La cysticercose porcine couramment appelรฉe ยซ Ladrerie ยป est lโinfestation du porc par Cysticercuscellulosae, la forme larvaire deTaenia solium, un des agents du Tรฉniasis humain. LโHomme constitue le seul hรดte dรฉfinitif du ver tandis que le porc est lโhรดte intermรฉdiaire. Le porc sโinfecte en ingรฉrant des ลufs de Taenia solium ร partir dโexcrรฉment humain et dรฉveloppe la cysticercose porcine qui est en gรฉnรฉral asymptomatique. Lโhomme peut รฉgalement dรฉvelopper accidentellement la cysticercose suite ร lโingestion dโลufs du ver. Cependant, ร lโopposรฉ de chez le porc, lโexpression clinique de la cysticercose humaine dรฉpend gรฉnรฉralement de la localisation des kystes de cysticerques au sein de lโorganisme [1, 2]. Ainsi, les crises convulsives et les รฉpilepsies sont les signes cliniques dominants de la Neurocysticercose, la forme la plus grave chez lโHomme [1- 4].
La cysticercose porcine est une maladie cosmopolite quoiquโelle soit retrouvรฉe davantage dans les pays en dรฉveloppement oรน lโendรฉmicitรฉ de la maladie sโexplique par la promiscuitรฉ entre lโHomme et le porc associรฉe ร de mauvaises conditions dโรฉlevage et dโhygiรจne [4, 5]. Elle se rencontre en Afrique dans des pays oรน la prรฉvalence se situe entre 11 ร 21% comme au Cameroun ou au Tchad avoisinant les 39,8% [6 – 8] et 25% au Tanzanie [9].Le Pรฉrou a la plus forte prรฉvalence pour la rรฉgion de lโAmรฉrique latine, celle-ci se situe entre 15 ร 75% [10]. La cysticercose porcine touche รฉgalement plusieurs pays dโAsie comme la Chine ou lโInde [11, 12]. A Madagascar, la prรฉvalence est variable de 0,06 % ร 8,87% selon la rรฉgion. Par ailleurs, la perte financiรจre liรฉe ร cette maladie est estimรฉe aux environs de 36 milliards dโAriary en 2012[13]. Ce qui la situe actuellement ร la premiรจre place des maladies porcines en termes de perte financiรจre. Cette perte est surtout induite par le prix rรฉduit offert pour lesviandes et les abats infestรฉs mais รฉgalement par la prise en charge de la maladie [14, 15].
Actuellement, le diagnostic de la cysticercose porcine repose sur lโinspection post-mortem de la viande lors de lโabattage du porc. In vivo, le langueyage ou palpation de la langue ร la recherche de cysticerques est utilisรฉ surtout lors dโenquรชte รฉpidรฉmiologique au niveau des รฉlevages. Cependant, la limite de ces deux pratiques concerne le fait que les animaux faiblement infestรฉs passent souvent inaperรงus. La DSV estime que seulement le tiers des animaux infestรฉs sont dรฉtectรฉs ร travers ces deux mรฉthodes [13]. Les diagnostics en laboratoires sont alors requis pour confirmer les cas de cysticercose [16]. Trois techniques sont les plus utilisรฉs ร savoir lโEnzyme Linked ImmunoSorbent Assay (ELISA) pour la dรฉtection dโanticorps et lโELISA pour la dรฉtection dโantigรจnes qui sont des mรฉthodes quantitativeset lโEnzyme ImmunoTransferBlot (EITB) ou Western Blot [17-19]qui est un test qualitatif. Les mรฉthodes pour la dรฉtection dโanticorps utilisent des antigรจnes extraits directement soit du liquide vรฉsiculaire soit des extraits bruts de la membrane de cysticerques [20, 21]. De ce fait, elles sont des techniques laborieuses et couteuses pour les รฉleveurs particuliรจrement ceux des pays en dรฉveloppement. Par ailleurs, la sensibilitรฉ et la spรฉcificitรฉ de ces outils diminuent en cas de faible infestation avec une sensibilitรฉ de seulement 55,5% pour lโELISA et de 64,7% pour lโEITB [22] surtout lors de lโutilisation dโantigรจnes bruts [17, 20]. Ces problรจmes de diagnostics supposent donc que les donnรฉes actuelles ne reflรจtent pas la prรฉvalence rรฉelle de la cysticercose.
GENERALITES SUR LA CYSTICERCOSE PORCINE
DรFINITION
La cysticercose porcine ou ladrerie est une cestodose larvaire due ร Cysticercus cellulosea, la larve de Taenia solium ou le ver solitaire de lโhomme. Ce dernier รฉtant la forme adulte provoquantla Taeniase humaine. En malgache, la maladie porte communรฉment le nom de ยซ voavary ยป qui signifie littรฉralement grain de riz.
CLASSIFICATION- CYCLE EVOLUTIFMORPHOLOGIE DU VER
T. solium est un cestode qui fait partie de lโembranchement des Plathelminthes et appartenant ร la classe des Cestoรฏdea regroupant des parasites dรฉpourvues de tube digestif et ร corps segmentรฉ. Il appartient ร la sous-classe des Eucestoda ร cause de leurs organes de fixation appelรฉs ยซ scolex ยป. Il fait partie des espรจces des Cyclophylidea, et de la famille des Taeniidae. Les Cyclophidae sont caractรฉrisรฉes par un scolex ร quatre ventouses sphรฉriques et des orifices gรฉnitaux latรฉraux tandis que les Taeniidae sont caractรฉrisรฉes par des parasites dont les crochets ont trois รฉlรฉments constitutifs : le manche, la lame et la garde.
Le ver adulte peut mesurer jusquโร 1 ร 3m . Il vit dans lโintestin grรชle sur lequel il sโattache grรขce ร son scolex tandis que les larves se localisent prรฉfรฉrentiellement au niveau des muscles. Ces larves appelรฉs รฉgalement cysticerques ou mรฉtacestodes, au dรฉbut de leur รฉvolution, se prรฉsentent sous forme de trรจs petits kystes, dโenviron 1mm de diamรจtre. A lโรฉtat complet de son dรฉveloppement, elle est vรฉsiculeuse et opalescente mesurant 6 ร 18 mm de long. La vรฉsicule est remplie dโun liquide clair, apparentรฉ ร lโยซeau de rocheยป au sein duquel se trouve invaginรฉ un protoscolex [23]. Ce dernier est muni dโun rostre, une petite saillie rรฉtractile, et de crochets comme les vers adultes.
Lโhomme reprรฉsente le seul hรดte dรฉfinitif hรฉbergeant le ver adulte : Taenia solium. Il dรฉveloppe ainsi le teniasis humain dont la contamination sโeffectue suite ร lโingestion de viande de porc insuffisamment cuite. Cependant, lโhomme peut รฉgalement dรฉvelopper la cysticercose en ingรฉrant de faรงon accidentelle des ลufs de T. solium contenus soit dans ses propres matiรจres fรฉcales, il sโagit donc dโune autocontamination soit dans la nourriture ou dans lโeau contaminรฉes. Dans lโorganisme hรดte, le ver atteint sa maturitรฉ au bout de trois mois. Des proglottis gravides contenant jusquโร 60000 ลufs , se dรฉtachent de la partie distale du ver et sont excrรฉtรฉs dans les fรจces. Ces anneaux peuvent sโouvrir soit dans le milieu extรฉrieur soit dans lโintestin de lโhomme libรฉrant des ลufs qui vont se mรฉlanger avec les excrรฉtas contaminant ainsi lโenvironnement.
Le porc constitue lโhรดte intermรฉdiaire des cysticerques (Figure 3). Etant un animal coprophage par excellence, il sโinfeste en ingรฉrant des ลufs contenus dans des selles contaminรฉes. Les ลufs subissent lโaction dโenzymes digestives et รฉvoluent en embryons. Ces embryons vont traverser la paroi gastrique et migrent vers les muscles les plus actifs de lโorganisme dont ceux de lโรฉchine, du jambon, de la langue, les muscles cardiaques voire mรชme au niveau du systรจme nerveux central de lโanimal. Toutefois, seuls les embryons parvenus dans les muscles striรฉs restent viables, sโaccroissent et donnes des larves infestantes (C. cellulosae). Le cysticerque se forme en trois ร cinq mois et reste infestant pendant environ un an sans traitement.
EPIDEMIOLOGIE DE LA CYSTICERCOSE PORCINEย
La cysticercose porcine est unezoonose cosmopolite et endรฉmique de nombreux pays . Elle affecte particuliรจrement les rรฉgions rurales dโรฉlevage intensif de porc oรน les conditions dโhygiรจne sont dรฉfectueuses et les installations sanitaires rares. La promiscuitรฉ homme animal y est รฉgalement importante.
Selon lโOMS, les foyers endรฉmiquesde la maladie (colorรฉs en rouge sur la carte) sont lโAmรฉrique centrale (Mexique, Guatemala, Honduras) et du Sud (Bolivie, Pรฉrou, Brรฉsil) oรน les prรฉvalences varient de 10% ร 75% [9]. Des pays de lโAsie dont la Chine et lโInde ainsi que la rรฉgion du sud-est asiatique (Indonรฉsie, Inde, Vietnam, Cambodge, Laos, Corรฉe, Chine, Nรฉpal, Mongolie, Philippines, Myanmar) sont รฉgalement considรฉrรฉs endรฉmiques de la cysticercose porcine [10,11]. Madagascar fait partie des pays dโendรฉmicitรฉ pour le continent africain entre autres pays (Sรฉnรฉgal, Bรฉnin, Cรดte d’Ivoire, Togo, Ghana, Burkina-Faso, Nigรฉria, RD du Congo, Cameroun, Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie, Ouganda, Mozambique, Zimbabwe, Afrique du sud).Dans ces rรฉgions, lโรฉlevage porcin est lโexploitation de choix du fait quโil nรฉcessite peu dโinvestissement particuliรจrement pour lโalimentation [25-28]. Les animaux sont alors laissรฉs en divagation oรน ils se nourrissent de pรขturages et dโordures favorisant la continuitรฉ du cycle de T. solium. Par ailleurs, lโabsence de toilettes et de structures sanitaires adรฉquates semblent รชtre commune ร ces rรฉgions entrainant la prรฉsence de dรฉjections humaines en quantitรฉ non nรฉgligeable dans lโenvironnement [29, 30]. Par contre, en raison de conditions socio-รฉconomiques plus favorables et dโinfrastructures adรฉquates ainsi que de conditions dโhygiรจnes plus rigoureuses, la cysticercose a pu รชtre รฉradiquรฉe en Europe exceptรฉ dans les pays de la pรฉninsule ibรฉrique (Espagne et Portugal) et de certains pays de lโEurope de lโEst, dans la rรฉgion nord-amรฉricaine, en Australie, au Japon et en Nouvelle-Zรฉlande. De part des pratiques religieuses ne permettant pas lโรฉlevage porcin et la consommation de viandes de porc, la cysticercose est rarement retrouvรฉe en Israรซl, dans les pays du Maghreb et au MoyenOrient. Concernant la Tรฉniase, ร lโheure actuelle, environ 2,5 millions de personnes sont porteurs du ver adulte T solium [30].
MOYENS DE DIAGNOSTICย
La dรฉtection de la cysticercose porcine peut se faire par des tests visuels qui se reposent sur lโidentification de lโagent pathogรจne ร travers la palpation de la langue ou lors de lโinspection post-mortem des viandes. Les tests immunologiques constituent รฉgalement un diagnostic de certitude de la cysticercose porcine.
IDENTIFICATION DE LโAGENT PATHOGENEย
Cette technique vise ร rechercher puis ร identifier les cysticerques. Lโexamen de la langue appelรฉ encore le langueyage est un moyen facile et rapide pour identifier les porcs malades. Il est praticable mรชme au niveau des รฉlevages par les รฉleveurs. Elle consiste ร palper et ร explorer la face ventrale de la langue de lโanimal. Les cysticerques sont palpables dรจs la 2รจme semaine aprรจs lโinfestation puis visibles ร lโลil nu ร partir de la 6รจme semaine sous une forme ovale. Des รฉtudes menรฉes par Dorny en 2004 ont montrรฉ une sensibilitรฉ et une spรฉcificitรฉ du langueyage respectivement de 16,1% et 100% .
Bien que sa spรฉcificitรฉ soit trรจs รฉlevรฉe, cette technique ne permet quโune dรฉtection des animaux massivement infectรฉs et son efficacitรฉ dรฉpend de lโexpรฉrience de lโexplorateur.
En outre, des lรฉsions mรฉcaniques ou provoquรฉes par des actinobactรฉries peuvent donner de faux positifs [32,33]. Dโoรน la nรฉcessitรฉ de procรฉder ร lโinspection des viandes en abattoirs ou dans les tueries. La procรฉdure dโinspection consiste ร contrรดler visuellement la carcasse du porc. La technique officielle consiste ร palper puis ร inciser les muscles notamment lโรฉchine, le jambon et les aisselles, qui constituent la localisation prรฉfรฉrentielle des cysticerques ainsi que les organes de prรฉdilection des mรฉtacestodes comme le cลur et la langue. Les kystes sont visibles ร la surface dโincision. Cependant, malgrรฉ une spรฉcificitรฉ de 100%, la sensibilitรฉ reste faible ร 38,7%[31]. Ce qui fait que les animaux faiblement infestรฉs peuvent passรฉ inaperรงues.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I PREMIERE PARTIE : GENERALITES ET RAPPELS THEORIQUES
I.1 GENERALITES SUR LA CYSTICERCOSE PORCINE
I.1.1 DรFINITION
I.1.2 CLASSIFICATION- CYCLE EVOLUTIF- MORPHOLOGIE DU VER
I.1.3 EPIDEMIOLOGIE DE LA CYSTICERCOSE PORCINE
I.1.4 MOYENS DE DIAGNOSTIC
I.1.4.1 IDENTIFICATION DE LโAGENT PATHOGENE
I.1.4.2 LES TESTS SEROLOGIQUES
I.1.5 TRAITEMENT โ PREVENTION DE LA CYSTICERCOSE PORCINE
I.2 CLONAGES DE PROTรINES ET PROTรINES RECOMBINANTES
II DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
II.1 METHODES
II.1.1 CADRE DE LโETUDE
II.1.2 RESUME DE LA DEMARCHE EXPERIMENTALE
II.1.3 MATERIELS BIOLOGIQUES
II.1.3.1 SERUMS DE PORCS
II.1.3.2 ANTIGENES MEMBRANAIRES BRUTS :CS50
II.1.3.3 LES GENES UTILISES : ADNc
II.1.3.4 LES VECTEURS DE CLONAGE ET DโEXPRESSION
II.1.3.5 LES CELLULES HรTES
II.1.4 MESURES DE SECURITE AU LABORATOIRE
II.1.5 UTILISATION DE LA CS50
II.1.5.1 TEST ELISA
II.1.5.2 DETERMINATION DES BANDES SPECIFIQUES PAR LE TEST ENZYME โ LINKED IMMUNOELECTRO-TRANSFERT BLOT (EITB)
II.1.6 CLONAGE DE GENES DโINTERET DE CYSTICERQUES
II.1.6.1 AMPLIFICATION DES GรNES
II.1.6.2 DIGESTION DU PLASMIDE PET-MBP ET DES GรNES AMPLIFIรS
II.1.6.3 LIGATION
II.1.6.4 PRรPARATION DE BACTรRIES CHIMIO COMPรTENTES
II.1.6.5 TRANSFORMATION DES BACTรRIES TOP10
II.1.6.6 VรRIFICATION DE LA TRANSFORMATION DES BACTรRIES PAR PCR SUR COLONIES
II.1.7 PRODUCTION DE PROTEINES RECOMBINANTES
II.1.7.1 PREPARATION ET TRANSFORMATION DES SOUCHES DโEXPRESSION
II.1.7.2 PRE- CULTURE
II.1.7.3 EXTRACTION DES PROTรINES TOTALES
II.1.7.4 TRAITEMENT DE LA FRACTION PROTรIQUE INSOLUBLE
II.1.7.5 ANALYSE DES FRACTIONS SOLUBLES ET INSOLUBLES SUR SDS-PAGE
II.1.8 PURIFICATION DES PROTEINES RECOMBINANTES
II.1.8.1 PRINCIPE
II.1.8.2 PREPARATION
II.1.8.3 FIXATION PROTรIQUE SUR LA RรSINE
II.1.8.4 LAVAGE DE LA RรSINE – PROTรINE
II.1.8.5 ELUTION PROTEIQUE
II.2 RESULTATS
II.2.1 RESULTAT DE LโUTILISATION DE LA CS50
II.2.2 RESULTAT DU CLONAGE ET DE LA PRODUCTION DE PROTEINES RECOMBINANTES
II.2.2.1 RESULTAT DE LโAMPLIFICATION AVEC LESAMORCES SPECIFIQUES
II.2.2.2 VERIFICATION PAR PCR SUR COLONIES DE LA TRANSFORMATION BACTERIENNE
II.2.2.3 RESULTATS DES ANALYSES DE SEQUENCES DES CLONES CHOISIS
II.2.2.4 RESULTATS DES ANALYSES SUR SDS_PAGE ET SUR WESTERN BLOT DES PROTEINES RECOMBINANTES
III TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
III.1ANALYSE DES RESULTATS OBTENUS PAR RAPPORT A LA MISE AU POINT DU TDR DE LA CYSTICERCOSE PORCINE
III.2 ANALYSE DES PERSPECTIVES PAR RAPPORT AUX RESULTATS OBTENUS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES