Le concept de développement est très connu presque dans toutes les disciplines de sciences sociales. Ici, il ne suffit plus de bien analyser le sous développement ;il est insuffisant de bien cerner la crise actuelle et la pauvreté dans son ampleur. Il faut réunir toutes les dimensions de la vie sociale, il faut réussir le développement. Il est difficile de s’étendre sur le développement car la politique, l’économie, le social, le culturel, l’idéologie entrent en jeu.
Depuis notre indépendance, les élites malgaches se formaient aux quatre coins du monde. Il en résulte des horizons différents, des formations différentes, des choix politiques antagoniques. D’où les élites introuvables, gérant le développement introuvable. Actuellement, notre phénomène de pauvreté engendre des difficultés, en particulier la question de la lutte contre la pauvreté. D’une manière générale, le système nous impose une façon de voir avec une théorie classique. D’où le problème actuel du développement qui va au-delà de la lutte contre la pauvreté et envisage la réalité centrale de ce que fait la force des grandes puissances actuelles. Dans ce sens, nous devons dépasser les approches étroites de développement. Il s’agit d’un combat entre riche et pauvre. D’une manière intelligente, ce fameux développement est à la fois politique, économique, social, culturel, et aussi spirituel.
Le développement se déroule dans un aspect très complexe qui est en crise et en devenir. Notre lieu socio-historique d’aujourd’hui est la guerre économique mondiale pour gérer la globalisation de l’économie. Ainsi, le développement se présente comme un combat entre pays riches et pays pauvres. C’est un combat sans merci qui se présente sous forme d’une arme monétaire et une nouvelle occupation post-coloniale : l’hégémonie de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaires International (FMI). Quarante huit ans après l’indépendance, Madagascar reste toujours un pays de promesse politique et un cimetière de projets. Les élites connaissent bien le point faible mental de la population car les Malgaches sont à majorité chrétienne.
Il est toujours frustrant d’entendre dire partout que Madagascar possède un important potentiel en ressources humaines et en ressources naturelles et pourtant, se voit maintenant classé parmi les pays moins avancés. A près de cinq décennies d’indépendance politique, les traits caractéristiques de la situation économique actuelle relèvent actuellement les facteurs déterminant du sous développement de la nation.
L’économie nationale est divisée en deux secteurs : le premier, traditionnel et le second, moderne. On se plaît à dire qu’environ 80% de la population se trouve en milieu rural. Les deux secteurs traditionnel et moderne, coexistent de façon antagoniste. L’un des problèmes fondamentaux à résoudre dans la recherche des voies et moyens de développement, réside donc dans la façon dont le secteur moderne absorbera le secteur traditionnel, c’est-à-dire dans le monde d’intégration de deux secteurs. L’économie extravertie, désintégrée, déséquilibrée,……on pourrait allonger la liste des maux dont souffre ce pays. Ces caractéristiques correspondent aux principaux problèmes d’ordre structurel auxquels il faudrait trouver des solutions dans le cadre d’un processus libéral de développement. D’autres difficultés, plus conjoncturelles, restent à évoquer dont la plus importante est la pauvreté. Il est peut être inapproprié de qualifier de conjoncturel le problème de pauvreté, car Madagascar a toujours été un pays pauvre. Cette situation résulte de la théorie du cercle vicieux de la pauvreté. La Grande île est un pays dont le revenu est faible ; celui-ci donne naissance à une épargne faible. L’offre de capitaux à l’investissement est donc réduit pour engendrer une très faible création de capital nouveau. Et la faiblesse de revenu entraîne celle de la consommation. La pauvreté, qui pèse de plus en plus lourd sur l’environnement socio-économique, est étroitement liée à la désertification, à l’érosion du sol, au déboisement ou à la déforestation. Sur le plan humain, les dépenses par habitat, consacrées à la santé te à l’éducation ont chuté à un point tel que le progrès réalisé risque d’être réduit à néant. Le coût humain est donc énorme et c’est toute une génération qui s’en trouve affectée. La crise de développement qui a entraîné cette nouvelle pauvreté peut s’expliquer par des facteurs externes tels que la chute de prix de produits à l’exportation, la dépréciation de l’Ariary (monnaie nationale malgache en vigueur).
Le sous-emploi et le chômage constituent un facteur de démoralisation ; l’absence de travail conduit souvent à la délinquance. La lutte contre le sous-emploi et le chômage devient donc une priorité fondamentale pour écarter la pauvreté. Cette pauvreté dispose une grande place que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural. Le développement cohérent et harmonieux nécessite la mise en place d’un plan et d’une stratégie adéquats. C’est la raison pour laquelle l’Etat avait disposé de document de référence. Historiquement et suivant l’évolution du contexte socio politique aussi bien sur le plan national qu’international, voici la liste de documents administratifs de référence adoptés par Madagascar pour la mise en œuvre de son action pour le développement :
❖1975-1991 : Livre rouge (LR)
❖1996-1998 : Document Cadre de Politique Economique (DCPE)
❖1999-2006 : Document de Stratégie pour la Réduction de Pauvreté (DSRP)
❖2007-2012 : Madagascar Action Plan (MAP) .
D’après les experts en développement, ou plus précisément les développeurs, les contenus de ces documents visent toujours l’amélioration de la situation socio économique et politique de Madagascar mais les problèmes communs résident au niveau de la réalisation. Notons bien que cet accomplissement nécessite la coexistence de trois ressources indissociables à savoir les ressources financières, humaines, et matérielles. Par la force des expériences, plus exactement des expériences vécues, les théoriciens savent bien que ni l’Etat, ni le secteur privé ne peut aller seul dans le cadre du développement de la nation. Il y a un phénomène de complémentarité entre les deux. D’une autre manière, la coopération publique privée est devenue un phénomène incontournable et une nécessité nationale. Les actions concernées entre les parties prenantes, quel que soit son domaine d’intervention contribuent partiellement au développement.
Pour Madagascar, adopter une stratégie de développement, c’est d’abord choisir entre divers objectifs et divers moyens. Dans le monde il n’existe pas de modèle unique de développement qu’il faut initier. Ce modèle est fonction de la situation géopolitique du pays concernés. Dans ce contexte marqué par une incertitude considérable des approches théoriques et pratiques, on peut difficilement proposer un inventaire systématique des principales stratégies de développement qui ont été conçues et mises en œuvre dans les pays du tiers monde depuis plusieurs décennies. Il est encore plus malaisé de dégager des modèles qui puissent servir d’instrument de référence pour la compréhension du passé et du présent et surtout pour la préparation des stratégies à venir.
Initié depuis le début de l’année 2007, l’Etat actuel met en œuvre son programme de développement dans le MAP. Contenant au total huit engagements, le MAP met en exergue dans son engagement numéro quatre le développement rural et la révolution verte. Cet engagement n°4 donne une importance particulière aux zones rurales car les ruraux malgaches sont majoritaires en effectif par rapport aux citadins. Dans cet ordre d’idée, nous devons mentionner qu’il faut considérer les activités paysannes (agriculture, élévage, artisanat) comme base et l’industrie comme moteur. Il y a une interdépendance entre les deux secteurs (primaire et secondaire).
LA NOUVELLE CONCEPTION DU DEVELOPPEMENT
Pour les théoriciens, plusieurs idées se sont affrontées face à la conception du terme « développement ». Devant la réalité malgache, on ne doit pas simplement comprendre la complexité du développement ; nous devons affronter le combat historique de ce nouveau millénaire avec les communautés de base. Pour les intellectuels de diverses formations, le développement a plusieurssignifications selon les disciplines. D’où la nécessité de le définir.
Essai de définition
La définition suivante est donnée par Boudon (R.) et Bourricaud (F.) dans «Dictionnaire critique de la sociologie ». Le développement est un processus complexe impliquant l’amélioration sociale, économique, politique et culturelle des individus et de la société elle-même. Par amélioration, nous entendons ici l’aptitude de la société à répondre aux besoins de la population sur le plan physique, émotif et créatif, à un niveau acceptable du point de vue historique et à libérer les humains de l’éternelle routine liée à la production des besoins essentiels. Il comporte donc l’amélioration du niveau de vie mais non une consommation ostentatoire, et implique une forme de société qui permet la distribution égale de la richesse sociale. Naturellement, il serait exagéré de voir dans les théories du développement de simples produits idéologiques. Il s’agit plutôt, pour employer le langage de Pareto, de « théories fondées sur l’expérience mais qui dépassent l’expérience ». Les mécanismes décrits par les théoriciens du cercle vicieux de la pauvreté peuvent exister et occasionnellement, décrire la structure de processus réels. Des effets de démonstration sont parfois observables et peuvent entraîner de redoutables conséquences. De façons générales, il n’ y a aucun doute que les modèles construits par les sociologues du développement constituent un bloc important, dont la richesse s’est accrue avec le temps. Hors de doute également que ces modèles ont considérablement augmenté nos capacités de compréhension des processus de changement et de développement. Le développement est d’abord la croissance rapide et durable, ensuite la conscientisation des individus humains, puis l’auto-libération face au système de production industrielle, enfin l’auto-prise en main de la communauté de base.
Il est important aussi de souligner que le développement doit être accompagné d’un qualificatif (développement de l’économie, développement local, développement durable …) qui veut dire une évolution, une performance du point de vue de la subsistance matérielle et intellectuelle et équilibre entre l’accroissement de la population et celui des ressources. Le développement des développeurs vient de l’extérieur et d’en haut. C’est un modèle qui appartient au système dominant de la mondialisation actuelle. D’où la modernité sera conçue dans la logique d’en haut. C’est une raison pour laquelle nous sommes devenus objet de développement. Nous ne faisons plus l’histoire ; nous subissons l’histoire et le développement : c’est un accident historique.
Développement et pouvoir
A Madagascar, quelle que soit la zone administrative (fokontany, arrondissement, commune, district, région, pays) à considérer, toutes les actions de développement doivent être sous la tutelle du pouvoir administratif. Les initiateurs peuvent être issus du secteur public ou du secteur privé selon le cas existant. Généralement, l’action qui vise un développement bien fondé se présente sous forme d’un projet. Le projet de développement doit être accompagné d’une transformation sociale, plus particulièrement pour la population cible et bénéficiaire. On est dans la logique des enjeux entre acteurs et bénéficiaires du développement.
Face à toutes les actions de développement à réaliser, en cours de réalisation ou déjà effectuées, le pouvoir public intervient en tant qu’organe facilitateur et négociateur envers les partenaires concernés. Selon la délimitation administrative concernée, ce sont les chef du fokontany, Maire, chef de district, chef de région … respectivement les premiers responsables aux niveau de : fokontany, commune, district, région. Cette structure hiérarchisée provient de la loi fondamentale ou la nouvelle constitution de la République, votée par voie référendaire en date du 04 Avril 2007. L’action actuelle est de plus en plus axée sur les capitaux, la croissance du produit national brut (PNB). En bref, c’est l’économisme de notre développement. La faiblesse économique de Madagascar conduit à l’impossibilité du pays à faire un développement seul. La France par exemple, qui est une puissance moyenne du centre et une puissance industrielle du G8 prend conscience de son incapacité de faire pour elle-même son développement. C’est pourquoi, elle a besoin de l’union européenne dans le cadre de son développement.
A son tour, la Grande Ile a conscience d’être un pays incapable de réaliser solitairement son développement. Elle s’insère de force dans la mondialisation. En tant que petit pays pauvre très endetté, elle doit trouver un nouveau chemin pour accéder ainsi au développement. La solution est avant tout la recherche d’une ou plusieurs partenaires qui sont considérés comme forts, puissants et dynamiques en matière du développement. Ils peuvent être nationaux ou étrangers. C’est le rôle essentiel du pouvoir administratif.
Développement et marginalisation
Outre le manque de capital, l’os de notre développement, c’est la marginalisation comme phénomène total qui entraîne la crise au niveau intérieur. En général, la pauvreté peut engendrer le manque de capital et de technologie. Or la pauvreté apparie au phénomène total de la marginalisation. Pour plus ample indication, mettons en exergue le cas de la production rurale. Sur le plan mondial, plus précisément dans le cadre du commerce international, ce sont les pays riches (Etats-Unis, Japon, France, Allemagne, Italie, Angleterre, Canada) qui imposent les prix des produits à l’exportation. Quel que soit le volume de production mondiale en une année, les pays producteurs qui sont majoritairement sous-développés ou émergents restent exclus sur ce plan. Dans les marchés internationaux, l’offre et la demande doivent passer au niveau de l’ OMC ou Organisation Mondiale du Commerce.
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Table des matières
Introduction
Première partie : GENERALITE SUR LE DEVELOPPEMENT ET LA RURALITE
Chapitre I : Nouvelle conception du développement
Chapitre II : La sociologie rurale
Chapitre III : Le développement rural dans divers pays
Deuxième partie : LA RURALITE D’AMBOHIMALAZA-MIRAY FACE AU DEVELOPPEMENT
Chapitre IV : Approche historico-monographique communale
Chapitre V : Etude analytique des réalités socio-économiques
Chapitre VI : Paysannerie et valeurs culturelles
Troisième partie : APPROCHE PROSPECTIVE
Chapitre VII : Les contraintes majeures
Chapitre VIII : Quelques suggestions
Conclusion
Bibliographie
Table des matières
Liste de tableaux et graphiques
Annexes