Au Sénégal, l’agriculture occupe 70% de la population. Elle est un secteur clé pour le développement socio-économique parce qu’elle contribue à la formation du PIB à hauteur de 20% et qu’elle est aussi un moyen de lutte contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté (FAO/OMS, 2004). Principalement, deux types d’agriculture sont pratiqués, il s’agit de :
– L’agriculture sous pluie :
Elle est la plus répandue, et est pratiquée dans toutes les zones agroécologiques du Sénégal. Elle concerne plus de 90% des terres (DEL/Berger et al, 1996). Les principales spéculations concernées par ce type d’agriculture sont l’Arachide (Arachis hypogaea), le Mil (Pennisetum glaucum), le Coton (Gossypium barbabense L.), le Maïs (Zea mays), le Niébé (Vigna unguiculata) (Anonyme, 2000).
– L’agriculture irriguée :
Ce type d’agriculture est maintenant pratiqué dans toutes les zones agroécologiques du pays dans des proportions cependant faibles par rapport à la culture sous pluie (DEL/Berger et al, 1996). Les principales spéculations sont la tomate (Lycopersicum esculentum), la canne à sucre (Saccharum), le riz (Oryza sativa), l’oignon (Allium cepa).
L’agriculture irriguée, encore appelée agriculture intensive est pratiquée principalement dans les zones des Niayes et du Fleuve. De nos jours, elle est une activité économique qui nécessite des investissements et des coûts de production plus élevés que lorsqu’il s’agit de l’agriculture sous pluie. Ainsi, l’obtention de rendements élevés devient la seule préoccupation des producteurs maraîchers dont certains en ce qui concerne la zone des Niayes sont des « locataires » des parcelles mises en culture. Ces derniers, peu soucieux de la préservation du capital foncier, encore moins de l’équilibre environnemental pratiquent un itinéraire technique de production maraîchère basée sur une utilisation élevée des ressources externes telles que les intrants de synthèse. Parmi ces intrants, les pesticides occupent une place prépondérante et représentent dans certains cas plus de la moitié des coûts de production. La fréquence des traitements phytosanitaires peut atteindre un nombre de trois par semaine, qu’il s’agisse de traitements préventifs ou curatifs, ceci en vue d’éradiquer les ravageurs des cultures et d’accéder à des rendements satisfaisants dans un contexte propice au développement des parasites (Cissé et al., 2000). Plusieurs produits phytosanitaires sont utilisés parmi lesquels : des insecticides (exemple : Diméthoate), des fongicides (exemple : Soufre, Manèbe), des acaricides (exemple : Péropal).
Cependant, le recours aux pesticides comme facteur d’amélioration et de protection des rendements agricoles présente un impact négatif sur l’homme et les écosystèmes. En ce qui concerne l’homme, plusieurs pathologies lui sont directement associées aussi bien dans le court que dans le long terme, avec notamment des cancers, des stérilités, des malformations congénitales, des déficiences mentales, des troubles neurologiques et de reproduction (Gibons et al, 1987 ; National Academy of Science, 1987 ; David et al, 1980 ; Anonyme, 1985), etc. Concernant les ressources naturelles, ce recours entraîne leur dégradation (sol, air) (PAN-CTA, 1990 ; Ngom, 1992), une contamination de la nappe phréatique (cissé et al., 2000) et par voie de conséquence un déséquilibre environnemental. A tous ces effets négatifs sur l’homme et l’environnement, viennent s’ajouter les phénomènes de résistance de plus en plus accrue des agents pathogènes aux différents produits phytosanitaires. Compte tenu de tous ces facteurs, il convient de proposer un itinéraire de production maraîchère basée sur une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Il existe dans la nature, une association entre les racines des végétaux supérieurs et des microorganismes appelée mycorhization (Gerdemenn, 1968). Cette forme d’association est plus connue sous le nom de symbiose mycorhizienne arbusculaire (Domergues et Mangenot, 1970). Cette symbiose tend à réduire l’incidence des maladies racinaires et minimise l’effet nocif de certains agents pathogènes (Dehne, 1982; St-Arnaud et al., 1995). De nombreuses études montrent que les Endomycorhizes permettent une réduction de la gravité des pourritures racinaires produites par Phytophtora spp. Elles sont évoquées dans différentes revues scientifiques (Schonbeck 1979, Dehne 1982, Garcia Garrido et Ocampo 1987.). Par ailleurs, Garcia garrido et Ocampo (1988) ont noté une compensation des pertes de poids consécutives aux attaques de Pseudomonas syringae chez la tomate mycorhizée par Glomus mosseae. Ces résultats prometteurs permettent d’envisager avec l’utilisation des les MVA dans la production maraîchère, des systèmes culturaux plus sains, avec la réduction de l’usage de pesticides, tout en assurant la rentabilité des cultures et la qualité de l’environnement.
Généralités et définition des mycorhizes
Les mycorhizes (du grec : mukës = champignon, rhiza = racine) sont des associations entre les racines des végétaux et les mycéliums des champignons du sol (Strullu, 1991). Les mycorhizes sont très répandues dans la nature et intéressent la quasi-totalité des végétaux (95%) (Strullu, 1991). Ces associations sont plus connues sous le nom de symbiose mycorhizienne arbusculaire (Dommergus et Mangenot, 1970). Elle est générale (Gerdemann, 1968) et se rencontre dans tous les écosystèmes du monde (Smith et Gianinazzi-Pearson, 1988). Il existe plusieurs types de mycorhizes et d’après la proposition de (Peyronnel et al., 1969), elles se répartissent en trois groupes principaux (ectomycorhizes, endomycorhizes, et les ectendomycorhizes).
Importance agronomique des mycorhizes
Les effets bénéfiques des mycorhizes sur l’agriculture sont largement démontrés et principalement à travers une amélioration de la nutrition phosphatée, de l’absorption du potassium, de l’azote et des oligoéléments tels que le cuivre le zinc et le soufre (Olivier et al., 1983 ; Cooper et Tinker, 1978 ; Strullu et al., 1981 ; francis al., 1986 ; Declerck et al., 1994). Ces effets bénéfiques sont rendus possibles par une augmentation du volume de sol exploré et la densité du réseau mycélien (GianniazziPearson et Diém, 1982). Des travaux ont mis en évidence le rôle bénéfique desassociations mycorhiziennes dans la nutrition hydrominérale et la protection des plantes contre certains agents pathogènes (Azcón-Aguilar et Barea, 1992 ; Linderman, 1992).
Nutrition minérale
Le phosphore, l’azote, le potassium et les oligoéléments font l’objet d’une meilleure assimilation dans les complexes mycorhiziens selon plusieurs auteurs (Cooper et Tinker, 1978 ; Strullu et al, 1981 ; Francis et al, 1986 ; Declerck et al, 1994) et leur absorption augmente chez les plantes mycorhizées :
– Absorption du phosphore
Le phosphore participe à plusieurs réactions physiologiques au sein de la plante comme la floraison, la fructification, le transfert de l’énergie et la fonction chlorophyllienne (camiré, 1987). Selon (Harley et Smith, 1983), une carence en phosphore est observée dans de nombreux sols tropicaux et entraîne une limitation de la croissance. Chez les plantes formant des endomycorhizes à vésicules et arbuscules, la stimulation de la croissance est en partie due à l’intervention des mécanismes actifs de transport du phosphore du champignon vers la plante (Strullu, 1991). Des études réalisées chez l’oignon ont montré une apparition d’activités phosphatasiques qui seraient d’origine fongique (Gianinazzi-Pearson et Gianinazzi, 1976, 1978). L’amélioration de la nutrition minérale des plantes mycorhizées est nettement matérialisée par une augmentation de la quantité de phosphore absorbée au delà de la zone d’épuisement des racines de la plante hôte (Plenchette et al., 1983a). Par ailleurs, le manteau fongique est capable de jouer un rôle très important dans l’accumulation et l’absorption du phosphate du fait qu’il peut prélever rapidement le phosphate à partir des solutions peu concentrées en phosphate de potassium (Harley et Mc Cready, 1952 ; Harley, 1978. Strullu et al 1986).
– Absorption de l’azote
Il a été montré le transport de l’azote entre deux plantes via les hyphes mycéliens (Lambert et al., 1993). L’azote libérée au niveau des racines mortes peut être exporté par les hyphes et transporté jusqu’aux racines des autres plantes (Hamel et al., 1991a, b). Les champignons MA peuvent absorber l’azote sous forme NH4+ et le transporter à la pante hôte (Ames et al., 1993 ; Johansen et al., 1993). L’apport des mycorhizes dans la nutrition azotée des légumineuses a été identifié comme résultant d’un accroissement de la nutrition phosphatée (Mosse, 1977).
– Absorption d’oligoéléments
Beaucoup d’auteurs ont observé une amélioration par la mycorhization de l’absorption du cuivre (Lambert et al., 1979 ; Gildon et Tinker, 1983 ; Tinker, 1984 ; Le tacon et al., 1984 ; Marschnell et Dell, 1994), du zinc (Bowen, 1973 ; Lambert et al., 1979 ; Tinker, 1984).
Nutrition hydrique
Les champignons endomycorhiziens sont présents aussi bien dans les milieux humides que dans les déserts arides. Les études physiologiques et cellulaires ont montré que les structures mycéliennes sont bien adaptées aux mouvements de l’eau entre les champignons et les plantes (Dud-Dridge et al., 1980). Par ailleurs, la mycorhization permet une plus grande dispersion de l’eau en cas de déficit hydrique (Parke et al., 1983 ; Safir et Nelson, 1985). Elle aide ainsi la plante hôte à supporter les poids de stress (Sylvia et William, 1992 ; Neumann et George, 2004). Tous ces effets permettent une amélioration vigoureuse des plantes c’est à dire une plus forte capacité à résister aux différents stress tels que les maladies, les carences,…
Protection phytosanitaire
Des études ont montré des effets soit néfastes (Schoenbeck, 1980), soit bénéfiques (Feldemann et al, 1990) de la mycorhization sur les maladies de la partie aérienne des plantes. Les endomycorhizes permettent aussi une réduction de la gravité des pourritures racinaires produites par Phytophtora spp. (Schonbeck 1979 ; Dehne, 19821 ; Garcia Garrido et Ocampo, 1987) et une atténuation des effets produits sur la plante par des nématodes phytoparasites du système racinaire (Sikora et Schoenbeck, 1975 ; Schenk et Kellam, 1978). La diminution de la perméabilité des racines observée avec la mycorhization entraîne selon Kane (1997), une baisse des dommages dus à l’infection bactérienne. Certains auteurs ont noté une compensation des pertes de poids consécutives aux attaques de Pseudomonas syringue chez la tomate mycorhizée par Glomus mosseae (Garcia Garrido et Ocampo, 1988). La symbiose mycorhizienne, établie par Glomus mosseae avec une plante comme le tabac conduit à l’atténuation des effets maladifs produits par Meloidogine incognita, espèce également parasite des plantes pérennes (Sikora et Schonbeck, 1975).
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Table des matières
INTRODUCTION
SYHNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1. Notion de mycorhizes
1.1. Généralités et définition des mycorhizes
1.2. Importance agronomique des mycorhizes
1.2.1. Nutrition minérale
– Absorption du phosphore
– Absorption de l’azote
– Absorption d’oligoéléments
1.2.2. Nutrition hydrique
1.2.3. Protection phytosanitaire
1.2.4. Conservation de la structure du sol
2. Notion de pesticides
2.1. Définition
2.2. Classification des pesticides
2.2.1. Insecticides
2.2.2- Fongicides
2.2.3. Acaricides
2.3. Les modes d’utilisation des pesticides
2.4. Fréquence d’utilisation des pesticides
2.5. Pesticides et mycorhization
2.6. Inconvénients des pesticides
2.7. Homologation et réglementation des pesticides
3. La spéculation testée (tomate)
3.1. Généralités
3.2. Systématique
3.3. Botanique
3.4. Culture de la tomate au Sénégal
3.5. Conditions de culture de la tomate
3.6. Les principaux ennemis des cultures de la tomate au Sénégal
– Les insectes
– Les champignons
– Les nématodes
– Les maladies à virus
– Les maladies non parasitaires
3.7. Les méthodes de lutte contre les ennemis des cultures
3.7.1. La lutte chimique
3.7.2. La lutte biologique
3.7.3. Lutte intégrée
MATERIEL ET METHODES
1. Sites expérimentaux
2. Potentiel mycorhizogene du sol (MPN)
2.1. Préparation des terres
2.2. Conditions de la culture
2.3. Récolte et Coloration
2.4. Observations
2.5. Estimation du nombre le plus probable de propagules
3. Matériel végétal
3.1. La tomate
3.2. Le maïs
3.2. Le mil
4. Matériel fongique
4.1. Origine
4.2. Production de l’inoculum
5. Produits phytosanitaires
6. Fertilisants
7. Substrats de culture
8. Dispositifs expérimentaux
8.1. Champ
8.1.1. Préparation des planches de semis pour la pépinière
8.1.2. Repiquage
8.2. Serre
9. Paramètres mesures
RESULTATS
1. Potentiel mycorhizogène (MPN) du sol de Sangalkam
2 Rendements
2.1. La biomasse sèche des parties aériennes
2.2. la biomasse sèche des parties racinaires
2.3. Production
IV. DISCUSSION
Effectivité des propagules endogènes
Développement végétatif
Production
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES