GENERALITES SUR LA FILIERE OVINE ET CAPRINE
Elevage des petits ruminants dans le monde
Selon la FAO, la population de petits ruminants dans le monde est estimรฉe ร plus de deux milliards de tรชtes, dont plus de 80% se trouvent en Asie et en Afrique. Ce sont des animaux rustiques qui sโadaptent mieux ร des conditions dโรฉlevage difficiles par rapport aux autres espรจces. La filiรจre des petits ruminants contribue largement ร lโamรฉlioration de la sรฉcuritรฉ alimentaire mondiale et renforce la lutte contre la pauvretรฉ car 25 ร 30% des paysans ruraux dans les pays en voie de dรฉveloppement pratiquent leur รฉlevage et elle constitue quasiment le seul recours pour amortir une mauvaise rรฉcolte [15, 16]. Dans le continent Africain, les petits ruminants ont dรฉmontrรฉ leur facultรฉ ร rรฉsister dans les conditions de sรจcheresse, ainsi quโร la rapiditรฉ de renouvellement de leur cheptel. La pratique de leur รฉlevage est dโailleurs rencontrรฉe dans toutes les gammes dโexploitation et jouent deux rรดles ร la fois : vivriรจre et commercial [17]. La pathologie de prรฉoccupation mondiale chez lโespรจce ovine et caprine est actuellement la peste des petits ruminants (PPR), dont un programme dโรฉradication a รฉtรฉ appuyรฉ par la FAO [15].
Elevage des petits ruminants ร Madagascar
Le nombre dโovins et de caprins ร Madagascar est estimรฉ ร plus de deux millions de tรชtes [18], mais ils sont surtout destinรฉs ร la consommation locale et leur systรจme dโexploitation reste encore de type extensif [19]. La partie Sud du pays constitue un site de prรฉfรฉrence pour leur รฉlevage ร cause des conditions climatiques qui leur sont favorables. Toutefois, cette filiรจre peut se faire presque partout sur lโรฎle [20]. Actuellement, lโรฉlevage des petits ruminants est en plein dรฉveloppement ร Madagascar. Le Ministรจre de lโElevage sโest lancรฉ, avec le soutien de la FAO, dans la promotion de la filiรจre ovine et caprine afin de renforcer la lutte contre la pauvretรฉ et dโamรฉliorer la sรฉcuritรฉ alimentaire dans le pays [21]. Depuis lโannรฉe 2015, un projet pour la mise en valeur de cette filiรจre est en cours dans la Rรฉgion Dianร [22, 23]. Le principal produit de la filiรจre est la viande. Les animaux รฉlevรฉs sont en majoritรฉ des races locales et nโexigent pas beaucoup dโinvestissements. Par contre, pour la production de mohair, lโรฉlevage de chรจvres importรฉes de race Angora se fait de type semi-extensif. En gรฉnรฉral, le lait de chรจvre est utilisรฉ pour la fabrication de fromages locaux [24]. Lโรฉlevage de la race Angora se fait surtout dans la rรฉgion du Sud, principalement dans le ยซFivondronana ยป dโAmpanihy, oรน se trouvent les cรฉlรจbres tisserandes de tapis Mohair de Madagascar [25-27]. La production de Mohair a dโailleurs รฉtรฉ relancรฉe par lโimportation de chรจvres de race Angora, lโannรฉe 2008 [25]. Les maladies les plus frรฉquentes chez les petits ruminants de Madagascar seraient lโecthyma contagieux [20], ainsi que le ยซ menatsinay ยป selon la dรฉnomination locale dans la rรฉgion du Sud. Ce dernier se manifeste par un syndrome hรฉmorragique de lโintestin [11], et serait due ร lโagent pathogรจne Clostridium perfringens [28].
LES ZOONOSES ABORTIVES
Gรฉnรฉralitรฉs sur les zoonoses abortives
Les maladies abortives sont des maladies qui peuvent provoquer des avortements, des troubles de la fertilitรฉ, ainsi quโune diminution des performances de reproduction et de la survie des jeunes [29]. Elles peuvent รชtre une source de manque ร gagner, voire mรชme un frein majeur pour le dรฉveloppement du cheptel [30]. Toutefois, un taux dโavortement infรฉrieur ร 5% chez les petits ruminants serait considรฉrรฉ comme normal [31]. Les maladies abortives dโorigine infectieuse sont considรฉrรฉes comme รฉtant les plus redoutables, du fait quโelles peuvent รชtre facilement contagieuses et รฉpizootiques, ainsi quโร la possibilitรฉ dโexistence de porteurs sains qui les font persister en excrรฉtant continuellement les agents pathogรจnes dans lโenvironnement [32]. Ces affections peuvent รฉgalement รชtre transmises ร lโhomme. Selon lโOIE, 60% des agents pathogรจnes pour lโรชtre humain sont dโorigines animales et 75% des maladies รฉmergentes animales peuvent le contaminer [33]. Ils sont ร lโorigine de zoonoses qui sont des maladies et infections pouvant se transmettre naturellement des animaux vertรฉbrรฉs ร lโhomme et inversement [34]. Parmi les zoonoses infectieuses abortives se distinguent la Brucellose qui a รฉtรฉ considรฉrรฉe comme รฉtant lโune des maladies zoonotiques les plus rรฉpandues dans le monde [35]. Puis la Chlamydophilose abortive et la Fiรจvre Q qui sont des causes majeures dโavortements chez les ruminants [5]. Ces deux affections ont รฉtรฉ longtemps nรฉgligรฉes en tant que zoonose ร cause de lโabsence de symptรดmes pathognomoniques qui pourrait les diffรฉrencier dโune simple infection respiratoire [36]. Il y a aussi la Fiรจvre de la Vallรฉe du Rift (FVR) qui est quasiment exclusif du continent Africain [37]. Dโautres affections comme la Listรฉriose et la Campylobactรฉriose sont aussi des maladies abortives zoonotiques chez les petits ruminants [38], mais celles qui intรฉressent cette รฉtude sont la fiรจvre Q, la Chlamydophilose abortive et la FVR.
