Tout comme l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Inde, l’Australie et l’Antarctique, Madagascar est l’une des plaques continentales issues de la fragmentation du supercontinent Gondwana. Séparée du continent africain depuis plus de 100 millions d’années, l’île de Madagascar est une des merveilles biologiques du monde. L’évolution en isolement a développé une faune et une flore uniques en leur genre, où le taux d’endémisme est extrêmement élevé. Environ 85% des espèces végétales et 90% des espèces animales de Madagascar ne se rencontrent nulle part ailleurs (Paulian, 1996). L’endémisme atteint près de 100% chez les lémuriens et les caméléons, supérieur à 90% chez les batraciens, les palmiers et les orchidées. Les zoologistes estiment que 90% des espèces et 70% des genres sont endémiques (Paulian, 1996).
MILIEU D’ETUDE
Localisation géographique
Le présent travail a été réalisé dans la forêt de Kirindy (Concession Forestière du Centre de Formation Professionnelle Forestière ou CFPF). C’est une forêt dense sèche dans la région du Menabe (Sud-ouest de Madagascar) et elle se trouve approximativement à 60 km au Nord-est de la ville de Morondava, sur la route secondaire RN8A vers Belo-sur Tsiribihina . La forêt de Kirindy se situe entre les villages de Marofandiliha au Sud et Beroboka au Nord. De latitude 20°03’ S, de longitude 44°39’E et avec une altitude variant entre 18 et 40 m environ, la concession recouvre une superficie de 12 500 ha divisée en blocs de 100 ha. Nos sites d’étude sont les blocs N5 (Exploité) et CS7 (intact).
Sites d’étude
Site exploité (N5)
Le site N5 se trouve à 5 km du croisement vers Belo-sur Tsiribihina et au nord du camp de DPZ. Sa superficie est de 140 ha, subdivisée en quadrat de 25 m x 25 m . Ce site a été exploité en 1990 (partie Sud) et en 1991 (partie Ouest). La moyenne du volume d’arbres abattus dans ce bloc était de 3,11 m3 /ha seulement car il est pauvre en essence de norme commerciale.
Site intact (CS7)
Le site CS7 se trouve à 7 km du croisement vers Belo-sur Tsiribihina et au Sud du camp de DPZ. Sa superficie est de 100 ha subdivisé aussi en quadrat de 25 m x 25 m . Il est traversé par un ruisseau de direction Nord–Sud, par la rivière Kirindy en Est-Ouest. Cette rivière est saisonnière car elle manque d’eau pendant la saison sèche, sauf sur quelques points au niveau des rochers. Contrairement au bloc N5, il n’a pas été exploité car les arbres sont très pauvres en essence de norme commerciale.
Climat
Le climat est du type tropical sec, avec deux saisons bien distinctes : une saison chaude et pluvieuse de novembre à mars/avril, et une saison sèche de mai à octobre (Ganzhorn, 1995 ; Sorg & Rhoner, 1996 ; Schmid & Kappeler, 1998 ; Sorg & al 2003). La température moyenne annuelle est de 24,7° C (1906 – 1984), mesurée à la station météorologique de Morondava). Les moyennes de maxima et de minima se situent respectivement à 30,7° C et 19,0° C. La moyenne de la précipitation calculée sur une période de 80 ans (1906 – 1984) est de 767 mm/an. Normalement les mois les plus pluvieux sont janvier et février, mais pour cette année 2005, le mois de février n’a que 20 mm de précipitation. Une augmentation est observée au début du mois de mars avec 162,5 mm de précipitation. Durant la période d’étude, les variables climatiques (température minimale et maximale, l’humidité relative minimale et maximale et la précipitation) ont été mesurés. Ces données climatiques ont été utilisées pour étudier les corrélations entre l’abondance des insectes et les variables climatiques.
Flore
La forêt de Kirindy est une forêt dense sèche caducifoliée caractérisée par la présence de deux espèces de Baobab Andansonia za et Andansonia rubrostipa. La présence des espèces xérophytiques à différentes variétés d’adaptation à la sècheresse est notée (chute des feuilles en saison sèche, système d’emmagasinage d’eau dans la racine ou dans la tige). Ces espèces sont représentées par Pachypodium sp. , Adenia sp. , Euphorbia sp. Donc, cette forêt se distingue par des caractères biologiques particuliers comme la caducité du feuillage, la structure à trois étages (inférieur, moyen, et supérieur), l’absence totale d’une strate herbacée (sauf sur les bords de route), l’abondance de liane, la floraison fréquente en saison sèche et plusieurs formes de xérophylie (Ganzhorn & Sorg, 1996).
Faune
La concession forestière de Kirindy est caractérisée par sa richesse faunistique. Elle renferme une très riche communauté de Primates et on y trouve une des plus fortes densités de Primates du monde (Ganzhorn et Kappeler, 1996). La présence de huit espèces de Lémuriens est notée, dont deux diurnes à savoir : Eulemur rufus et Propithecus verreauxi verreauxi, et six nocturnes : Microcebus murinus, Microcebus berthae, Mirza coquereli, Cheirogaleus medius, Phaner furcifer et Lepilemur ruficaudatus (Mittermeier & al, 1994). En plus des Lémuriens, des espèces d’herpetofaune comme Pyxis planicauda, Oplurus cuvieri (Ganzhorn & Sorg, 1996) et beaucoup d’autres sont présentes. On y trouve aussi le rongeur endémique caractéristique de la région de Morondava Hypogeomis antimena et le carnivore Cryptoprocta ferox (Rasamison, 1997). Enfin, la forêt abrite plusieurs espèces d’oiseaux comme Mesitornis variegata, Falco zoniventris et Accipiter hensti (Ganzhorn & Sorg, 1996).
Sol
La forêt de Kirindy repose sur des formations sédimentaires issues de grès de pliocène. Ceux-ci se composent essentiellement de schistes et de grès continentaux, avec des inclusions de dépôts lagunaires et marins. Ces formations sont recouvertes de nappes alluvionnaires récentes, sablo-argileuses, déposées par les fleuves qui s’écoulent de l’Est en Ouest (Silvio Covi, 1992). Les sols représentatifs de la zone ont été groupés en 4 types rattachés aux « sol ferrugineux lessivés ». Ces sols sont poreux et caractérisés par une faible capacité de rétention d’eau favorisant un écoulement et assèchement rapide pendant la saison sèche.
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Table des matières
INTRODUCTION
I- Milieu d’étude
I. 1- Localisation géographique
I.2- Sites d’étude
I.1.1- Site exploité (N5)
I.1.2- Site intact (CS7)
I.3- Climat
I.4- Flore
I.5- Faune
I.6- Sol
II- Matériels et méthodes
II.1- Matériels vivants
II.1.1- Généralités sur la classe des Insectes
II.2- Méthodologie
II.2.1- Pour les insectes
a) Méthode de capture
Piège malaise
Trou piège ou pitfall
Piège lumineux
b) Identification
II.2.2- Pour les plantes
II.2.3- Méthode statistique
a) Choix des tests statistiques
b) Test de normalité
c) Test de corrélation
d) Test de comparaison
III- Résultats et interprétations
III.1- Résultats des captures d’insectes
III.1.1- Dans le site exploité (N5)
a) Insectes du sol
b) Insectes volants
c) Insectes nocturnes
III.1.2- Dans le site intact (CS7)
a) Insectes du sol
b) Insectes volants
c) Insectes nocturnes
III.1.3- Abondance par classe de taille des différents Ordres
a) Dans le site exploité (N5)
b) Dans le site intact (CS7)
III.2- Productions de plantes
III.3- Variables climatiques
III.4- Fluctuation saisonnière d’abondance des différents Ordres d’Insectes
III.4.1- Dans le site exploité (N5)
a) Insectes du sol
b) Insectes volants
c) Insectes nocturnes
III.4.2- Dans le site intact
a) Insectes du sol
b) Insectes volants
c) Insectes nocturnes
III.5- Période d’activité des insectes nocturnes
III.6- Effets de l’exploitation sélective de la forêt
IV Discussion
IV.1- Fluctuation saisonnière d’abondance
IV.2- Relation entre fluctuation d’abondance et variables climatiques
IV.3- Relation entre fluctuation d’abondance et production de plantes
IV.4- Effet de l’exploitation sélective de la forêt
IV.5- Influences de la fluctuation saisonnière d’abondance d’insectes dans la forêt tropicale
V- Conclusion
CONCLUSION
Bibliographie