Madagascar regorge de ressources naturelles à valeur inestimable en flore et en faune. La flore des arbres de Madagascar englobe 490 genres autochtones d’arbres et de grands buissons dont 161 sont endémiques de Madagascar et des îles géologiquement récentes de l’archipel de Comores. Les genres endémiques sont représentés par 940 espèces et les autres non endémiques par 3280 espèces sur lesquelles 95 % sont endémiques. Ainsi sur les 4220 espèces d’arbres et des grands arbustes malgaches, 96% sont endémiques, soit un niveau extraordinairement élevé d’endémisme spécifique . Vu la richesse en diversité et en endémicité de la flore malgache, Madagascar représente donc un berceau écologique unique pour les différentes études. Mammea madagascariensis DC. fait partie des arbres endémiques de Madagascar et ses feuilles sont utilisées comme phytomédicament par l’association Fitsaboana Malagasy eto Ranomafana (FIMARA); la gomme – résine est également utilisée comme onguent pour massage par d’autres tradipraticiens. C’est dans le cadre du Projet ICBG «Découverte de Médicaments & Conservation de la Biodiversité à Madagascar» que cette association nous a confié l’étude de cette plante en vue de sa valorisation. Dans ce but et dans le cadre de la préparation du D.E.A de Chimie Organique, option Produits Naturels, le Laboratoire de Chimie Appliquée aux Substances Naturelles (LaCASN), notre laboratoire d’accueil, dirigé par le Professeur RAZANAMAHEFA Bakonirina, a entrepris l’étude chimique de Mammea madagascariensis DC.
ETUDE BOTANIQUE DE Mammea madagascariensis DC
Généralités botaniques de Mammea madagascariensis DC
Mammea madagascariensis DC. est connu sous plusieurs noms vernaculaires.En dialecte
❖ betsimisaraka: Hazimberavina, Hazina, Azinavavy, Hazinina, Hazomasina, Kimba, Ravimasina, Varanto, Vazohany, Voehazontsaka,
❖ merina : Valanirana,
❖ sakalava: Vongo,
❖ tanala : Mangy, Kimbaletaka, Kizakely,
❖ tanosy : Kijy
❖ taisaka : Hazomena .
L’échantillon botanique de Mammea madagascariensis DC. qui a servi à notre étude a été récolté le 05 juin 2005 à Marojano dans la commune rurale de Ranomafana, district d’Ifanadiana dans la Région de Vatovavy Fitovinany, à 341km d’Antananarivo par voie terrestre.
Classification systématique
Règne : Végétal
Embranchement : Spermaphytes
Classe : Angiospermes
Sous – Classe : Dicotylédones
Ordre : Malpighiales
Famille : Clusiaceae
Genre : Mammea
Espèce : madagascariensis DC.
Description botanique
Mammea madagascariensis DC. est un arbre de 10 à 20 m de haut, dioïque et parfois cauliflore avec des rameaux ultimes épais. Les feuilles sont coriaces, discolores plus ou moins jaunâtres ou d’un roux clair en dessous, les pétioles ont une longueur de 10 à 25mm, la limbe est obovale oblong ou oblong, plus ou moins atténuée en coin sur la base, arrondi ou obtus au sommet, les nervures secondaires sont assez distantes et un peu saillantes en dessus, ses canaux sécréteurs sont nombreux et densément disposés entre les nervures latérales assez visibles sauf sur les anciennes feuilles qui sont opaques.
Les fleurs males sont en cymes ou fascicules pluriflores, axillaires ou sur l’écorce des branches ou des rameaux. Les pédoncules ont une longueur de 25mm, tandis que les pédicelles sont très courts de l’ordre de 12mm, les boutons sont globuleux et apiculés, les périanthes ont une largeur de 25 à 30mm à l’anthèse, les valves calicinales sont largement ovales, concaves, et blanchâtres, l’une d’elles est apiculée, les quatre pétales sont largement obovales –oblongs, les anthères sessiles sont petites à sacs descendants et arqués, le rudiment de gynécée est en colonne épaisse égalant les phalanges et terminée par un large stigmate.
Les fleurs femelles sont souvent solitaires, semblables, mais à androcée réduite à quelques staminodes libres et courts disposés sans ordre autour de l’ovaire ; l’ovaire est un peu contracté en col sous le stigmate. Le stigmate à l’anthèse, d’une largeur de 7mm, a 4 loges uniovulées. La période de floraison s’étend du mois d’octobre au mois janvier.
Distribution géographique
On le rencontre dans la forêt littorale de la côte Est de Madagascar sans localité précise entre Toamasina et Mananjary et dans la forêt humide de Ranomafana Ifanadiana.
Ethnobotanique et utilisations
En médecine traditionnelle et d’après l’enquête ethnobotanique menée auprès des tradipraticiens de l’association FIMARA, cette plante est utilisée pour guérir plus d’une maladie.
❖ La décoction des feuilles est administrée aux malades très affaiblis et cachectiques ; elle est aussi utilisée contre la toux.
❖ La gomme–résine a une activité anti–cancéreuse. Son frémigation et le bain de leurs vapeurs permettent de prévenir les maladies infectieuses. Elle est aussi utilisée en cosmétique et pour les onguents des tradipraticiens.
❖ L’écorce est un stimulant.
❖ Les fruits sont utilisés dans la composition d’un onguent pour massage.
Constituants chimiques du genre Mammea
Travaux chimiques antérieurs
Nous avons obtenu la plupart des informations par la bibliographie informatisée auprès de l’AUPELF-URELF. Nous avons pu répertorier les études effectuées sur cinq espèces de Mammea : Mammea africana, Mammea americana L., Mammea longifolia, Mammea harmandii, Mammea siamensis. La plupart des études chimiques ont porté sur les xanthones et coumarines. Le travail réalisé par LINAMALLU et al. a montré qu’à partir du Mammea longifolia sept flavonols ont été isolés.
1. Quercetol – 3- O- α- L – rhamnopyranoside
2. Quercetol – 3- O- α- D – glucopyranoside
3. Kaempferol – 3- O- β- D – glucopyranoside
4. Quercetol – 3- O- (2″, 4″ – di –E- p – coumaroyl) – α- L – rhamnopyranoside
5. Kaempferol – 3- O- (2″, 4″ – di –E- p – coumaroyl) – α- L – rhamnopyranoside
6. Quercetol – 3- O- (3″, 4″ – di –E- p – coumaroyl) – α- L – rhamnopyranoside
7. Kaempferol – 3- O- (3″, 4″ – di –E- p – coumaroyl) – α- L – rhamnopyranoside .
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : GÉNÉRALITÉS
CHAPITRE I : ETUDE BOTANIQUE DE Mammea madagascariensis DC.
I-1 Généralités botaniques de Mammea madagascariensis DC
I-1-1 CLASSIFICATION SYSTEMATIQUE
I-1-2 DESCRIPTION BOTANIQUE
I-1-3 DISTRIBUTION GEOGRAPHIIQUE
I-1-4 ETNOBOTANIQUE ET UTILISATIONS
I-2 Constituants chimiques du genre Mammea
I-2-1 TRAVAUX CHIMIQUES ANTRTIEURS
I-2-2 RESULTATS DES TRAVAUX ANTERIEURS SUR L’ACTIVITE BIOLOGIQUE
CHAPITRE II : GÉNÉRALITÉS SUR LES MÉTHODES UTILISÉES
II-1 Généralités sur les méthodes de criblage phytochimique
II-1-1 LES ALCALOÏDES
II-1-2 LES ANTHRAQUINONES
II-1-3 LES FLAVONOÏDES ET LES LEUCOANTHOCYANES
II-1-4 LES STEROÏDES ET LES TRITERPENOÏDES
II-1-5 LES CARDENOLIDES ET LES BUFADIENOLIDES
II-1-6 LES SAPONOSIDES
II-1-7 LES TANINS ET LES POLYPHENOLS
II-1-8 LES HETEROSIDES CYANOGENIQUES
II-1-9 LES POLYSACCHARIDES
II-2 Généralités sur les méthodes d’extraction
II-2-1 METHODES D’EXTRACTION
II-2-2 EXTRACTION LIQUIDE-LIQUIDE
II-2-3 EXTRACTION SOLIDE-LIQUIDE
II-3 Généralités sur les méthodes de fractionnement et d’isolement
II-3-1 PRINCIPE GENERAL DE LA METHODE CHROMATOGRAPHIQUE
II-3-2 CHROMATOGRAPHIE SUR COUCHE MINCE (CCM)
II-3-3 CHROMATOGRAHIE LIQUIDE SUR COLONNE
II-4 Généralités sur les tests biologiques
II-4-1 TEST ANTI-PLASMODIAL
II-4-2 TEST DE CYTOTOXICITE
II-5 Généralités sur les méthodes d’analyse structurale
II-5-1 SPECTROSCOPIE DE RESONANCE MAGNETIQUE NUCLEAIRE (RMN)
II-5-1-1 Les facteurs déterminants pour l’interprétation du spectre
II-5-1-2 Spectre RMN 1D (monodimensionnelle)
II-5-1-3 Spectre RMN 2D (à deux dimensions)
II-5-2 SPECTROMETRIE DE MASSE (SM)
II-5-3 SPECTROPHOTOMETRIE ULTRAVIOLETTE (UV)
DEUXIÈME PARTIE : MATERIELS ET MÉTHODES
CHAPITRE I : MATERIELS
I-1 Matériel végétal
I-2 Matériels techniques
I-2-1 POUR LA PESEE
I-2-2 POUR LE BROYAGE
I-2-3 POUR L’EXTRACTION
I-2-4 POUR L’EVAPORATION
I-2-5 POUR L’ANALYSE EN CHROMATOGRAPHIE SUR COUCHE MINCE
I-2-6 POUR LA SEPARATION
I-2-7 POUR LE SECHAGE
I-2-8 VERRERIE COURANTE DE LABORATOIRE
I-2-9 AUTRES MATERIELS
CHAPITRE II : MÉTHODES
II-1 Méthodes de collecte
II-2 Méthodes de séchage
II-3 Criblage phytochimique
II-3-1 PREPARATION DE LA SOLUTION HYDROALCOOLIQUE
II-3-2 CRIBLAGES DES ALCALOÏDES
II-3-2-1 Macération chlorhydrique
II-3-2-2 Test préliminaire
II-3-3 CRIBLAGE DES ANTHRAQUINONES (TEST DE BÖRNSTRAGER)
II-3-4 CRIBLAGE DES FLAVONOÏDES ET LES LEUCOANTHOCYANES
II-3-5 CRIBLAGE DES STEROÏDES ET LES TRITERPENOÏDES
II-3-6 CRIBLAGE DES CARDENOLIDES ET LES BUFADIENOLIDES
II-3-7 CRIBLAGE DES SAPONINES
II-3-8 CRIBLAGE DES TANINS ET LES POLYPHENOLS
II-3-9 CRIBLAGE DES HETEROSIDES CYANOGENIQUES
II-3-10 CRIBLAGE DES POLYSACCHARIDES ET DES SUCRES REDUCTEURS
II-4 Méthodes d’extraction
II-5 Méthodes de séparation, isolement et de purification
II-5-1PREFRACTIONNEMENT
II-5-2 ISOLEMENT ET PURIFICATION
II-5-2-1 Fractionnement 1
II-5-2-2 Fractionnement 2
II-5-2-3 Fractionnement 3
II-6 Méthodes des tests biologiques
II-6-1 TEST ANTIPLASMODIAL
II-6-1-1 Culture des parasites
II-6-1-2 Test proprement dit
II-6-2 TEST DE CYTOTOXICITE
II-6-2-1 Culture cellulaire
II-6-2-2 Test proprement dit
TROISIÈME PARTIE : RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
CHAPITRE I : RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
I-1 Résultat de l’extraction
I-2 Résultats du criblage phytochimique
I-2-1 PREPARATION DE LA SOLUTION HYDROALCOOLIQUE
I-2-2 CRIBLAGES DES ALCALOÏDES
I-2-2-1 Macération chlorhydrique
I-23-2-2 Test préliminaire
I-2-3 CRIBLAGE DES ANTHRAQUINONES (TEST DE BÖRNSTRAGER)
I-2-4 CRIBLAGE DES FLAVONOÏDES ET LES LEUCOANTHOCYANES
I-2-5 CRIBLAGE DES STEROÏDES ET LES TRITERPENOÏDES
I-2-6 CRIBLAGE DES SAPONINES
I-2-7 CRIBLAGE DES TANINS ET LES POLYPHENOLS
I-2-8 CRIBLAGE DES HETEROSIDES CYANOGENIQUES
I-2-9 CRIBLAGE DES CARDENOLIDES ET LES BUFADIENOLIDES
I-2-10 CRIBLAGE DES POLYSACCHARIDES ET DES SUCRES REDUCTEURS
I-3 Résultats du préfractionnement sur colonne de silice
I-4 Résultats des tests anti-plasmodial in vitro et de cytotoxicité
I-5 Isolement et purification
CHAPITRE II : INTERPRETATIONS DES SPECTRES
II-1 Interprétation des spectres de masse
II-2 Interprétation des spectres RMN
II-2-1 IDENTIFICATION DES SPECTRES RMN
II-2-2 EXPLOITATION DES SPECTRES RMN
II-3 Interprétation du spectre ultra-violet
CONCLUSION