Les relations interprofessionnelles et celles qui existent entre les patients et le personnel de la santé constituent un sujet de réflexion important, compte tenu des liens profonds mais complexes qui unissent « système de santé » et « système social ». Si les préoccupations et la réflexion sociales remontent à l’antiquité et notamment à la philosophie grecque, l’acte de naissance des sciences, dans leur acception moderne, remonte au XIXe siècle.
GENERALITES SUR LA COMPREHENSION SOCIOLOGIQUE DE LA SANTE ET LES ETATS DU MOI
LA COMPREHENSION SOCIOLOGIQUE DE LA SANTE
Dans les apports des sciences sociales à la santé publique, on peut distinguer deux grands types :
• Des apports non spécifiques
Ils proviennent :
– des rapports individu-société : classes et inégalités sociales, changement social ;
– des autres champs d’investigation de la sociologie, sociologie du travail, de la famille, et l’éducation et du corps.
• Des apports spécifiques
Ils correspondent aux productions de la sociologie et dans la santé qui peuvent être classées en deux catégories. Il s’agit :
– du malade et/ou de son entourage que l’on qualifie du terme générique de profanes (par oppositions aux professionnels) et qui peuvent être considérés au niveau individuel ou collectif ;
– du professionnel de santé qui peut également être envisagé soit au niveau individuel, soit au niveau collectif de la profession, soit enfin au niveau collectif de l’organisation dans laquelle il exerce sont activité.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « la santé est un état de complet bien-être physique, psychique et social et pas seulement l’absence de la maladie ou d’infirmité ».
En revanche, Parsons considère la santé comme « l’état de capacité optimale d’un individu pour l’accomplissement efficace des rôles et des tâches pour lesquels il a été socialisé ».
D’un côté se trouvent les « traditionnels » qui associent à un mode d’appréhension du capital santé en terme de travail (le corps est un instrument de la survie, au service du travail) un rapport à la santé de type santé négative (santé = absence de maladie = silence des organes). Il s’agit surtout de personnes âgées et de certaines catégories sociales, agriculteurs, artisans, commerçants…qui se caractérisent, sur le plan des pratiques, par une faible activité de prévention et un recours tardif au système de soins. De l’autre côté se trouvent les « modernes » qui associent à un mode d’appréhension hédoniste (le corps est un support de jouissance, objet de toutes les attentions) un rapport à la santé de type santé positive. Il s’agit surtout des catégories sociales favorisées : cadres supérieurs, professions libérales… qui se caractérisent, sur le plan des pratiques, par une attitude favorable à la prévention et un recours précoce et adapté au système de soins. Les représentations de la santé ne sont pas statiques. Elles évoluent aux cours de la vie de l’individu.
Les représentations et pratiques profanes de la maladie
Les représentations
En matière de représentations, on peut opposer une certaine vision « positiviste » de la maladie à toutes les interprétations profanes. On peut donc ici aussi, définir un continuum allant de la vision/interprétation médicale pure à la vision/interprétation profane pure en passant par des visions hybrides combinant les deux formes d’approche .
Parmi les interprétations profanes les plus fréquentes se trouve la maladiesanction:
– soit sanction d’une faute personnelle (écart de régime, vie dissolue) ;
– soit sanction d’une faute collective (exemple, le SIDA interprété comme une sanction de la libération sexuelle).
La maladie peut être également attribuée à un « autre » individuel :
– mauvais sort jeté par un proche, un voisin ou collectif ;
– recherche de boucs émissaires, souvent marqués sur le plan ethnique, lors des grandes épidémies.
Les pratiques
Différents types de comportement face à la maladie et au système de santé peuvent être identifiés. Classiquement un modèle à trois termes permet d’illustrer le rapport de l’individu à la maladie :
• la pathologie (disease) se réfère aux phénomènes organiques ;
• le trouble (illness) renvoit au vécu et à la prise de conscience de la pathologie ;
• la maladie (sickness) est le processus par lequel les signes ressentis sont reconnus comme symptômes et déclenchent une action.
Le processus ainsi représenté est de l’ordre de la traduction : toutes les cultures ont leurs propres règles pour passer des signes aux symptômes, pour établir des liens entre symptomatologie et étiologie, pour décider des interventions pertinentes et adaptées. Dès lors que la maladie est interprétée, des stratégies sont développées par les malades.
i). Le premier type de stratégie consiste à se conformer au « rôle de malade ». Le système social produit en effet des valeurs et des normes de comportement auxquelles l’individu malade doit se conformer s’il veut que sa maladie soit reconnue et que le statut de malade lui soit accordé. Le rôle du malade se définit d’abord par son exemption des responsabilités habituelles. Quand on est malade, on ne peut les remplir : on ne peut ni travailler, ni s’occuper de sa famille. Il est également clair que le malade ne peut pas guérir seul par un acte de décision. De ce fait, il n’est pas tenu pour responsable de son incapacité et il a droit à l’assistance. Ces deux caractéristiques constituent des privilèges pour le malade, mais ceux-ci sont conditionnels. En retour, il a des obligations : il doit considérer la maladie comme indésirable et souhaiter « aller mieux ». Enfin le malade a l’obligation de chercher une aide compétente pour le guérir et coopérer avec ceux qui ont la charge de le soigner. C’est à ce prix seulement que le caractère de déviance de la maladie est annulé et que celle-ci devient un état légitime.
ii). Le deuxième type de stratégie consiste à utiliser la maladie et les « privilèges » qui lui sont associés dans un objectif d’évitement des contraintes (familiales et/ou professionnelles).
Ces différentes stratégies ont souvent pour effet de mobiliser l’entourage du malade qui va plus ou moins s’investir dans la prise en charge.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LA COMPREHENSION SOCIOLOGIQUE DE LA SANTE ET LES ETATS DU MOI
1. La compréhension sociologique de la santé
1.1. Les représentations et pratiques profanes de la santé
1.1.1. Les représentations
1.1.2. Les pratiques
1.2. Les représentations et pratiques profanes de la maladie
1.2.1. Les représentations
1.2.2. Les pratiques
1.3. Les professions de santé
1.3.1. L’érosion du pouvoir médical
1.3.2. L’accroissement de la culture médicale
2. Les choix de comportement : les états du moi
2.1. Définitions
2.2. Les états du moi
2.2.1. L’état du moi : Parent
2.2.2. L’état du moi : Adulte
2.2.3. L’état du moi : Enfant
DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE LA STRUCTURE DES PERSONNALITES DU PERSONNEL HOSPITALIER PAR L’ANALYSE TRANSACTIONNELLE
1. Cadre d’étude
1.1. Organisation
1.2. Le personnel
2. Méthodologie
2.1. Méthode d’étude
2.1.1. Objectif méthodologique
2.1.2. Technique d’étude
2.2. Paramètres
3. Résultats
3.1. Nombre de sujets
3.2. Répartition
3.2.1. Les tranches d’âge
3.2.2. Le sexe
3.2.3. La profession
3.2.4. Situation matrimoniale
3.3. Les scores
3.4. Classement selon les professions
3.4.1. Les médecins
3.4.2. Les infirmiers
3.4.3. Les assistants de santé
3.4.4. Les économes des hôpitaux
3.4.5. Les adjoints d’administration
3.4.6. Les secrétaires et/ou comptables
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES, DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
1. Commentaires et discussions
1.1. Méthodologie
1.2. Résultats
1.2.1. Pour l’hôpital Joseph Raseta
1.2.2. Pour le personnel
2. Suggestions
2.1. L’analyse transactionnelle chez le médecin
2.1.1. Pour l’amélioration de la relation malade-médecin
2.2. L’analyse transactionnel outil de communication et d’évolution
2.2.1. Exercice pour l’identification du ou des « parents » professionnel
2.2.2. Analyse transactionnelle par le questionnaire de Cardon
2.2.3. Apprentissage du comportement
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE