Généralités sur casuarina equisetifolia

Selon la définition officielle de l’O.M.S, la médecine traditionnelle  » se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels, séparément ou en association pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé ». L’emploi des plantes comme remède a un intérêt capital dans le monde entier, en particulier dans les pays en voie de développement où le pouvoir d’achat est faible d’une part et d’autre les effets secondaires de quelques médicaments de synthèse sont néfastes. En Afrique, jusqu’à 80 % de la population a recours à la médecine traditionnelle pour leurs besoins de soins de santé primaire. La médecine traditionnelle fait partie de l’héritage culturel de chaque société. En effet, elle est le résultat de siècles d’expérimentations et de croyances populaires. Elle a donc évolué en même temps que les cultures et les modes de vie. De nombreux pays comme le Sénégal, ont pris conscience de l’importance de l’étude de plantes médicinales et de la pharmacopée traditionnelle pour résoudre un problème dont l’importance n’a d’égale que la sauvegarde des vies humaines (Delphine, 1992). Ce travail est une contribution à l’étude de l’activité antioxydante des fruits du Casuarina equisetifolia plus connu sous le nom de filao. En effet, le stress oxydant est un sujet d’actualité et son implication dans de nombreuses pathologies a été prouvée. La lutte contre le stress oxydant s’avère alors nécessaire et peut passer par l’utilisation de molécules ou d’extraits à bases de plantes à activité antioxydante significative.

GÉNÉRALITÉS SUR CASUARINA EQUISETIFOLIA

Taxonomie

Casuarina equisetifolia est un arbre appartenant à la famille des Casuarinacées (CEE / ENDA, 1978 ; Fall, 1994). Son nom donné par Linné en 1759, fait référence au casoar (casuarinus) car son port retombant et l’allure « feuillage », fait songer au plumage de cet oiseau (Nmauric, 2003). Du latin equisetum, prêle, qui vient lui même de esquus, cheval, et seta, poil, crin : parce que la plante ressemble à une queue de cheval (Berhaut, 1974). La plante possède un nom vulgaire : filao à feuilles de prêle. Elle est encore appelée pin australien, nommée par les anglophones « she-aok » (Nmauric, 2003).

Les feuilles
Les feuilles sont de petites écailles triangulaires, aigües, longues de 1 mm, et disposées en verticilles de 8 à 10 distants de 6 à 8 mm sur les jeunes rameaux. Les rameaux fins et pendants peuvent être considérés comme des feuilles, car la plupart d’entre eux tombent à terre comme les aiguilles des pins : quelques-uns demeurent et grossissent pour faire des branches sur lesquelles les verticilles d’écailles s’espacent au fur et mesure de la croissance de la branche (Diop, 2000).

Les fleurs
La floraison s’effectue au printemps ou en été suivant la région. Les fleurs sont apérianthées, unisexuées et généralement groupées en chatons (Deysson, 1976 ; Fall, 1994). Les fleurs mâles et femelles peuvent se trouver sur des arbres différents, ou sur le même arbre et même sur le même rameau (Berhaut, 1974). Les fleurs ont l’aspect d’un épi en massue allongée long de 12 à 20 mm, large de 2 à 3mm, à l’extrémité des rameaux filiformes. Ces épis sont formés de petites écailles pubescentes d’entre lesquelles sortent les étamines à filet long de 1mm. Les anthères sont formées de deux loges accolées à sommet apiculé (Berhaut, 1974). Les fleurs femelles sont en glomérules. Lorsqu’il y a fécondation, les bractées se soudent entre elles pour former un petit cône ligneux (2 cm environ), hérissé et spiralé. Chaque loge s’ouvre en deux pour libérer une samare. La pollinisation est effectuée par le vent (Berthaut, 1974 ; Fall, 1994 ; Nmauric, 2003).

Les fruits
Comme le montre la figure 2, le fruit est un petit cône ovoïde long de 10 à 20mm, large de 10 à 15mm, formé de loges en rangées verticales qui s’ouvrent aussi verticalement pour libérer les petites graines ailées (Berhaut, 1974).

Habitat et répartition géographique 

Le filao est une plante originaire d’Australie. Il a été introduit au Sénégal depuis 1948 où il est planté sur de grandes superficies dans les sables littoraux et para littoraux des secteurs côtiers. Il croît bien dans les zones de l’intérieur (Diop, 2000). C’est une espèce de climat chaud et humide avec une extension possible à des régions à faibles précipitations annuelles (200 à 300 mm) ou au contraire plus arrosées.

Le filao pousse :
– Dans les dunes côtières ;
– Parfois à l’intérieur des terres : beaucoup moins vigoureux,
– dans les sols sableux profonds, calcaires. Il n’aime pas l’argile et exige une nappe phréatique proche (3m). Il est exigeant en lumière et tolère les sols salés (CEE/ENDA, 1987).

Composition chimique 

L’écorce de Casuarina equisetifolia est riche en tanins et contient une matière colorante, la casuarine (Diop, 2000). D’après Venkatruman, cité par Kerharo (1973), l’écorce et la racine contiennent respectivement 10 et 14,95 % de tanins catéchiques. Dans les feuilles de l’espèce turque, Baytop et al. cités également par Kerharo (1973) ont décelé des tanins condensés et hydrolysables. Le screening chimique réalise par Thiao (2007) a relevé la présence de tanins et de flavonoïdes dans toutes les parties de la plante soumises aux analyses à savoir les écorces, les feuilles, les fruits, et les racines. Thiao (2007) a aussi noté une faible teneur en saponosides dans la plante. Mais ces derniers sont plus présents au niveau des feuilles et des fruits qu’au niveau des écorces et des racines. Le criblage phytochimique des feuilles de Casuarina equisetifolia par HPLC a relevé la présence de 8 composés phénoliques. Il s’agit des acides gallique, protocatioique, chlorogénique, p.hydroxybenzoïque, p.coumarique, syringique, vanillique et salicylique. La concentration en acide galique est la plus élevée, suivie de celle de l’acide syringique et protocatioïque avec des concentrations respectives de 19,18 ; 11,57 et 6,84 µg/g d’extrait sec. Les feuilles renferment également des hydrates de carbone, des protides et des stéroïdes (Aher et al., 2010).

La présence d’alcaloïdes a été signalée dans les écorces de tronc (Iqbal et Arima, 2001). Ces derniers ont également mis en évidence des flavonoïdes dans les feuilles et les fruits de Casuarina equisetifolia.

Propriétés pharmacologiques et usages 

Usages

Traditionnellement, Casuarina equisetifolia entre dans la composition de préparations médicinales pour traiter diverses maladies. Les écorces sont astringentes et utilisées en cas de diarrhées, de dysenteries, d’ulcère de l’estomac, et des troubles nerveux (Weiner, 1971). D’après Weiner (1971), les feuilles seraient de bons antispasmodiques et sont utilisées en cas de coliques. Les fruits seraient également efficaces contre les maux de ventre, les parasites intestinaux et le diabète (Agsan et al., 2009). Au Sénégal, les feuilles sont considérées comme ayant des propriétés sédatives et les fruits sont utilisés, particulièrement par les  »lébou », contre les maux de dents, les stomatites et les gingivites. Le traitement se fait par inhalation des vapeurs du décocté bouillant, suivie de gargarisme avec le décocté dès qu’il atteint au refroidissement une température supportable (Kerharo, 1973). La plante présente également des utilisations en agroforesterie notamment :
– La protection des sols contre l’érosion : depuis 1948, cette plante est largement utilisée en plantation au Sénégal pour fixer les dunes le long de la côte atlantique au nord de Dakar (Dione ,2001)
– La restauration de la fertilité des sols : ceci grâce à leur capacité à fixer l’azote atmosphérique
– Le reboisement des zones arides et semi arides: plantation de réhabilitation (Dione, 2001)
– la production de biomasse et de bois de chauffage (Dione, 2001).

Propriétés pharmacologiques 

L’étude pharmacologique de la plante a permis de vérifier quelques propriétés thérapeutiques attribuées à cette dernière par la médecine traditionnelle.

Activité anti inflammatoire 

Selon Sylla (2008) l’extrait hydroéthanolique des écorces de tiges de Casuarina equisetifolia présente une activité antiinflammatoire dose dépendante chez des rats de souche Wistar. En effet, à la concentration de 900 mg/kg, l’œdème induit par la carragenine a été réduit de manière similaire à celle de la référence (l’aspirine) à la dose de 150mg/kg.

Activité antibactérienne 

Les extraits méthanoliques de bois, d’écorces et de fruits ont montré une bonne activité antimicrobienne (10 ; 12 ; 10 mm respectivement) contre les bactéries à Gram positif (Staphylococcus aureus) et sans effet significatif sur les Gram négatif (Pseudominas aeruginosa). L’extrait méthanolique de feuilles a révélé une activité moyenne aussi bien pour les Gram positif (Baccilus subtilis) que pour les Gram négatifs (Pseudominas aeruginosa). Les diamètres d’inhibitions sont respectivement de 8,02 ± 0,33 et 7,23 ± 0,27 mm (Moazzem Hossen ; 2014).

Activité néphroprotectrice

L’extrait méthanolique de feuilles de Casuarina equisetifolia réduit de façon significative la néphrotoxicité induite par la gentamicine chez des rats albinos mâles. En effet, l’extrait diminue les dommages oxydatifs en piégeant les radicaux libres évitant ainsi la peroxydation lipidique (El-Tantanwy et al. 2013).

Activité antidiarrhéique 

D’après Sriram (2001), Casuarina equisetifolia possède une activité anti diarrhéique. Des études effectuées chez les rats dont la diarrhée a été induite par l’huile de ricin montrent des réductions significatives de la production fécale et de la fréquence des fientes après administration de l’extrait éthanolique de feuilles de Casuarina equisetifolia aux doses de 200 et 400 mg/kg.

Activité antioxydante

El-Tantanwy (2013) a étudié l’activité antioxydante des feuilles par les méthodes DPPH ; NO et FRAP. Les trois méthodes ont prouvé l’existence d’une bonne activité antioxydante pour les feuilles de Casuarina equisetifolia avec une concentration inhibitrice à 50% de 25,71 µg/ml pour la méthode DPPH. D’après l’auteur cette activité serait due aux flavonoïdes très présents dans les feuilles de la plante.

Toxicité

Dans les pays où ils sont très présents, ils peuvent être à l’origine d’allergie (asthme) au moment de la floraison. (Nmauric, 2003). L’étude de la toxicité aigüe de l’extrait éthanolique de Casuarina equisetifolia prouve que l’extrait peut être utilisé jusqu’à 2g par kg sans effet nuisible (Ahsan et al., 2009).

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS SUR CASUARINA EQUISETIFOLIA
I.1. Taxonomie
I.2. Description botanique
I.2.1. Le port
I.2.2. Les feuilles
I.2.3. Les fleurs
I.2.4. Les fruits
I.3. Habitat et répartition géographique
I.4. Composition chimique
I.5. Propriétés pharmacologiques et usages
1.5.1. Usages
I.5.2. Propriétés pharmacologiques
I.6. Toxicité
CHAPITRE II : GÉNÉRALITÉS SUR LES RADICAUX LIBRES
II.1. Définition
II.1.1. Les radicaux libres
II.1.2. Le stress oxydant
II.2. Mécanisme du stress oxydant
II.2.1. Origine des radicaux libres
II.2.2. Cibles biologiques des radicaux libres
II.3. Les défenses cellulaires contre le stress oxydant
II.3.1. Systèmes antioxydants enzymatiques
II.3.2. Systèmes antioxydants non enzymatiques
II.4. Rsole du stress oxydant dans certaines pathologies
II.4.1. Stress oxydant et athérosclérose
II.4.2. Stress oxydant et fertilité masculine
II.4.3. Stress oxydant et diabète
II.4.4. Stress oxydant et l’obésité
CHAPITRE III : DIFFERENTES METHODES D’ETUDES DE L’ACTIVITE ANTIOXYDANTE
III.1. Méthode ABTS
III.2. Méthode FRAP (ferric reducing antioxidant power)
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIELS ET METHODES
I.1. Matériel et Réactifs
I.1.1. Matériel végétal
I.1.2. Matériel de laboratoire
I.1.3. Réactifs utilisés
I.2. Méthode d’étude
I.2.1. Dosage de l’eau
I.2.2. Obtention de l’extrait éthanolique
I.2.3. Activité antioxydante
CHAPITRE II : RESULTATS
II.1. Teneur en eau
II.2. Rendement d’extraction
II.3. Activité antioxydante
II.3.1.1. Extrait éthanolique des fruits de Casuarina equisetifolia
II.3.1.2. Acide ascorbique
II.3.1.3. CI50 des produits testés
II.3.2. Méthode FRAP
II.3.2.1. Extrait éthanolique des fruits de Casuarina equisetifolia
II.3.2.2. Solution éthanolique d’acide ascorbique
CHAPITRE III : DISCUSSION
CONCLUSION
RFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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