Elle est abordable pour les producteurs pauvres en raison du coût d’investissement réduit. Cette technique permet un démarrage rapide de la plante et une croissance rapide des racines, évitant la sécheresse en début de saison, et une maturité plus précoce, mais aussi en évitant la sécheresse de fin saison, tout en augmentant les rendements des cultures (Tabo et al, 2006). Plusieurs études ont porté sur les performances à la fois agronomiques et économiques de cette technique dans divers endroits du continent africain :
Tabo et al, (2006, 2007) ; Hayashi et al, (2008) ont mené une étude auprès des producteurs expérimentateurs de la technique de microdose dans trois pays sahéliens d’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Mali, et le Niger). Leurs résultats ont révélé que la technique de microdose permettait d’accroitre la productivité des céréales (maïs, mil et sorgho) chez les producteurs. La microdose favoriserait une augmentation des rendements de ces cultures de 44 à 120 % par rapport à la dose vulgarisée. Aussi, elle accroîtrait les revenus de ces producteurs de 52 à 134 % par rapport à la pratique paysanne. Le profit net réalisé sans apport d’engrais était de 71 167 FCFA.ha-1 pour le mil et 68 584 FCFA.ha-1 pour le sorgho. Avec la technique de microdose, ces profits sont de 119 690 FCFA.ha-1 pour le mil et de 91 064 FCFA.ha-1 pour le sorgho. Sous la dose vulgarisée, ces profits sont de 89 959 FCFA.ha-1 pour le mil contre 68 584 FCFA.ha-1 pour le sorgho.
ICRISAT (2009) a conduit une évaluation économique chez des producteurs d’Afrique subsaharienne utilisant la microdose. Les résultats montrent également un accroissement de 50 à 130 % le revenu net à l’hectare chez les producteurs de mil et sorgho comparativement à leurs propres pratiques.
CORAF (2011) en conduisant une enquête auprès des producteurs maliens appliquant la technique de microdose est parvenue aux résultats suivants: la microdose permettrait une augmentation du rendement grains de sorgho de 107 % et de 61 % pour le mil par rapport à ceux obtenus sous le témoin (sans apport d’engrais). Okebalama et al. (2016) ont montré que cette technique appliquée au maïs avait permis d’accroitre les rendements de 99 % par rapport à la pratique paysanne dans la zone forêt humide au Ghana. Au Zimbabwe, elle a permis un accroissement des rendements de 30 à 50 % malgré des conditions climatiques défavorables. Leurs résultats ont prouvé également que les petits producteurs zimbabwéens ont enregistré des revenus nets de 350 dollars de plus à l’hectare par rapport à la pratique paysanne. Au regard de l’importance capitale de la microdose, certains auteurs ont pensé aux facteurs pouvant affecter son adoption. Murendo et Wollni (2015) dans leur étude sur l’adoption de la microdose chez près de 415 petits producteurs du Zimbabwe ayant été formés sur la technique ont relevé que 47 % avaient adopté la microdose. Pour les adoptants, cette technique permet d’augmenter vraisemblablement la sécurité alimentaire. Leur étude a permis d’identifier les raisons liées au non adoption par les 53 % des producteurs. Les principales contraintes auxquelles ces derniers font face sont: l’inaccessibilité et les coûts élevés des engrais minéraux, l’inaccessibilité des crédits agricoles et le flou ou le manque d’information sur la technique de microdose. Selon Winter-Nelson (2014), le fait d’être femme est moins favorable à l’adoption de la microdose à cause des difficultés d’accès aux moyens de labour et aux engrais minéraux. Abdoulaye et al. (2014) dans leur étude ont montré que les femmes ont seulement 25 % de probabilité d’adopter une association microdose-irrigation en Afrique subsaharienne par rapport aux hommes pour manque de moyens financiers.
Microdose et sécurité alimentaire
La technique de microdose a été identifiée comme stratégie pouvant améliorer la sécurité alimentaire. La plupart des études conduites sur cette technique ont montré qu’elle constituait une alternative durable face à la demande alimentaire croissante. Les hausses de rendements de plus de 100 % des productions céréalières observées chez les petits agriculteurs d’Afrique sub-saharienne (Tabo et al, 2006 ; 2007) favoriseraient une amélioration de la sécurité alimentaire et contribueraient à réduire les aides alimentaires. Les résultats de Twomlow et al. (2010) ont montré que la microdose de l’azote (N) qui est l’élément nutritif fondamental pour les plantes peut avoir un impact positif dans l’augmentation de la disponibilité alimentaire pour une grande partie des pauvres agriculteurs ruraux dans les régions sèches du sud du Zimbabwe. Rohrbach et al. (2005) ont indiqué que le soutien du DFID pour la distribution de 25 kg d’engrais au nitrate d’ammonium à chacun des 160 000 foyers agricoles au Zimbabwe a contribué à 40 000 tonnes supplémentaires de production de maïs. Cette production est évaluée à environ 5 à 7 millions de dollars US par le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
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Table des matières
INTRODUCTION
Contexte et justification
Problématique
Objectifs spécifiques
Hypothèses
CHAPITRE I: REVUE DE LITTERATURE
1.1. Quelques facteurs explicatifs des perceptions sur les technologies agricoles
1.2. Quelques facteurs déterminants dans l’adoption des technologies agricoles
1.3. Généralités sur la microdose, le soja et le maïs
1.3.1. Généralités sur la technique de microdose
1.3.1.1. Origine et objectifs de la fertilisation minérale par microdose
1.3.1.2. La technique d’application des engrais minéraux par microdose
1.3.1.3. Performances agro économiques de la microdose
1.3.1.4. Microdose et sécurité alimentaire
1.3.2. Généralité sur le soja
1.3.2.1. Importance du soja
1.3.2.2. Production et de commercialisation de soja au Burkina Faso
1.3.3. Généralités sur le maïs
1.3.3.1. Rôle et importance du maïs
1.3.3.2. Etat de la production du maïs au Burkina Faso
1.4. Clarification conceptuelle
CHAPITRE II: METHODOLOGIE
2.1. Justification et choix des zones d’étude
2.2. Présentation des différentes zones d’étude
2.2.1. Province du Nahouri
2.2.2. Province de la Sissili
2.3. Choix des villages et communes
2.4. Echantillonnage
2.5. Stratégie de recherche et outils de collectes de données
2.5.1. Stratégie de recherche
2.5.2. Outils de collectes des données
2.6. Méthodes et outils d’analyse des données
2.6.1. Analyse de la perception des producteurs
2.6.2. Déterminants socio-économiques de l’adoption de la microdose
2.6.2.1. Choix du modèle
2.6.2.2. Spécification du modèle
2.6.2.3. Choix des variables du modèle
2.6.3. Analyse de la rentabilité financière des différentes technologies
2.6.3.1. Les indicateurs d’évaluation de la rentabilité financière des technologies
2.6.3.2. Estimation de la Main d’œuvre
2.7. Outils de traitement des données
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Présentation des résultats
3.1.1. Caractéristiques des producteurs
3.1.1.1 Répartition en fonction de l’âge et du sexe
3.1.1.2. Répartition en fonction du niveau d’instruction
3.1.2. Caractéristiques de l’exploitation
3.1.2.1. Les différentes spéculations cultivées par province
3.1.2.2. Équipements et animaux de trait
3.1.2.3. Tenure foncière, superficies et nombre d’actifs
3.1.3. Production et commercialisation du soja et du maïs
3.1.3.1. Niveau d’utilisation des engrais minéraux
3.1.3.2. Rendements enregistrés sur les trois technologies pour le soja et le maïs
3.1.3.3. La commercialisation
3.1.4. Evaluation de la perception des producteurs sur les technologies testées
3.1.4.1. Connaissance et niveau d’utilisation de la technique de microdose
3.1.4.2. Évaluation participative de la perception des producteurs
3.1.5. Les facteurs socio-économiques déterminants pour l’adoption de la microdose
3.1.5.1. Selon les déclarations des producteurs et partenaires techniques
3.1.5.2. Résultats de la régression économétrique
3.1.5.3. Adéquation et significativité globale du modèle
3.1.5.4. Analyse des variables déterminantes dans l’adoption de la microdose
3.1.6. Analyse de la rentabilité financière des différentes technologies
3.1.6.1. Compte d’exploitation et analyses comparatives des technologies sur le soja
3.1.6.2. Compte d’exploitation et analyses comparatives des technologies sur le maïs
3.2. Discussion
3.2.1. Analyse de la perception des différentes technologies testées
3.2.2. Effets des variables socio-économiques sur l’adoption de la technologie microdose
3.2.3. Analyse des rendements et rentabilité financière des différentes technologies
CONCLUSION
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