GENERALITES SUR LA FILIERE VANILLE
L’arôme que dégagent les fruits du vanillier, orchidée spontanée en Amérique Tropicale lorsque bien mûrs, ils s’ouvrent et prennent une teinte brune, a dû, tout naturellement, attirer l’homme primitif et l’inciter à l’utiliser dans son alimentation. L’histoire rapporte que ce furent les Aztèque du Mexique qui l’utilisaient jadis pour parfumer leur boisson favorite à base de cacao. Encore inconnue en Europe, la vanille était alors connue sous le nom de « tlilxochitl » ou « gousse noire ».
Malgré le soin que prirent les Aztèques pour cacher le secret de l’arôme de la boisson, les conquistadores finirent par le découvrir ou peutêtre même par leur extorquer de force, et dès 1510, la vanille était importée en Espagne puis en 1604 en France où on l’utilise pour parfumer le chocolat et le café, autre boisson nouvelle, fort à la mode au début du XVIIè siècle. La vanille fut cultivée dans des serres, au Muséum à Paris, au jardin Botanique d’Anvers, en Angleterre, au jardin du Roi à Paris. Des tentatives furent faites partout où l’on pensait que sa production pouvait être fructueuse : en 1701 à la Guadeloupe, en 1819 à Java, en 1848 à Tahiti, en 1861 en Nouvelle Calédonie, en 1965 en Indochine, en 1866 aux Iles Seychelles, en 1880 à l’Ile Maurice et au début de ce siècle à Porto-Rico… En 1822, Marchant, ordonnateur de l’Ile Bourbon, nom que portait alors la Réunion, apportait quelques boutures de vanille fragrante provenant des serres du Muséum de Paris. Cette variété qui se multipliait parfaitement fut introduite en 1870 à Madagascar (Iles de Nosy-Be, de Sainte-Marie, Vatomandry) où elle trouvait son terrain d’élection : ainsi commença l’essor de la variété dite « Bourbon ». Le Belge MORREN en 1836, puis le Français NEUMAN en 1837, réalisèrent les premiers la fécondation artificielle des fleurs de vanilliers ; mais ce fut un jeune esclave réunionnais Edmond Albius qui imagina le procédé utilisé aujourd’hui. Le terme VAYNILLA ou petite gousse a été utilisé pour la première fois par PISO en 1675 ; ce terme a été rectifié par la suite en 1703 par le Père PLUMBER en VANILLA.. A l’heure actuelle existe dans le Nord-est de la Grande Ile, une zone exposée à l’Océan Indien et dénommée à juste titre le « triangle des orchidées » (ANTALAHA- SAMBAVA – ANDAPA) qui réunit toutes les conditions pédologiques et climatiques nécessaires pour le plein épanouissement des vanilleraies. On rapporte même que les cyclones, qui normalement produisent des effets dévastateurs sur l’agriculture, sont des « maux nécessaires » dans la mesure où ils apportent les précipitations abondantes indispensables au développement des plants.
LES REGIONS PRODUCTRICES
PRESENTATION
Actuellement, la culture de la vanille se concentre dans la région Nord-est de la Grande Ile, plus précisément dans la région de Sambava, Antalaha, Andapa ; vient ensuite le département de Maroantsetra. En outre, les colonisateurs ont divisé la Grande Ile par secteur d’activité pour pouvoir satisfaire leurs besoins en produits agricoles et en matières premières.
Interprétation
A la lecture de ce tableau, on constate une régression répétitive de la quantité produite ou plus précisément, la production malgache de vanille connaît une courbe en dent de scie. Cela provient de l’inefficacité de la politique culturale et commerciale du Gouvernement Malgache. En effet, l’insuffisance de sensibilisation des paysans se répercute sur la production. En fécondant toutes les fleurs, deux ou trois années successives, les vanilliers sont affaiblis pour ne donner que la moitié de la production moyenne l’année suivante : campagnes 1984/1985 : 1.508 tonnes ; 1985/1986 : 1.761 tonnes et 1986/1987 : 695 tonnes. De plus, le non respect du prix officiel, la pratique du troc vanille, entraînent une démoralisation et un mécontentement massifs des planteurs. Il y a eu aussi un gel de prix pendant des années. En 1976 : 250 FMG le kilo de vanille verte aux producteurs, 1979 : 500 FMG / kg, en 1981 et 1982 : 700 FMG /kg, 1983 à 1985 : 1.000 FMG le kilo. Par conséquent, les paysans ont trouvé que la culture de ce produit n’est plus rentable. Ainsi les planteurs délaissent la culture de la vanille pour s’adonner aux autres produits vivriers (riz, …).
Méthode culturale
Depuis et jusqu’à ce jour, la méthode culturale malgache ne connaît pas beaucoup de changement. Les producteurs se contentaient toujours d’utiliser les méthodes traditionnelles. Ils ne sont pas incités à utiliser des intrants ou à faire des recherches dans le but d’élever la qualité de leur production. Cela a été normal parce qu’ils ne connaissent pas les exigences du marché international de la vanille.
Ainsi, il n’est pas étonnant si on enregistre actuellement une dégradation de la production et une détérioration de la qualité produite. D’autant plus, il est très dur pour les planteurs d’utiliser les nouvelles techniques, car cela coûte très cher et exige une certaine connaissance alors qu’ils ne sont pas formés à ces techniques.
LES VOIES DE DESSERTE
Depuis la première République jusqu’à nos jours, le problème d’infrastructure routière est loin d’être résolu. Ce problème figure parmi les obstacles au développement économique de la Grande Ile. Il a été constaté que dans les régions enclavées, la commercialisation de la vanille ne se déroulait pas comme prévu. Les collecteurs et les préparateurs peuvent faire la loi, il y a même des régions qui sont vraiment méconnues par les collecteurs qui profitaient alors de cette situation. Du côté des planteurs, certains ne savent pas comment transformer la vanille verte en vanille préparée, d’où leur exploitation par les opérateurs plus instruits.
STRUCTURE DE GESTION DE LA FILIERE
MINISTERE DU COMMERCE
Monopolisant le commerce extérieur de la vanille depuis la Première République, le Ministère du Commerce joue un rôle de tutelle à partir de la création de l’Institut de la Vanille de Madagascar. Ce Ministère veille sur l’application des règles afférentes à cette filière. Il peut aussi opérer un contrôle s’il le juge nécessaire.
La Politique commerciale malgache
Il est nécessaire de rappeler ici que la vanille est la PROPRIETE DE L’ETAT. Pendant fort longtemps, Madagascar a adopté une politique de monopole : prix élevé (74$ américain le kilo) Cette politique de prix élevé pratiqué a encouragé les autres pays à développer leur production. Cette même politique a favorisé également le développement des produits synthétiques de substitution. Il y a eu aussi inexistence de transparence, du système de quota. Cette politique est loin d’être bénéfique pour Madagascar. Face à cette réalité, le Gouvernement a avancé (fin 1993) une libéralisation progressive de la filière, et entend compléter sa mise en œuvre dans les plus brefs délais.
Les premières mesures suivantes ont été prises :
Fin 1993 :
– Abrogation du système de quota, remplacement du prix FOB unique 64 $ américain le kilo par un prix plancher de 60 et suppression de la Caisse de stabilisation de prix de la vanille remplacée par un Institut de la vanille de Madagascar (IVAMA).
L’IVAMA est une structure transitoire, qui doit préparer la mise en place d’une organisation interprofessionnelle.
– Intervention de l’IVAMA dans le financement de la collecte de vanille en vue de faire respecter les prix officiels fixés par l’Administration.
– Instauration d’une prime à l’exportation
– Introduction dans la loi de finance rectificative 1994 d’une taxe unique ad-valorem de 35% à l’exportation.
– La libéralisation des prix à tous les stades du marché intérieur de la filière, complétée par l’élimination du prix planché à la fin de la campagne 1994 soit au 31 Décembre 1994.
L’arrêt des interventions publiques et du financement d’indemnités de stockage qui seront donc laissés entièrement à l’initiative privée. Dans le cadre de sa politique de promotion des exportations agricoles et de développement des organisations privées, le Gouvernement établira les conditions préalables à la constitution d’une véritable organisation interprofessionnelle de la filière et à la mise en place d’une bourse de la vanille. Les travaux correspondants seront menés en s’appuyant sur le centre de promotion des exportations agricoles en instance de création.
La Taxe
La taxe constitue des prélèvements publics sur la vanille. Ces prélèvements sont constitués de deux éléments distincts. En premier lieu, la part du prix FOB de réalisation, telle qu’elle est fixée dans le cadre du prélèvement sur la vanille qui revient au budget général de l’Etat, est composée des droits de sortie (taxe ad valorem), des prélèvements sur produit Caisse depuis 1985. En deuxième lieu, depuis 1982, le solde des prélèvements publics revient au FNUP (Fonds National Unifié de Péréquation) et sert à alimenter le budget de la Caisse de stabilisation des prix de la vanille. Le niveau de taxation brute (taxe diverses et prélèvements FNUP) s’élevait à 82,8% du prix FOB effectif, tandis que le niveau de taxation nette (c’est-à-dire après déduction des dépenses afférentes au système de stabilisation) s’élevait environ 52% du prix FOB effectif. Cela nous montre que ce produit était fortement taxé. Actuellement, le Gouvernement de la Troisième République est conscient de cette réalité et a décidé de réduire le niveau de la taxe .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: GENERALITES SUR LA FILIERE VANILLE
CHAPITRE 1: LES REGIONS PRODUCTRICES
SECTION 1 : PRESENTATION
11. Production annuelle
112. Interprétation
12. Méthode culturale
SECTION 2: LES VOIES DE DESSERTE
CHAPITRE 2: STRUCTURE DE GESTION DE LA FILIERE
SECTION 1 : MINISTERE DE COMMERCE
11. La politique commerciale malgache
12. La taxe
SECTION 2: LA CAISSE VANILLE ET L’INSTITUT DE LA VANILLE DE MADAGASCAR
21. La caisse vanille
211. Historique
212. Rôle
22. L’institut de la vanille de Madagascar
SECTION 3: LE GROUPEMENT INTERPROFESSIONNEL DE LA VANILLE
31. Historique
32. Rôle
DEUXIEME PARTIE: ANALYSE CRITIQUE DE LA SITUATION ACTUELLE DU MARCHE DE LA VANILLE
CHAPITRE 1: AU NIVEAU NATIONAL
SECTION 1 : AVANTAGES ET INCONVENIENTS DES INTERPROFESSIONS DE LA FILIERE VANILLE
11. Avantages
12. Inconvénients
121. Explosion des dépenses de stockages
122. Coûts financiers pour l’Etat
SECTION 2 : EXIGENCE DE LA BANQUE MONDIALE
21. Libéralisation du secteur vanille
22. Abolition des taxes diverses à l’exportation
23. Avantages
24. Inconvénients
SECTION 3: LES CAUSES DE LA CRISE ACTUELLE
31. La désorganisation de la filière
32. Insuffisance de la recherche
33. La dégradation de la qualité
331. La récolte prématurée
332. La pratique de la méthode de pollinisation traditionnelle
333. Les conditions climatiques
34. Le financement
35. Les cours « REVAKA »
36. Les trafics
361. Au niveau de la commercialisation interne
362. Au niveau des exportations
37. Problèmes d’infrastructure routière
CHAPITRE 2: AU NIVEAU INTERNATIONAL
SECTION 1 : STRUCTURE ACTUELLE DU MARCHE DE LA VANILLE
11. Les besoins des pays importateurs
111. La demande
112. Liaison offre demande
113. Profil de la demande
114. Les déterminants de la demande
1141. Au niveau des consommateurs
1142. Au niveau des fabricants des produits alimentaire
1143. Au niveau des transformateurs
1144. Au niveau des importateurs
12. Remarques
13. Les produits de synthèse
131. L’ethylvanilline
132. Les autres arômes naturels
133. Substituts Biotechnologiques
134. Avantages
135. Inconvénients
SECTION 2 : LES PAYS PRODUCTEURS CONCURRENTS
21. Les principaux producteurs traditionnels
22. Les producteurs plus récents
23. L’agressivité Indonésienne
SECTION 3: CAUSE DE LA MEVENTE DE LA VANILLE
31. Inefficacité de la politique commerciale malgache
32. Méconnaissance de la vanille naturelle
33. Effet de substitution
TROISIEME PARTIE: PROPOSITION DE SOLUTIONS
CHAPITRE 1 : CREATION D’UNE SEULE INTERPROFESSION
SECTION 1 : QUEL GENRE D’ INTERPROFESSION ?
11. Politique et stratégie en matière de qualité
111. Développement du centre de recherche
112. Formation des planteurs
12. La politique de stockage
121. Qui décide de la politique de stockage ?
122. Qui possède les stocks de sécurité ?
123. Qui gère les stocks en fonction des décisions prises ?
124. Quelles quantités stockées ?
125 La vente de stock en cas de crise
SECTION 2 : LE FINANCEMENT
21. Le financement de la campagne
22. Le financement de stockage
CHAPITRE 2 : LIBERALISATION DE LA FILIERE
SECTION 1 : LE ROLE DE L’ETAT DANS LA FILIERE
11. Le contrôle de la qualité
12. Lutte contre les pratiques illicites
13. Aménagements des infrastructures routières
14. Les grands travaux
SECTION 2 : STRATEGIE D’ETABLISSEMENT DES PRIX
21. Objectifs visés sur le marché de la vanille
22. Maximisation du revenu économique net
23. Accroissement de la part de marché
24. Création d’emploi
25. Réduction des risques
SECTION 3 : CREATION DE SYNDICAT DE COORDINATION
CHAPITRE 3 : SOLUTION MARKETING
SECTION 1: PROSPECTION DE NOUVEAUX MARCHE
11. Création d’usine de transformation de la vanille
12. Transformation de la vanille naturelle en produits artisanaux
SECTION 2 : LA PARTICIPATION DE L’ETAT AU FRAIS DE PROSPECTION
21. Information
22. Garanties
23. Assurance prospection
24. Assurance Foire
25. Assurance Crédit
26. Expansion du nouveau marché au niveau national
CONCLUSION