Généralités et analyse théorique des dépenses publiques

La réflexion sur la croissance économique régulière et durable a toujours été au cœur du débat économique. Selon François Perroux , la croissance économique est l’accroissement d’une unité économique (simple ou complexe) réalisé dans les changements de structure et éventuellement de systèmes, accompagnés de progrès économiques variables. Les dépenses publiques sont traditionnellement considérées comme un facteur de stimulation de la croissance économique. Cependant, depuis quelques années, l‟utilisation des dépenses publiques a beaucoup perdu de son attrait en tant qu‟instrument de régulation conjoncturelle, dans la mesure où elle peut constituer une source de distorsions pouvant compromettre la croissance économique.

Les dépenses publiques regroupent en fait l’ensemble des dépenses effectuées à la fois par les collectivités publiques territoriales supérieures et secondaires, les établissements publics nationaux et locaux, des sociétés nationales, les sociétés d’économie mixte et les organismes subventionnés ou financés par des prélèvements parafiscaux. Même si des auteurs comme Keynes et les théoriciens de la croissance endogène stipulent que les soldes publics peuvent contribuer au lissage des fluctuations conjoncturelles, des critiques ont atteint à leur propos contestant la mise en place d‟une politique budgétaire expansive. Cependant, il est nécessaire de se poser la question : l’accroissement de la dépense publique permet elle vraiment d’atteindre un certain niveau de croissance économique ? Comme l‟on constate à travers sa situation économique et sociale, Madagascar est un pays en voie de développement dont les structures politiques, économiques et sociales ne permettent pas de satisfaire les besoins fondamentaux de la population. C’est pourquoi l’Etat, en tant que premier centre de décision publique, doit jouer un rôle considérable pour orienter l’activité économique dans le sens ainsi souhaité.

Les dépenses publiques, source de croissance économique 

Les dépenses publiques associées aux activités du gouvernement sont toujours essentielles pour la performance de l‟économie. Ces dépenses essentielles sont très importantes pour la croissance et la réalisation des objectifs sociaux mais surtout pour atteindre les Objectifs de Développement du Millénaire (OMD). Sans ces dépenses l‟économie ne peut pas fonctionner correctement et entraine des dysfonctionnements au niveau des activités. En premier lieu, nous analyserons d‟abord l‟utilité des dépenses publiques comme facteur de dynamisme économique, ensuite fin les conséquences d‟une dépense publique excessive.

L‟utilité des dépenses publiques 

L‟action financière des pouvoirs publics touche aussi bien les structures économiques que les structures sociales. Au-delà de son rôle de combler les défaillances du marché, il est possible de déceler trois fondements à l‟utilité des dépenses publiques dans une optique de moyen terme.

La dépense publique est un élément de régulation de l’accumulation de capital

Diamond (1965) insiste sur les effets de la dette publique sur l‟accumulation optimale du capital dans un modèle de croissance sans altruisme intergénérationnel. Dans ce modèle, un recours permanent à l‟endettement affecte de deux manières l‟équilibre du marché des capitaux :
● D‟un côté, le revenu des actifs, et avec lui l‟épargne, est amputé du montant des impôts nécessaires au financement des charges d‟intérêts. Dans le cas où le taux d‟intérêt est inférieur au taux de croissance de l‟économie, l‟endettement initial donnera lieu à long terme à des réductions d‟impôts qui entraîneront une augmentation de l‟épargne.
● D‟un autre côté, les titres publics se substituent aux titres privés dans le portefeuille des agents en entraînant une réduction permanente du stock de capital physique par tête. Une hausse du taux d‟intérêt rétablira ainsi l‟équilibre au niveau des marchés de capitaux. Alors, il existe un niveau d‟endettement public optimal non nul qui permettra d‟atteindre la règle d‟or c‟est-à-dire un taux d‟intérêt inférieur au taux de croissance de l‟économie.

La dépense publique peut résoudre les problèmes d’imperfection de l’information

Stiglitz et Weiss (1981) ont montré que les banques peuvent refusées, en raison d‟imperfection de l‟information, de prêter à des emprunteurs parfaitement solvables. Comme, il est difficile pour une banque d‟identifier les bons emprunteurs, le taux d‟intérêt que le demandeur accepte de payer constitue un critère de choix important. Or, les agents acceptant de payer un taux d‟intérêt très élevé peuvent constituer de mauvais risques. Il en résulte un processus de sélection adverse dans le cas où une hausse du taux d‟intérêt accroît le degré de risque associé aux prêts et qui constituera pour la banque un facteur de baisse pour ses profits. Si la demande de prêt excède l‟offre, la banque, craignant de devoir financer des projets non rentables, ne satisfera pas la demande excédentaire même si les emprunteurs potentiels sont prêts à payer un taux d‟intérêt plus élevé. Cette situation de déséquilibre peut être étendue à d‟autres marchés, notamment celui du travail. Or, les entreprises ne sont pas en mesure d‟apprécier correctement la productivité des candidats à l‟embauche. Ainsi, les entreprises sont forcées d‟établir un lien entre le salaire demandé par les candidats et leur productivité anticipée. La dépense publique de formation peut alors constituer un instrument valable de rétablissement de l‟équilibre entre l‟offre et la demande en augmentant le niveau de formation perçu par les entreprises.

La dépense publique stimule la productivité des facteurs de production privée

Barro (1981) et Aschauer (1989) considèrent que les dépenses publiques peuvent rentrer soit dans la fonction d‟utilité des consommateurs, soit dans la fonction de production des entrepreneurs. Dans ces conditions, les effets habituellement décrits par une hausse de la  dépense publique s‟en trouve modifiés parce qu‟une hausse des dépenses rentrant dans la fonction d‟utilité des consommateurs n‟entraîne qu‟un effet multiplicateur faible du fait de comportement de substitution, tandis qu‟une hausse des dépenses rentrant dans la fonction de production privée peut accroitre la productivité marginale du capital et donc stimuler l‟investissement. En raisonnant par la fonction de production de Cobb-Douglas, le volume des dépenses publiques qui maximise le taux de croissance est le ratio des dépenses publiques au produit intérieur brut (PIB) qui sera la part du revenu national revenant à l‟Etat si les services publics constituaient un facteur de production rémunéré fourni dans un cadre concurrentiel.

Cependant, même si le volume des dépenses publiques satisfait cette condition, le taux de croissance résultant des choix du secteur privé peut être inférieur aux taux de croissance optimal. L‟augmentation du taux d‟imposition nécessaire au financement de la dépense diminue le rendement de la sphère privée dans la mesure où la fiscalité est non forfaitaire. L‟Etat doit alors favoriser l‟investissement privé afin de faire coïncider rendement privé et rendement social.

La dépense publique est plus efficace que la baisse d’impôt
Le gouvernement préfèrera la dépense publique à la réduction d‟impôts dû à l‟hypothèse postulée par Keynes concernant la forme de la fonction de consommation : si la propension marginale à consommer est inférieur à la propension moyenne, cette dernière ne peut que décroitre avec l‟augmentation du revenu. A quoi peut bien servir une baisse des impôts qui sera épargnée, renforçant ainsi la langueur de l’investissement, pourquoi investir quand il n’y a pas de demande, et la dépression économique. Au contraire, la dépense publique, qui plus est dans des infrastructures qui amélioreront la productivité, permet d’assurer la reprise actuelle et la croissance future.

Les conséquences d‟une dépense publique excessive
L‟économie des pays en voie de développement comme Madagascar a été marquée par des phases de récessions ou de surchauffe tout à fait conjoncturelles au début des années 70. En période de surchauffe, les gouvernements ont cherché à réduire les liquidités en augmentant la pression fiscale, tandis qu‟en période récession, la relance de consommation et de l‟investissement a pris forme soit d‟une baisse de la fiscalité soit d‟une injection publiques supplémentaires.

Dépense publique, épargne et taux d’intérêt

Il est impossible d’établir une corrélation rigoureuse entre le niveau de la dépense publique et le taux d’épargne brute des économies ou le taux d’épargne de ménages. D’une part, les déterminants de ces variables économiques (besoins d’investissement de l’économie réelle, stabilité ou instabilité monétaire, préférence sociale plus ou moins grande pour le présent) sont trop nombreux pour que ladépense publique ait à elle seule l’influence la plus décisive. D‟autre part, la dépense publique peut avoir des effets contradictoires sur les comportements d’épargne des personnes privées. L’effet de la dépense publique sur le taux d’épargne des ménages est plus ambigu. Dans un premier temps, la mise en place de systèmes d’aide au revenu financés par des prélèvements obligatoires tend à réduire le taux d’épargne des ménages. La constitution d’une épargne de précaution, destinée à faire face aux risques futurs, devient en effet à la fois moins indispensable (puisqu’une assurance publique est offerte contre ces risques) et plus difficile du fait de l’augmentation des impôts. La corrélation constatée entre le poids de la dépense publique et les taux d’intérêt reflète l’augmentation de la demande totale de capitaux sous l’effet des besoins accrus des administrations publiques. Comme l’emprunt public, garanti de fait par les contribuables, paraît plus sûr aux investisseurs que la demande privée de capitaux, l’intervention excessive de l’administration sur le marché financier entraîne par ailleurs un phénomène d’éviction des emprunteurs privés par les administrations. L’augmentation des déficits attire vers la dette publique des capitaux qui ne sont plus disponibles pour le secteur privé.

Dépense publique et productivité générale de l’économie

Les sociétés à fort taux de redistribution risquent fort de perdre en créativité. L’allocation publique des richesses n’est en effet pas soumise aux contraintes de recherche de productivité et de satisfaction des besoins des consommateurs qui animent leur allocation par le marché. La dépense publique relève dans sa totalité du secteur protégé, en droit ou en fait. Sans concurrents, ou en tout cas sans concurrents placés dans une situation d‟égalité, sans risque de faillite, elle est déterminée pour l’essentiel par des droits antérieurement acquis ou par des choix de nature plus politique qu‟économique. L’organisation des administrations publiques se caractérise d‟autre part souvent par une structure hiérarchique lourde, par l’attention portée au respect des procédures plutôt qu’à la satisfaction de l’usager, par l’absence d’objectifs chiffrés, la faiblesse des procédures de suivi et d’évaluation de l’activité, un statut du personnel très protecteur en termes d’emploi et peu incitatif en termes de performances. Les incitations aux progrès de productivité sont rares ; il y a même de fortes découragement, comme l’annulation des crédits qui n’ont pas été dépensés par une administration dans l’année. Tous ces éléments combinés conduiraient probablement n’importe quelle organisation à une situation de sous-productivité.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1 : Généralités et analyse théorique des dépenses publiques
CHAPITRE 1 : Généralités des dépenses publiques
SECTION 1 : Les dépenses publiques, source de croissance économique
SECTION 2 : Classification des dépenses publiques
CHAPITRE 2 : Analyse théorique des dépenses publiques
SECTION 1 : Modèle de Barro
SECTION 2 : Modèle keynésien de la dépense publique
SECTION 3 : Théories sur la croissance endogène
PARTIE 2 : Estimation de l’impact des dépenses publiques sur l’économie
CHAPITRE 1 : Bilan des opérations financières du gouvernement central et de la croissance économique de Madagascar de 2000 à 2010
SECTION 1 : Bilan des opérations financières du gouvernement central durant 2000 à 2010
SECTION 2 : Bilan de la croissance économique de Madagascar
CHAPITRE 2 : Estimation de l‟impact des dépenses publiques sur la croissance économique à Madagascar
SECTION 1 : Méthodologie économétrique
SECTION 2 : Autres tests économétriques et concepts d‟élasticité
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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