Généralités sur Colletotrichum capsici, principal agent de la maladie des taches brunes du niébé

Généralités sur Colletotrichum capsici, principal agent de la maladie des taches brunes du nièbé

Taxinomie

Les agents de la maladie des taches brunes appartiennent au genre Colletotrichum, à l’ordre des Mélanconiales et à la classe des Coelomycètes (Sutton, 1980). Le genre Colletotrichum fait partie du groupe des Deutéromycètes (champignons imparfaits) qui ont un acervule comme organe de fructification. Colletotrichum capsici (Syd.) Butler et Bisby (syn. Colletotrichum dematium (Pers. ex Fr.) Gov) est le principal agent responsable de la maladie des taches brunes du niébé. En culture sur milieu PDA, C. capsici a une masse mycélienne de couleur grise caractérisée par une absence de sclérotes (Emechebe, 1981). Il produit des acervules simples ou groupés, de couleur brune à noire, contenant une masse conidiale visqueuse, blanche à blanche terne, orange pâle à orange claire (Mathur et Kongsdal, 2003). De ces acervules se dressent de nombreuses soies brun-noires (76 à 193 x 4,5 à 7 um) cloisonnées (2 à 5 divisions). Les conidies sont hyalines, fusoïdes à bout arrondi ou légèrement pointu, de dimension 15-27 x 2- 5 um (Mathur et Kongsdal, 2003).

Symptômes de la maladie

Les maladies dues au genre Colletotrichum sont généralement appelées anthracnose. Les symptômes de la maladie inclus des décolorations brun-violacées sur les cosses qui peuvent s’étendre aux pétioles, aux nervures et aux pédoncules des feuilles (Adegbite et Amusa, 2008). Les symptômes de la maladie sont typiques sur les différents organes des plantes (Sérémé, 1999) : Sur les plantules, les premiers symptômes de la maladie des taches brunes consécutives à une transmission par la semence sont des lésions brun-pourpre au niveau de l’hypocotyle. Cette infection peut conduire à la fonte de semis de post-levée. Pendant la germination, lorsque la graine est fortement contaminée, il se produit la fonte de semis de pré-levée; Lorsque la plante infectée ne meurt pas au stade plantule, les symptômes secondaires de la maladie s’installent au fur et à mesure du développement de la plante sur les tiges, feuilles et gousses. Des lésions initialement brun-noires, éventuellement de couleur jaune-paille apparaissent sur les tiges. La partie centrale de ces lésions porte des fructifications du champignon et est entourée par une bordure brun-noire. Ces lésions atteignent ultérieurement le sommet des plantes, les pétales, les pédoncules et les nervures des feuilles. L’infection précoce des organes floraux provoque des nécroses brunes qui causent l’avortement total des fleurs ou la déformation des gousses immatures. Les gousses peuvent être attaquées à tous les stades et les lésions qu’elles portent sont de couleur brune avec des nuances. Le champignon peut fructifier sur les gousses sèches sous humidité favorable par la formation en alternance de bandes brunes et noires; les bandes noires correspondant aux acervules ; Les lésions sur les pétioles et sur les nervures des feuilles sont brun-noires, celles sur les nervures étant allongées. Occasionnellement, de discrètes lésions brun-noires se forment entre les nervures du limbe foliaire; Sur les graines, des taches de couleur brun-pourpre apparaissent et peuvent couvrir jusqu’à la moitié de leur surface. En cas de forte attaque, toute la surface de la graine peut présenter cette décoloration brun-pourpre ou brun-noire. Dans les cas très avancés, les graines se ratatinent et les téguments se déchirent. Occasionnellement, les graines fortement infectées par C. capsici sont grises à noires en raison de la formation des acervules. De telles graines ne peuvent pas germer.

Variabilité de l’agent pathogène

Colletotrichum capsici, tout comme les autres espèces du genre Colletotrichum, présente une grande variabilité. Sandgee et al. (20 Il), à partir de dix isolats collectés dans dix provinces du Nord-Est de la Thaïlande, ont mis en évidence une variabilité morphologique, pathologique et moléculaire du champignon responsable de l’anthracnose du piment doux (Capsicum annuum L.). En travaillant sur 40 isolats répartis dans 4 groupes sur la base de caractères morphologiques et du taux de croissance, Oanh et al. (2004) ont rapporté une variabilité de la pathogenicité des ces isolats sur des variétés du piment doux. Sur la base des aspects morphologiques (taille des conidies), pathologiques (l’agressivité) et des aspects culturaux sur PDA, Sérémé (1985) a mis en évidence l’existence de 2 souches de C. capsici sur le niébé au Burkina Faso. Sur la même spéculation, les travaux de Pakela (2003) en Afrique du Sud portant sur 48 isolats de C. dematium (Syn. C. capsici) collectés dans différentes régions de l’Afrique Australe, ont révélé des variations morphologiques (12 groupes), pathogéniques et moléculaires du champignon.

Conservation et dissémination de l’agent pathogène

Colletotrichum capsici infecte toutes les parties de la graine et survit pendant la saison sèche grâce à ses acervules dans les semences et dans les débris infectés (Emechebe et Mc Donald 1979 ; Alabi, 1981 ; Emechebe, 1981; Okpala, 1981). L’ inoculum primaire de la maladie des taches brunes est constitué par les formes de conservation du champignon sur les débris infectés et dans les semences. Il est à l’origine de l’infection primaire des plantules dans le sol à partir de laquelle l’infection secondaire s’étend par dispersion des conidies sous l’effet des gouttes de pluie et du vent (Sérémé, 1999). Cette infection est favorisée par une forte humidité de l’air et des températures favorables à la biologie de l’agent pathogène. La température optimale de croissance du champignon en condition artificielle de culture est de 25°C (Sérémé, 1985). La propagation de la maladie des taches brunes, tout comme les maladies transmises par les semences est assurée principalement par la semence qui transmet le pathogène d’une génération à l’autre. Elle est aussi favorisée par les modes d’obtention des semences par les producteurs qui sont le don, le troc, l’achat au marché, le prélèvement dans leur propre production, etc.

Importance économique

Colletotrichum capsici est responsable d’anthracnose sur plusieurs cultures d’importance économique. En Asie, l’anthracnose causée par C. capsici constitue la contrainte majeure à la production du piment doux (Capsicum annuum L.) (Sangdee et al., 20 Il), qui est l’une des plus importantes spéculations horticoles largement cultivées (Makari et al., 2009). Le poivre est l’un des cinq légumes les plus importants au Nigéria et dont la production est entravée par C. capsici, responsable de la maladie la plus destructrice sur cette spéculation (Amusa et al., 2004). Les pertes de rendement dues à l’anthracnose peuvent atteindre 90% (Amusa et al., 2004). La maladie des taches brunes causée par C. capsici est l’une des principales contraintes à la production de niébé au Burkina Faso. Elle cause des pertes de rendement de l’ordre de 42% (Sérémé et al., 1992). En zone de Savane nord guinéenne du Nigéria, Alabi (1994) a rapporté des pertes de rendement de 46%, mais qui peuvent atteindre 75% en cas de forte humidité (Emechebe et Soyinka, 1985).

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1 Généralités sur Colletotrichum capsici, principal agent de la maladie des taches brunes du niébé
1.1 Taxinomie
1.2 Symptômes de la maladie  »
1.3 Variabilité de l’agent pathogène
1.4 Conservation et dissémination de l’agent pathogène
1.5 Importance économique
1.6 Méthodes de lutte
1.61 Lutte culturale
1.6.2 Lutte chimique
1.6.3 Résistance variétale
1.6.4 Utilisation d’extraits de plantes
1.6.5 Lutte biologique
1.6.6 Lutte intégrée
2 Généralités sur Macrophomina phaseolina, agent responsable de la pourriture cendrée du niébé
2.1Taxinomie et écologie
2.2 Cycle de la maladie de la pourriture cendrée
2.3 Symptômes de la maladie
2.4 Variabilité de Macrophomina phaseolina
2.5 Importance économique
2.6 Stratégie de gestion de la maladie de la pourriture cendrée
2.6.1 Lutteculturale
2.6.2 Lutte biologique
2.6.3 Lutte chimique
2.6.4 Résistance variétale
2.6.5 Utilisation des extraits de plantes
2.6.6 Lutte intégrée
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
1. Matériel
1.1 Materiel végétal
1.1.1 Les espèces végétales utilisées pour la préparation des extraits aqueux
I.1.2 L’échantillon de semences de niébé utilisé pour l’évaluation des extraits aqueux de plantes
1.1.3 Isolats de champignons utilisés pour l’évaluation des extraits aqueux de plantes
1.2 Produit chimique utilisé comme traitement de référence
2 Méthodes
2.1 Préparation des extraits aqueux
2.2 Evaluation in vitro de l’effet des extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, Yucca jilamentosa et de Agave sisalana sur la croissance mycélienne et la production de conidies par Colletotrichum capsici et Macrophomina phaseolina.
2.2.1 Procédure d’obtention des isolats de Colletotrichum capsici et de Macrophomina phaseolina
2.2.2 Préparation des milieux de culture pour l’évaluation des extraits aqueux de plantes
2.2.3 Dispositif expérimental
2.2.4 Evaluation de l’effet des extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, Yucca jilamentosa et de Agave sisalana sur la croissance mycélienne de Colletotrichum capsici et de Macrophomina phaseolina
2.2.5 Evaluation de l’efficacité des extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, Yucca jilamentosa et de Agave sisalana sur la production de conidies par C. capsici
2.3 Evaluation de l’efficacité du traitement des semences de niébé avec les extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, Yuccajilamentosa et de Agave sisalana sur les taux d’infection des semences par Colletotrichum capsici et Macrophomina phaseolina, et sur l’émergenc.e et l’infection des plantules de niébé
2.3.1 Traitement des semences
2.3.2 Dispositif expérimental
2.3.3 Evaluation de l’effet des extraits aqueux de plante de Balanites aegyptiaca, Yucca jilamentosa et de Agave sisalana sur l’infection des semences de niébé par Colletotrichum capsici et Macrophomina phaseolina
2.3.4 Evaluation de l’effet des extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, Yucca jilamentosa et de Agave sisalana sur l’émergence et la mortalité des plantules de niébé
2.3.5 Evaluation de l’effet des extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, Yucca jilamentosa et de Agave sisalana sur la transmission de Colletotrichum capsici et de Macrophomina phaseolina des semences aux plantules
2.4 Evaluation de l’effet du traitement des semences avec les extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, Yuccafilamentosa et de Agave sisalana sur l’incidence de Colletotrichum capsici et Macrophomina phaseolina au champ
2.4.1 Plan de l’essai
2.4.2 Conduite de la culture
2.4.3 Collecte de données
2.5 Analyses statistiques et expression des résultats
CHAPITRE III: RESULTATS ET DISCUSSION
1Résultats
1.1 Effets des extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, Yucca filamentosa et de Agave sisalana in vitro sur la croissance mycélienne de Colletotrichum capsici et Macrophomina phaseolina.
1.2 Effet des extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, de Yucca filamentosa et
de Agave sisalana sur la production de conidies par Colletotrichum capsici
lA Effet des extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, de Yucca filamentosa et
de Agave sisalana sur le taux d’infection des semences de niébé par
Colletotrichum capsici et Macrophomina phaseolina, sur l’émergence et sur
l’infection des plantules
1.4.1 Effet des extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, Yuccafilamentosa et
de Agave sisalana sur le taux d’infection des semences de niébé par
Colletotrichum capsici et Macrophomina phaseolina
1.4.2 Effet des extraits aqueux de Balanites aegyptiaca, de Yucca
filamentosa et de Agave sisalana sur l’émergence des plantules en pot et la
transmission de Colletotrichum capsici et de Macrophomina phaseolina des
semences aux plantules de niébé
1.5 Evaluation au champ de l’effet des extraits aqueux de Balanites aegyptiaca,
de Yucca filamentosa et de Agave sisalana en traitement des semences de niébé
sur l’émergence et la mortalité des plantules, l’incidence et la sévérité de
Colletotrichum capsici et Macrophomina phaseolina et sur le rendement en
grain
1.5.1 Effet sur l’émergence
1.5.2 Effet sur l’incidence et la sévérité des taches brunes et de la pourriture
cendrée et sur le rendement grain
2Discussion
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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