Lorsquโune goutte dโeau est dรฉposรฉe sur une surface, elle sโรฉtale plus ou moins. Le mouillage est l’รฉtalement de la goutte sur la surface. Les parties superficielles de la goutte qui ne sont pas en contact avec la surface du s upport, sont entourรฉes dโune phase gazeuse : la vapeur saturante du liquide. Le phรฉnomรจne de mouillage trouve des applications potentielles trรจs intรฉressantes. Les surfaces super hydrophobes, rรฉalisables dans le cadre de la nanotechnologie [1 ,2], offrent des propriรฉtรฉs dโรฉvacuation ou de sรฉchage qui les rendent intรฉressantes pour bien des applications pratiques comme les revรชtements de salles de bain, flacons, vitres, matรฉriaux impermรฉables. On rรชvera dโun pare-brise qui se dรฉbarrasserait de lui-mรชme des gouttes de pluies qu’il reรงoit, sans nรฉcessiter l’usage d’un essuie-glace.
Gรฉnรฉralitรฉ sur les phรฉnomรจnes de mouillage
Toute substance, liquide ou solide ร lโรฉquilibre thermodynamique, est entourรฉe de sa vapeur saturante. Le mouillage dโun liquide sur un support dรฉpend dโune grandeur physique appelรฉe tension de surface.
Tension de surface
Pour dรฉfinir la tension de surface ou รฉnergie de surface, considรฉrons un systรจme hypothรฉtique constituรฉ dโun liquide pur remplissant une boรฎte parallรฉlรฉpipรฉdique munie dโun couvercle coulissant. La boite รฉtant pleine, il y a pas de vapeurs saturantes entre sa surface supรฉrieure et le couvercle. Le matรฉriau du couvercle est tel que la tension de surface entre le couvercle et le liquide est nulle .
La tension superficielle fait allusion ร lโexistence dโune phase superficielle. Par exemple en mettant un liquide et un gaz en contact, on peut dรฉcrire le systรจme comme รฉtant la somme de trois rรฉgions: un liquide homogรจne, un gaz homogรจne, et une phase interfaciale. La dรฉsignation tension interfaciale sโexplique par le fait quโelle est dรฉfinie dans un domaine qui sรฉpare deux phases donc deux surfaces.
Origine de la tension de surfaceย
Les phรฉnomรจnes de tension de surface, รฉgalement appelรฉs phรฉnomรจnes capillaires ou inter faciaux trouvent leur origine dans les forces intermolรฉculaires attractives qui existent dans toutes phases condensรฉes de la matiรจre. Une molรฉcule loin de toute surface a de nombreuses voisines donc une forte รฉnergie dโinteraction. Par contre une molรฉcule en surface a moins de voisines, donc moins dโรฉnergie dโinteraction .
Tout se p asse comme sโil avait fallu casser un certain nombre de liaisons, ce qui revient ร fournir de lโรฉnergie au systรจme. Donc crรฉer une interface revient ร perdre une partie de lโรฉnergie dโinteraction (nรฉgative). La tension de surface rend donc compte de lโรฉnergie nรฉcessaire pour crรฉer de la surface et peut sโexprimer en J/m2. Lโรฉnergie quโil faut apporter au systรจme pour crรฉer une unitรฉ de surface est la tension de surface. Les solides ยซ durs ยป ร l iaisons fortes (ioniques, covalentes, ou mรฉtalliques) ont de forte รฉnergie de surface. Ce sont par exemple le verre, la silice, les oxydes mรฉtalliques. Par contre les solides ร liaisons de plus basse รฉnergie (Van der Waals, liaison hydrogรจnes) auront des รฉnergies de surface plus faibles. Cโest le cas des polymรจres ou de la paraffine. Par ailleurs il existe des facteurs qui influencent la tension de surface .
Facteurs influenรงant la tension de surface
De faรงon gรฉnรฉrale, une รฉlรฉvation de tempรฉrature entraรฎne une dilatation des longueurs de liaisons et diminue lโรฉnergie de liaison intermolรฉculaire, donc elle abaisse la tension de surface. Mais aussi la contamination de la surface par des impuretรฉs prรฉsentes dans lโenvironnement peut entraรฎner une modification de la tension de surface en effet les impuretรฉs entrent en interaction avec les molรฉcules de la surface [4]. Notons aussi lโexistence des substances qui ont la propriรฉtรฉ dโabaisser la tension de surface dโun substrat appelรฉes agents tensioactifs.
Influence de la morphologie de surface hydrophile ou hydrophobe
Caractรจre hydrophile ou hydrophobe dโune surfaceย
La nature hydrophile dโune surface est gรฉnรฉralement dรฉcrite en termes de mouillabilitรฉ avec lโeau en se basant sur lโรฉquation de Young. La surface dโun matรฉriau lisse est considรฉrรฉe hydrophile si lโeau sโรฉtale spontanรฉment sur celle-ci. Ce qui รฉquivaut ร obtenir un angle de contact infรฉrieur ร 90ยฐ ou mรชme proche de zรฉro . Lorsque lโangle de contact est important (supรฉrieur ร 90ยฐ), on dira que la surface est hydrophobe .
Cependant cette dรฉfinition contient une convenance plus mathรฉmatique plutรดt qu’une vraie signification physique et chimique. Or elle devrait pouvoir reflรฉter la situation physique et chimique de l’interface solide/liquide/vapeur dans un sens plus vrai. Vogler du point de vue de la structure et de la rรฉactivitรฉ de l’eau sur des surfaces dรฉfinit des surfaces hydrophobes (angle de contact supรฉrieur ร 65ยฐ) et des surfaces hydrophiles (angle de contact infรฉrieur 65ยฐ) en se basant sur des observations [12]. La dรฉfinition de Vogler est diffรฉrente de la dรฉfinition classique de 90ยฐet reste une discussion continue dans la littรฉrature.
Lโinfluence de la rugositรฉ
La super hydrophobie
Lโamplification du caractรจre hydrophobe est le phรฉnomรจne de la super hydrophobie. Dans les annรฉes 60, Zisman a montrรฉ que la chimie seule ne permet pas de rรฉaliser des surfaces superhydrophobes et quโon ne connaรฎt pas de matรฉriau pour lequel lโangle de contact de lโeau dรฉpasse 125ยฐ (environ)[13]. Lโobservation des surfaces super hydrophobes (angle de contact voisin de 160ยฐ) au microscope รฉlectronique dรฉvoile un relief trรจs ciselรฉ, aussi bien dans le cas d e surfaces naturelles , que sur des surfaces artificielles dรฉveloppรฉes par le groupe de Kao au Japon . Les plumes d’oiseau ou la textile anti-pluie ont รฉgalement un aspect dรฉcoupรฉ.
A partir de ces observations, les auteurs ont conclu que la rugositรฉ ร lโรฉchelle microscopique (paramรจtre morphologique) de la surface dโun รฉchantillon est un facteur important de la super hydrophobie. Mais la rugositรฉ nโest pas suffisante pour rendre une surface super hydrophobe. En effet la rugositรฉ amplifie le caractรจre hydrophile ou hydrophobe dโailleurs Wilhem Berthlott et Christoph Neinhuis dans leurs travaux ont dรฉcouvert que la capacitรฉ dโauto sรฉchage ou hydrophobie est liรฉe ร sa micro et nano rugositรฉ [14].La super hydrophobie rรฉsulte dโune combinaison de la physique (rugositรฉ) et de la chimie (hydrophobicitรฉ). Ainsi, une texture rend davantage hydrophile (respective hydrophobe) une surface hydrophile (respectivement hydrophobe).Dans le dernier cas de lโhydrophobie, les effets des paramรจtres morphologiques (rugositรฉ et lโhรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ) permettent de rendre compte de lโaugmentation de lโangle de contact. Avec lโeffet de la rugositรฉ on suppose que la goutte posรฉe รฉpouse la rugositรฉ du solide (รฉtat de Wenzel ou รฉtat imprรฉgnรฉ ou plantรฉ .
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : GENERALITE SUR LES PHENOMENES DE MOUILLAGE
I.1.INTRODUCTION
I. 2.Tension de surface
I.2.1 Origine de la tension de surface
I.2.2 Facteurs influenรงant la tension de surface
I. 2.3 Manifestation de la tension de surface
I.3 Mouillage
I.6 Conclusion
CHAPITRE II : INFLUENCE DE LA MORPHOLOGIE DE SURFACES
II.1 INTRODUCTION
II. 2 La non unicitรฉ de lโangle de contact
II.2.1 Lโeffet de la rugositรฉ
II.2.2. Lโeffet de lโhรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ
II.3. Influence de la morphologie de surface hydrophile ou hydrophobe
II.3.1. Caractรจre hydrophile ou hydrophobe dโune surface
II.3.2. Lโinfluence de la rugositรฉ
II.3.2.1. La super hydrophobie
II.4. Conclusion
CHAPITRE III : TECHNIQUES EXPERIMENTALES
III.1 INTRODUCTION
III.2 Techniques de caractรฉrisation morphologique dโune surface dโun รฉchantillon
III.2.Microscope รฉlectronique ร balayage (MEB)
III.2.1.La microscopie de force atomique
III. 3 Techniques de mesure de lโangle de contact
III.3.1 Mรฉthode de la goutte posรฉe
III.3.2 Technique de Wilhelmy
III.4 Mesure de la tension de surface dโun liquide
III.4.1 Mรฉthode de DuNoรผy
III.4.2 Mรฉthode de Wilhelmy
III.5 Calcul de la tension de surface
III.6.Conclusion
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGAPHIE