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GENERALITES SUR LA CIRCULATION ATMOSPHERIQUE EN AFRIQUE DE L’OUEST :
Selon les études menées sur la radiation provenant du soleil vers la terre, 30% de la radiation est réfléchie directement par les nuages et par la surface. Ensuite 23% serait absorbé au cours du transport vers la terre par l’atmosphère. La terre à son tour emmagasine le reste 47%, une bonne partie de cette énergie est restituée à l’atmosphère sous forme de rayonnement infrarouge en partie de chaleur latente et de celle sensible (Roehrig, 2010). Cependant, une disparité existe sur la distribution de cette énergie avec une forme sphérique de la terre qui favorise des caractéristiques relativement différentes de réception et de renvoie d’énergie en fonction de la position ainsi de la distance par rapport au soleil. Ceci causant une mobilité de flux atmosphériques et océaniques, ayant comme rôle de distributeur et celui de compensateur du surplus calorifiques des tropiques vers les hautes latitudes. La première circulation est issue réellement du surplus d’énergie que connait l’atmosphère tropicale. Donc elle découlerait du déséquilibre thermique qui existe entre les tropiques et les autres zones faiblement dispensées par l’activité radiative. Ainsi le transport est assuré par un ensemble de cellules de l’équateur vers les pôles, dont celle de Hadley, de Ferrel et Polaire. La deuxième va dépendre de la capacité de la zone à absorber et/ou à libérer ou non une importante quantité du rayonnement émis par le soleil. La terre, plus conductrice que l’océan, voit une convection plus forte et ceci plus marquée pour la Zone de Convergence Intertropicale (Z.C.I.T). Ces deux circulations zonale et méridionale, respectivement nommées Walker et Hadley connaissent des variations en corrélation avec l’importance de la nébulosité et les pluies. A la variabilité océanique, comme une des causes de cette évolution, viennent s’ajouter les champs de hautes pressions avec les anticyclones et des basses pressions. La circulation océanique se fait à travers des courants marins que nous ne tarderons pas à détailler.
Courant marin
Comme les lignes de grain et la mousson, les courants marins jouent un rôle prépondérant dans la régularisation de l’équilibre énergétique planétaire. Ils contribuent largement aux transferts méridiens d’énergie (Tapsoba, 1997). Grâce à la capacité thermique de l’eau, l’océan est un énorme réservoir de chaleur. Ainsi les courants chauds des couches de surface réchauffent le climat d’une région. A l’inverse, les eaux froides qui remontent en surface modèrent la température des régions équatoriales. Les études de l’évolution comparée de la première composante principale (CPI), avec la différence inter hémisphérique de température de surface des océans (DTSO) (Wotling, 1994), mettent en exergue l’influence des températures de l’Atlantique tropical sur la répartition spatiale des précipitations. Ces températures de l’Atlantique tropical dépendent des remontées d’eau froides qui sont des courants marins de surface autrement appelés « Upwelling » et ceux-ci induits par le renforcement estival des alizés. Par exemple en 1958, les « Upwelling » ont été intenses ainsi les pluies sahéliennes ont été assez importantes. Tandis qu’en 1968, les « Upwelling », ont été très faibles et le Sahel a connu un déficit pluviométrique important (Tapsoba, 1997).
Ainsi ces courants marins, sources d’équilibre thermique, peuvent aussi sensiblement contribuer à la formation de précipitations. Et à côté de ces courants, il y’a ceux atmosphériques qui ont un rôle assez substantiel dans la dynamique du temps et du climat.
Anticyclone avec les champs de hautes pressions
Toujours dans le circuit d’échanges énergétiques, les Anticyclones sont un déplacement de masses d’air à caractères froids en altitude vers le sol où ils se réchauffent suffisamment et perdent leur humidité de plus en plus proche du sol. Suivant leur dynamisme, les masses d’air d’altitude se déplacent par subsidence vers le sol après avoir été attirées dans une zone de convergence. On observe une atmosphère calme avec un ciel limpide dans les zones où ils sont localisés en général.
Les champs de basses pressions
Autrement appelés cyclones ou dépressions, les champs de basses pressions, quand à eux connaissent un déplacement en altitude d’air chaud qui a tendance à se refroidir puis se transformer en vapeur avec l’altitude. Ce phénomène dynamique par ascendance engendre une formation de nuages en altitude et installe en général de mauvais temps dans ces zones. Ainsi l’efficacité même de cette dynamique pourrait favoriser une activité pluviométrique de par l’importance de la nébulosité.
Mais aussi de la localisation d’une limite entre des alizés du nord, du sud et des moussons comme suites de ces derniers après leur traversée à l’équateur géodésique. Cette limite est plus connue sous le nom du Front Intertropical (F.I.T) et facilite l’identification du parcours et de la limite de la mousson tropicale qui mériterait bien d’être présentée.
La mousson de l’Afrique de l’ouest :
Le terme «mousson » désigne « le régime de vent du sud-ouest qui s’établit en été, on pense donc à la saison des pluies. En été boréal, les deux principales moussons sont celle de l’Asie et celle de l’Afrique de l’Ouest (MAO). Elles sont causées par le contraste océan et continent du fait que la terre se réchauffe et se refroidit plus vite que la mer. Ce flux de mousson est trans-équatorial, dévié vers l’Est par la force de Coriolis à son passage au niveau de l’équateur et converge vers une dépression thermique présente au dessus du continent. Les caractéristiques géographiques de la région nous permettent de mieux saisir la mousson africaine. La représentation dans la zone d’un gradient sud-nord de précipitation est observée ainsi d’albédo et d’humidité du sol d’un sens méridional avec une variation à caractère saisonnier.
Dynamisme saisonnier
La mousson survient entre Avril et Octobre et connait juste pour la période d’avant Juin une évolution progressive à partir de la bande côtière dans le golf de guinée. Le maximum de cumul pluviométrique suit un circuit abrupt avec comme maximum latitudinal le 10˚ Nord. L’arrivée des activités pluviométriques jusqu’à ce niveau est appelée « saut de mousson » (Le Barbé et al. 2002). Le dynamisme de la mousson avec l’intensité de son influence affecte sur la durée, l’intensité et la répartition saisonnière des précipitations dans les zones où les pluies sont plus faibles. La complexité de la Mousson de l’Afrique de l’Ouest fait que dans cette zone, on connait un changement avec un régime à deux saisons pluvieuses de plus on est proche de la côte guinéenne. Un autre régime qui se caractérise par une seule saison s’y ajoute de plus qu’on s’y écarte avec la zone du Sahel (Lebel et al., 2003 ).
La MAO est une synthèse d’un grand nombre d’acteurs clés d’où l’existence d’une interaction entre ces différents éléments. Ainsi nous allons aborder les acteurs présents, accompagnant la mousson, dans la circulation.
La zone InterTropicale de Convergence :
Parmi ces acteurs, nous avons la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT) sur l’Afrique de l’Ouest, la zone où se produit le maximum de précipitations (Fig. 1). La ZCIT correspond à la zone dépressionnaire entre les ceintures anticycloniques subtropicales (Leroux, 2001). Le cisaillement vertical de vent, lié au jet d’est africain et aux flux de mousson de sud ouest dans les basses couches, et la formation d’air sec dans ce jet, sont des éléments fondamentaux de l’exercice de la convection sous forme de lignes.
Le golf de Guinée aussi est un acteur qui, pendant l’été, est associé à des gradients Thermiques méridiens de Surface de la Mer. En conséquence, il affecte les gradients barométriques, la convergence de surface ainsi que la convection. La zone du Golf de Guinée, par sa complexité, joue un rôle précis et détermine l’évolution des conditions météorologiques et thermodynamiques de l’Afrique Occidentale. Ainsi Janicot (1992) explique par exemple que l’existence d’un déficit pluviométrique au Nord de 10˚N et d’un excédent au Sud, coïncide avec un réchauffement des eaux de surface du Golf de Guinée.
Nous avons ensuite la dépression thermique saharienne qui se trouve dans une zone à fort albédo. C’est en été et au dessus du Sahara, avec un maximum de température et un minimum de pression, que nous observons cette dépression. Ainsi l’air chaud et sec qui circule dans la zone pourrait avoir une influence positive sur l’évolution des ondes d’est et des cyclones tropicaux (Karyampudi et Carlson, 1988 ; Karyampudi et Pierce, 2002).
Ces derniers c’est-à-dire les cyclones tropicaux sont des systèmes dépressionnaires ayant une circulation généralement d’Est en Ouest. On observe un amas nuageux de caractère complexe à des altitudes basses où dominent des nuages stratiformes. Aussi durant son parcours, s’illustrent des vents, qui tournent de façon progressive ou brutale plus qu’on approche davantage du milieu et soufflent en cette position de façon extraordinaire. Ces vents, à ce niveau, sont à grande vitesse. Ainsi le centre du cyclone constitue l’œil de la tempête qu’il engendre et en théorie, les vents seraient faibles à ce niveau à caractère chaud. Autour de ce cyclone se converge des filets d’air. Ces convergences engendrent des ascendances assez rapides étant favorables à la croissance des cumulo-nimbus. Les cyclones tropicaux naissent en mer, surtout en mer chaude dans la zone tropicale dans les basses latitudes mais aussi de l’air instable. Leur développement resterait favorable à la disparition de la couche d’air chaud, qui estompe les mouvements verticaux en basses altitudes, dite de l’inversion de l’alizé (Fig. 2). Ceci serait une des théories dans le processus de développement de ce phénomène. Leur durée de vie est généralement courte et parcourent de longues distances pour ceux qui arrivent à connaitre quelques jours. Ces cyclones sont des phénomènes qui sont, pratiquement, alimentés par la zone maritime surtout chaude et s’affaiblissent progressivement en milieu continental et en éloignement de la zone tropicale. Ainsi leur répartition géographique illustre que l’hémisphère Nord est le plus concerné par ces perturbations, surtout le pacifique occidental et oriental en général de mai à novembre et dans l’hémisphère Sud, de octobre à avril (Le Borgne, 1988).
Dans les basses couches, nous avons un flux de mousson qui est un vent du sud-ouest, qui souffle sur l’Afrique de l’Ouest pendant l’été boréal en provenance de l’Atlantique. L’Harmattan nous vient du nord-est qui souffle sur le Sahara et rencontre la mousson sur sa partie australe sur le F.I.T. En passant au dessous de la mousson, il se présente sous une couche sèche en moyenne troposphère.
Le Front interTropical, limitant ces deux flux du nord-est et celui du sud-est, atteint sur le Sahel Ouest et central la latitude 20˚N alors qu’à l’est où l’Harmattan est plus fort, il se positionne vers 15˚N.
Les jets d’Est « tropicaux » :
Le Jet d’Est Africain (JEA) et Ondes d’Est Africaines :
C’est un jet zonal dans la moyenne troposphère au dessus du sahel, vers 12˚N et s’étend entre 30˚O et 30˚E environ. Il a un rôle déterminant, avec le cisaillement vertical de vent, dans le processus de la convection profonde et des lignes de grains sur l’Afrique tropicale (e.g, Houze et Betts, 1981). Ces cisaillements sont aussi importants pour l’évolution des ondes d’Est (e.g.,Burpee, 1972 ; Thorncroft et Hoskins, 1994, b ; Paradis et al., 1995). Le JEA né du fort gradient méridien de température à la surface générant une augmentation de vitesse vers l’est du vent avec l’altitude. Son gradient thermique dépend des gradients des propriétés de la zone mais aussi nous notons le rôle déterminant du relief à le maintenir.
Les ondes d’Est africaines sont des perturbations localisées sur l’Afrique de l’Ouest et sur l’Atlantique tropical, essentiellement entre juin et octobre (Riehl, 1945 ; Frank, 1969). Elles causent une variabilité des pluies et de la convection en Afrique de l’Ouest (Reed et al., 1977 ; Fink et Reiner, 2003). C’est une anomalie qui se déplace d’est en ouest dans la moyenne troposphère, le long du JEA. Le JEA est affecté donc par ces ondes qui transforment son énergie cinétique en énergie barotrope et barocline pour garder la régularité de leur mouvement.
Le Jet d’Est Tropical (JET) :
C’est aussi un jet zonal mais de haute troposphère, situé entre 5˚N et 10˚N au niveau de 200 hPa, s’étendant du sud de la mer de chine à la côte ouest de l’Afrique (Krishnamurti, 1971). Son origine est associé à la circulation nord-sud de Hadley et celle est-ouest de Walker. Son évolution peut influer sur les précipitations au Sahel. Il est moins intense pour les années sèches. Cette cohabitation entre JET et ondes semble plus s’accentuer plus à l’est au dessus de l’océan Indien (Mishra, 1987 ; Mishra et Salvekar, 1980 ; Mishra et Tandon, 1983). A coté de ces jets d’Est, circule un Jet d’Ouest SubTropical (JOST) qui est situé vers 35-40˚N pendant l’été, vers 200 hPa. Ce jet est lié à la convection s’exerçant sur l’Afrique tropicale et aux mouvements hétérogènes qu’il engendre en hauteur. L’entrée de ce jet en altitude de la zone nord africaine, surtout dans sa partie Est, s’accompagne d’une forte subsidence autrement dit branche descendante de Hadley locale. Cette subsidence pouvait avoir un lien avec la libération d’énergie latente associée à la mousson indienne, Rodwell et Hoskins (1996).
La somme des mécanismes des jets d’Est ainsi que celui d’Ouest constituerait de par leur dynamisme le relai entre la mousson indienne et celle africaine.
LE SUJET PROPREMENT DIT
LES PLUIES HORS SAISON
Genèse et Mécanisme des pluies hors saison
Au Sahel, on enregistre généralement des pluies durant la saison de « mousson », c’est à dire pendant l’été. Le Sénégal se trouve dans la zone intertropicale connaissant dés fois l’influence de masses d’air froid provenant des moyennes latitudes qui en rencontrant l’air chaud et humide donne des pluies hors saison. Ces pluies nous confèrent des caractères particuliers mais pas plus marquants que leurs impacts qui peuvent être significativement négatifs. Ainsi, il apparait des précipitations pendant l’hiver qui sont sans lien avec celles de la mousson de par leur genèse. Appelées antérieurement « pluies de petit hivernage », les pluies de « Heug » en wolof (Seck, 1962) ou pluies des « mangues » au Sénégal, ce nom wolof se traduit en Mauritanie par le terme de « Negdha » en hassania (Elghadi et Ballouche, 2004). De façon générale, on associe ces pluies de heug, qui sont localisées au Nord-Ouest du Sahel, à des invasions d’air polaire des latitudes moyennes atteignant la zone intertropicale d’où sa rencontre avec l’air chaud des basses latitudes. La situation de la circulation des latitudes moyennes vers les basses latitudes et vice-versa, se fait par advection suivant un certain thalweg profond séparant deux anticyclones d’origines potentiellement différentes (LeBorgne, 1979). Ceci n’est qu’une cohabitation de deux centres d’action dont l’un est d’origine maritime et l’autre continentale, en hiver. Respectivement, l’anticyclone des Açores qui est sur la façade atlantique et celui saharien centré plus à l’est vers la Méditerranée. Ce profond thalweg existant entre ces deux anticyclones n’est qu’un couloir dépressionnaire. Son axe est orienté du Nord-est au Sud-ouest, allant de l’Europe centrale à la Mauritanie, en direction de Dakar (De Félice, 1999). LeBorgne (1979) élucide le trajet de ce front froid se glissant sur le long de la côte nord africaine suivant la face ouest du thalweg et celle orientale de l’anticyclone des Açores jusqu’à atteindre l’équateur. Ainsi Wauthy (1983), démontre, en altitude, que des modifications importantes de la structure stratifiée de la troposphère tropicale favorisent l’infiltration du front polaire. Cependant toute cette dynamique s’observe en altitude mais cette invasion se manifeste en surface par un Front. Ce front intéresse le Sahel précisément aux alentours du Sénégal lors d’une advection froide renforcée se situant en hiver boréal. Ainsi Sagna (1968), donne des explications détaillées sur cette dynamique. Il fait la remarque qu’avant le passage supposé du front, seule la pression diminue mais les autres paramètres climatiques restent normaux. Mais au moment du passage, la pression et la température augmentent ainsi l’humidité diminuent, et des précipitations accompagnant ces différents paramètres. A son passage, la direction du vent est du Nord et on observe des nuages en général au niveau moyen et supérieur au détriment des plus bas du fait du réchauffement rapide de l’atmosphère. Dans cette circulation, Sagna (1968) insiste sur l’identification d’une goutte froide qui est formée à la base du thalweg et se dirige vers le sud tout en perdant son altitude et ceci pouvant créer des dépressions en surface.
Les pluies obtenues sont généralement faibles par ce que traversant une épaisseur d’air continental chaud et très sec à peu prés sur 3000 mètres qui peut différer selon les localités. Dans ce sens LeBorgne (1979) cite Leroux (1983) qui a étudié deux cas dont l’un enregistrant de très faibles précipitations précisément en Mauritanie et au Maroc et l’autre au Sud-est du Sénégal et à l’Ouest du Mali avec des pluies beaucoup plus importantes. Dans le premier cas la quantité d’eau précipitée est évaporée sensiblement avant d’atteindre le sol et pour le deuxième, l’évaporation est plus faible donc des précipitations plus importantes. Ceci se vérifie car les quantités précipitables sont plus favorables allant de la côte et de plus en plus réduites vers l’intérieur qui enregistre dans la majeure des cas de traces. Morell (1973) rajoute que ces pluies observées sont intimement liées à l’importance de l’épaisseur de la couche humide et à l’intrusion d’air froid dans cette couche. Cependant une corrélation pourrait bien exister entre les pluies hors saison et les pluies hivernales. De Félice (1999) semble soutenir ce dicton sénégalais en Wolof : « Su Heug beré, taw beri », ce qui veut dire en français que « Si le Heug (pluies d’hiver) est abondant, l’été suivant sera pluvieux » puisqu’une étude sur une fourchette d’années assez petite semble vérifier ce dicton. Par contre, pour Elghadi et Ballouche (2004), ces pluies hors saison auraient donc des influences négatives sur les pluies estivales.
La pluviométrie hors saison sur l’ensemble des pays du Sahel a diminué fortement au cours des 4 décennies de 1950 à 1980. Si nous citons comme exemple le Sénégal, cette diminution est effective dès la décennie 1960. Pour les autres pays du sahel qui n’ont qu’une seule saison sèche, cette diminution ne se ressent qu’à partir de la décennie 1970. Sur la décennie 1980, ce phénomène s’accentue fortement et uniformément (rapport du programme ICCARE). Une corrélation concernant le déficit autant pour les pluies estivales avec les pluies d’hiver se dessine dés les années 1970. Mais Sagna (1995), affirme un réel affaiblissement dans le mécanisme d’incursion d’air polaire, soit de l’efficacité des perturbations qui induisent à une tendance à la péjoration des quantités d’eau reçue.
De ce fait elles sont localisées plus à l’Ouest du méridien d’origine qu’à l’Est, par le fait même que ce sont les dépressions maritimes qui engendrent les précipitations (Seck, 1962). Seck (1962) explique la non permanence de ces pluies sur aucun mois allant de décembre à mars et sans oublier le mois de novembre et celui d’avril qui ont des caractères de transition et dés fois même hivernaux en fonction de leur position sur les différentes zones climatiques sub-guinéenne, saharienne ou sahélienne. Il donne l’exemple de la station de Dakar –Ville, en février, il est tombé 7,2 mm de pluies mais sur les cinq ans qui ont suivi même des traces n’ont pas été observées pour le même mois. Dans une même année, on peut constater dans un même mois ces pluies s’intéressant à une seule partie de l’étendue du territoire sénégalais.
Ainsi dans ses travaux, Seck (1962) a insisté sur la dynamique du trajet de l’air polaire du plus simple au plus complexe de par sa composition, sa situation et l’importance de ses caractères barométriques. Le cas le plus simple, on note une avancée d’air polaire vers le sud avec la circulation d’une dépression en Afrique occidentale. Dans ce cas, il montre que la cause des pluies d’hiver réside sur une évolution des masses d’air maritime du nord et à des passages de dépressions sur la partie ouest de l’Afrique tropicale et sahélienne. Pour le cas le plus complexe, c’est une advection d’air polaire vers le sud avec ici la circulation de plusieurs dépressions à la fois en Afrique occidentale. Dans ce cas, avec des dépressions parfois liées avec des aires de basses pressions, les pluies sont généralement faibles sur les zones intéressées. Un troisième cas observé mais sans dépression sinon avec des aires de basses pressions liées au front intertropical. Pour ce cas, des orages sont effectifs mais moins importants par rapport à ceux pendant l’hivernage dus à l’humidité de l’air chaud qui, en haut, se superpose à l’air polaire sec contrairement en été. L’air polaire donc devient assez capital pour ces pluies. Pour Morell (1973) dans le cadre d’une étude sur l’Afrique centrale explique que la couche chaude et humide se refroidit par le mélange de l’air polaire et se condense partiellement par soulèvement dynamique bloquée par une cellule subtropicale dûe essentiellement à la poussée de l’air boréal. Si l’épaisseur de la couche humide est suffisante, des précipitations pourraient bien être observées. Le rôle incontournable des dépressions maritimes, qui engendrent ces pluies et celles continentales qui n’en font que de faibles de par le caractère d’air continentalisé mais ne doivent point être négligées.
La localisation du phénomène demeure problématique mais ses limites ne sont pas figées car dépendant du mouvement et de la variabilité des caractères thermo-barométriques. Nous faisons occurrence au F.I.T, qui, pendant la période de Heug se situe en forte fréquence sur la latitude du 12éme parallèle Nord. Donc ces pluies seraient limitées à cette latitude mais en ce qui concerne la répartition zonale, une délimitation serait de posture irrégulière. Seck (1962) note le caractère progressif de la quantité des chutes de précipitation qui est assez décroissante de la côte ouest ou partie occidentale vers l’intérieur du continent. De même LeBorgne (1979) a montré leur caractère décroissant du Nord vers le Sud ainsi que de l’Ouest vers l’Est. Ainsi il donne une série de stations (1931-1960) 245 mm de pluies en 43 jours à Dakar 41 mm en 16 jours à Kayes décroissant de la partie ouest vers l’Est. Cette variation se constate aussi du nord vers le sud avec les données d’une trentaine d’années donnant 43 chutes de pluie à Nouadhibou en 30 ans contre 27 à Dakar et 10 seulement à Ziguinchor l’extrême sud du Sénégal.
Suivant ces conditions nous allons nous contenter donc de les localiser de par leur fréquence et de leur répartition dans l’espace. Cette dynamique à caractère complexe va certainement définir les conséquences et les impacts liés à ce phénomène d’invasion et de perturbation sur la zone d’influence.
Pour Sagna (1968), la première conséquence des invasions est l’accélération des vents en surface et en altitude. En surface, la vitesse diminue et se dirige vers le sud, la vitesse est évidemment plus forte sur l’océan que sur le continent à cause des frottements. Et cette accélération dit-il est générale et plus remarquable aux niveaux supérieurs avec des courants-jets dont du N.W, qui est à l’arrière du talweg et du S.W à l’avant.
La suite de ces pluies hors saison mériterait bien d’être étudiée, même si ces dernières enregistrent rarement de fortes quantités, du coup elles peuvent influer sur le fonctionnement des différents secteurs d’activités humaines. Ainsi De Félice (1999) leur donne un caractère très néfaste pour l’arachide, parce que ces pluies s’observent dans une période où la récolte est exposée en plein air. Ces arachides seront moisies et impropres à la consommation et à la transformation. Mais l’abondance de ces pluies pourrait être bénéfique pour l’alimentation en eau des cultures maraichères, des arbres ainsi que la nappe phréatique. Pour Leroux (1980), ces pluies ne sont très souvent d’aucun secours pour la végétation, vu leur faiblesse. Mais une modification des conditions dites atmosphériques est observée du coup un rafraichissement du temps par la nébulosité et les précipitations qui déterminent la diminution de l’insolation et l’évaporation dans le flux au sol. A priori, ses impacts seraient à la fois positifs mais aussi pouvant montrer une face assez néfaste à l’égard de l’environnement traversé et les êtres qui y vivent.
L’Evolution et la Fréquence des Pluies Hors Saison de 1981-2010:
Evolution des pluies hors-saison 1981 -2010
L’évolution des pluies hors saison est caractérisée par une forte variabilité d’une année à une autre en quantité qu’en nombre de jours. Ainsi une corrélation avec R²= 0,58 existe entre la quantité précipitée et le nombre jours de pluies.
Durant cette période, l’évolution pluviométrique se caractérise par un profil assez irrégulier (Fig. 4.a), par des valeurs qui ne sont pas assez figées dans le temps avec un maximum de 25,57 mm en 2002. Nous avons observé d’autres maxima dépassant la Normale mais avec des cas qui ne sont pas du tout fréquents. Ainsi, nous avons ici quelques cas dépassant la Normale durant les années 1985, 1988, 1992, 1995 et 2005 avec des valeurs respectives de 6,97 mm ; 5,55mm ; 11,72 mm ; 10,01 mm et 6,96 mm. Ce qui montre la différence interannuelle des quantités de pluies obtenues mais aussi l’irrégularité sur la distribution de ces pluies durant cette période. Il existe un grand écart entre le maximum de 2002 (25,57 mm) et la Normale 1971-2000 des pluies hors saison (4,98 mm) est à noter. Toujours dans cette optique d’évolution les minima se sont beaucoup illustrés. Ainsi nous avons quelques cas des années 1982, 1987, 1989, 1998, 2006 et 2010 avec des valeurs respectives 0,15 mm ; 0,58 mm ; 0,46 mm ; 0,21 mm ; 0,5 mm et 0,63mm. Une disparité réelle est donc notée dans l’évolution temporelle des pluies.
Pour la même fourchette, la courbe de l’évolution du nombre de jours se caractérise sous forme de dents de scie avec un maximum en 1992 avec une valeur avoisinant 4 jours. Les valeurs maximales connaissent des écarts. Suivant la période 1981-2010, nous avons constaté pendant quelques années des pluies assez importantes alors que pour d’autres on a de faibles pluies avec le plus bas en 1998 qui a reçu 0,21.
Ainsi nous allons passer à la partie intersaison pour étudier l’évolution moyenne des pluies de « Mangue » en fonction de chaque mois durant la saison sèche.
Evolution des moyennes mensuelles de pluie hors saison de Novembre à Avril (1981-2010) :
L’évolution de la moyenne mensuelle au cours de la saison des pluies de heug, montre que les pluies hors saison sont plus fortes au cours du mois de novembre. Après novembre, les pluies sont plus fréquentes en Janvier ensuite vient le mois de Février, puis le mois de décembre avant de décroitre brusquement entre Avril et Mars.
En regardant les 24 stations du Sénégal, nous avons 11 Stations qui ont leur maximum en Novembre, 7 stations ont leur maximum en Janvier et le reste, en l’occurrence les 6 stations, ont leur maximum au mois de Février.
C’est en Novembre, Janvier et Mars que nous avons obtenu les précipitations les plus importantes plus particulièrement en 1993, 1994 et 2002. Ainsi nous avons relevé à Nioro 49,8 mm en 1993 et en 1994 pour le mois de Novembre. Pour le mois de janvier, nous avons obtenu 57,9 mm à Fatick en 2002, 61,2 à Mbour, 66,2 mm à Saint Louis et 56 mm à la station de Thiès. Nous avons 49,6 mm et 41,8 mm respectivement en 1993 et 1994 à Kédougou pour le mois de Mars. En 2009, la station de Louga a enregistré 31,5 mm au cours du mois de Mars qui est le seul à connaitre des activités pluviométriques.
Evolution du nombre de jours de pluies de heug de Novembre à Avril (1981-2010) :
La courbe d’évolution du nombre de jours de pluies selon les différents mois de la saison de pluies de heug montre a priori que c’est le mois de Février qui enregistre le maximum de jours. Ce mois a une valeur moyenne de 0,31 ; après suit le mois de Novembre avec 0,25 ; puis le mois de Janvier avec 0,24 ; ensuite Décembre et Mars avec 0,14 et enfin Avril qui a eu 0,09. A partir de ces données nous pouvons donc déterminer que la fréquence de ces pluies de « mangue » est plus importante au mois de Février.
A partir des données des 24 stations du Sénégal, nous avons observé à peu prés 9 stations qui ont eu le maximum de jours de pluies au mois de Novembre et à peu prés 8 stations au mois de Février. Ces deux mois marquant donc les périodes où les pluies de heug se manifestent avec d’importants nombres de passage par rapport aux autres mois.
La distribution moyenne du nombre de jours de pluies avec deux maxima en février et en novembre est aussi observée sur les différentes années. Ainsi nous avons en février 1992, les stations de Matam, Louga et Ranérou qui ont enregistré 5 jours de pluies ; Linguère, Kaolack et Dakar observent 4 jours de pluies ; Podor avec 6 jours. Pour le même mois Matam connait 4 jours de pluies en 2005. En Novembre, Ziguinchor et Kédougou ont obtenu 4 jours en 1994. A partir de ces exemples, nous pouvons dire que les pluies de heug se passent pour la grande partie du temps durant ces deux mois.
La courbe des cumuls et celle du nombre de jours suivent une même variation mais nous observons un décalage avec le mois de Février. Ce mois enregistre moins de quantités de pluies mais observe le nombre de jours le plus important durant la période 1981-2010.
Le mois de Novembre enregistre la plus forte quantité de pluie du fait qu’à cette période, la mousson, qui diminue avec le retrait du F.I.T, laisserait des traces qui seront comme des éléments catalyseurs au processus de pluie de heug. Pour le mois de Février, la descente extrême de l’anticyclone des Açores du nord vers l’équateur s’accompagne d’un maximum d’invasion d’air polaire qui favoriserait d’importantes pluies surtout avec le maximum du nombre de perturbation. Dans ce mois nous observons une baisse des températures du fait de l’effet des descentes d’air froid. La baisse importante et brutale des quantités de pluies est causée par la remontée de l’anticyclone des Açores du nord avec l’influence de ces flux qui n’atteignent plus les tropiques.
Pourcentage des pluies de heug sur la pluie totale :
L’analyse de l’évolution des pluies de heug par rapport au total saisonnier complète celle déjà faite entre les perturbations pluvieuses dites hors saison et celles d’hivernage. Pour mieux illustrer l’importance des pluies de « Mangues » ou son influence sur les précipitations pluvieuses constatées au cours de l’année complète, nous avons jugé nécessaire l’étude de l’évolution comparative des moyennes annuelles des cumuls des pluies hors saison et des précipitations totales. Vu une certaine faiblesse de la part des pluies de heug par rapport au total annuel, il nous est venu à l’idée de faire intervenir l’échelle logarithmique. Cette échelle nous a permis d’avoir un aperçu plus net de la variation des pluies hors saison par rapport aux précipitations totales.
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Table des matières
SOMMAIRE
INTRODUCTION
Contexte de l’étude
Données et Méthodes
Revue documentaire
Traitement des données
Objectifs
Premiere partie : Le domaine et la circulation atmosphérique
Chapitre I : DOMAINE D’ETUDES
Chapitre II : Généralités sur la circulation atmosphérique en Afrique de l’Ouest
II .1 La mousson de l’Afrique de l’ouest :
II .2 La zone InterTropicale de Convergence :
II.3 Les jets d’Est « tropicaux » :
II.3.1 Le Jet d’Est Africain (JEA) et Ondes d’Est Africaines :
II.3.2 Le Jet d’Est Tropical (JET) :
DEUXIEME PARTIE : Le sujet proprement dit
Chapitre III : LES PLUIES HORS SAISON
III.1 Genèse et Mécanisme des pluies hors saison
III.2 L’Evolution et la Fréquence des Pluies Hors Saison de 1981-2010:
III.2.1 Evolution des pluies hors-saison 1981-2010
III.2.2 Evolution des moyennes mensuelles de pluie hors saison de Novembre à Avril (1981-2010)
III.2.3 Evolution du nombre de jours de pluies de heug de Novembre à Avril (1981- 2010)
III.2.4 Pourcentage des pluies de heug sur la pluie totale :
III.2.5 Distribution spatiale des pluies hors saison sur les 24 stations au Sénégal de 1981 à 2010
III.3 Impacts des pluies hors saisons
Chapitre IV : LES EVENEMENTS MARQUANT LA SAISON DE « HEUG » de Janvier 2002
IV.1 L’étude de la situation de Heug du 10 Janvier 2002 à Dakar :
a) Les données du radiosondage de l’humidité en fonction de l’altitude du 08 au 12 Janvier 2002 à 9 heures ou 12 heures :
b) Les données du radiosondage de l’humidité en fonction de l’altitude du 08 au 12 Janvier 2002 à 21 heures :
IV.2 Conditions atmosphériques à la station de Dakar-Yoff
a) Les caractéristiques des pluies hors saison du 10 Janvier 2002 à la station de DakarYoff
b) Analyse de la vitesse du vent du 10 Janvier 2002 à la station de Dakar-Yoff
c) Analyse de la fréquence de la direction du vent du 10 Janvier 2002 à la station de Dakar-Yoff
d) Analyse avec des données horaires du champ de la pression atmosphérique du 10 Janvier 2002 à la station de Dakar-Yoff
e) Analyse des données horaires de la température du 10 Janvier 2002 à la station de Dakar-Yoff:
CONCLUSION
References BIBLIOGRAPHIQUES
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