Généralités sur la dette extérieure

FINALITES ET EFFETS DU RECOURS A L’EMPRUNT EXTERIEUR

Pour les Keynésiens, l’endettement en général n’engendre pas de coût aussi bien pour les générations présentes que pour les générations futures à cause des investissements nouveaux qu’il permet de réaliser. Ils appréhendent l’endettement de l’Etat à travers ses effets multiplicateur et accélérateur sur la demande globale. A travers cette approche, l’endettement suscitant la relance de la demande entraîne par l’effet accélérateur une augmentation plus que proportionnelle de l’investissement, qui provoque à son tour une hausse de la production. Le déficit budgétaire qui, par ces flux successifs, tend à augmenter le stock de la dette, produit l’expansion du cycle économique par la demande et l’investissement. Le déficit financé par l’emprunt stimule la demande et permet l’allègement du coût de son remboursement. Cet argument reste plausible tant qu’il y a sous-emploi des facteurs de production, selon la thèse Keynésienne. Selon cette thèse, on retiendra que les keynésiens ont une vision positive de l’endettement car il favorise l’accumulation du capital et la consommation, et donc la croissance économique.

La théorie traditionnelle de la dette publique formulée par Ricardo (1817), connue sous le nom d’équivalence ricardienne, stipule de son côté que les citoyens voient dans l’emprunt un impôt différé dans le temps quel que soit le décalage intergénérationnel. Le comportement des agents économiques est guidé par une anticipation à la hausse des impôts ; par conséquent, toute politique d’endettement pour relancer l’activité économique et réduire le déficit budgétaire demeure sans effet. Cette thèse sera reprise par Barro (1974) qui soutient que l’emprunt financé par l’impôt se traduira par une augmentation des impôts futurs ; mais en revanche, le déficit budgétaire sera financé par l’épargne privée puisque les ménages vont épargner davantage pour anticiper l’augmentation future des impôts. Lénine (1916) soutient que l’endettement extérieur soumet les débiteurs à la tutelle des créanciers et n’est pas une voie de croissance. Pour Luxenbourg, l’endettement permet aux « vieux pays » capitalistes d’accéder aux « nouveaux territoires » dont ils ont besoin et d’y exercer leur tutelle. Vue sous cet aspect, la dette est un moyen de domination et assujettit les Etats qui sollicitent les emprunts. Enfin, toujours dans ce même point de vue, Hilferding qualifie les prêts aux jeunes nations d’occasion rêvée pour les grandes nations d’acquérir des marchés solvables, des rentes majorées et d’accélérer l’internationalisation.

Augmentation de la capacité d’autofinancement

Toute mobilisation de fonds extérieurs affectés à des investissements productifs engendre une augmentation de l’épargne dans l’économie. Les capitaux reçus viennent grossir l’épargne intérieure et dotent le pays bénéficiaire d’une plus grande capacité de financement. Il en résulte alors un relèvement de niveau des investissements d’où une perspective de croissance économique et de développement du pays bénéficiaire. Les grandes performances économiques constatées au cours de la période 1960-1975, notamment le relèvement du revenu par habitant, ont été enregistrées par les pays à revenu intermédiaire qui ont accédé au marché financier international. De façon générale et quel que soit le volume des capitaux reçus, il a été constaté que les pays qui ont emprunté pour investir ont enregistré des effets bénéfiques induits des investissements réalisés à partir des concours extérieurs. D’après la banque mondiale dans son rapport sur le développement dans le monde de 1978, « dans l’ensemble, les PED ont réussi à relever leur taux d’investissement et d’épargne. Dans les pays à revenu intermédiaire, les entrées de capitaux extérieurs ont progressé en pourcentage du PIB et de l’investissement, et ont joué un rôle majeur dans le financement des investissements supplémentaires ». Par contre, il a été constaté que les pays qui ont peu emprunté ont enregistré des taux d’investissement et d’épargne faibles. C’est notamment la situation des pays à faible revenu qui en 1975, selon la banque mondiale, « s’explique en partie par la diminution de flux des ressources étrangères ». Mais il convient de signaler que le supplément d’épargne ne se produit que si les investissements réalisés à partir des fonds d’emprunt concernent des projets ayant une rentabilité certaine. Les emprunts destinés à financer des investissements non rentables créent pour les pays emprunteurs des charges de remboursement sans générer des revenus supplémentaires.

Les effets pervers

Contrairement à ce que soutient la théorie traditionnelle de l’endettement qui en fait un instrument de croissance, la dette extérieure joue ici plutôt un rôle négatif dont on peut prendre la mesure dans l’analyse de ses effets pervers tant à l’intérieur de l’économie débitrice que dans sa relation avec les économies développées. Concernant les effets à l’intérieur de l’économie débitrice, on peut les constaté au niveau de l’épargne intérieure, de la technologie et de la productivité, des prix et des revenus. S’agissant de l’épargne, l’endettement a pour effet, d’une part de limiter la capacité de mobilisation de l’épargne interne, et d’autre part de biaiser son orientation sectorielle. Au niveau de la mobilisation, le recours à l’emprunt a eu pour effet de négliger la mise en place d’un réseau de collecte de l’épargne interne dont l’utilité ne pouvait être appréciée du fait de la disponibilité des financements extérieurs. Le système financier qui s’installe dans les pays débiteurs se traduit par la marginalisation des épargnants locaux potentiels non directement branchés sur le secteur extérieur qui intéresse le capital externe d’où le problème du système de l’usure qui paralyse la capacité d’autofinancement des petits producteurs dans les PED.

Au niveau de la technologie et de la productivité, la disponibilité des financements extérieurs s’accompagne d’un recours massif à l’importation de biens d’équipement qui décourage le développement de la capacité locale de production de ces équipements, à partir d’une injection dans le système productif de l’épargne locale. Or ce recours aux stocks de capacités de production étrangères introduit dans le système productif des normes et des spécifications qui en accentuent la dépendance technologique. De plus la non maîtrise de la technologie venant de l’extérieur peut aussi poser un problème de productivité. Faute de maîtriser la technologie, des distorsions importantes apparaissent au niveau des prix des produits fabriqués ; leurs coûts de revient sont lourds et les rendent peu compétitifs non seulement à l’extérieur mais aussi à l’intérieur. Par ailleurs, à cause des distorsions des prix et de la faiblesse du revenu moyen, la capacité d’épargne des agents se trouve considérablement affectée, de même que les possibilités d’amélioration de la productivité. Concernant la relation avec les pays développés, ces effets pervers sont d’autant plus grands qu’ils déterminent en même temps la nature des liens de l’économie sous-développée avec l’économie développée qui sont des relations d’asymétrie et de dépendance. En effet la dette extérieure induit un mouvement inverse d’exportation de capitaux des pays sous-développé vers les pays développés. Cela s’explique par exemple par l’existence des dettes liées qui favorisent les importations massives de capital technique venant du pays créancier. Tout cela montre alors clairement la situation de dépendance continue des pays sous-développés vis-à-vis des pays développés.

Les scenarios de dette à moyen terme

L’analyse de la viabilité de la dette extérieure est généralement effectuée dans le contexte de scénarios à moyen terme. Ces scénarios sont des évaluations chiffrées qui prennent en compte les anticipations concernant le comportement des variables économiques et d’autres facteurs pour déterminer les conditions dans lesquelles la dette et d’autres indicateurs se stabiliseraient, à des niveaux raisonnables, les principaux risques pour l’économie et le besoin et les possibilités d’ajustement des politiques. Les incertitudes macroéconomiques, telles que les perspectives concernant les transactions courantes, et les incertitudes relatives à l’action des pouvoirs publics, par exemple dans le domaine de la politique de finances publiques, tendent à dominer les perspectives à moyen terme et sont une considération très importante dans les scénarios établis par le FMI. Un avantage des scénarios à moyen terme est que l’emprunt y est considéré dans le cadre macroéconomique global. Toutefois, ce type d’approche peut être très sensible aux projections relatives à des variables telles que la croissance économique, les taux d’intérêt et de change et, particulièrement, au comportement des flux de capitaux, qui peuvent être sujets à de brusques retournements. Une gamme de scénarios différents peut être élaborée en conséquence. D’autre part, des tests ou essais sous contraintes — des scénarios retenant l’hypothèse d’un changement majeur d’une ou de plusieurs variables — peuvent être utiles pour analyser les principaux risques découlant de fluctuations de ces variables ou de Page | 16 variations d’autres hypothèses comprenant, par exemple, des variations des prix des importations ou exportations de pétrole.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
SOMMAIRE
LISTE DES ABREVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
INTRODUCTION
PARTIE I : CONCEPTS ET ANALYSE DE L’ENDETTEMENT EXTERIEUR
Chapitre I : GENERALITES SUR LA DETTE EXTERIEURE
1- Définition de la dette extérieure
2- Les différents types de dette extérieure
Chapitre II : FINALITES ET EFFETS DU RECOURS A L’EMPRUNT EXTERIEUR
1- Quelques théories et concepts sur l’endettement
2- Les causes de l’endettement extérieur des PED
3- Analyse des effets du recours à l’endettement extérieur
Chapitre III : LES OUTILS DE GESTION ET D’ANALYSE DE LA DETTE EXTERIEURE
1- Terminologie
2- Les scénarios de dette à moyen terme
3- Les ratios d’endettement
4- Notions de solvabilité et de soutenabilité
5- Le cadre de viabilité de la dette extérieure
Chapitre IV : LA CRISE D’ENDETTEMENT
1- La théorie du surendettement
2- Les raison des crises d’endettement
3- La nature des crises d’endettement
Chapitre V : LA RESTRUCTURATION DE LA DETTE EXTERIEURE
1- Définition de la restructuration de la dette
2- Les différentes catégories de restructuration
3- L’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (IPPTE)
4- L’initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM)
PARTIE II : CAS DE LA DETTE EXTERIEURE DE MADAGASCAR
Chapitre VI : ANALYSE DE LA SITUATION DE LA DETTE EXTERIEURE
1- Contexte économique actuel
2- Evolution récente de la dette extérieure
3- Situation actuelle de la dette extérieure
4- Les principaux ratios d’endettement
Chapitre VII : SCENARIO DE REFERENCE ET ANALYSE DE SENSIBILITE
1- Scénario de référence à moyen et long terme
2- Analyse de sensibilité
Chapitre VIII : QUELQUES MESURES ET RECOMMENDATIONS EN CAS DE CRISE DE LA DETTE
1- Les mesures en cas de crise de liquidités
2- Les mesures en cas de crise de solvabilité
CONCLUSION
ANNEXES

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