Généralités sur la leishmaniose canine
Les espèces affectées
Chez l’homme, les formes asymptomatiques après infection par Leishmania infantum sont fréquentes. Lorsque l’infection se manifeste sous une forme clinique, on distingue :
– une forme cutanée et une forme cutanéo-muqueuse qui guérissent spontanément mais laissent des cicatrices disgracieuses indélébiles,
– une forme viscérale (majoritaire dans le bassin méditerranéen) qui est une atteinte systémique de la lignée des phagocytes mononucléés, et mortelle en l’absence de traitement en un à deux ans. Sous traitement, les signes cliniques régressent mais les rechutes sont fréquentes, notamment à cause de l’émergence de souches résistantes.
Les personnes les plus à risques sont les enfants et les personnes immunodéprimées (VIH, traitement immunosuppresseur dans le cadre de pathologies intercurrentes ou de transplantations d’organes…) (Morin, 2011).
Chez les chiens, l’infection par les leishmanies peut également se traduire par des formes asymptomatiques ou bien par l’apparition de signes cliniques et/ou d’anormalités paracliniques, ceci en fonction de la réponse immunitaire mise en place. En effet, en région endémique on estime de 5 à 10% le nombre d’individus symptomatiques pour 90 à 95% de chiens cliniquement sains. Parmi ces derniers, environ un tiers ne sont pas infectés et les deux tiers restants le sont, dont 22% sont susceptibles de déclarer la maladie (Solano-gallego et al, 2009).
Chez le chien, il s’agit plus d’une leishmaniose « générale » que d’une leishmaniose viscérale ou cutanée sensu stricto car la maladie se caractérise toujours par une association de lésions cutanéo-muqueuses et viscérales, bien que les lésions cutanées soient les plus fréquentes et constituent souvent le seul tableau clinique (Bourdoiseau, 2000).
Il existe certains facteurs de susceptibilité, favorisant le développement de la maladie :
– la race : Berger allemands, Boxers, Cockers Spaniel, Rottweilers (Baneth et al, 2008 et Saridomichelakis et al, 2009) ;
– l’âge : les chiens âgés de un à trois ans et ceux âgés de plus de huit ans (Morin, 2011) ;
– le sexe : les mâles seraient plus touchés que les femelles mais cela reste controversé et les résultats divergent selon les études (Zivicnjak et al, 2005 ; Moreno et al, 2002 et Cortes et al, 2013) ;
– l’activité des chiens : le mode de vie des chiens intervient souvent de façon décisive, ne serait-ce qu’en augmentant les probabilités de contact avec les vecteurs ou en permettant une circulation plus rapide du parasite. Les chiens de chasse et les chiens de garde sont les deux catégories les plus touchées, car les plus exposés aux morsures de phlébotomes, comparées aux chiens de bergers et de compagnie (Mazelet, 2004 et Cortes et al, 2013) ;
Cycle évolutif
L. infantum est un parasite dixène dont le cycle nécessite deux hôtes : un vecteur biologique (hôte intermédiaire) le phlébotome qui abrite la forme promastigote, et un mammifère (hôte principal) qui héberge la forme amastigote.
Lors du repas sanguin, le vecteur femelle inocule dans le derme du mammifère la forme infestante du promastigote : le promastigote métacyclique. Ce dernier est rapidement phagocyté par les cellules du système des phagocytes mononucléés (SPM : macrophages, histiocytes, cellules de Küpffer) pour se retrouver dans une vacuole parasitophore (phagosome), qui par fusion avec le lysosome aboutira à la formation d’un phagolysosome.
Au sein de ce dernier le parasite va survivre et se multiplier grâce à des mécanismes d’échappement aux mécanismes de défense non spécifiques des macrophages (Bourdoiseau, 2000).
Douze à vingt-quatre heures après l’inoculation, les promastigotes se transforment en amastigotes et entrainent la destruction du macrophage, libérant ainsi les amastigotes qui vont pouvoir infecter d’autres cellules.
En fonction de la sensibilité de l’hôte et de l’efficacité de sa réponse immunitaire, ce stade de l’infection peut devenir chronique et durer plusieurs semaines voire toute la vie de l’individu sans que cela n’entraine forcément de signes cliniques. La dissémination des macrophages infectés à d’autres organes ou sa localisation stricte au derme est elle aussi fonction de la
réponse immunitaire de l’hôte.
Lorsqu’un phlébotome se nourrit sur un mammifère infecté, il peut ingérer la forme amastigote présente dans le derme, et la transformation en promastigote (qui a lieu au niveau de l’intestin moyen du vecteur) est achevée en vingt quatre à quarante-huit heures. Le parasite se multiplie ensuite par scissiparité longitudinale et les promastigotes s’accumulent dans les intestins du phlébotome. Ce dernier est alors infestant de 15 jours après le repas sanguin contaminant jusqu’à sa mort (Bourdoiseau, 2000).
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I. Généralités sur la leishmaniose canine
A. Définition
B. Importance
1. Médicale
2. Economique
3. Sociale
II. Epidémiologie
A. Les espèces affectées
B. Répartition
1. Mondiale
2. En France
a) Leishmaniose humaine
b) Leishmaniose canine
III. Etiologie
A. Le parasite : Leishmania infantum
1.Taxonomie
2. Morphologie
3. Cycle évolutif
B. Le vecteur : le phlébotome
1. Taxonomie et morphologie
2. Les espèces concernées
3. Biologie
a) Habitat
b) Nutrition
c) Cycle évolutif
d) Activité
IV. Immunologie et pathogénèse
V. Clinique
A. Signes généraux
B. Signes cutanés
C. Signes oculaires
D. Atteinte rénale
E. Autres signes cliniques
F. Anomalies para-cliniques
VI. Diagnostic
A. Suspicion clinique
B. Tests rapides de diagnostic au cabinet
C. Diagnostic de laboratoire
1. Méthodes non spécifiques
a) Modifications hématologiques
b) Modifications biochimiques
2. Méthodes spécifiques
a Mise en évidence directe du parasite
b) Mise en évidence indirecte du parasite : sérologie
D. En pratique
VI. Traitement
A. Molécules utilisées
B. Suivi et pronostic
VII. Prophylaxie
A. Sanitaire
B. Médicale
1. Les antiparasitaires externes
2. Les vaccins
DEUXIEME PARTIE : Enquête auprès des cliniques vétérinaires de Corse
I. Matériel et méthodes
A. Objectifs de l’enquête
B. Questions posées aux vétérinaires
C. Collecte des données
II. Résultats
A. Réponses
1. Taux de réponses
2. Type de clientèle
B. Etude des cas de leishmaniose
1. Nombre de cas suspects selon la taille de la clientèle
2. Evolution du nombre de cas de leishmaniose
3. Notion de zone d’enzootie
C. Etude de la symptomatologie
1. Fréquence des symptômes observés
2. Pertinence des symptômes observés dans l’établissement du diagnostic
D. Etude de la méthode diagnostique
1. Critères diagnostiques
2. Nombre de cas confirmés de leishmaniose canine
3. Méthodes diagnostiques utilisées
4. Lieu de l’établissement du diagnostic
E. Etude des protocoles de traitement
1. Nombre de chiens traités
2. Décisions de mise en place d’un traitement
3. Fréquence des différents traitements utilisés contre la leishmaniose
4. Adaptation des schémas thérapeutiques
5. Suivi et arrêt du traitement
F. Etude des mesures de prophylaxie
1. Informations délivrées aux propriétaires
2. Mesures de prévention conseillées
3. Vaccination
G. Attentes des vétérinaires en matière de leishmaniose canine
IV. Discussion
A. Réponses
B. Analyse critique du questionnaire
C. Epidémiologie
D. Clinique
E. Diagnostic
F. Traitement
G. Prophylaxie
H. Importance de la leishmaniose en Corse
I. Attentes des vétérinaires en matière de leishmaniose canine
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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