L’art dentaire est une science où la panoplie des matériaux et équipements disponibles est parfois complexe et variée. Chaque jour, les manufacturiers nous offrent une nouvelle manière de traiter nos patients ou de réduire le temps de travail. Les matériaux d’obturation endodontique n’échappent pas à cette réalité (136). L’objectif de tout traitement, notamment en endodontie, est de maintenir une dent dans un contexte biologique proche de la physiologie et de prévenir ainsi tout développement d’une pathologie osseuse inflammatoire (137). Pour atteindre cet objectif, l’endodontie se base sur deux grands principes pour parvenir à éliminer une infection dentaire :
❖ Effectuer un nettoyage le plus complet possible de tous les tissus pulpaires nécrosés, des débris organiques et inorganiques et de tout tissu dentaire infecté de la chambre pulpaire, du canal pulpaire ainsi que de la dentine adjacente immédiate.
❖ Pour un bon succès du traitement, il est important de remplir l’espace résiduel le plus hermétiquement possible ; cela peut se faire à l’aide d’une grande variété de matériaux (136).
Ainsi, dans sa pratique quotidienne, le chirurgien-dentiste a très souvent recours, pour mener à bien sa thérapeutique, à la mise en place de matériaux destinés à ne pas durer dans le temps, assurant une transition vers la bonne exécution des traitements. On peut citer L’hydroxyde de Calcium, le Minéral Trioxyde Aggregate MTA®, L’EDTA®, L’anhydride Arsénieux, l’Hypochlorite de Sodium, le Pulpéryl et le Rokle’s. Les biomatériaux utilisés à ces fins, sont appelés provisoires, transitoires ou temporaires. Si ces trois termes renvoient aux mêmes objectifs, celui de temporaire, de par son éthymologie (du latin temporarius), affirme la notion de durée limitée mais adaptée au temps thérapeutique.
En endodontie, plusieurs biomatériaux sont susceptibles d’être employés dans ce but. La diversité des biomatériaux proposés oblige le praticien à une analyse de l’ensemble des critères de choix avant de poser l’indication du biomatériau à utiliser. Chaque biomatériau possède aussi des propriétés biologiques et chimiques différentes qui doivent également être prises en considération lors du choix. Malheureusement du fait des habitudes de travail, cette décision thérapeutique se résume parfois à une systématisation et une simplification des biomatériaux et procédures, ramenant le praticien à utiliser le même et unique biomatériau dans presque toutes les situations cliniques auxquelles il peut faire face.
TISSUS DENTAIRES
Rappels sur les tissus durs de la dent
L’Email
L’émail qui recouvre les couronnes dentaires est le tissu le plus minéralisé de l’organisme. C’est le seul tissu calcifié d’origine épithéliale. Il résulte de la minéralisation du substrat organique synthétisé et sécrété par les améloblastes.
Structure histologique
Email de surface
A la fin de l’amélogénèse, les améloblastes perdent leur activité sécrétrice et le prolongement de Tomes involue. Cependant, l’arrêt de la sécrétion ne se produit pas d’emblée. Une certaine couche d’émail peut encore s’apposer après l’involution du prolongement de Tomes. Cette apposition terminale aboutit à la formation d’une couche aprismatique de surface qui est inconstante. On peut l’observer de façon aléatoire sur une des surfaces ou sur une autre. Sa présence sur les dents incluses, montre qu’il ne s’agit pas d’une précipitation.
Email prismatique
Il est constitué par la juxtaposition de structures élémentaires qui sont des cordons minéralisés qui parcourent l’émail, de la jonction amélo-dentinaire à la surface de la dent. Ce sont les prismes de l’émail (figure1). Ils ont une section en trou de serrure .
La partie renflée ou cœur se prolonge par une partie mince ou queue. Les prismes sont imbriqués les uns dans les autres. La substance inter prismatique est fonction de la terminologie adoptée dans la description de la structure prismatique de l’émail. Chez l’homme, elle est très réduite et correspond en fait, à la queue des prismes. Le diamètre des prismes est d’environ 7 micromètres. A l’intérieur du cœur des prismes les cristaux sont alignés entre eux : le grand axe des cristaux (axe C) est parallèle au grand axe des prismes. Dans la queue des prismes, les cristaux divergent à 65° par rapport à l’axe précédent. Les prismes sont arrangés entre eux de telle sorte que le cœur d’un prisme est entre les queues de deux prismes susjacents. En conséquence, les cristaux sont orientés différemment d’un prisme à un autre. Ce changement d’orientation détermine un léger espace interprismatique (quelques nm) occupé par du matériel matriciel : c’est la gaine des prismes qui entoure le cœur des prismes.
La gaine des prismes représente le reliquat matriciel qui persiste dans l’émail mature. Les prismes observés dans le sens longitudinal présentent : Des alternances de constriction et de dilatation ; Et des striations transversales espacées de 5 à 7micromètres. Ces aspects reflètent la rythmicité des séquences du métabolisme cellulaire et de l’apposition des couches successives d’émail.
➤ Lignes de croissance
Outre les striations périodiques des prismes, qui reflètent la rythmicité de l’amélogénèse, l’apposition des couches successives d’émail est marquée par des lignes de croissance que l’on appelle stries de RETZIUS. Elles suivent le contour morphologique de la dent depuis les premières couches de l’émail et aboutissent à la surface de la dent. Les stries sont espacées de 30 micromètres environ. L’orientation des prismes Elle varie selon les prismes. Dans les deux tiers internes de l’émail, les prismes ont un trajet sinueux. Ces sinuosités intéressent des groupes de prismes (5 à 7). Au sein de chaque groupe, les prismes sont parallèles entre eux. En conséquence, les groupes de prismes s’entrecroisent. Sur une coupe de l’émail, dans la portion centrale du tissu, on observe ainsi, alternativement, des prismes en section transversale et des prismes en section longitudinale : ce sont les bandes de HUNTER. Lorsque les coupes non minéralisées sont examinées en lumière transmise, les bandes de HUNTER forment des alternances de bande sombres (section longitudinale) et claires (section transversale). Cela est dû au fait que les cristaux, au sein des prismes ont un indice de réfraction de la lumière différent lorsqu’on les observe selon un plan de coupe ou un autre. Dans le tiers externe de l’émail, le trajet des coupes devient rectiligne: les prismes sont alors parallèles entre eux et perpendiculaires à la surface de la dent.
➤ Jonction amélo-dentinaire
La première couche de l’émail se forme directement sur la dentine peu après le début de la minéralisation de celle-ci. Le trajet de la jonction amélo-dentinaire est festonné sur le pourtour sauf au collet, où il est rectiligne. La cohésion émail/dentine est renforcée par cet aspect et par l’interpénétration entre les deux tissus. Le tout début de l’amélogénèse se produit avant que le prolongement de Tomes ne soit entièrement constitué. Pour cette raison, la première couche d’émail est aprismatique (30- 50µm) : c’est l’émail de jonction. Au-delà de cette mince couche d’émail, la structure prismatique se met en place. Cependant, persistent dans cette zone interne de l’email adulte, des reliquats matriciels ou buissons. Les buissons peuvent se prolonger dans l’émail par des failles ou lamelles également occupées par du matériel organique. Les lamelles peuvent parfois aboutir à la surface de la dent. Leur contenu est alors contaminé par des protéines d’origine salivaire. Au niveau de la jonction amélo-dentinaire, on observe des pénétrations dentinaires dans l’émail. Ce sont les fuseaux de l’émail.
Composition chimique
la Matrice organique
La matrice organique ne représente que 2% du poids tissulaire de l’émail adulte. Elle est composée de :
– protéines (58%) ;
– lipides (40%) ;
– Et d’eau (2%).
➤ Les protéines
Parmi elles, on peut distinguer :
– Les énamélines qui résultent d’une part de la sécrétion directe des améloblastes et d’autre part de la polymérisation /régénération des amélogénines (protéines de l’émail en voie de développement) ;
– Les phosphoprotéines intervenant par l’intermédiaire de la sérine à la liaison organo-minérale ;
– Et les complexes protéino-polysaccharides : ils sont fréquents en très faible quantité (0.4 à 0.5%).
➤ Les lipides
Ce sont principalement des phospholipides et des phospholipoprotéines. Il peut s’agir de restes membranaires de prolongements de Tomes des améloblastes emprisonnés dans l’émail au cours de la minéralisation.
Phase minérale
Elle représente 96 à 98% de la masse de l’émail. Elle est accompagnée de 2% d’eau environ. La phase minérale est essentiellement constituée d’hydroxyapatite Ca10(PO4)6(OH)2. Chaque cristal d’hydroxyapatite est composé par la juxtaposition d’unités élémentaires de 18 ions.
Elles ont la forme d’un parallélépipède de 0,942nm de côté dont les angles ont respectivement 120° et 60°. La hauteur ou axe C est de 0.688nm. L’assemblage de ces unités forme la maille du réseau cristallin. Propriétés physiques de l’émail résultent de sa forte teneur en éléments minéraux. L’émail est dur et cassant lorsqu’il n’est soutenu par la dentine sousjacente. Il est, en outre, plus radio-opaque que tous les autres tissus minéralisés (os, cément et dentine), vulnérable à l’attaque acide et translucide.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : Généralité sur les tissus dentaires et les biomatériaux utilisés en endodontie
CHAPITRE I : TISSUS DENTAIRES
I-Rappels sur les tissus durs de la dent
I.1. L’Email
I.1.1- Structure histologique
I.1.2- Composition chimique
I.1.3- Histo-physiopathologie
I.2. La dentine
I.2.1- Structure histologique
I.2.2- Composition chimique de la dentine
a) Phase minérale
b) Phase organique
c) Phase acqueuse
I.2.3- Les formes de dentine
I.2.5- Le vieillissement de la dentine
I.3 – LE Cément
I.3.1 – Définition
I.3.2 – Caractères physiques
I.3.3 – Composition chimique
1.3.4 – Origines, types et fonctions des céments
a) Cément acellulaire afibrillaire
b) Cément acellulaire à fibres extrinsèques
c) Cément cellulaire et acellulaire à fibres intrinsèques
I.3.5 – Physiologie du cément
I.4.1 – La salive
I.4.2 – Plaque dentaire et pellicule acquise
I.4.3 – La matéria alba
I.4.4- Les débris alimentaires
I.4.5 – Le tartre
CHAPITRE II : BIOMATERIAUX DENTAIRES UTILISES ENENDODONTIE
II.1 Anhydride Arsénieux
II.1.1-Définition
II.1.1.1-Escharification
II.1.2- Anhydride arsénieux
1.2.5- Intérêts
II.2- L’hydroxyde de calcium
II.2.1- Définition
II.2.2- Composition
II.2.3- Propriétés
II.4- Le Minéral Trioxyde Aggregate
II.4.1. Historique
II.4.2. Composition
II.4.3. Propriétés
2.4.4. Présentation du matériau
II.4- Pulpéryl
II.4.1- Définition
II.4.2- Composition qualitative et quantitative
II.4.3- Données cliniques
II.4.4- Propriétés pharmacologiques
II.5- Les antiseptiques forts
II.6- L’hypochlorite de sodium
II.6.1 – Action solvante
II.6.2- Action antiseptique
II.7 Composés à base d’EDTA
DEUXIEME PARTIE : UTILISATION CLINIQUE DES BIOMATERIAUX DENTAIRES EN PANSEMENT INTER SEANCE EN ENDODONTIE
Résultats
III Méthodologie
III.1 Type d’étude
III.2 Cadre d’étude
III.3 Population d’étude
III.3.1 Critères de sélection
III 3.2 Critères de non inclusion
III.3.2 Echantillonnage
III.4 Composition de l’équipe d’enquêteurs et calibration La coordination et la supervision ont été assurées par les encadreurs
III.5 Contact avec les chefs de service
III.6 Déroulement de l’enquête
III.7 Variables utilisées
III.8 Organisation de la collecte
III.8.1 Date de la collecte
III.3.2 Procédure de collecte
IV. Matériels
IV.1 Fiche d’enquête
IV.2 Difficulté de l’étude
IV.3 Analyse statistique des données
V.1 Résultats descriptifs
V.1.1 Caractéristiques sociodémographiques
V.1.2 Connaissance de l’échantillon en soins dispensés
V.1.3 Connaissance sur les biomatériaux utilisés
V.2 Résultats analytiques
V.2.1 : Connaissance sur l’utilisation des biomatériaux en fonction des traitements effectués
V.2.2- Connaissance sur la Localité
DISCUSSION
VI Discussion
VI.1 Analyse descriptive
VI.1.1 Caractéristiques sociodémographiques
VI.1.2 Soins dispensés
VI.1.3 Analyse sur les biomatériaux utilisés
VI.1.2. Selon la justification des choix des biomatériaux utilisés
VI.2 Résultats analytiques
VI.2.1 Utilisation des biomatériaux en fonction des traitements
VI.2.2 Localité
VI.2.3 Secteur
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAQUES
ANNEXES