Generalite sur les pesticides et l’hemogramme

Les pesticides occupent une position particulière parmi les nombreux produits chimiques auxquels l’homme peut être exposé, en ce sens qu’ils sont délibérément diffusés dans l’environnement dans le but de tuer ou d’endommager certaines formes de vie. Idéalement, l’action nuisible des pesticides devrait être hautement spécifique pour les organismes ciblés, indésirables et inoffensive pour les organismes non ciblés. Cependant, la plupart des produits chimiques en usage en tant que pesticides ne sont pas totalement sélective [32]. L’exposition aux pesticides concerne principalement les travailleurs impliqués dans leur fabrication industrielle, la formulation et l’application dans l’agriculture ou la santé publique. Les effets des pesticides sur la santé humaine est loin de faire l’objet d’un consensus au sein de la communauté scientifique. La recherche scientifique est importante et des milliers d’études visent à établir un lien, ou une absence de lien, entre l’exposition à ces substances et le déclanchement de certaines maladies dont le cancer [1]. Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), un million à deux millions d’accidents liés à une intoxication aiguë par les pesticides (insecticides) sont rapportés, chaque année, dont 200000 décès, la plupart survenant dans les pays en voie de développement [55, 14] ou l’utilisation de ces pesticides est le moins contrôlée. Le Sénégal n’échappe pas malheureusement à la règle avec de nombreux cas rapportés durant cette dernière décennie [16]. De récentes études expérimentales utilisant des modèles d’animaux, sur la toxicité hématologique des pesticides montrent que ces produits chimiques ont des effets notoires sur le système hématopoïétique des rats [17], les cellules sanguines, l’hémoglobine, l’hématocrite et les constantes érythrocytaires [2, 20, 26, 40, 43, 52]. Des études menées chez l’homme vont dans le sens de l’association entre pesticides et lymphomes malins non hodgkiniens de même que les leucémies et myélomes multiples ainsi que des perturbations sur les paramètres de l’hémogramme (anémie, hyperleucocytose, thrombopénie, neutropénie etc.) chez les agriculteurs et autres catégories professionnellement exposés à ces substances [5, 22]. C’est dans le cadre de l’évaluation de l’hématotoxicité des pesticides chez l’espèce humaine que s’inscrit notre étude qui consiste à rechercher les anomalies de l’hémogramme dues aux pesticides chez des sujets exposés à ces substances dans une entreprise de formulation et une zone d’application de ces produits à Dakar.

DEFINITIONS, HISTORIQUE ET CLASSIFICATIONS DES PESTICIDES 

DEFINITIONS

Le terme ‹ pesticide › est une appellation générique qui englobe toute substance chimique ou biologique destinée à détruire des éléments vivants considérés comme nuisibles (microbes, animaux ou végétaux) ou bien destinée à s’opposer à leur développement incluant les espèces non désirées de plantes ou d’animaux responsables de dommages durant ou interférant avec la production [3]. Selon le code de conduite de la FAO sur la distribution et l’utilisation des pesticides, «un pesticide est une substance ou association de substances qui est destinée à repousser, détruire ou combattre les ravageurs, y compris les vecteurs de maladies humaines et animales, et les espèces indésirables de plantes ou d’animaux» [42] Selon l’OMS : les pesticides sont des produits destinés à assurer la destruction ou à prévenir l’action des animaux, végétaux, microorganismes ou virus nuisibles. Ils sont largement utilisés dans le monde non seulement en agriculture et pour divers usages domestiques mais aussi dans le domaine de la santé publique pour lutter contre les vecteurs de maladies infectieuses (par exemple l’éradication de la malaria.) [27]. Un pesticide comprend une ou des matières actives et des matières additives. Les matières actives sont responsables de l’effet et de la toxicité intrinsèque d’un pesticide (par exemple : endosulfan, fénitrothion, atrazine, malathion, paraquat, deltaméthrine, DDT, dieldrine, glyphosate, lindane, etc.) et les matières additives (adjuvants, solvants ou excipients) permettent l’utilisation de la formulation et assurent la stabilité des matières actives durant le stockage et ou l’utilisation [42].

HISTORIQUE

La lutte chimique existe depuis des millénaires : l’usage du soufre remonte à la Grèce antique (1000 ans avant J-C) et l’arsénique est recommandé par Pline, naturaliste, en tant que insecticide. Des plantes connues pour leurs propriétés toxiques ont été utilisées comme pesticides (par exemple les aconits, au moyen âge, contre les rongeurs). Des traités sur ces plantes ont été rédigés (exemple : traité des poissons de Maïmonide en 1135). Les produits arsenicaux ou à base de plomb (arséniate de plomb) étaient utilisé au XVIe siècle en Chine et en Europe [21]. Les propriétés insecticides du tabac étaient connues dés 1960. En Inde, les jardiniers utilisaient les racines de Derris et Lonchocarpus (rotenone) comme insecticide. Leur usage s’est répandu en Europe en 1900.

La chimie minérale s’est développée au XIXe siècle, fournissant de nombreux pesticides minéraux à base de sel cuivre. Les fongicides à base de sulfate de cuivre se répandent en particulier, la fameuse bouillie bordelaise (mélange de sulfate de cuivre et de chaux) pour lutter contre les invasions fongiques de la vigne et de la pomme de terre, non sans séquelles de pollutions sur le sol (cuivre non dégradable). Des sels mercuriels sont employés au début du XXe siècle pour le traitement des semences [21]. L’ère des pesticides de synthèse débute dans les années 1930, profitant du développement de la chimie organique de synthèse et de la recherche sur les armes chimiques durant la première guerre mondiale. En 1874, Zeidler synthétise le DDT, dont Muller en 1939 établit les propriétés insecticides. Le DDT a dominé le marché des insecticides jusqu’au début des années 1970.

En 1940, l’herbicide 2,4-D (acide 2,4-dichlorophénoxyacétique), copié sur une hormone de croissance des plantes et encore fortement employé de nos jours, est synthétisé. La seconde guerre mondiale a généré, à travers les recherches engagées pour la mise au point de gaz de combat, la famille des organophosphorés qui, depuis 1945, a vu un développement considérable encore de mise aujourd’hui pour certains de ces produits, telque le malathion. En 1950-1955 se développent, aux Etats-Unis, les herbicides de la famille des urées substituées (linuron, diuron), suivis peu après par les herbicides du groupe ammonium quaternaire et triazines. Les fongicides du type benzimidazole et pyrimidine datent de 1966, suivis par les fongicides imidazoliques et triazoliques dits fongicides IBS (inhibiteurs de la synthèse des stérols) qui représentent actuellement le plus gros marché des fongicides. Dans les années 1970-80 apparait une nouvelle classe d’insecticides, les pyréthrinoïdes qui dominent pour leur part le marché des insecticides [51].

CLASSIFICATIONS

Les pesticides peuvent être classés en fonction de leur activité biologique (cibles), en fonction de la famille chimique à laquelle la matière active appartient ou de leur mécanisme d’action en plus de la classification de l’OMS d’après leur danger.

Selon les cibles des produits employés 

On peut citer :
●les insecticides (contre les insectes)
●les fongicides (contre les champignons)
●les bactéricides (contre les bactéries)
●les raticides (contre les rats et souris)
●les herbicides (contre les mauvaises herbes)
●les avicides (contre les oiseaux granivores)
●les nématicides (contre les nématodes)
●les molluscides (contre les mollusques), etc.

Selon la famille chimique

On distingue principalement [42]
● les organochlorés : groupe chimique qui rassemble des insecticides : le DDT et ses dérivés, le lindane, interdits du faite de leur persistance et des risques d’accumulation dans les sols, les tissus végétaux et les graisses animales.
● Les organophosphorés : sont des composés de synthèse qui se dégradent assez rapidement dans l’environnement et qui ont des effets neurotoxiques sur les vertébrés.
● Les carbamates : Groupe chimiques très toxiques ; ils sont utilisés comme insecticides et fongicides.
● Les pyréthrinoïdes : Produits de synthèse à partir du pyréthre présentant, en général, une toxicité moindre que les organophosphorés et carbamates ; une faible persistance et s’emploient à de faibles doses (quelques grammes de substances actives à l’hectare).
● Triazines : Ce sont des substances solides, solubles dans les solvants organiques, peu solubles dans l’eau [31].
● Ammoniums quaternaires : Ils sont souvent utilisés pour leurs propriétés antifongiques et bactéricides comme conservateurs et fongicides de l’agriculture. Ils sont également utilisés comme herbicides depuis les années 1950. C’est l’exemple du paraquat, du diquat, du difenzoquat etc. [31].

Selon le mécanisme d’action

Cette classification est moins utilisée et présente peu d’intérêt car des pesticides de groupes chimiques différents peuvent avoir des mécanismes d’action identiques : c’est le cas des organophosphorés et des carbamates.

Selon leur toxicité (classification de l’OMS)

L’organisation mondiale de la santé a établie une classification des pesticides d’après leur danger. Le danger est déterminé par la DL50 qui est la quantité de substance nécessaire pour tuer 50% d’une population de rats en test de laboratoire et exprimée en mg de substance par kg de poids vif de l’animal. Selon la Société Française de Santé Publique [42] «Un danger est la capacité de produire un effet sanitaire indésirable. Il peut s’agir du changement de l’aspect ou de la morphologie d’un organe, d’une malformation fœtale, d’une maladie transitoire ou définitive, d’une invalidité ou d’une incapacité, d’un décès».

Selon la formulation

Très peu de matières actives peuvent convenir à une application directe dans la lutte contre les prédateurs parasites ou mauvaises herbes. La formulation insecticide-fongicide ou autre est composée, en dehors de la matière active, d’autres substances inertes ayant pour but d’augmenter l’efficacité de la composition et d’en facilité l’utilisation (épandage, jaugeage, poudrage, pulvérisation etc.). Ces substances inertes sont ajoutées pour diluer, émulsifier, accroître le caractère adhésif de la matière active au site visé ou améliorer sa dispersion sur la superficie visée. La classification selon la formulation utilise la forme de présentation des pesticides, c’est-à-dire la forme sous laquelle le pesticide est commercialisé. Il s’agit des :
✔ Concentrés émulsifiables (EC) ;
✔ Poudres mouillables (WP) ;
✔ Poudres pour poudrages ou poudres sèches (DP) ;
✔ Granulés (GR) ;
✔ Ultra bas volume (ULV), etc.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: GENERALITE SUR LES PESTICIDES ET L’HEMOGRAMME
CHAPITRE A : Généralités sur les pesticides
I. DEFINITIONS, HISTORIQUE ET CLASSIFICATIONS DES PESTICIDES
I.1. DEFINITIONS
I.2. HISTORIQUE
I.3. CLASSIFICATIONS
I.3.1. Selon les cibles des produits employés
I.3.2. Selon la famille chimique
I.3.3. Selon le mécanisme d’action
I.3.4. Selon leur toxicité (classification de l’OMS)
I.3.5. Selon la formulation
CHAPITRE B : Généralités sur l’hémogramme
I. GENESE DES ELEMENTS FIGURES DU SANG
I.1. LE SANG : DEFINITION
I.2. LES ORGANES HEMATOPOIETIQUES
I.3. LES CELLULES MYELOIDES ET LES CELLULES LYMPHOIDES
I.4. LES ETAPES ET COMPARTIMENTS DE L’HEMATOPOIESE
II. ASPECTS DE L’HEMOGRAMME NORMAL
II.1. ASPECTS QUANTITATIFS
II.1.1. ETUDE QUANTITATIVE DES HEMATIES ET DE LEUR CONTENU
II.1.2. ETUDE QUANTITATIVE DES LEUCOCYTES
II.1.3. NUMERATION DES RETICULOCYTES
II.1.4. ETUDE QUANTITATIVE DES PLAQETTES
II.2. MORPHOLOGIE ET FONCTIONS DES CELLULES SANGUINES (ASPECTS QUALITATIFS)
II.2.1. MORPHOLOGIE ET FONCTIONS DES HEMATIES
II.2.2. MORPHOLOGIE ET FONCTIONS DES LEUCOCYTES
CHAPITRE C : Les anomalies de l’hémogramme liées à l’effet des pesticides sur l’hématopoïèse et les cellules sanguines (hémopathies professionnelles)
I. ATTEINTES CENTRALES
I.1. Trouble quantitatif
II. ATTEINTES PERIPHERIQUES
II.1. ATTEINTES DES CELLULES SANGUINES
II.1.1. LIGNEE BLANCHE
II.1.2. LIGNEE ROUGE
II.1.2.1. Hémolyse par action antienzyme
II.1.2.2. 2.2 Hémolyse par action directe
II.1.2.3. Hémolyse par action indirecte
II.1.3. LIGNEE PLAQUETTAIRE
I. ATTEINTES FONCTIONNELLES DE L’HEMOGLOBINE
I.1. Méthémoglobine
I.2. Inhibition de la synthèse de l’hème
DEUXIEME PARTIE: TRAVAIL EXPERIMENTAL
I. METHODOLOGIE
I.1. Objectifs de notre étude
I.1.1. L’objectif général
I.1.2. I.1.2. Les objectifs spécifiques
I.2. Matériels et méthodes
I.2.1. Type d’étude
I.2.2. Cadre d’étude
I.2.3. Population d’étude
I.2.3.1. Critères d’inclusion
I.2.3.2. Critères d’exclusion
I.2.4. Echantillonnage
I.2.5. Méthodes
I.2.5.1. Variables étudiées
I.2.5.1.1. Variables épidémiologiques
I.2.5.1.2. Variables biologiques
I.2.5.2. Procédure de collecte des données
I.2.5.3. Etapes pré-analytiques
I.2.5.3.1. Les prélèvements
I.2.5.3.2. Transport des échantillons
I.2.6. Matériels et réactifs
I.2.6.1. Matériels de prélèvement
I.2.6.2. Matériels et réactifs de laboratoire
II. RESULTATS
A. DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES
1. Sexe
2. Age
3. Poste occupé
4. Ancienneté
B. DONNEES BIOLOGIQUES
1. Analyse uni variée des résultats de l’hémogramme
2. Analyse multi variée et comparative des résultats de l’hémogramme entre les deux groupes
DISCUSSIONS
CONCLUSION

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