Dans la médecine prophétique, les vertus de la nature utilisées pour traiter les maux sont principalement des plantes (feuilles, fruits, graines, etc). Le prophète sur lui la grâce et la paix a dit « Allah n’a pas fait descendre une maladie, sans avoir descendu en même temps son remède ». Ceci nous prouve qu’il existe des traitements naturels à nos maladies. Depuis la plus haute antiquité, les hommes se sont soignés avec les plantes qu’ils avaient à leur disposition. Qu’est-ce qui les a guidés à employer une plante plutôt qu’une autre? Le hasard? La religion? La superstition? L’expérience, certainement. Plusieurs théoriciens ont entrepris d’expliquer l’action des plantes sur l’organisme. Dans l’Antiquité gréco-romaine, mentionnons les grands médecins grecs : Hippocrate (460-v. 377 av.J.-C.) ; Dioscoride (ler siècle apr.J.-C.), Galien (v. 131-v. 201). Mais, au-delà de ce courant, l’utilisation des plantes relève d’une philosophie déjà exprimée dans l’un des livres de la Bible, l’Ecclésiaste : «Le Seigneur fait produire à la Terre ses médicaments et l’homme sensé ne les dédaignera pas» (Chevalier A., 2001).
Jusqu’au XIXème siècle, les médecins se contentaient, pratiquement, de puiser dans la «pharmacie du bon Dieu» pour soulager les maux de leurs contemporains. C’est alors que les chimistes ont réussi à isoler les principes actifs de certaines plantes importantes (la quinine du quinquina, la digitaline de la digitale, etc.). Poursuivant leurs recherches, au début du XXème siècle, ils ont fabriqué des molécules synthétiques. Désormais, croyait-on, on allait prescrire exclusivement des médicaments issus des cornues, les plantes ne servant plus que de réserves à molécules chimiques utiles. A cet effet, la famille des Amaryllidacées est l’illustration parfaite, elles sont très connues et utilisé dans la phytothérapie dans le monde surtout en Afrique du sud pour soigner beaucoup de maux et, réputées par leur richesse en alcaloïdes (Chevalier A., 2001).
GENERALITES SUR LA FAMILLE DES AMARYLLIDACEES
Présentation de la famille
La famille des Amaryllidacées est un monocotylédone, composé de 85 genres et 1100 espèces qui est distribué en grande partie dans les régions tropicales et chaudes du monde (Zhong J., 2009). Les Amaryllidacées occupent de nombreux habitats différents: lieux sec, piscines éphémères, les forêts tropicales et les cours d’eau. L’origine de la famille est en Afrique. Les Amaryllidacées sont connues pour produire un groupe exclusif d’alcaloïdes, nommés « alcaloïdes d’amaryllidacées», isolé des plantes de tous genres de cette famille (Cedr´on J. C. et al., 2010) .
Etude botanique
Classification
Selon APG III de 2009, les Amaryllidacées appartiennent à la
Classe : Angiosperme
Sous-classe : Monocotylédones
Ordre : Asparagale
Famille : Amaryllidacées .
Description botanique
Les Amaryllidacées sont des plantes herbacées vivaces, presque toutes à bulbe. Les feuilles insérées à la base de la plante, et formant une pseudo-tige. le limbe est simple, entier, pétiolé ou non pétiolé, linéaire, ou plus ou moins ovale, à nervures principales parallèles. Il y’a entre elles une inflorescence, portée par une hampe nue, en forme d’ombelle, et éventuellement contractée en un capitule ou réduite à une fleur, sous-tendus par un involucre généralement à 2 bractée libres entre elles ou parfois soudées en une gaine. Les fleurs sont hermaphrodites, généralement à plusieurs plans de symétrie : périgone à 6 tépales pétaloïdes disposés en 2 verticilles, libres entre eux ou soudés à la base en un tube. Elles ont presque toujours 6 étamines, disposées en 2 verticilles, opposées aux tépales. Les filets sont libres ou soudés entre eux à la base et ont 3 carpelles soudés entre eux. L’ovaire infère a 3 loges à cloisons parfois plus ou moins résorbées, et chacune des loges contenant généralement de nombreux ovules. La placentation est axile et le style surmonté d’un stigmate capité ou de 3 lobes plus ou moins distincts. Le fruit est une capsule ou une baie. La graine est un albumen charnu (Mugnier J., 2008).
Quelques caractères de distinctions de quelques genres d’Amaryllidacées du Sénégal :
● Le Pancratium : filets des étamines libres entre eux deux filets des étamines considérablement élargis et soudés entre eux à la base, formant une espèce de coupe.
● Le Crinum : Fleurs solitaires ou une ombelle de 8 à10 fleurs sessiles ou subsessiles, à tépales blancs ou rose pâle, striés à la face supérieure d’une bande médiane-longitudinale rougeâtre ou verdâtre. Les feuilles apparaissant souvent en même temps que les fleurs, à limbe non pétiolé et linéaire.
● Le Scadoxus : Une ombelle à plus de 20 fleurs pédicellées, à tépales rouges, formant une inflorescence subsphérique d’un diamètre de 8-15 cm. Les feuilles apparaissant après les fleurs, à limbe pétiolé, ovale ;le pétiole et la gaine sont souvent tachetés de rouge violacé (Mugnier J., 2008).
Etude de la composition chimique
Wildman donne la composition et la teneur en alcaloïdes de dix Crinum. Tous renferment un certain nombre de constitutions variables (lycorine, crinine, haemanthamine, galanthine, etc.), mais la lycorine est toujours présente à des taux plus faible de 0,042 % chez C. asialicum L. et plus fort de 0,17% chez C. laurentii. Ceci dit, ils pouvaient supposer qu’indépendamment d’autres alcaloïdes, les C. pauciflorum et sanderianum contiennent également de la lycorine (Kerharo J., 1974). Pour Crinum erubescen l’étude phytochimique a montré la caractérisation de huit alcaloïdes connus: la bowdensine, le 1-épidétoxybowdensine, la crinamine, la macronine, le 11,12-déhydroanhydrolycorine, l’ismine et la trisphaéridine, étaient identifié par GC-MS. La macronine était la principale composante présente dans C. erubescens, tandis que la crinamine représente un pourcentage relatif. La technique GC-MS ne peut fournir la stéréochimie absolue des alcaloïdes d’amaryllidaceae, bien que l’isolement de divers variant de la bowdensine et de la crinamine de C. erubescens ait été prise en compte pour l’identification des structures chimiques de la boowdensine, du 1-épidéméthoxybowdensine et de la crinamine (Guerrieri C. G. et al., 2015). Pour Galanthus nivalis certains chercheurs ont isolé six alcaloïdes que sont la galanthamine, la narwedine, la nivalidine, la lycorine, la hippeastine et la tazettine (Berkov S. et al., 2008). Pour l’espèce Galhanthus elwesii environ 30 alcoloides ont été identifies et la répartition des alcaloïdes dans chaque organe de la plante se présente différemment de manière qualitative. Les alcaloïdes prédominants dans les racines, les bulbes et les feuilles sont ceux du type homolycorine, tandis que les fleurs accumulent principalement des composés de type tyramine. Le nombre d’alcaloïdes présents dans les fleurs était les mêmes que celui des autres organes végétaux (les racines, les bulbes et les feuilles). Les alcaloïdes les plus abondants étaient la 8-O-diméthylhomolycorine et l’hippeastrine alors que dans les fleurs, il s’agit de hordénine. Dans cette espèce végétale, les alcaloïdes de type lycorine diminuent de manière quantitative et qualitative : des racines (18,6 %, quatre composés), aux bulbes (6,7 %, trois composés), aux feuilles (0,3%, deux composés), et aucun alcaloïde de ce type n’a été détecté dans les fleurs. En revanche, la teneur en hordénine va augmenter de la partie souterraine aux parties aériennes jusqu’à 58,9 % du mélange d’alcaloïdes dans les fleurs, il est à noter que l’accumulation élevée de ce protoalcaloïde, n’est pas typique pour les plantes de la famille des Amaryllidacées ,elle est présente dans d’autres familles de plantes (Poacea et les Cactacea), dans les algues et champignons (Berkov S. et al., 2008).
Etudes pharmacologiques et toxicologiques
Etudes pharmacologiques
D’après Maroyi A., 2016 les études de l’activité pharmacologique des plantes sont souvent en corrélation avec l’utilisation ethnomédicinale comme l’exemple de Crinum macowanni, elle a donné une idée de sa valeur thérapeutique potentielle et de ses propriétés. Les activités biologiques signalées jusqu’à présent sont à base d’extraits bruts de C. macowanii, comprennent une activité antifongique, antiviral, antiplasmodial, des effets cardiovasculaires, et des effets sur le système nerveux central.
Propriétés antibactériennes
Des chercheurs Ločárek et al., (2015), ont montré l’activité antibactérienne de certains alcaloïdes de C. macowanni à savoir la galanthamine a une très faible CMI sur Escherichia coli avec une concentration de 2048 µg / mL par contre la crinane a montré une forte activité contre Bacillus subtili et Staphylococcus aureus (Maroyi A., 2016).
Propriétés antifongiques
Ces propriétés antifongiques documentées sont en corrélation avec les applications ethnomédicinales de C. macowanii, qui est largement utilisé pour traiter diverses infections de la peau. Elles sont attribuées à l’alcaloïde lycorine qui est connu pour inhiber la synthèse des protéines dans des cellules eucaryotes par formation de liaison peptide bloquant. Une activité in vitro contre Candida albicans a été démontrée sur les extraits de C. macowanii par Gundidza, 1986. De même Evidente et al., (2004) ont évalué une activité antifongique de lycorine en utilisant la technique de diffusion en gélose contre Candida albicans utilisant le chlorotrimazole comme témoin, l’expérience a donné une CMI de 39 μg / mL. La lycorine et une série d’alcaloïdes ont une action cytotoxique selon Nair et van Staden, (2013) et les activités antifongiques affichées par C. macowanii pourraient être dues à la cytotoxicité. Ločárek et al., (2015) ont évalué l’activité antifongique de lycorine, la galanthamine, crinine, hamayne, buphanidrine et onduline contre Candida albicans, Candida dubliniensis, Candida glabrata et Lodderomyces elongiosporus utilisant la méthode de microdilution sur bouillon avec des plaques de microtitrage à fond plat de 96 puits et le tioconazole est le témoin positif. La meilleure activité a été obtenue à partir de la lycorine qui a inhibé Candida dubliniensis avec une valeur CMI de 32 μg / mL, inhibe aussi Candida albicans et Lodderomyces elongiosporus, tous deux avec des valeurs de CMI de 64 μg / mL (Maroyi A., 2016).
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Table des matières
Introduction
Chapitre I : Généralités sur la famille des Amaryllidacées
I. Présentation de la famille des Amaryllidacées
I.1. Étude botanique
I.1.1. Classification
I.1.2. Nomenclature et nom vernaculaire de quelques espèces
I.1.3. Situation géographique
I.1.4. Description botanique
I.2. Étude de la composition chimique
I.3. Études pharmacologique et toxicologique
I.3.1. Étude pharmacologique
I.3.1.1. Propriétés anti bactériennes
I.3.1.2. Propriétés anti fongiques
I.3.1.3. Propriétés anti virales
I.3.1.4. Propriétés anti cancéreuses
I.3.1. 5. Propriétés anti acétylcholinestérasiques
I.3.1.6. Propriétés anti inflammatoires
I.3.2. Études toxicologiques
I.4. Utilisations
I.4.1. En horticulture
I.4.2. En médecine traditionnelle
Chapitre II : Présentation de l’espèce Pancratium trianthum
I. Études botaniques
I.1. Classification
I.2. Répartition géographique
I.3. Description botanique
II. Étude de la composition chimique
III. Propriétés pharmacologiques et toxicologiques
III.1. Propriétés pharmacologiques
III.1.1. Activité anti cancéreuse
III.1.2. Activité anti parasitaire
III.1.3. Autres activités
III.2. Toxicités
IV. Utilisations
Chapitre III: Généralités sur les alcaloïdes
I. Propriétés physico-chimiques
I.1. Solubilité
I.2. Réaction de précipitation
I.3. Extraction des alcaloïdes totaux
I.3.1. Extraction par un solvant organique
I.3.2. Extraction par l’eau acide
I.3.3. Extraction par l’alcool
I.4. Obtention des alcaloïdes purs
I.5. Caractérisation des alcaloïdes
I.5.1. Caractérisation générales
I.5.2. Caractérisations spécifiques
II. Classification des alcaloïdes
II.1. En fonction de leur structure
II.2. En fonction de la voie de biosynthèse
II.2.1. Dérivés de la tyrosine
II.2.2. Dérivés de la L- ornithine
II.2.3. Dérivés de l’asparaginate et du glutamate
II.2.4. Dérivés de la L- tryptophane
II.2.5. Alcaloïdes non hétérocycliques
III. Quelques exemples d’alcaloïdes des Amaryllidacées
Chapitre IV: Généralités sur les bactéries
I. Structure
I.1. Paroi bactérienne
I.2. Peptidoglycane
I.3. Rôle de la paroi
II. Classification
II.1. En relation avec l’oxygène
II.2. Selon la morphologie
II.3. En fonction de la coloration de Gram
III. Physiologie bactérienne
III.1. Mode de vie des bactéries
III.2. Nutrition bactérienne
III.3. Besoins nutritifs
III.4. Conditions physico-chimiques de croissances bactériennes
IV. Milieux de culture
V. Infections bactériennes
V.1. Exemples de maladies dues aux Staphylocoques aureus
V.2. Rappels sur Staphylocoques aureus
V.3. Pouvoir pathogène
VI. Rappels sur les antibiotiques
VI.1. Classification et modes d’action des antibiotiques
VI.1.1. Inhibition de la paroi bactérienne
VI.1.1.1. Bétalactamines
VI.1.1.2. Glycopeptides
VI.2. Inhibition irréversible de la synthèse protéique
VI.3. Inhibition réversible de la synthèse protéique
VI.4. Inhibition de la synthèse des acides nucléiques
VI.5. Anti métaboliques
VII. Évaluation de l’activité antibactérienne
VII.1. Antibiogramme
VII.1.1. Principe
VII.2. Catégories cliniques
VIII. Méthodologie et réalisation de l’antibiogramme
VIII.1. Méthodes classiques
VIII.1.1. Méthodes de dilution
VIII.1.2. Méthodes de diffusion
VIII.2. Autres méthodes
VIII.2.1. Technique en milieu liquide
VIII.2.2. Technique en milieu gélosé : le E-test
Conclusion