Fiรจvre Qย
Historique et caractรฉristiques
La fiรจvre Q ou ยซ Query Fever ยป a รฉtรฉ dรฉcrite pour la premiรจre fois par le Docteur Edward Derrick, aprรจs manifestation dโune maladie fรฉbrile dโorigine inconnue chez les personnels dโun abattoir ร Queensland en Australie, lโannรฉe 1935 [39]. Cโest une zoonose bactรฉrienne trรจs contagieuse et peut รชtre rencontrรฉe partout dans le monde, exceptรฉe en Nouvelle Zรฉlande [40]. Cโest une maladie dรฉcrite dans le code sanitaire pour les animaux terrestres de lโOIE, ร dรฉclaration obligatoire pour les Etats membres [41]. Sa surveillance a pourtant รฉtรฉ trรจs souvent nรฉgligรฉe [42], jusquโร la rรฉcente รฉpidรฉmie de Pays-Bas avec 3.523 cas humains entre 2007 et 2009 qui a alertรฉ le monde face ร son importance zoonotique [39, 43]. La fiรจvre Q touche surtout les ruminants dโรฉlevage dont les caprins, les ovins et les bovins [44]. Ce sont les principaux rรฉservoirs de son agent pathogรจne, ร lโorigine de la contamination humaine [45, 46]. Mais elle peut aussi affecter les carnivores (chiens et chats), les lagomorphes (liรจvres et lapins) ainsi que les oiseaux sauvages [47]. Cโest une zoonose qui peut sโavรฉrer dangereuse. En 2003, 300 personnes ont รฉtรฉ infectรฉes aprรจs quโune brebis a mis bas au marchรฉ des bestiaux, en Allemagne [41]. Entre les annรฉes 2006 et 2011, 838 cas humains ont รฉtรฉ diagnostiquรฉs aux Etats-Unis, apparemment suite ร lโexposition ร des bรฉtails infectรฉs [48]. En Hollande, plus de 4000 cas ont รฉtรฉ rapportรฉs entre les annรฉes 2007 et 2011 [40]. Pour le cas de Madagascar, une รฉpidรฉmie a รฉtรฉ constatรฉe en 1962 ร Tulรฉar, dont les victimes connues รฉtaient des consultants fonctionnaires รฉtrangers. En 1963, une trentaine de cas ont รฉtรฉ diagnostiquรฉs, incluant des citoyens malagasy [9].
Agent pathogรจneย
Lโagent pathogรจne qui est Coxiella burnetii a รฉtรฉ identifiรฉ en mรชme temps en Australie par F. M. Burnet et M. Freeman, et aux Etats-Unis par H. Cox et G. Davis, lโannรฉe 1937 [39, 49]. Anciennement classรฉ dans la famille des Rickettsiaceae, cโest une bactรฉrie Gram-nรฉgative appartenant maintenant ร la famille des Coxiellaceae, ordre des Legionellales et de la sous-division des gamma-protรฉobactรฉries [42, 48].
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. GENERALITES SUR LA FILIERE OVINE ET CAPRINE
I.1. Elevage des petits ruminants dans le monde
I.2. Elevage des petits ruminants ร Madagascar
II. LES ZOONOSES ABORTIVES
II.1. Gรฉnรฉralitรฉs sur les zoonoses abortives
II.2. Fiรจvre Q
II.3. Chlamydophilose abortive
II.4. Fiรจvre de la Vallรฉe du Rift
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. METHODES
I.1. Cadre dโรฉtude
I.2. Type de lโรฉtude
I.3. Pรฉriode et durรฉe de lโรฉtude
I.4. Population dโรฉtude
I.5. Mode dโรฉchantillonnage et taille dโรฉchantillon
I.6. Techniques de prรฉlรจvement
I.7. Paramรจtres enregistrรฉs lors de lโenquรชte
I.8. Considรฉration รฉthique
I.9. Mรฉthodes appliquรฉes au laboratoire
I.10. Traitement des donnรฉes et interprรฉtation des rรฉsultats dโanalyse
I.11. Limites de lโรฉtude
II. RESULTATS
II.1. Description de la population dโรฉtude
II.2. Rรฉsultats sรฉrologiques
II.3. Rรฉsultats en fonction des facteurs de risque
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. DISCUSSION
I.1. Concernant la mรฉthodologie
I.2. Concernant les rรฉsultats obtenus
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES