La schistosomiase est une des affections parasitaires les plus répandues dans le monde et vient en deuxième position après le paludisme. Elle constitue un fardeau socio-économique important pour de nombreux pays en voie de développement. Quelques 300 millions d’adultes et d’enfants notamment en âge scolaire dans 76 pays pour la plupart du Tiers Monde sont infestés par les bilharzies, 20 millions d’entre eux souffrent d’une forme grave de la maladie. On estime que 500 000 personnes en meurent chaque année. Ce sont des maladies essentiellement liées à l’eau et à l’agriculture en particulier. La bilharziose atteint surtout les cultivateurs et les pêcheurs, mais dans bien des régions de nombreux enfants sont infectés dés l’âge de 7 ans. L’accroissement du mouvement des populations contribue à la propagation de la maladie qui sévit désormais de plus en plus dans les zones périurbaines.
C’est le cas du Sénégal, pays essentiellement agricole, confronté à un besoin accru en eau du fait de sécheresse. Donc la résolution de ce problème passe par une bonne politique hydraulique d’où la mise en œuvre de barrages sur le fleuve Sénégal avec celui de Manantali et de Diama dans le cadre de l’O.M.V.S., de petits barrages sur le fleuve Casamance et la revitalisation des vallées fossiles. Ces aménagements ont modifié l’environnement et favorisé la multiplication des mollusques hôtes intermédiaires de la bilharziose. Actuellement les terres humides irriguées constituent un habitat propice pour les mollusques et favorisent l’extension de la bilharziose dans ces régions. C’est le cas au Ghana avec le barrage d’Akosombo et le barrage d’Assouan en Egypte (31). C’est dans ce cadre que le gouvernement du Sénégal avec l’appui de la banque mondiale a élaboré depuis 1997 par le service des grandes endémies d’un Programme National de Lutte contre la Bilharziose (P.N.L.B.) dont l’objectif majeur est la réduction de la morbidité liée à cette affection.
Le Sénégal, dans le cadre d’un Programme Décennal de l’Education et de la Formation (P.D.E.F.), son ministère de l’Education Nationale a lancé un projet «Education de qualité pour tous » dont le but est d’améliorer le rendement en milieu scolaire. Les objectifs de ce projet sont multiples parmi lesquels le volet sanitaire en général et parasitologique en particulier géré par le PNLB nous a intéressé. En effet depuis 1942 les questions relatives à la santé et la nutrition scolaire relèvent de programmes nationaux placés sous tutelle du ministère de l’éducation via la Division du Contrôle Médical Scolaire (DCMS).Un examen des résultats de ces programmes a révélé que la santé en milieu scolaire n’a pas beaucoup évolué depuis 1942. Une des raisons évoquées est que la variable santé n’est plus prise en compte dans le processus des performances de l’école sénégalaise. Tout repose sur une perspective curative pour soigner les affections et les lésions contractées par l’élève.
Or, de nos jours le lien existant entre la situation et les performances scolaires ne sont plus démontrées. En effet plusieurs études dans le monde ont révélé que plus l’état sanitaire des enfants couplé à l’état nutritionnel est satisfaisant plus les rendements scolaires sont élevés. D’une manière générale, la situation sanitaire et nutritionnelle est très précaire. Il est vrai qu’on ne disposait pas d’enquêtes nationales représentatives pour décrire cette situation avec précision. Cependant des enquêtes ponctuelles plus ou moins récentes montrent une stagnation et même une détérioration de la situation. C’est pour toutes ces raisons que s’inscrit cette étude qui consiste à déterminer la prévalence de la bilharziose urinaire en milieu scolaire dans les régions de Saint-Louis, de Matam et Tambacounda au Sénégal.
RAPPELS SUR LES BILHARZIOSES
RAPPELS EPIDEMIOLOGIQUES
DEFINITION
La bilharziose encore appelée schistosomiase ou schistosomose est une affection due à des vers plats hématophages : les bilharzies ou schistosomes qui sont des trématodes à sexes séparés vivant au stade adulte dans le système veineux de certains organes privilégiés déterminés par leur biologie. Cette parasitose affecte 300 millions de sujets c’est dire donc l’impact socioéconomique qu’elle a. C’est la deuxième endémie mondiale après le paludisme (2). Les sujets exposés seraient au nombre de 600 millions et 500.000 décès sont constatés dans les pays en voie de développement principalement dans les régions tropicales (6).
EPIDEMIOLOGIE
AGENT PATHOGÈNE
Classification
Les schistosomes sont des métazoaires appartenant à l’embranchement des plathelminthes, à la classe des trématodes, au sous-ordre des distomiens et à la famille des schistosomidés. Il existe de très nombreuses espèces pathogènes pour l’animal (6). Depuis les travaux de Bilharz, qui décrit en 1851 Schistosoma haematobium l’agent de la bilharziose urinaire, quatre autres espèces du genre Schistosoma ont été reconnues parasites de l’homme :
– Schistosoma japonicum, Katsurada, 1904, agent de la bilharziose artérioveineuse
– Schistosoma mansoni, Sambon, 1907, agent de la bilharziose intestinale
– Schistosoma mekongi, Voge, Bruckner et Bruce, 1968.
Des hybridations génomiques ont été récemment observées entre Schistosoma intercalatum et Schistosoma haematobium.
Biologie
Morphologie
Morphologie des adultes
Ce sont des vers blanchâtres mesurant de 10 à 15 mm de long (fig.1). Ils sont pourvus de deux ventouses, l’une antérieure péribuccale, l’autre ventrale, assurant la fixation. Les différences morphologiques entre les espèces, et dans une même espèce entre les souches, tiennent en particulier à la taille des adultes, à l’aspect du tégument, au nombre et à la disposition des lobes testiculaires. Les sexes sont séparés : le corps du mâle est plat et forme par suite de l’enroulement de ses bords,le canal gynécophore où vient se loger la femelle. Le nombre de testicules varie selon l’espèce. La femelle est cylindrique et plus longue que le mâle. A la partie postérieure du corps, on observe ovaire, glande vitellogène et utérus. Le nombre d’œufs mûrs présents dans ce dernier est très variable selon l’espèce. Il n’est pas corrélé à l’importance de la ponte.
Morphologie des Œufs
Les oeufs pondus par la femelle ont pour caractéristiques communes d’être ovalaires, claires, embryonnés et munis d’un éperon (fig.2). Les oeufs de S. haematobium sont ovalaires et mesurent de 120 à 160 μm de long sur 55 à 65 μm de large. Ils portent, à un des pôles, un éperon caractéristique. Ils sont pondus par paquets, dans la sous muqueuse vésicale et sont éliminés avec les urines. La ponte journalière de chaque femelle est d’environ 300 oeufs. Les oeufs de S. mansoni ressemblent à ceux de S. haematobium mais mesurent 130 à 160 μm sur 60-70μm. Les oeufs de S. mansoni présentent, sur une des faces latérales un éperon proéminent. Ils sont pondus un par un dans la sous muqueuse intestinale et sont éliminés avec les matières fécales .Chaque femelle pond environ 150 à 200 oeufs par jour. Les oeufs de S. japonicum mesurent 60 à 80 μm sur 40 μm avec une protubérance latérale, sont pondus en parquet de 3 000 environ dans la paroi intestinale.S. mekongi pond des oeufs plus petits 45 à 55 μm sur 50 Fini et plus arrondis que ceux de S. japonicum. On observe également un petit éperon latéral. Les oeufs de S. intercalatum sont grossièrement losangiques, en navette, atteignant 140 à 240 µm de long sur 40 à 60 μm. Ils portent un long éperon terminal à épaulement et sont pondus dans la paroi rectale. La coque de l’œuf est lisse, épaisse, transparente, et percée de nombreux pores ultra microscopiques ; elle entoure un embryon alité, mobile, le miracidium qui présente dans sa région postérieure de nombreuses cellules germinales.
Cycle Parasitaire
Les schistosomes sont des parasites hétéroxènes qui présentent deux phases de multiplication, l’une sexée chez l’hôte définitif, l’autre asexuée chez l’hôte intermédiaire, un mollusque d’eau douce. Entre les deux hôtes, le lien est l’eau douce (fig. 3). La phase de multiplication parasitaire, observée chez l’hôte définitif, et le processus de polyembryonie chez l’hôte intermédiaire pallient les grandes déperditions constatées durant les phases purement aquatiques.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LA BILHARZIOSE URINAIRE
A. RAPPELS EPIDEMIOLOGIQUES
1. DEFINITION
2. EPIDEMIOLOGIE
2.1 AGENT PATHOGENE
2.1.1 Classification
2.1.2 Biologie
2.1.2.1 Morphologie
2.1.2.1.1 Morphologie des adultes
2.1.2.1.2 Morphologie des Œufs
2.1.2.2 Cycle parasitaire
2.2 HOTES INTERMEDIAIRES
2.2.1 Habitat
2.2.2 Ecologie et Facteurs régissant l’habitat des mollusques gastéropodes
2.2.3 Morphologie et classification des mollusques
2.2.3.1 Morphologie des mollusques
2.2.3.2 Classification des mollusques
2.2.4 Principales espèces de Mollusques hôtes intermédiaires des bilharziose au Sénégal
2.2.5 Mode de contamination
2.2.6 Facteurs favorisants
2.3 RESERVOIR DE VIRUS
2.4 REPARTITION GEOGRAPHIQUE
2.5 MODE EPIDEMIOLOGIQUE
2.6 PHYSIOPATHOLOGIE
B) SIGNE CLINIQUE
1. PHASE D’ INFECTION CERCARIENNE
2. PHASE D’ INVASION
3. PHASE D’ ETAT
3.1 Bilharziose urogénitale
3.1.1 Manifestation d’appel
3.1.2 Atteintes de l’appareil urinaire
3.1.3 Atteintes de l’appareil génital
3.1.4 Evolution
3.2 Bilharziose hépatosplénique
3.2.1 Clinique de l’atteinte hépatosplénique
3.2.2 Examen para clinique
3.3 Localisations au niveau du tractus digestif
3.3.1 Signes cliniques
3.3.2 Examens para cliniques
3.3.3 Dégénérescence de la bilharziose intestinale
3.4 Manifestation associée à l’atteinte hépatique
3.4.1 Atteinte rénale
3.4.2 Autres localisations extra hépatiques
3.4.2.1 Manifestations pulmonaires
3.4.2.2 Atteintes cutanées
3.4.2.3 Localisations rares
• Localisations neurologiques
• Localisation articulaire
• Localisation ORL
3.5 Infections Bactériennes associées
C) DIAGNOSTIC
1. CIRCONSTANCES DU DIAGNOSTIC
1.1 Chez un sujet neuf revenant d’un bref séjour en zone d’endémie
1.2 Chez un autochtone séjourné dans une région infestée
2. DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
2.1 Méthodes indirectes
2.1.1 Hématologie
2.1.2 Méthodes immunologiques
2.2 Méthodes directes
2.2.1 Technique parasitologique
2.2.1.1 Dans les urines
2.2.1.2 Dans les selles
2.2.2 La biopsie rectale
2.2.3 Apport de l’anatomie pathologique
D- TRAITEMENT
1- TRAITEMENT MEDICALE
2- TRAITEMENT CHIRURGICALE
E- PROPHYLAXIE
1- PROPHYLAXIE INDIVIDUELLE
2- PROPHYLAXIE COLLECTIVE
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. CADRE D’ ETUDE
I.1. PRESENTATION DE LA REGION DE SAINT-LOUIS
I.2.1 Présentation du secteur socio économique
I.2.2 Présentation du secteur de l’éducation
I.2.3 Présentation du secteur sanitaire
I.2.PRESENTATION DE LA REGION DE MATAM
II.2.1 Présentation du secteur socio économique
II.2.2 Présentation du secteur de l’éducation
II.2.3 Présentation du secteur sanitaire
I.3. PRESENTATION DE LA REGION DE TAMBACOUNDA
I.2.1. Présentation du secteur socio économique
I.2.2. Présentation du secteur de l’éducation
I.2.3. Présentation du secteur sanitaire
II -MATERIELS ET METHODES
II-1-MATERIELS
II-1-1 Choix des régions : critères de choix
II-1-2 Choix des écoles : critères de choix
II-1-2-1 Région de Saint-Louis
II-1-2-2 Région de Matam
II-1-2-3 Région de Tambacounda
II-2-METHODES
II-2-1 Prélèvements
II-2-2 Examen parasitologique des urines
II-2-2-1 Examen par bandelettes Hémastix
II-2-2-2 Examen des urines sur membrane millipore
III. RESULTATS DE L’ ENQUETE SUR LA BILHARZIOSE URINAIRE
III-1RESULTAT AVEC LA METHODE DE FILTRATION
III-1-1-Région de Tambacounda
III-1-2-Région de Saint-Louis
III-1-3- Région de Matam
III-2-RESULTAT AVEC LA METHODE PAR BANDELETTE D’ HEMASTIX
III-2-1- Région de Tambacounda
III-2-2-Région de Saint-Louis
III-2-3-Région de Matam
DISCUSSION
CONCLUSION GENERALE
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE