La constipation est un symptôme qui se traduit par une insatisfaction du malade vis-à-vis de son transit. Elle correspond à des selles peu fréquentes, souvent dures et/ou une exonération difficile ou incomplète. Le ralentissement du transit est associé à une déshydratation des matières fécales car celles-ci restent plus longtemps dans le colon, où s’effectue une réabsorption accrue de l’eau et des électrolytes. Un transit considéré comme normal correspond à une émission variant de trois selles par jour à trois selles par semaine. On considère donc qu’il y a constipation lorsque la fréquence des selles est inférieure à trois par semaine chez l’adulte.
Epidémiologie
Une minorité de patients souffrant de constipation recherche une prise en charge médicale. C’est pourquoi la prévalence exacte est difficile à estimer. En France, 15 à 35 % des adultes ressentiraient des troubles avec une prédominance féminine de 2 pour 1 par rapport aux hommes. Les personnes de plus de 55 ans seraient 5 fois plus à risque de souffrir de constipation par rapport aux adultes plus jeunes. (1) 20 à 40% des plus de 65 ans sont gênés par une constipation (2). La prévalence accrue chez les personnes âgées pourrait s’expliquer par la vie en institution, un usage accru de laxatif, mais également une déclaration plus fréquente de leur état de santé.
Origines
La survenue d’une constipation peut être due à :
– Des mauvaises habitudes de vie : manque d’exercice physique, période de stress, alimentation déséquilibrée (ration hydrique insuffisante, déficit en fibres) ou modification des habitudes alimentaires, arrêt du tabac, voyages, immobilisation prolongée.
– Des conditions physiologiques : diminution du transit avec l’âge, longueur du côlon, perturbations du transit lors de changements hormonaux observés lors du cycle menstruel, de la grossesse et de la ménopause.
– Une pathologie : neurologique, psychiatrique, endocrinienne, métabolique, obstruction mécanique, colopathie fonctionnelle ou syndrome du côlon irritable, anomalies du plancher pelvien, troubles sphinctériens. (1)
– Une origine iatrogène :
La prise de médicaments aux propriétés anticholinergiques qui diminuent la contractilité des muscles lisses par blocage des récepteurs cholinergiques.
● Atropine
● Antiparkinsoniens : bipéridène, tropatépine, trihexyphénidyle
● Neuroleptiques : clozapine, olanzapine
● Antidépresseurs tricycliques/imipraminiques : amitriptyline
● Antispasmodiques/traitement de l’incontinence urinaire : oxybutinine, trospium
● Antihistaminiques : alimémazine, prométhazine .
La prise de médicaments ralentisseurs du transit mais sans propriétés anticholinergiques :
● Opiacés : analgésiques (morphine, tramadol), antitussifs (codéine, pholcodine, dextrométorphane)
● Antiémétiques : sétrons
● Inhibiteurs calciques : amlodipine, vérapamil, diltiazem.
Classification
Constipation occasionnelle
Cette constipation aiguë survient de manière transitoire et brutale. Elle est due la plupart du temps à une cause organique ou due à des circonstances exceptionnelles dans la vie du patient : derniers mois de la grossesse, alitement, voyages, changement d’alimentation.
Constipation secondaire
A la vue d’une constipation récente ou récemment aggravée, on peut supposer qu’une cause sous-jacente est responsable de la constipation :
– Une obstruction mécanique à l’exonération : cancer colo-rectal, compression extrinsèque par une tumeur bénigne ou maligne, sténose colique ou anale, fissure anale, maladie de Hirshprung.
– Maladie neurologique : accident vasculaire cérébral, sclérose en plaque, Parkinson, syndrome de Shy-Drager.
– Maladie métabolique et endocrinienne : diabète, hypothyroïdie, hypercalcémie, hypomagnésémie.
– Consommation médicamenteuse ou toxique.
Constipation fonctionnelle idiopathique
On parle de constipation fonctionnelle idiopathique dans le cas où aucune cause n’a pu être décelée. Son diagnostic repose sur des critères internationaux, les critères de Rome IV. Il s’agit d’une constipation chronique c’est-à-dire que les symptômes sont présents depuis plus de 6 mois. Elle peut également avoir été diagnostiquée dès l’enfance. Deux mécanismes sont impliqués :
– Un ralentissement du transit colique
Il est lié à une réduction de l’activité motrice entrainant une diminution des contractions coliques et de la réponse motrice colique à l’alimentation ou bien à une hyperactivité colique qui est souvent associée à des douleurs abdominales dans le cadre du SII (syndrome de l’intestin irritable).
– Un dysfonctionnement de l’évacuation rectale ou dyschésie par :
● Un dysfonctionnement sphinctérien appelé dyssynergie anorectale : hypertonie ou bien anisme des muscles entourant le canal anal
● Des troubles de la statique pelvienne : le syndrome du périnée descendant, l’entérocèle.
● Des troubles de la statique rectale : prolapsus rectal, rectocèle.
● Une hyposensibilité rectale qui atténue ou supprime la sensation de besoin d’exonération, fréquente chez le sujet âgé.
Diagnostic
Un diagnostic positif de constipation chez l’adulte se pose devant le constat :
– D’un nombre de défécations inférieur à 3 par semaine (des selles dures et rares évoquent une constipation de transit)
– Et/ou de difficultés d’exonération (celles-ci évoquent une constipation distale). (5) L’étiologie de cette constipation sera déterminée par un interrogatoire du patient sur :
→ L’ancienneté du symptôme .
Pour différencier une constipation aiguë d’une constipation chronique, les critères de Rome IV sont recherchés :
– Le caractère chronique : évolution des symptômes depuis plus de 6 mois
– La présence pendant 3 mois au cours de la dernière année écoulée, d’au moins 2 critères physiopathologiques suivants :
● Moins de 3 selles spontanées par semaine,
● Selles dures ou grumeleuses, avec un effort de poussée ou une sensation de vidange rectale incomplète, d’une sensation de blocage ou d’obstruction anorectale (dans plus de 25% des défécations)
● Nécessité de manœuvres manuelles pour aider à l’évacuation (dans plus de 25% des défécations).
→ La fréquence et l’aspect des selles
L’échelle de Bristol permet de caractériser la consistance des selles. Elle s’étend de 1 pour des selles très dures à 7 pour des selles très liquides.(6)
→ Une altération de l’état général : asthénie, anorexie, amaigrissement
→ La présence de troubles digestifs associés
→ Le régime alimentaire
→ La prise de médicaments
→ Les antécédents personnels et familiaux .
Si la constipation nécessite une consultation médicale, le médecin réalisera un examen clinique (examen général : poids, état nutritionnel, examen abdominal, examen proctologique : toucher rectal).
Puis, il prescrira éventuellement la réalisation d’explorations complémentaires :
– Analyses biologiques : lorsqu’une origine organique est suspectée ou qu’il existe des signes d’alertes. Le bilan biologique recommandé comprend la glycémie, la calcémie, la créatininémie, la thyrostimuline hypophysaire, la numération et formule sanguine et la protéine C réactive.
– Explorations morphologiques coliques :
La coloscopie totale est l’examen de première intention chez les malades qui consultent pour une constipation chronique. Ces indications sont :
● Un âge supérieur à 45 ans en l’absence de coloscopie dans les 5 dernières années
● Une constipation récente ou d’aggravation récente
● La présence de signes d’alerte : rectorragie, amaigrissement, syndrome rectal, anémie ferriprive ou inflammatoire
● Des antécédents familiaux de cancer colo rectal, un dépistage
● Une polypose ou un cancer.
– Plus rarement, des tests fonctionnels peuvent être effectués : mesure du temps de transit colique, manométrie ano-rectale, manométrie colique, électromyogramme anal.
Symptômes et complications
La constipation associe :
– Un retard d’évacuation des selles responsable d’une émission de selles rare, incomplète ou d’un volume insuffisant.
– Une déshydratation des selles qui s’observe par des selles dures, d’exonération difficile.
D’autres symptômes peuvent être constatés : une sensation désagréable de lourdeur, des ballonnements, des crampes abdominales, ou des douleurs à la défécation.
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Table des matières
Introduction
PARTIE 1 : GENERALITES SUR LA CONSTIPATION
I. Définition
II. Epidémiologie
III. Origines
IV. Classification
A. Constipation occasionnelle
B. Constipation secondaire
C. Constipation fonctionnelle idiopathique
V. Diagnostic
VI. Symptômes et complications
VII. Prise en charge de première intention
A. Constipation organique
B. Constipation fonctionnelle
C. Mesures hygiéno-diététiques
D. Recours aux laxatifs
PARTIE 2 : PHYTOTHERAPIE
I. Place de la phytothérapie à l’officine
II. Définition
III. Dénomination scientifique
IV. Législation
A. Pharmacopée
B. Pharmacopée française
C. Pharmacopée européenne
V. Réglementation
A. Statut des préparations à base de plantes
a. Les médicaments à base de plantes
b. Les compléments alimentaires
VI. Pharmacovigilance
PARTIE 3 : LA PHYTOTHERAPIE DANS LE TRAITEMENT DE LA CONSTIPATION
I. Laxatifs de lest
A. Généralités
a. Mécanisme
b. Effets indésirables
c. Contre‐indications et précautions d’emploi
B. Principales plantes utilisées : plantes à mucilages
a. Lin
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
b. Psyllium noir ou brun
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
c. Ispaghul ou psyllium blond
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
d. Mauve ou grande mauve
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
e. Guimauve
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
C. Spécialités d’origine naturelle (des spécialités obtenues par un procédé d’extraction)
a. Algues
1. Fucus
1.1 Description
1.2 Composition
1.3 Posologie, conseil d’utilisation
1.4 Spécialités disponibles
2. Carragheen
2.1 Description
2.2 Composition
2.3 Spécialités disponibles
3. Agar agar
3.1 Description
3.2 Composition
3.3 Spécialités disponibles
b. Gomme de Sterculia
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
c. Son de blé
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
II. Laxatifs osmotiques
A. Généralités
a. Mécanisme
b. Effets indésirables
c. Contre‐indications et précautions d’emploi
B. Spécialités d’origine naturelle
a. Sorbitol
b. Mannitol
III. Laxatifs lubrifiants/émollients
A. Généralités
a. Mécanisme
b. Effets indésirables
c. Contre‐indications et précautions d’emploi
B. Principales plantes utilisées
a. Olivier
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
IV. Laxatifs stimulants
A. Généralités
a. Mécanisme
b. Effets indésirables
c. Contre‐indications et précautions d’emploi
B. Principales plantes utilisées
a. Aloès
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
b. Bourdaine
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
c. Cascara
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
d. Rhubarbe
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
e. Séné
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
f. Ricin
1. Description
2. Composition
3. Posologie, conseil d’utilisation
4. Spécialités disponibles
V. Traitement phytothérapeutique complémentaire
A. Drainage du foie et des voies biliaires
B. Plantes spasmolytiques
C. Plantes carminatives
Conclusion
Bibliographie