Nombreux sont les interventions gouvernementales dans le domaine de la riziculture ร Madagascar et le Lac Alaotra figure parmi les zones les plus privilรฉgiรฉes. On consent, en effet, que cette zone recรจle une immense plaine favorable ร la riziculture. Le riz est une cรฉrรฉale exceptionnelle pour les malagasy, il constitue la base de la politique nationale dโautosuffisance alimentaire et celle de la stratรฉgie dโexportation de riz de luxe. Il faut cependant bien noter que le rendement de cette plante se situe ร un niveau faible de 2,2 T/ha (FAO, 2003). Cela parce que le niveau dโutilisation dโengrais minรฉraux et des herbicides lโest aussi. La riziculture, par consรฉquent, sโapparente comme une culture trรจs peu rentable et qui nรฉcessite une quantitรฉ incroyable de main dโลuvre. Cette situation conduit certains riziculteurs ร abandonner les entretiens consacrรฉs ร la riziculture et limite leur intervention au repiquage et ร la rรฉcolte. Vingt huit pourcent des riziรจres ร Madagascar ne font lโobjet de lutte contre les adventices ร part la submersion et 84% sans fertilisation (Recensement agricole, 2004- 2005).
Mais les acteurs au service du dรฉveloppement agricole tels la Sociรฉtรฉ des Engrais et de Produits Chimiques de Madagascar (SEPCM) sont dรฉterminรฉs ร dรฉmontrer aux riziculteurs que les investissements en engrais et en produits phytosanitaires comme les herbicides sont profitables. Afin que les zones productrices de riz puissent se rendre compte de cet excรฉdent de rendement permis par lโintensification agricole, cette sociรฉtรฉ a installรฉ une parcelle de dรฉmonstration dโutilisation dโengrais minรฉraux et de produits herbicides sur culture de riz au Lac Alaotra. Ce mรฉmoire intitulรฉ โโContribution ร lโintensification de lโagriculture de Madagascar, cas de la riziculture au Lac Alaotraโโ est inclus dans cet essai sur le riz.
GENERALITES SUR LA FERTILISATION ET LA LUTTE CONTRE LES MAUVAISES HERBES EN RIZICULTURE
Notion de fertilisationย
โโLa fertilisation consiste ร rendre un sol potentiellement apte ร produire des meilleures rรฉcoltes aussi bien du point de vue quantitรฉ que qualitรฉ, en tenant compte de la rentabilitรฉ รฉconomiqueโโ (RABEZANDRINA, 2004). โโGรฉrer la fertilitรฉ dโun sol, cโest lui appliquer les techniques qui lui permettront de produire abondamment, mais aussi dโamรฉliorer sa fertilitรฉ ร long terme โโ (GRET, 1990). Etant le facteur dรฉterminant du rendement de toutes cultures, lโentretien de la fertilitรฉ du sol doit รชtre rรฉalisรฉ en fonction de la culture ร installer et de la richesse du sol en รฉlรฉments fertilisants. Il devient fondamental de fertiliser les riziรจres puisquโelles sโรฉpuisent plus vite en monoculture de riz sur plusieurs dizaines dโannรฉes. Les trois lois suivantes exposent la nรฉcessitรฉ de maintenir la fertilitรฉ dโun sol donc aussi celle dโune riziรจre.
Raisons dโune fertilisation (FNIE, 1988)
Loi du minimum ou dโinteraction
Loi du minimum ou loi de LIEBIG โโ lโimportance du rendement dโune rรฉcolte est dรฉterminรฉe par lโรฉlรฉment qui se trouve en plus faible quantitรฉ par rapport aux besoins de la cultureโโ. Cette loi souligne lโimportance du phรฉnomรจne de carence en un รฉlรฉment qui va dicter le niveau du rendement. Cette loi รฉvolue en : โโchaque facteur de production est dโautant plus efficace que les autres sont plus prรจs de leur optimumโโ cโest la loi dโinteraction.
Loi des accroissements moins que proportionnels
Loi des accroissements moins que proportionnels ou loi de MITSCHERLICH. โโQuand on apporte au sol des doses croissantes dโun รฉlรฉment fertilisant, les augmentations de rendements obtenus sont de plus en plus faibles au fur et ร mesure que les quantitรฉs apportรฉes sโรฉlรจventโโ. Cette loi cite la distinction entre le rendement maximum thรฉorique et celui de lโoptimum.
Loi de restitution ou des avances
Les prรฉlรจvements en รฉlรฉments fertilisants du sol faits par la plante se traduisent par lโabondance de biomasse vรฉgรฉtale et la quantitรฉ de rรฉcolte exportรฉe sur le terrain de culture. Les pertes par lessivage essentiellement de N, S, MgO viennent sโajouter ร ceux-ci. Ces exportations doivent รชtre compensรฉes par des restitutions pour รฉviter lโรฉpuisement du sol.
Fertilisation organique
Le rรดle essentiel dโune fertilisation organique rรฉside dans lโamรฉlioration de la stabilitรฉ de la structure du sol. Lโhumus stimule lโactivitรฉ des microorganismes et augmente la capacitรฉ dโรฉchange cationique. Par son effet, lโassimilation des รฉlรฉments minรฉraux (Ca2+, Mg2+, K+ ) est favorisรฉe par la combinaison appelรฉe systรจme intรฉgrรฉ de nutrition des plantes (GROS, 1967). Un apport maximum de fumier organique jusquโร 20 t/ha est souhaitable pour renforcer le complexe argilo- humique des tanety. Mais on doit รฉgalement apporter de la matiรจre organique en riziรจre. La diminution de lโeffectif bovin sous lโeffet de vols de zรฉbus et causรฉe par la mauvaise exploitation du pรขturage limite lโapport de cette matiรจre.
Amendementsย
Bien que fondamentalement apportรฉs sur tanety en correction de lโaciditรฉ, on peut apporter sur riziรจre de la dolomie agricole ou bicarbonate double de calcium et magnรฉsium ou Ca Mg (CO3)2. Elle permet dโactiver la vie microbienne du sol, les calcium et magnรฉsium quโelle renferme, sont des รฉlรฉments secondaires nรฉcessaires pour les plantes.
Un pH variant du lรฉgรจrement acide ร neutre favorise lโassimilation des รฉlรฉments nutritifs (tableau 2). Il est ainsi nรฉcessaire de faire un apport de dolomie en riziรจre si le pH รฉtant trรจs acide. Deux mille cinq cent kg/ha en 7ans de 350 kg/ha/an ou 1T/ha en 3ans en รฉpandage de 333 kg/ha/an. Ces amendements permettent dโaboutir ร une production supplรฉmentaire de 700- 800 kg/ha (ANGLADETTE, 1965).
Fertilisation minรฉraleย
Une augmentation de la quantitรฉ dโintrants appliquรฉe aux sols des riziรจres ou sur les plantes affecte ร la fois la productivitรฉ du travail et la production. Diffรฉrents รฉlรฉments minรฉraux sont appliquรฉs directement au sol ร savoir les รฉlรฉments majeurs et secondaires. Mais les oligoรฉlรฉments sโappliquent gรฉnรฉralement sur les feuilles.
Rรดle des รฉlรฉments majeurs N, P et K
DOBELMANN (1976) souligne lโimportance du rรดle de la fumure minรฉrale en pรฉpiniรจre, la fertilisation minรฉrale a pour but dโabrรฉger le cycle semisโ repiquage et dโobtenir des plants vigoureux. En riziรจre, une fertilisation minรฉrale bien rรฉpartie alimente le vรฉgรฉtal en fonction de son stade de dรฉveloppement.
Lโazote (N)
Lโazote, โโpivot de la fertilisationโโ รฉlรฉment dont lโaction est la plus rapidement efficace. Sur pรฉpiniรจre, le jeune plant de riz vit exclusivement des rรฉserves de la graine pendant 10 jours, aprรจs cette phase il doit trouver dans le milieu cet รฉlรฉment essentiel pour son รฉpanouissement. Agissant seule en riziรจre ร de dose รฉlevรฉe, elle favorise la verse des cรฉrรฉales et retarde la maturitรฉ. Les plantes sont, dans ce cas, en รฉtat de bonne vรฉgรฉtation mais elles restent trรจs fragiles. Et du fait de lโallongement de la vรฉgรฉtation, on a un mauvais remplissage des grains. Caractรฉrisรฉ par plusieurs phรฉnomรจnes de perte, lโazote doit รชtre fractionnรฉ en 3 apports : au moment du repiquage, en cours de tallage aprรจs une lutte contre les adventices, et en montaison. Lโabsorption mรฉtabolique de lโazote รฉvolue considรฉrablement en fonction des variรฉtรฉs, des phases de vรฉgรฉtation, de la fertilitรฉ du milieu et de la mรฉthode culturale. La teneur en N dans les feuilles sโaccroรฎt depuis le repiquage jusquโร la rรฉcolte avec un taux maximum ย (2,3%) une quinzaine de jours aprรจs le semis et un autre aprรจs une vingtaine de jours aprรจs repiquage. Les graines contiennent lors de la rรฉcolte 73- 75% de lโazote de la plante (ANGLADETTE, 1965).
– Sous forme ammoniacale, on assiste aussi ร une forte capacitรฉ de tallage et ร un rendement plus รฉlevรฉ pendant la pรฉriode vรฉgรฉtative jusquโร lโinitiation florale. Il influe ainsi, beaucoup plus sur le rendement en paille. En submersion, lโazote ammoniacal est assimilรฉ avant dโรชtre nitrifiรฉ.
– Cโest sous forme nitrique quโil offre de meilleurs rรฉsultats sur lโรฉlongation et la phase reproductive. Sur riziรจre, lโurรฉe est transformรฉe en quelques jours dans le sol en รฉtat ammoniacal. Sa particularitรฉ rรฉside dans sa vitesse dโhydrolyse.
Le phosphore (P2O5)
Lโacide phosphorique tient certainement le rรดle le plus dรฉterminant dans la croissance du riz et des racines ร condition quโil soit complรฉtรฉ par un engrais azotรฉ. Il permettra dโavoir de plants vigoureux rรฉsistant aux maladies. Avec lโazote, la fumure phosphatรฉe constitue les bases importantes de la fertilisation pour cette cรฉrรฉale et permet dโobtenir un tallage actif (ARTAUD, 1979). Les migrations de P2O5 sont, essentiellement, en corrรฉlation avec lโaugmentation dans les racines, du phosphate organique soluble dans les acides. Lโabsorption de P est due ร la respiration et la synthรจse des protรฉines. Le caryopse contient 76 ร 89% (ANGLADETTE, 1965) de lโacide phosphorique total de la plante. Une dรฉficience en P conduit ร une rรฉduction en hauteur, nombre des talles et la synthรจse des protรฉines.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
1 GENERALITES SUR LA FERTILISATION ET LA LUTTE CONTRE LES MAUVAISES HERBES EN RIZICULTURE
1.1 Notion de fertilisation
1.1.1 Raisons dโune fertilisation (FNIE, 1988)
1.1.1.1 Loi du minimum ou dโinteraction
1.1.1.2 Loi des accroissements moins que proportionnels
1.1.1.3 Loi de restitution ou des avances
1.1.1.4 Prรฉlรจvements en รฉlรฉments minรฉraux
1.1.2 Fertilisation organique
1.1.3 Amendements
1.1.4 Fertilisation minรฉrale
1.1.4.1 Rรดle des รฉlรฉments majeurs N, P et K
1.1.4.2 Les รฉlรฉments secondaires
1.1.4.3 Oligoรฉlรฉments
1.1.5 Engrais minรฉraux employรฉs en riziculture
1.1.5.1 Classification en fonction de la formulation
1.1.5.2 Classification selon le nombre dโรฉlรฉments fertilisants contenu dans lโengrais
1.2 Notion de luttes contre les mauvaises herbes
1.2.1 Les mauvaises herbes
1.2.1.1 Origine des mauvaises herbes
1.2.1.2 Nuisance directe des mauvaises herbes
1.2.1.3 Nuisance indirecte des mauvaises herbes
1.2.2 Lutte contre les plantes adventices
1.2.2.1 Lutte mรฉcanique contre les mauvaises herbes
1.2.2.2 Lutte chimique contre les adventices
1.3 Notion de produits herbicides
1.3.1 Classification des herbicides
1.3.1.1 Classification selon lโeffet obtenu
1.3.1.2 Classification selon le mode dโaction
1.3.1.3 Classification selon lโรฉpoque dโapplication
1.3.2 Avantages du dรฉsherbage chimique
1.4 Conclusion partielle
2 RIZ ET CULTURE
2.1 Importance du riz
2.1.1 Au niveau mondial
2.1.2 Au niveau national
2.2 Stades essentiels et modes de culture du riz
2.2.1 Physiologie du riz
2.2.1.1 Phase vรฉgรฉtative
2.2.1.2 Phase reproductive
2.2.2 Modes de culture de riz
2.2.2.1 Systรจme de riziculture aquatique
2.2.2.2 Systรจme de riziculture ร rรฉgime pluvial
2.3 Ennemis de la culture de riz et luttes
2.3.1 Insectes ravageurs importants (PLI, 1989 et DPV, 1990)
2.3.1.1 Poux de riz : pou inerme et pou รฉpineux
2.3.1.2 Borer blanc
2.3.1.3 Chenilles dรฉfoliatrices
2.3.2 Principales maladies
2.3.2.1 Panachure jaune
2.3.2.2 Pyriculariose
2.4 Opรฉrations culturales associรฉes ร la riziculture
2.4.1 Travaux de prรฉparation du sol
2.4.2 Fertilisation de la riziรจre
2.4.3 Travaux de pรฉpiniรจre et repiquage
2.4.4 Lutte contre les ennemis de la riziculture
2.4.4.1 Contre les insectes
2.4.4.2 Contre les maladies
2.4.4.3 Lutte intรฉgrรฉe
2.4.5 Gestion de lโeau
2.5 Conclusion partielle
3 SITUATION DE LA RIZICULTURE AU LAC ALAOTRA
3.1 Milieu physique de la zone dโรฉtude
3.1.1 Localisation
3.1.2 Conditions climatiques de la zone dโรฉtude
3.1.3 Sol et hydrographie
3.2 Production rizicole au Lac Alaotra
3.3 Herbicides et engrais dans le Lac Alaotra
3.3.1 Niveau dโutilisation des pesticides en riziculture
3.3.2 Facteurs limitant lโemploi des pesticides et engrais minรฉraux
3.4 Problรจmes rencontrรฉs des riziculteurs dans lโAlaotra
3.4.1 Dโordre socio รฉconomique
3.4.2 Dโordre climatique
3.4.3 Dโordre technique
3.5 Conclusion partielle
4 METHODOLOGIE DE TRAVAIL
4.1 Problรฉmatique et hypothรจses
4.1.1 Problรฉmatique
4.1.2 Hypothรจses
4.2 Matรฉriel utilisรฉ dans les essais
4.2.1 Matรฉriel vรฉgรฉtal
4.2.2 Insecticide et fongicides
4.2.2.1 Insecticide
4.2.2.2 Fongicide
4.2.3 Conduite de culture
4.2.3.1 Prรฉ germination des semences
4.2.3.2 Pรฉpiniรจre
4.2.3.3 Repiquage des plants
4.2.3.4 Gestion de lโeau
4.2.3.5 Rรฉcolte
4.2.4 Particularitรฉs des deux essais
4.3 Essai sur la fertilisation
4.3.1 Choix des doses dโengrais
4.3.2 Conduite des essais de doses dโengrais minรฉraux
4.3.3 Dispositif expรฉrimental
4.3.4 Mรฉthode dโรฉvaluation
4.4 Essai de dรฉsherbage
4.4.1 Choix des mรฉthodes de traitements
4.4.2 Conduite du traitement de dรฉsherbage
4.4.2.1 Application herbicides
4.4.2.2 Sarclage
4.4.3 Dispositif expรฉrimental
4.4.4 Mรฉthode dโรฉvaluation
4.4.5 Paramรจtres quantifiรฉs
4.5 Conclusion partielle
CONCLUSION