Généralité sur les ressources naturelles et croissance économique
Bien que le concept de ressources naturelles soit négligé par les théoriciens classiques, ils ont quand même des points de vue à ce sujet.
concept de bases sur les ressources naturelles
L’analyse économique des ressources naturelles est initiée et développée par les néoclassiques. Le point de départ de leur recherche étant l’allocation de ressource entre les agents en fonction de préférence. Mais «les biens et services naturels » présentent un certain nombre de caractère auxquels correspondent les concepts suivants : Les ressources naturelles ou actives naturels désignent l’ensemble des biens qui ne sont pas productibles par l’homme. Ces ressources font, habituellement, l’objet d’une double décomposition : En ressources épuisables, d’une part, dont le stock se trouve dans la terre et en ressources renouvelables qui sont régénérées sur un horizon économiquement significatif, grâce à leur inscription biophysique et donc indépendamment de toute intervention humaine. Et d’autre part en ressources marchandes et en ressources libres. Ces dernières sont des ressources gratuites que l’on utilise sans se soucier qu’elles soient rares ou non du point de vue écologique.
Les «effets externes »ou externalités qui désignent des interdépendances entre les agents économiques affectant les fonctions objectives respectives, sans être régulée par l’échange volontaire dans lequel un bien n’est cédé qu’en contrepartie d’un paiement réputé représenter sa valeur. Les «biens collectifs »qui désignent des biens pour lesquels la consommation n’est pas exclusive, ou sur lesquels on constate une impossibilité théorique ou contingente de définir les droits d’usage exclusifs. En fait, il semble que ce sont les théories classiques de la production qui ont fourni les fondements essentiels de la théorie des ressources naturelles.
La théorie des ressources naturelles chez les classiques
Les ressources naturelles sont présentées dans les premières réflexions économiques puisqu’elles paraissent indispensables à la production de richesse économique.
Cette approche néoclassique va développer une véritable théorie des ressources naturelles dont les instruments et les concepts relèvent sans ambiguïté de la théorie de la production. Pour Thomas Hobbes en 1651 la circulation des éléments nutritifs dans le sang comme métaphore explicative de la production des éléments constitutifs de la richesse. La terre et la mer, symbole de la nature au sens large, en fournissent les matières premières qui, après extraction, sont transformés puis acheminés vers les usagers. Petty, Cantillon, les physiocrates, l’école classique anglaise, ainsi que Marx et Engels ont continué à exprimer cette dimension naturelle de l’origine de la production économique. Selon eux, l’ensemble des ressources naturelles et le travail sont les deux facteurs originels de la production ou comme les biens fondamentaux par excellence. Le capital (au sens strict du terme) est le plus souvent considéré comme le facteur «produit» ou intermédiaire, dont la production dépend en dernière analyse des ressources naturelles et du travail.
Le progrès des réflexions sur la théorie de la valeur a occulté cette approche globale de la production. Ainsi, à partir des classiques, si les ressources naturelles continuent bien à jouer un rôle central dans la production, seules les ressources naturelles marchandes, c’est à dire les ressources épuisables (énergie, fossiles et matières premières) ainsi que la terre sont objet de la science économique. Pour les classiques, les ressources naturelles ont un rôle moteur, tant dans l’industrie que dans l’agriculture. La production est en fait appréhendée comme un séquence d’activités d’extraction de matières ou de denrées agricoles et de transformation de celle-ci en objets d’usage. Toutefois, la multiplication des produits et le développement des marchés ont poussé les classiques à adopter une véritable théorie de la valeur. Les valeurs d’échange des ressources naturelles non reproductibles et indisponibles en abondance sont donc nulles. Un grand nombre d’entre elles se trouvent alors exclues du champ économique, et constituent ce que l’on appelle les biens libres.
Certes, les classiques ont fait la distinction entre ce qui appartient à la nature et ce qui revient à l’économique. Néanmoins, les deux ensembles n’en deviennent pas pour autant indépendants puisque le premier alimente le second, et que certains éléments leur sont communs. En effet, certaines ressources naturelles, de par leur rareté, deviennent appropriables et transitent alors par le marché. Elles sont donc dotées d’une valeur d’échange et sont de ce fait considérées en tant que biens économiques. Quant à la terre, en raison de sa limitation en quantité et de l’appropriation qui en découle, elle apparaît comme une ressource naturelle marchande. Donc, appréhendée par l’analyse économique. Son rôle est fondamental puisque c’est elle qui conditionne la croissance économique et qu’elle la favorise par sa fécondité, ou qu’elle la limite en raisin de son avarice comme on l’a mis en évidence dans la théorie de la rente de Malthus et de Ricardo .
Ricardo a parlé de la prospérité impérissable de la terre pour faire d’elle le seul facteur irréductible aux deux autres (travail et capital fixe) puisque si les machines peuvent se substituer à une grande échelle au travail, elles ne peuvent le faire que dans des proportions très faibles à la terre. D’ailleurs, Ricardo s’aperçoit que lorsque la terre fait le plus défaut qu’elle acquiert sa valeur maximale. Ce qui fait remarquer qu’il n’est pas souhaitable pour une ressource naturelle d’être admise sur le marché. C’est à dire, d’acquérir valeur d’échange. Cela signifie qu’elle devient rare. Donc, en voie d’extinction.
Au total, on peut dire que paradoxalement, les classiques ont accordé un rôle privilégié aux ressources naturelles marchandes dans leur théorie de production, tout en étant à l’origine du champ d’analyse économique des ressources naturelles non marchandes (libres car suffisamment abondantes).
❖ Les ressources naturelles au cœur du circuit physiocratique
Les physiocrates estiment que c’est grâce à la richesse qu’on peut satisfaire les besoins physiologiques les plus élémentaires et les plus indispensables à l’économie. Or, la richesse ne peut provenir que de la terre ou plus exactement de ses produits. Il faut reconnaître que la terre, chez les physiocrates, symbolise l’ensemble deressources naturelles.
Les activités productives (agriculture) dégagent le «produit net». C’est à dire un surplus ou encore une multiplication spontanée de quantités physiques. Cette dernière trouve son origine dans l’association des forces naturelles et du travail de l’ouvrier. Donc, la contribution des ressources naturelles est plus visible et immédiate à travers les résultats de l’agriculture. Le «produit net» trouve ainsi son origine dans un «don» gratuit de la nature puisque de toute évidence, il a dû provenir de matière et d’énergie en réserve déjà disponibles dans le champ. L’ensemble des ressources naturelles, non seulement, participe à la production, mais constitue surtout une richesse.
La théorie des ressources naturelles chez les néoclassiques
Pour les néoclassiques, le concept d’utilité est rapproché de rareté. C’est à dire de la limitation en quantité. Tout bien économique doit alors répondre à une triple exigence :
➲ Les choses utiles limitées en quantité sont appropriables.
➲ Les choses utiles limitées en quantité sont valables et échangeables.
➲ Les choses utiles limitées en quantité sont industriellement productibles et multipliables.
Si les biens existent en abondance comme la plupart des ressources naturelles, ce n’est pas un bien économique. Donc, ils ne sont pas objet de l’économie. L’analyse néoclassique rejoint sur ce point les conclusions des classiques. Toutefois, elle s’en éloigne lorsqu’elle ne privilégie plus les ressources naturelles marchandes. Dès les premiers néoclassiques, la théorie de la production ne constitue plus un thème central comme dans l’univers classique mais un simple prolongement de la théorie de l’échange. Menger (1871) , dans son analyse sur le bien «d’ordre inférieur ou élevé» insiste sur le rôle de la matière première dans la production et sur l’existence de proportion fixe entre les inputs. Quant à Marshall (1920) , dans son analyse du capital en tant qu’agent de production, il évite soigneusement toute approche physique de l’industrie ainsi que toute énumération des inputs physiques dans ce secteur. L’idée d’une complémentarité des ressources naturelles avec le travail et/ou le capital est occultée au profit d’une théorie général de la substituabilité des inputs. Le résultat de ces différentes approches a été l’élimination naturelle des ressources naturelles marchandes autres que la terre au sein de la théorie néoclassique de la production. Celles ci se sont donc trouvées réduites à un modèle de production obtenu à partir des seuls facteurs : capital, travail et provisoirement la terre. Toutefois, il faut noter que c’est à partir des années 70 qu’une véritable analyse néoclassique des ressources naturelles s’est produite. La théorie se trouve développée avec le rapport du Club de Rome qui pose le problème de l’épuisement des ressources naturelles comme frein à la croissance.
En 1972, le Club de Rome a proposé un élargissement considérable de la vision de la croissance économique en abandonnant l’appréhension linéaire des liens entre l’économie et l’environnement propre au paradigme mécaniste. Il prend en compte non seulement les facteurs positifs traditionnels de la croissance (population, capital), mais également des facteurs de freinage (agriculture, ressource non renouvelable, pollution) et poursuit que la croissance économique est impossible en raison, surtout, de l’épuisement des ressources naturelles. La vieille distinction entre capital fixe et capital circulant se trouve alors réintroduite. Dorénavant, les ressources naturelles marchandes (renouvelables et surtout épuisables) sont considérées comme capitaux spécifiques, c’est à dire capital naturel. Cela signifie que les ressources naturelles marchandes ont retrouvé la place qu’elles avaient au sein de la théorie de la production classique.
Toutefois, comme dans la tradition classique, la gestion des ressources naturelles libres ne fait pas partie des préoccupations de la nouvelle théorie de la ressource naturelle. Cette approche générale sur la théorie des ressources naturelles nous amène à mettre l’accent sur le contexte général de la biodiversité étant donné que biodiversité est synonyme de ressource naturelle.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : ANALYSE THEORIQUE DE L’EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES ET CROISSANCE ECONOMIQUE
Chapitre 1 : Généralité sur les ressources naturelles et croissance économique
Section 1 : concept de bases sur les ressources naturelles
Section 2 : Concept de bases sur la croissance économique
Chapitre 2: les liens entre ressources naturelles et croissance économique
Section 1 : la diversité des formes et des fonctions des ressources naturelles
Section 2 : la relation entre ressource naturelle et les autres formes de capital
Section 3 : débats théoriques sur la contribution des ressources naturelles et croissance économique
Conclusion partielle
PARTIE 2 : ANALYSE EMPIRIQUE DU CAS DE MADAGASCAR
Chapitre 1 : la contribution de l’exploitation des ressources naturelles à l’économie malgache
Section 1 : historiques de l’exploitation des ressources naturelles à Madagascar
Section 2 : la contribution de l’exploitation des ressources naturelles à la croissance économique à Madagascar
Chapitre 2 : Les impacts de l’exploitation des ressources naturelles sur la croissance économique
Section 1 : Analyse descriptive
Section 2 : Analyse économétrique
Conclusion partielle
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE